Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-12-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 décembre 1863 15 décembre 1863
Description : 1863/12/15 (A8,N180)-1863/12/17. 1863/12/15 (A8,N180)-1863/12/17.
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203259x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 539
a déjà pris une importance réelle. La Compagnie y
expédie du Caire, en wagons, ses travailleurs et ses
approvisionnements.
Les approvisionnements d'une armée de travailleurs
ne sont pas peu de chose. Des magasins de Boulac,
près du Caire, on dirige sur Suez plus de 200,000 ki-
los de biscuit par mois. Le riz, les lentilles, les fèves,
y sont envoyés par 40,000 kilos. Enfin, dans les seuls
mois d'août, septembre et octobre, 1,800,000 kilog.
de biscuit sont sortis des magasins de l'intendance
pour être répartis sur Ismaïlia, Toussoum et Ge-
neffé.
La lettre suivante, datée du Caire, le 3 décembre,
parvenue à Paris le 13, donne sur les travaux de
Suez et sur plusieurs autres questions intéressantes,
des détails qui seront agréables au lecteur. Nous
ferons remarquer seulement que, retenu à Paris par
des circonstances que tout le monde connaît, M. Fer-
dinand de Lesseps n'assistera pas à cette inaugura-
tion du canal d'eau douce pour laquelle il était
attendu.
ERNEST DESPLACES.
('Correspondance jiarticuïièrc de L'ISTHME DE SUEZ.)
« Caire, le 3 décembre 1863.
» J'étais à Suez, sur le théâtre des travaux, quand
votre numéro du 15 novembre est arrivé au Caire ;
ce n'est donc qu'à mon retour dans cette dernière
ville que j'ai pu en prendre connaissance. Qu'il est
à regretter que l'écrivain auquel M. de Lesseps a si
victorieusement répondu ne puisse se transporter à
Suez ; quand il verrait la manière avec laquelle la
Compagnie pousse ses travaux, avec quel soin ils
sont conduits ; quand, placé sur cette dune qui cache
à Suez le canal d'eau douce arrivant par le désert,
il verrait cette armée de travailleurs répartis sur
14 kilomètres ; quand il entendrait ces chants arabes
avec lesquels les fellahs accompagnent tous leurs
travaux, il changerait probablement de manière de
voir et surtout de penser, à moins cependant que, peu
désireux d'éclairer réellement le public et de montrer
aux actionnaires l'emploi qu'on fait de leurs capi-
taux, le rédacteur de la Semaine financière ne fasse
une guerre de parti pris.
» Quoi qu'il en soit, j'arrive de Suez ; j'étais si im-
patient de savoir où en étaient les travaux, que je
n'avais pas visités depuis quelque temps, que je n'ai
pu résister au désir de retourner un instant au dé-
sert. Je suis allé jusqu'à Arsinoë, où est établi le der-
nier campement; et depuis ce point jusqu'à Suez vingt
mille hommes environ sont répartis sur la ligne du
canal d'eau douce; on travaille à Suez, on travaille à
Arsinoë; on travaille entre Arsinoë et Suez, on tra-
vaille partout. Quand vous recevrez cette lettre, je
Vaffirmet j'en suis certain, je l'ai pu constater, l'eau
douce SEuA A SUEZ. La vie va être donnée à cette ville
qui se traînait languissante ; avec l'eau douce, la
verdure, les fleurs, la campagne féconde où n'était
auparavant que l'aride désert. Ces paroles inscrites
au 55", au 27e et au 25p chapitres du Coran : « La
» barrière doit un jour disparaître. les mers doi-
» vent se rencontrer ; les vaisseaux doivent y navi-
» guer à pleines voiles. » ces paroles, dis-je, vont
sous peu se réaliser.
» Pourquoi ceux qui, sans en dire les véritables
motifs, semblent s'acharner contre cette grande œu-
vre, ne viennent-ils visiter nos travaux; que ne vien-
nent-ils avec nous constater nos progrès; que ne
viennent-ils reconnaître le grand pas que le canal de
Suez a fait faire à la civilisation en Egypte? Alors,
loin de plaindre les fellahs, qui ne se plaignent pas,
ils seraient forcés de reconnaître le bien-être que nous
leur avons apporté ; ils inspecteraient nos hôpitaux
et nos ambulances, et quand par hasard ils y trou-
veraient des malades, ils pourraient s'assurer que les
soins et les bons traitements les entourent.
» Le travail forcé! Mais que parle-t-on de travail
forcé? Chaque homme gagne 1 franc par jour, soit
6 piastres et 1/2. Or, au Caire, à Alexandrie, à Suez,
partout, interrogez les fellahs; que gagnent-ils?
4 piastres ou 5 piastres au maximum ; les enfants
toujours 3 piastres. Les plus jeunes travailleurs sur
les chantiers de l'isthme, ceux de quatorze à seize
ans, qui au Caire gagneraient 5 piastres au plus,
gagnent 6 piastres et 1/2 au désert. Dans leurs villages
ils ne gagneraient rien du tout. Et de plus ils sont
amplement approvisionnés : presque tous, quand ils
partent, rapportent avec eux, indépendamment de
leurs salaires, quelques kilos de biscuit qu'ils ont pu
économiser sur leurs rations journalières.
» Mais il faut avoir habité l'Egypte pour connaître
le fellah. Il n'a pas de besoins et il est fataliste! Que
ses canaux soient comblés, que le Nil ne vienne plus
féconder ses terres, il ne cherchera pas, il faut bien
le reconnaître, à s'opposer au mal. Non, il attend :
Allah Jierim (Dieu est grand). Vous le savez, du
reste, quand il a fallu curer le canal Mahmoudié, qui
cependant est l'une des artères principales de l'Egypte,
n'a-t-on pas été contraint d'employer le travail obliga-
toire dans toute sa rigueur, à moins de laisser victime
de l'incurie l'un des plus beaux éléments de la pros-
périté égyptienne?
» Vous citerai-je un autre exemple plus récent et
qui s'est passé devant moi lors de la dernière inon-
dation. Le Nil augmentait chaque jour ; pendant une
nuit il augmente de 0m,40 ; comme il était très-haut
déjà, il était évident qu'il allait rompre ses berges :
alors en toute hâte les cawas durent partir pour
recruter les Arabes de tous côtés ; ils les amenaient
sur les bords du Nil. Il s'agissait d'une question
a déjà pris une importance réelle. La Compagnie y
expédie du Caire, en wagons, ses travailleurs et ses
approvisionnements.
Les approvisionnements d'une armée de travailleurs
ne sont pas peu de chose. Des magasins de Boulac,
près du Caire, on dirige sur Suez plus de 200,000 ki-
los de biscuit par mois. Le riz, les lentilles, les fèves,
y sont envoyés par 40,000 kilos. Enfin, dans les seuls
mois d'août, septembre et octobre, 1,800,000 kilog.
de biscuit sont sortis des magasins de l'intendance
pour être répartis sur Ismaïlia, Toussoum et Ge-
neffé.
La lettre suivante, datée du Caire, le 3 décembre,
parvenue à Paris le 13, donne sur les travaux de
Suez et sur plusieurs autres questions intéressantes,
des détails qui seront agréables au lecteur. Nous
ferons remarquer seulement que, retenu à Paris par
des circonstances que tout le monde connaît, M. Fer-
dinand de Lesseps n'assistera pas à cette inaugura-
tion du canal d'eau douce pour laquelle il était
attendu.
ERNEST DESPLACES.
('Correspondance jiarticuïièrc de L'ISTHME DE SUEZ.)
« Caire, le 3 décembre 1863.
» J'étais à Suez, sur le théâtre des travaux, quand
votre numéro du 15 novembre est arrivé au Caire ;
ce n'est donc qu'à mon retour dans cette dernière
ville que j'ai pu en prendre connaissance. Qu'il est
à regretter que l'écrivain auquel M. de Lesseps a si
victorieusement répondu ne puisse se transporter à
Suez ; quand il verrait la manière avec laquelle la
Compagnie pousse ses travaux, avec quel soin ils
sont conduits ; quand, placé sur cette dune qui cache
à Suez le canal d'eau douce arrivant par le désert,
il verrait cette armée de travailleurs répartis sur
14 kilomètres ; quand il entendrait ces chants arabes
avec lesquels les fellahs accompagnent tous leurs
travaux, il changerait probablement de manière de
voir et surtout de penser, à moins cependant que, peu
désireux d'éclairer réellement le public et de montrer
aux actionnaires l'emploi qu'on fait de leurs capi-
taux, le rédacteur de la Semaine financière ne fasse
une guerre de parti pris.
» Quoi qu'il en soit, j'arrive de Suez ; j'étais si im-
patient de savoir où en étaient les travaux, que je
n'avais pas visités depuis quelque temps, que je n'ai
pu résister au désir de retourner un instant au dé-
sert. Je suis allé jusqu'à Arsinoë, où est établi le der-
nier campement; et depuis ce point jusqu'à Suez vingt
mille hommes environ sont répartis sur la ligne du
canal d'eau douce; on travaille à Suez, on travaille à
Arsinoë; on travaille entre Arsinoë et Suez, on tra-
vaille partout. Quand vous recevrez cette lettre, je
Vaffirmet j'en suis certain, je l'ai pu constater, l'eau
douce SEuA A SUEZ. La vie va être donnée à cette ville
qui se traînait languissante ; avec l'eau douce, la
verdure, les fleurs, la campagne féconde où n'était
auparavant que l'aride désert. Ces paroles inscrites
au 55", au 27e et au 25p chapitres du Coran : « La
» barrière doit un jour disparaître. les mers doi-
» vent se rencontrer ; les vaisseaux doivent y navi-
» guer à pleines voiles. » ces paroles, dis-je, vont
sous peu se réaliser.
» Pourquoi ceux qui, sans en dire les véritables
motifs, semblent s'acharner contre cette grande œu-
vre, ne viennent-ils visiter nos travaux; que ne vien-
nent-ils avec nous constater nos progrès; que ne
viennent-ils reconnaître le grand pas que le canal de
Suez a fait faire à la civilisation en Egypte? Alors,
loin de plaindre les fellahs, qui ne se plaignent pas,
ils seraient forcés de reconnaître le bien-être que nous
leur avons apporté ; ils inspecteraient nos hôpitaux
et nos ambulances, et quand par hasard ils y trou-
veraient des malades, ils pourraient s'assurer que les
soins et les bons traitements les entourent.
» Le travail forcé! Mais que parle-t-on de travail
forcé? Chaque homme gagne 1 franc par jour, soit
6 piastres et 1/2. Or, au Caire, à Alexandrie, à Suez,
partout, interrogez les fellahs; que gagnent-ils?
4 piastres ou 5 piastres au maximum ; les enfants
toujours 3 piastres. Les plus jeunes travailleurs sur
les chantiers de l'isthme, ceux de quatorze à seize
ans, qui au Caire gagneraient 5 piastres au plus,
gagnent 6 piastres et 1/2 au désert. Dans leurs villages
ils ne gagneraient rien du tout. Et de plus ils sont
amplement approvisionnés : presque tous, quand ils
partent, rapportent avec eux, indépendamment de
leurs salaires, quelques kilos de biscuit qu'ils ont pu
économiser sur leurs rations journalières.
» Mais il faut avoir habité l'Egypte pour connaître
le fellah. Il n'a pas de besoins et il est fataliste! Que
ses canaux soient comblés, que le Nil ne vienne plus
féconder ses terres, il ne cherchera pas, il faut bien
le reconnaître, à s'opposer au mal. Non, il attend :
Allah Jierim (Dieu est grand). Vous le savez, du
reste, quand il a fallu curer le canal Mahmoudié, qui
cependant est l'une des artères principales de l'Egypte,
n'a-t-on pas été contraint d'employer le travail obliga-
toire dans toute sa rigueur, à moins de laisser victime
de l'incurie l'un des plus beaux éléments de la pros-
périté égyptienne?
» Vous citerai-je un autre exemple plus récent et
qui s'est passé devant moi lors de la dernière inon-
dation. Le Nil augmentait chaque jour ; pendant une
nuit il augmente de 0m,40 ; comme il était très-haut
déjà, il était évident qu'il allait rompre ses berges :
alors en toute hâte les cawas durent partir pour
recruter les Arabes de tous côtés ; ils les amenaient
sur les bords du Nil. Il s'agissait d'une question
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