Presse et revues
54 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-12-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 décembre 1863 15 décembre 1863
Description : 1863/12/15 (A8,N180)-1863/12/17. 1863/12/15 (A8,N180)-1863/12/17.
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203259x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
540 L'ISTHME DE SUEZ,
de salut public, et cependant il n'en vint peut-être
pasdix de bonne volonté! Je voyais chaque jour de ma
fenêtre donnant sur le Nil des milliers de ces hommes
courant dans toutes les directions et se répandant sur
chaque rive ; ici ils entassaient des branches, là de
la terre pour rehausser les berges. Par ce moyen, et
gràce à un travail incessant, on put empêcher le
débordement du côté du Caire; mais le soir nous
apprenions que le train d'Alexandrie avait dû s'ar-
• rêter à Kaferzaïat; le chemin de fer avait été em-
porté sur une longueur de 10 kilomètres. Ce fut bien
autre chose alors. Mais ne touchons pas à. ce sujet,
puisqu'il est vrai que le travail forcé est. supprimé
en Egypte.
» Voulez-vous maintenant que je vous raconte un
autre fait, un fait comme il en arrive chaque jour
ici, un fait qui m'est personnel? J'avais sur le Nil
une barque qui venait charger des marchandises pour
Ismaïlia ; je l'envoie prendre des fèves au marché aux
fèves, situé entre le vieux Caire et Boulac ; en route,
cette barque est arrêtée par les cawas ; elle est prise
d'office et est conduite pour être chargée de maté-
riaux pour le chemin de fer. Le saïs (pilote) vient
me trouver; je vais voir le bey qui dirige les travaux
du gouvernement ; il me dit que la barque doit tra-
vailler deux jours pour le gouvernement et qu'il me
la rendra après. Il faut avoir vécu au milit-u des
Arabes comme je l'ai fait depuis bientôt trois ans ; il
faut au moins avoir fait un simple voyage en
Egypte pour connaître le peuple arabe, ses mœurs et
la manière qu'il faut nécessairement employer pour
le diriger ; quand on a vu, comme j'ai pu le faire,
on ne se hasarde jamais à écrire, même à raison de
10 francs la ligne, un article comme celui que la Se-
maine financière a publié. Laissons-la dire : vous
pouvez annoncer aux actionnaires que quand paraîtra
votre numéro du 15 décembre, l'eau douce sera à
Suez. Les eaux du Nil ne se seront point encore mê-
lées à celles de la mer Rouge, mais elles seront là
prêtes à s'élancer, et attendant, comme le 18 novembre
1862, que M. Ferd. de Lesseps s'écrie : « Au nom de
» Son Altesse, je commande que les eaux du Nil
» soient introduites dans la mer Rouge, par la grâce
» de Dieu. »
» Ce sera une belle fête ; nous n'attendons plus que
l'arrivée de M. de Lesseps pour la célébrer. Comme
l'héroïne d'Orléans, en parlant de son étendard, je
puis dire aussi : a J'étais à la peine, je serai à la
» récompense. » Oui, j'y serai, et je vous promets que
mes lettres vous y feront assister.
» J'ai également, avant de quitter Suez, fait visite
à MM. Dussaud frères. Leurs travaux avancent ra-
pidement ; l'habileté avec laquelle ils les dirigent
nous fait espérer que notre rade de Port-Saïd n'aura
qu'à gagner à l'expérience qu'ils ont acquise sur les
lieux dans leurs travaux pour les Messageries impé-
riales.
» Veuillez agréer, etc.
Pour extrait : ERNEST DESPLACES.
LA BOURSE ET LES ACTIONS DE SUEZ.
Quelques personnes se sont étonnées de la baisse qui
s'est produite dans ces derniers temps sur les actions
du canal maritime de Suez.
Les intrigues et les bruits qui se croisent en tout
sens contre la Compagnie peuvent n'y pas être étran-
gers, mais derrière tout ce mouvement il y a une spé-
culation de bourse à la baisse. Cette spéculation ne se
décèle pas seulement par des symptômes, elle se trahit
par des preuves évidentes. Elle vend à découvert sans
s'inquiéter comment elle se procurera des titres. C'est
de l'agiotage et rien de plus. Aussi à la dernière liqui-
dation les titres étaient si rares et si recherchés que,
commencée au pair, elle a successivement donné lieu
à un déport qui est descendu jusqu'à 5 francs. Ce fait,
que nous avons observé par nous-même, a aussi frappé
l'attention de plusieurs autres journaux, et voici, entre
autres, comment s'exprime sur ce sujet, à la date du 1,
le bulletin financier du Temps, feuille qu'on ne peut
pas accuser de partialité en faveur de la Compagnie :
« A côté de la presque totalité des valeurs qui ont
coùté de si lourds sacrifices à leurs détenteurs, il faut
citer quelques exceptions, qu'on trouve principalement
dans les institutions de crédit; ainsi le report du Crédit
foncier est tombé de 2 50 ; le Crédit foncier colonial et
le Crédit industriel ont pu se reporter au pair.
» Une autre exception est le Suez ; la liquidation
s'est commencée au pair et s'est terminée avec 5 francs
de déport, signe certain qu'il existe un gros découvert
sur cette valeur, que les ventes qu'elle a eu à supporter,
et qui ont amené sa dépréciation, sont le fait de la
spéculation.
» Cette situation n'a rien de surprenant : le capital
de la Compagnie est disséminé dans un grand nombre
de mains, et par très-minimes fractions ; dans ces pe-
tits portefeuilles, les valeurs n'ont pas l'humeur vaga-
bonde. La vive discussion qui préoccupe et passionne
la Bourse, n'a donc pu jeter sur le marché qu'un
nombre restreint de titres, et les vendeurs à découvert
ont fait presque seuls les frais de la baisse.
» A ce point de vue spécial, la position des vendeurs
est dangereuse, et il pourrait leur devenir onéreux de
persévérer dans cette voie. Il est bien entenlu que nous
n'apprécions pas la valeur absolue de l'action.
D A. GAGNE. »
D'un autre côté, la Presse, sous la même date du 1,
arrivait à une conclusion identique à celle du Temps ;
« Les actions de l'isthme de Suez ont fait assez bonne
contenance. Il y a du découvert sur cette valeur, et
les vendeurs n'osent plus offrir. Les titres manquent,
puisqu'il y a eu du déport en liquidation. Les déten-
teurs sérieux ne se laissent pas décourager par le con-
de salut public, et cependant il n'en vint peut-être
pasdix de bonne volonté! Je voyais chaque jour de ma
fenêtre donnant sur le Nil des milliers de ces hommes
courant dans toutes les directions et se répandant sur
chaque rive ; ici ils entassaient des branches, là de
la terre pour rehausser les berges. Par ce moyen, et
gràce à un travail incessant, on put empêcher le
débordement du côté du Caire; mais le soir nous
apprenions que le train d'Alexandrie avait dû s'ar-
• rêter à Kaferzaïat; le chemin de fer avait été em-
porté sur une longueur de 10 kilomètres. Ce fut bien
autre chose alors. Mais ne touchons pas à. ce sujet,
puisqu'il est vrai que le travail forcé est. supprimé
en Egypte.
» Voulez-vous maintenant que je vous raconte un
autre fait, un fait comme il en arrive chaque jour
ici, un fait qui m'est personnel? J'avais sur le Nil
une barque qui venait charger des marchandises pour
Ismaïlia ; je l'envoie prendre des fèves au marché aux
fèves, situé entre le vieux Caire et Boulac ; en route,
cette barque est arrêtée par les cawas ; elle est prise
d'office et est conduite pour être chargée de maté-
riaux pour le chemin de fer. Le saïs (pilote) vient
me trouver; je vais voir le bey qui dirige les travaux
du gouvernement ; il me dit que la barque doit tra-
vailler deux jours pour le gouvernement et qu'il me
la rendra après. Il faut avoir vécu au milit-u des
Arabes comme je l'ai fait depuis bientôt trois ans ; il
faut au moins avoir fait un simple voyage en
Egypte pour connaître le peuple arabe, ses mœurs et
la manière qu'il faut nécessairement employer pour
le diriger ; quand on a vu, comme j'ai pu le faire,
on ne se hasarde jamais à écrire, même à raison de
10 francs la ligne, un article comme celui que la Se-
maine financière a publié. Laissons-la dire : vous
pouvez annoncer aux actionnaires que quand paraîtra
votre numéro du 15 décembre, l'eau douce sera à
Suez. Les eaux du Nil ne se seront point encore mê-
lées à celles de la mer Rouge, mais elles seront là
prêtes à s'élancer, et attendant, comme le 18 novembre
1862, que M. Ferd. de Lesseps s'écrie : « Au nom de
» Son Altesse, je commande que les eaux du Nil
» soient introduites dans la mer Rouge, par la grâce
» de Dieu. »
» Ce sera une belle fête ; nous n'attendons plus que
l'arrivée de M. de Lesseps pour la célébrer. Comme
l'héroïne d'Orléans, en parlant de son étendard, je
puis dire aussi : a J'étais à la peine, je serai à la
» récompense. » Oui, j'y serai, et je vous promets que
mes lettres vous y feront assister.
» J'ai également, avant de quitter Suez, fait visite
à MM. Dussaud frères. Leurs travaux avancent ra-
pidement ; l'habileté avec laquelle ils les dirigent
nous fait espérer que notre rade de Port-Saïd n'aura
qu'à gagner à l'expérience qu'ils ont acquise sur les
lieux dans leurs travaux pour les Messageries impé-
riales.
» Veuillez agréer, etc.
Pour extrait : ERNEST DESPLACES.
LA BOURSE ET LES ACTIONS DE SUEZ.
Quelques personnes se sont étonnées de la baisse qui
s'est produite dans ces derniers temps sur les actions
du canal maritime de Suez.
Les intrigues et les bruits qui se croisent en tout
sens contre la Compagnie peuvent n'y pas être étran-
gers, mais derrière tout ce mouvement il y a une spé-
culation de bourse à la baisse. Cette spéculation ne se
décèle pas seulement par des symptômes, elle se trahit
par des preuves évidentes. Elle vend à découvert sans
s'inquiéter comment elle se procurera des titres. C'est
de l'agiotage et rien de plus. Aussi à la dernière liqui-
dation les titres étaient si rares et si recherchés que,
commencée au pair, elle a successivement donné lieu
à un déport qui est descendu jusqu'à 5 francs. Ce fait,
que nous avons observé par nous-même, a aussi frappé
l'attention de plusieurs autres journaux, et voici, entre
autres, comment s'exprime sur ce sujet, à la date du 1,
le bulletin financier du Temps, feuille qu'on ne peut
pas accuser de partialité en faveur de la Compagnie :
« A côté de la presque totalité des valeurs qui ont
coùté de si lourds sacrifices à leurs détenteurs, il faut
citer quelques exceptions, qu'on trouve principalement
dans les institutions de crédit; ainsi le report du Crédit
foncier est tombé de 2 50 ; le Crédit foncier colonial et
le Crédit industriel ont pu se reporter au pair.
» Une autre exception est le Suez ; la liquidation
s'est commencée au pair et s'est terminée avec 5 francs
de déport, signe certain qu'il existe un gros découvert
sur cette valeur, que les ventes qu'elle a eu à supporter,
et qui ont amené sa dépréciation, sont le fait de la
spéculation.
» Cette situation n'a rien de surprenant : le capital
de la Compagnie est disséminé dans un grand nombre
de mains, et par très-minimes fractions ; dans ces pe-
tits portefeuilles, les valeurs n'ont pas l'humeur vaga-
bonde. La vive discussion qui préoccupe et passionne
la Bourse, n'a donc pu jeter sur le marché qu'un
nombre restreint de titres, et les vendeurs à découvert
ont fait presque seuls les frais de la baisse.
» A ce point de vue spécial, la position des vendeurs
est dangereuse, et il pourrait leur devenir onéreux de
persévérer dans cette voie. Il est bien entenlu que nous
n'apprécions pas la valeur absolue de l'action.
D A. GAGNE. »
D'un autre côté, la Presse, sous la même date du 1,
arrivait à une conclusion identique à celle du Temps ;
« Les actions de l'isthme de Suez ont fait assez bonne
contenance. Il y a du découvert sur cette valeur, et
les vendeurs n'osent plus offrir. Les titres manquent,
puisqu'il y a eu du déport en liquidation. Les déten-
teurs sérieux ne se laissent pas décourager par le con-
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