Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-12-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 décembre 1863 15 décembre 1863
Description : 1863/12/15 (A8,N180)-1863/12/17. 1863/12/15 (A8,N180)-1863/12/17.
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203259x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
546 L'ISTHME DE SUEZ,
» Et c'est la Banque anglaise qui règne maintenant en
Russie et en Autriche !
» Accusera-t-on', dans ces deux cas, les dispositions
hostiles, soit de la Grande-Bretagne, soit de la Russie
ou de l'Autriche à l'égard du marché français? Et
comment le pourrait-on! La première place avait été
faites aux Français. Il l'ont perdue. Oui, c'est un malheur
pour l'Autriche et la Russie ; mais, à coup sûr, c'est
un malheur plus grand encore pour les rentiers fran-
çais qui ont pris les actions des chemins autrichiens à
600, 700, et 800 francs, celles des chemins russes au
pair, et qui ont vu les chemins autrichiens descendre
au-dessous de 400 francs, et les chemins russes se
maintenir à peine à ce taux. Est-ce qu'il n'y a pas là
matière à rénexion ?
» On ne peut refuser aux hommes éminents qui diri-
geaient les deux entreprises dont nous venons de parler
ni la puissance de conception, ni l'habileté administra-
tive, car ils ont fait adopter par toutes les compagnies
fondées depuis, en Autriche et en Russie, leur système
de comptabilité et leur organisation pratique.
» Comment donc expliquer qu'ils y aient perdu leur
influence personnelle, et compromis l'influence fran-
çaise ?
» Par une faute qui semble être inhérente àInotre carac-
tère national : ils ont méconnu, méprisé ou combattu le
génie naturel des pays qui venaient de s'ouvrir à eux.
Ils ont cru, avec un engoûment égal à leur légèreté,
qu'un souverain éclairé, un gouvernement éclairé,
pouvaient et devaient marcher absolument comme le
souverain et le gouvernement marchent dans un pays
où les masses elles-mêmes sont éclairées. En un mot,
ils ont confondu les gouvernements qui traînent leurs
peuples à la civilisation avec les gouvernements que
leurs peuples poussent au progrès.
» Faute excusable, sans aucun doute, faute d'esprits
nobles et généreux, mais faute irrémédiable, au point
de vue pratique, et très-préjudiciable au point de vue
moral.
» Eh bien! nous le disons, animés d'une conviction pro-
fonde, c'est la faute que la Compagnie de l'isthme de
Suez va commettre si elle persiste dans l'attitude que
son Conseil d'administration a cru devoir prendre.
» Hélas ! le patriotisme français nous empêche de voir
le patriotisme égyptien, et de compter avec lui. Pour-
quoi? parce que le patriotisme égyptien - nous enten-
dons celui qu'il nous a été donné d'étudier et de com-
prendre, et qui tient à reconstituer une Égypte en quel-
que sorte europénne, comme elle était romaine jadis,
mais avec la nationalité en plus, — parce que ce pa-
triotisme égyptien n'est représenté encore que par le
vice-roi et ses hauts fonctionnaires.
» De là, sous l'empire de défiances que par malheur les
gouvernements orientaux en général n'ont que trop
souvent justifiées, des arrières - pensées mal conçues,
des soupçons fâcheux , des insinuations , auxquels le
parti pris donne la violence de la colère et l'importancé
d'une question internationale.
» Qu'avons-nous à dire, cependant, quand le vice-ro
d'Egypte proclame hautement qu'il ne veut être ni
Anglais, ni Français, qu'il entend rester Egyptien. De-
mandons lui des sympathies, c'est notre droit, comme
il est de notre devoir de les mériter. Ne lui deman-
dons pas une abdication morale, la pire de toutes.
» Maintenant, avant d'aller plus loin , pour que l'on
ne nous accuse plus, comme on l'a déjà fait, d'entre-
prendre campagne en faveur d'une conspiration ou
d'une combinaison anglaise, hâtons-nous de dire net-
tement, ouvertement, ce que nous pensons de la con-
duite de la Grande-Bretagne dans tout cela.
» Nous répudions formellement la note d'Aali-Pacha.
C'est une note anglaise.
), M. Rœbucky a mis, de son autorité privée, le sceau
du cabinet britannique quand il a dit en plein Parle-
ment : « On a traîné, là, le nom anglais dans la
» boue.»
» Oui, oui, chaque pierre du canal de Suez, chaque flot
du canal de Suez, sera, dans l'avenir, un reproche à
l'égoïsme anglais, égoïsme cupide, qui ne veut rien
laisser à qui que ce soit, et qui, l'un après l'autre,
semble prendre à tâche de déshonorer tous les peu-
ples; qui vole Singapour après avoir volé Gibraltar;
qui vole Périm après avoir volé Singapour, et qui, de-
puis un siècle tient à la gorge Constantinople, l'étran-
gle ou la laisse vivre, selon qu'elle se voit près ou
loin des Dardanelles. Nous nous désolons de ce refus
d'autorisation de la Porte, qui cède à la pression per-
sistante de l'Angleterre voyant presque avec ennui les
navires; des Messageries impériales gagner deux jours
sur la traversée de Bombay à Suez, un jour sur la
traversée d'Alexandrie à Marseille, et les vaisseaux ita-
liens auallssi rapides que les siens.
» Il est donc bien entendu que nous accusons l'An-
gleterre et plaignons la Porte autant et plus que per-
sonne. Ceci exposé, il nous deviendra plus facile, quand
le moment sera venu, d'examiner purement et simple-
ment une question qui n'est plus qu'égyptienne et
française.
»A. GRAINDGUIIXOT. D
LA PRESSE ANGLAISE.
La presse anglaise hostile au canal, trouve qu'on
fait si bien ses affaires, qu'elle n'a plus qu'à se met-
tre à la fenêtre et regarder du côté de certains jour-
naux de Paris. Cependant le Daily-News, qui passe
pour l'organe du comte Russell, et dont par consé-
quent nous recommandons la lecture au Temps,
rompt l'uniformité de ce silence savant et habile. Il se
réjouit. On allége l'Angleterre d'un rôle odieux, et
naturellement il cherche, comme on le fait ici, à mettre
en opposition la Compagnie et le vice-roi, sur le-
quel il voudrait rejeter toute la responsabilité de la
crise actuelle. Il est certain qu'on n'a rien négligé
dans les journaux coalisés pour compromettre ce
» Et c'est la Banque anglaise qui règne maintenant en
Russie et en Autriche !
» Accusera-t-on', dans ces deux cas, les dispositions
hostiles, soit de la Grande-Bretagne, soit de la Russie
ou de l'Autriche à l'égard du marché français? Et
comment le pourrait-on! La première place avait été
faites aux Français. Il l'ont perdue. Oui, c'est un malheur
pour l'Autriche et la Russie ; mais, à coup sûr, c'est
un malheur plus grand encore pour les rentiers fran-
çais qui ont pris les actions des chemins autrichiens à
600, 700, et 800 francs, celles des chemins russes au
pair, et qui ont vu les chemins autrichiens descendre
au-dessous de 400 francs, et les chemins russes se
maintenir à peine à ce taux. Est-ce qu'il n'y a pas là
matière à rénexion ?
» On ne peut refuser aux hommes éminents qui diri-
geaient les deux entreprises dont nous venons de parler
ni la puissance de conception, ni l'habileté administra-
tive, car ils ont fait adopter par toutes les compagnies
fondées depuis, en Autriche et en Russie, leur système
de comptabilité et leur organisation pratique.
» Comment donc expliquer qu'ils y aient perdu leur
influence personnelle, et compromis l'influence fran-
çaise ?
» Par une faute qui semble être inhérente àInotre carac-
tère national : ils ont méconnu, méprisé ou combattu le
génie naturel des pays qui venaient de s'ouvrir à eux.
Ils ont cru, avec un engoûment égal à leur légèreté,
qu'un souverain éclairé, un gouvernement éclairé,
pouvaient et devaient marcher absolument comme le
souverain et le gouvernement marchent dans un pays
où les masses elles-mêmes sont éclairées. En un mot,
ils ont confondu les gouvernements qui traînent leurs
peuples à la civilisation avec les gouvernements que
leurs peuples poussent au progrès.
» Faute excusable, sans aucun doute, faute d'esprits
nobles et généreux, mais faute irrémédiable, au point
de vue pratique, et très-préjudiciable au point de vue
moral.
» Eh bien! nous le disons, animés d'une conviction pro-
fonde, c'est la faute que la Compagnie de l'isthme de
Suez va commettre si elle persiste dans l'attitude que
son Conseil d'administration a cru devoir prendre.
» Hélas ! le patriotisme français nous empêche de voir
le patriotisme égyptien, et de compter avec lui. Pour-
quoi? parce que le patriotisme égyptien - nous enten-
dons celui qu'il nous a été donné d'étudier et de com-
prendre, et qui tient à reconstituer une Égypte en quel-
que sorte europénne, comme elle était romaine jadis,
mais avec la nationalité en plus, — parce que ce pa-
triotisme égyptien n'est représenté encore que par le
vice-roi et ses hauts fonctionnaires.
» De là, sous l'empire de défiances que par malheur les
gouvernements orientaux en général n'ont que trop
souvent justifiées, des arrières - pensées mal conçues,
des soupçons fâcheux , des insinuations , auxquels le
parti pris donne la violence de la colère et l'importancé
d'une question internationale.
» Qu'avons-nous à dire, cependant, quand le vice-ro
d'Egypte proclame hautement qu'il ne veut être ni
Anglais, ni Français, qu'il entend rester Egyptien. De-
mandons lui des sympathies, c'est notre droit, comme
il est de notre devoir de les mériter. Ne lui deman-
dons pas une abdication morale, la pire de toutes.
» Maintenant, avant d'aller plus loin , pour que l'on
ne nous accuse plus, comme on l'a déjà fait, d'entre-
prendre campagne en faveur d'une conspiration ou
d'une combinaison anglaise, hâtons-nous de dire net-
tement, ouvertement, ce que nous pensons de la con-
duite de la Grande-Bretagne dans tout cela.
» Nous répudions formellement la note d'Aali-Pacha.
C'est une note anglaise.
), M. Rœbucky a mis, de son autorité privée, le sceau
du cabinet britannique quand il a dit en plein Parle-
ment : « On a traîné, là, le nom anglais dans la
» boue.»
» Oui, oui, chaque pierre du canal de Suez, chaque flot
du canal de Suez, sera, dans l'avenir, un reproche à
l'égoïsme anglais, égoïsme cupide, qui ne veut rien
laisser à qui que ce soit, et qui, l'un après l'autre,
semble prendre à tâche de déshonorer tous les peu-
ples; qui vole Singapour après avoir volé Gibraltar;
qui vole Périm après avoir volé Singapour, et qui, de-
puis un siècle tient à la gorge Constantinople, l'étran-
gle ou la laisse vivre, selon qu'elle se voit près ou
loin des Dardanelles. Nous nous désolons de ce refus
d'autorisation de la Porte, qui cède à la pression per-
sistante de l'Angleterre voyant presque avec ennui les
navires; des Messageries impériales gagner deux jours
sur la traversée de Bombay à Suez, un jour sur la
traversée d'Alexandrie à Marseille, et les vaisseaux ita-
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» Il est donc bien entendu que nous accusons l'An-
gleterre et plaignons la Porte autant et plus que per-
sonne. Ceci exposé, il nous deviendra plus facile, quand
le moment sera venu, d'examiner purement et simple-
ment une question qui n'est plus qu'égyptienne et
française.
»A. GRAINDGUIIXOT. D
LA PRESSE ANGLAISE.
La presse anglaise hostile au canal, trouve qu'on
fait si bien ses affaires, qu'elle n'a plus qu'à se met-
tre à la fenêtre et regarder du côté de certains jour-
naux de Paris. Cependant le Daily-News, qui passe
pour l'organe du comte Russell, et dont par consé-
quent nous recommandons la lecture au Temps,
rompt l'uniformité de ce silence savant et habile. Il se
réjouit. On allége l'Angleterre d'un rôle odieux, et
naturellement il cherche, comme on le fait ici, à mettre
en opposition la Compagnie et le vice-roi, sur le-
quel il voudrait rejeter toute la responsabilité de la
crise actuelle. Il est certain qu'on n'a rien négligé
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