Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-12-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 décembre 1863 01 décembre 1863
Description : 1863/12/01 (A8,N179)-1863/12/03. 1863/12/01 (A8,N179)-1863/12/03.
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203258h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 491
d'une hostilité infatigable, laquelle ne serait satisfaite
qu'après avoir dépouillé la Compagnie française et la
France avec elle de l'honneur et des avantages d'une
entreprise que l'Angleterre est toute prête à confisquer
à son profit.
» Mais la France ne le souffrira pas !
» HENRY DE RIAKCEY. »
INDÉPENDANCE BELGE.
Correspondance parisienne. — 17 novembre.
« Il se joue en ce moment à Paris une comédie cu-
rieuse à propos du canal de Suez. On attaque la Com-
pagnie, on s'efforce de décrier sa gestion ; on va plus
loin : on nie le principe même de sa constitution. On
fait, en un mot, tout ce qu'il faut pour diminuer son
prestige, compromettre son crédit, affaiblir ses moyens
d'action. Mai-s de tous Qes détracteurs il n'en est pas
un seul qui ne se dise inspiré par le plus vif intérêt
pour l'entreprise.
» C'est un mot d'ordre qui révèle de l'adresse, mais
surtout une idée médiocre de la perspicacité fran-
çaise.
» Il y a quelques semaines, un fonctionnaire égyp-
tien est arrivé à Paris. Cet agent du vice-roi venait,
disait-on, en France pour « régulariser la position de
la Compagnie de Suez et pour faire un compromis avec
elle. »
» La Compagnie, qui estime que sa position est régu-
lière, et qui, par conséquent, n'a point affaire d'un com-
promis, n'aurait pas pris garde à l'arrivée de cet agent,
si l'on n'avait su qu'il s'était d'abord rendu à Constan-
tinople, oà se trouvait à ce moment l'ambassadeur
d'Angleterre, sir Henry Bulwer. Toutefois, comme M. de
Lesseps était alors en Égypte, elle ne devait pas sup-
poser qu'on apportât de si loin des propositions qu'on
pouvait faire à son président sur les lieux mêmes, et
elle attendit paisiblement.
» Cependant Nubar-Pacha faisait son entrée à Paris,
et tout aussitôt il s'adressait au gouvernement, croyant
peut-être que les choses se passent ici comme dans les
pays soumis à l'arbitraire, où les intérêts et les droits
d'autrui sont trop souvent subordonnés aux conve-
nances des autorités. On accueillit froidement ses ou-
vertures, et on essaya de lui faire comprendre qu'en
France les contrats sont respectés par le gouvernement
comme par les particuliers, et qu'on ne peut y porter
atteinte sans l'intervention de la justice ou l'assenti-
ment des parties intéressées. Bref, on l'envoya se
pourvoir auprès de la Compagnie, non sans lui faire
entendre quelques bonnes vérités sur le parfum de
terroir britannique qu'exhalaient ses démarches.
» Cette réception peu brillante ne découragea pour
tant pas le fonctionnaire arménien. Elle l'engagea seu-
lement à tourner ses batteries d'un autre côté. Il lui
restait la presse, ce deuxième pouvoir. Il conçut la
pensée hardie, pour un agent étranger, de peser sur
le gouvernement par les journaux, comme il avait cru
d'abord pouvoir peser sur la Compagnie par le gouver-
nement.
» Le difficile était d'engager la presse française dans
une lutte contre une Compagnie ouvertement combattue
par l'Angleterre, dans un intérêt antifrançais, dès l'ori-
gine de sa constitution. Il est si bien établi qu'en fai-
sant obstacle à l'entreprise du canal on joue le jeu
de la politique anglaise, qu'il pouvait paraître impossible
de donner le change sur ce point au plus vulgaire
patriotisme.
» Mais l'envoyé d'Égypte avait sans doute une base
d'opération. L'événement a prouvé qu'il connaissait son
terrain.
» Dans les régions de la Bourse on entendit bientôt
parler d'une campagne qui allait s'ouvrir contre la Com-
pagnie de Suez, et cela toujours « dans l'intérêt de la
grande question de l'isthme. »
» Il était, en effet, indispensable de simuler au
moins cet intérêt pour donner un brevet de naturalisa-
tion à des attaques telles qu'on n'en avait pas encore lu
de pareilles dans les journaux de Londres. Quoi qu'il en
soit, le public vit s'accomplir dans plusieurs < organes
de l'opinion publique », une de ces évolutions subites,
une de ces conversions foudroyantes qui ne s'expliquent
que par une illumination d'en haut. Du jour au len-
demain, des journaux qui, depuis plusieurs années,
s'étaient montrés les défenseurs dévoués et convaincus
de l'entreprise, en devinrent les antagonistes violents-
si violents mêmes qu'évidemment la Compagnie ne
pourra pas laisser passer leurs allégations sans ré-
ponse.
» Le prétexte de cette levée de boucliers a été la dé
libération du Conseil d'administration que vous avez
publiée, comme la plupart des journaux, et qui conclut
au rejet des propositions de l'envoyé d'Égypte. Celui-
ci, dans l'intervalle, avait adressé à la Compagnie ces
« fameuses propositions » que la Compagnie a été
assez ingrate pour ne pas accepter. Or, ces proposi-
tions prises dans leur ensemble seraient une ruine.
Qu'on en juge.
» La Compagnie a le droit de requérir le nombre
d'ouvriers égyptiens qui est jugé nécessaire pour ses
besoins, et le gouvernement du pays est engagé à les
lui fournir. Ce nombre avait été fixé, de concert avec
le précédent vice-roi, à vingt mille terrassiers qui se
renouvelaient tous les mois.
» L'envoyé égyptien a proposé de réduire ce contin-
gent à six mille hommes. Il en résulterait une prolon-
gation de la durée des travaux, une augmentation cor-
respondante des frais généraux, un ajournement de
l'exploitation. Encore faudrait-il indemniser la Compa-
gnie de ces pertes. Le gouvernement égyptien a der-
nièrement compté trois millions à la Compagnie des
Messageries impériales pour racheter l'obligation que
Saïd-Pacha avait contractée de fournir à cette Compagnie
neuf cents ouvriers.
» Qu'offre-t-on à la Compagnie de Suez en compen-
sation du travail de quatorze mille terrassiers ? Rien !
absolument rien 1
» Mais on a émis bien d'autres prétentions. L'une est
d'une hostilité infatigable, laquelle ne serait satisfaite
qu'après avoir dépouillé la Compagnie française et la
France avec elle de l'honneur et des avantages d'une
entreprise que l'Angleterre est toute prête à confisquer
à son profit.
» Mais la France ne le souffrira pas !
» HENRY DE RIAKCEY. »
INDÉPENDANCE BELGE.
Correspondance parisienne. — 17 novembre.
« Il se joue en ce moment à Paris une comédie cu-
rieuse à propos du canal de Suez. On attaque la Com-
pagnie, on s'efforce de décrier sa gestion ; on va plus
loin : on nie le principe même de sa constitution. On
fait, en un mot, tout ce qu'il faut pour diminuer son
prestige, compromettre son crédit, affaiblir ses moyens
d'action. Mai-s de tous Qes détracteurs il n'en est pas
un seul qui ne se dise inspiré par le plus vif intérêt
pour l'entreprise.
» C'est un mot d'ordre qui révèle de l'adresse, mais
surtout une idée médiocre de la perspicacité fran-
çaise.
» Il y a quelques semaines, un fonctionnaire égyp-
tien est arrivé à Paris. Cet agent du vice-roi venait,
disait-on, en France pour « régulariser la position de
la Compagnie de Suez et pour faire un compromis avec
elle. »
» La Compagnie, qui estime que sa position est régu-
lière, et qui, par conséquent, n'a point affaire d'un com-
promis, n'aurait pas pris garde à l'arrivée de cet agent,
si l'on n'avait su qu'il s'était d'abord rendu à Constan-
tinople, oà se trouvait à ce moment l'ambassadeur
d'Angleterre, sir Henry Bulwer. Toutefois, comme M. de
Lesseps était alors en Égypte, elle ne devait pas sup-
poser qu'on apportât de si loin des propositions qu'on
pouvait faire à son président sur les lieux mêmes, et
elle attendit paisiblement.
» Cependant Nubar-Pacha faisait son entrée à Paris,
et tout aussitôt il s'adressait au gouvernement, croyant
peut-être que les choses se passent ici comme dans les
pays soumis à l'arbitraire, où les intérêts et les droits
d'autrui sont trop souvent subordonnés aux conve-
nances des autorités. On accueillit froidement ses ou-
vertures, et on essaya de lui faire comprendre qu'en
France les contrats sont respectés par le gouvernement
comme par les particuliers, et qu'on ne peut y porter
atteinte sans l'intervention de la justice ou l'assenti-
ment des parties intéressées. Bref, on l'envoya se
pourvoir auprès de la Compagnie, non sans lui faire
entendre quelques bonnes vérités sur le parfum de
terroir britannique qu'exhalaient ses démarches.
» Cette réception peu brillante ne découragea pour
tant pas le fonctionnaire arménien. Elle l'engagea seu-
lement à tourner ses batteries d'un autre côté. Il lui
restait la presse, ce deuxième pouvoir. Il conçut la
pensée hardie, pour un agent étranger, de peser sur
le gouvernement par les journaux, comme il avait cru
d'abord pouvoir peser sur la Compagnie par le gouver-
nement.
» Le difficile était d'engager la presse française dans
une lutte contre une Compagnie ouvertement combattue
par l'Angleterre, dans un intérêt antifrançais, dès l'ori-
gine de sa constitution. Il est si bien établi qu'en fai-
sant obstacle à l'entreprise du canal on joue le jeu
de la politique anglaise, qu'il pouvait paraître impossible
de donner le change sur ce point au plus vulgaire
patriotisme.
» Mais l'envoyé d'Égypte avait sans doute une base
d'opération. L'événement a prouvé qu'il connaissait son
terrain.
» Dans les régions de la Bourse on entendit bientôt
parler d'une campagne qui allait s'ouvrir contre la Com-
pagnie de Suez, et cela toujours « dans l'intérêt de la
grande question de l'isthme. »
» Il était, en effet, indispensable de simuler au
moins cet intérêt pour donner un brevet de naturalisa-
tion à des attaques telles qu'on n'en avait pas encore lu
de pareilles dans les journaux de Londres. Quoi qu'il en
soit, le public vit s'accomplir dans plusieurs < organes
de l'opinion publique », une de ces évolutions subites,
une de ces conversions foudroyantes qui ne s'expliquent
que par une illumination d'en haut. Du jour au len-
demain, des journaux qui, depuis plusieurs années,
s'étaient montrés les défenseurs dévoués et convaincus
de l'entreprise, en devinrent les antagonistes violents-
si violents mêmes qu'évidemment la Compagnie ne
pourra pas laisser passer leurs allégations sans ré-
ponse.
» Le prétexte de cette levée de boucliers a été la dé
libération du Conseil d'administration que vous avez
publiée, comme la plupart des journaux, et qui conclut
au rejet des propositions de l'envoyé d'Égypte. Celui-
ci, dans l'intervalle, avait adressé à la Compagnie ces
« fameuses propositions » que la Compagnie a été
assez ingrate pour ne pas accepter. Or, ces proposi-
tions prises dans leur ensemble seraient une ruine.
Qu'on en juge.
» La Compagnie a le droit de requérir le nombre
d'ouvriers égyptiens qui est jugé nécessaire pour ses
besoins, et le gouvernement du pays est engagé à les
lui fournir. Ce nombre avait été fixé, de concert avec
le précédent vice-roi, à vingt mille terrassiers qui se
renouvelaient tous les mois.
» L'envoyé égyptien a proposé de réduire ce contin-
gent à six mille hommes. Il en résulterait une prolon-
gation de la durée des travaux, une augmentation cor-
respondante des frais généraux, un ajournement de
l'exploitation. Encore faudrait-il indemniser la Compa-
gnie de ces pertes. Le gouvernement égyptien a der-
nièrement compté trois millions à la Compagnie des
Messageries impériales pour racheter l'obligation que
Saïd-Pacha avait contractée de fournir à cette Compagnie
neuf cents ouvriers.
» Qu'offre-t-on à la Compagnie de Suez en compen-
sation du travail de quatorze mille terrassiers ? Rien !
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» Mais on a émis bien d'autres prétentions. L'une est
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