Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-12-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 décembre 1863 15 décembre 1863
Description : 1863/12/15 (A8,N180)-1863/12/17. 1863/12/15 (A8,N180)-1863/12/17.
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203259x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
536 L'ISTHME DE SUEZ.
seulement de la situation de l'entreprise, mais encore
de la marche qu'elle se proposait de suivre.
Le grand vizir continue à garder son silence ap-
-- probateur.
Cependant quelques mois après (juin 1859), lord
Palmerston rentre au pouvoir, lord John Russell l'y
accompagne avec le titre de ministre des affaires
étrangères.- Ici les dates sont expressives. Le 28 sep-
tembre suivant, Mouktar-Bey s'embarquait à Cons-
tantinople pour Alexandrie, chargé de la fameuse
mission d'ordonner la suspension des travaux du ca-
nal. C'était le premier acte d'opposition émané de la
Porte.
Que s'était-il passé dans ces trois mois? Le repré-
sentant anglais près du divan, sir Henry Bulwer,
s'était mis à l'œuvre. Il avait employé tous les res-
sorts pour pousser le divan, contraint et intimidé, à
cette démarche. Il l'avait enfin emporté de haute
lutte. On voit que la potitique de lord Palmerston n'a-
vait pas perdu de temps.
Sur un signe du gouvernement français, Mouktar-
Bey rentra à Constantinople sans avoir rempli ses
instructions. Les travaux continuèrent sans obs-
tac'e.
Si cet échec eût été personnel à la Porte elle y eût
été sensible; elle fut loin de s'en formaliser ; elle sa-
vait qu'il n'atteignait que Ja diplomatie anglaise, et
elle était disposée à s'en réjouir plutôt qu'à s'en af-
fliger. Bien plus, la Porte saisit la première occasion
qui se présenta pour constater de nouveau l'opinion
qu'elle n'avait cessé d'exprimer sur les avantages
du canal de Suez et l'adhésion qu'elle donnait au
principe de cette entreprise.
L'incident Mouktar n'avait pas porté bonheur au
cabinet qui l'avait subi. Le ministère turc avait été
changé. A la suite de négociations entamées par
notre ambassadeur à Constantinople, le divan avait
été réuni pour examiner de nouveau la question, et
après une discussion, à coup sûr des plus détaillées,
puisqu'elle avait occupé dix-sept séances, le conseil
ottoman avait encore une fois déclaré que l'exécution
du canal n'avait rien que de conforme aux intérêts
de l'empire, et qu'il abandonnait à laFranceet à l'An-
gleterre le soin de s'entendre sur les questions poli-
tiques qui pouvaient en résulter. Nous ne pouvons
d'ailleurs mieux caractériser l'esprit de cette délibé-
ration qu'en citant les paroles adressées par Méhé-
met-Ruchdi-Pacha, alors grand vizir, à M. de Les-
seps au moment où ce dernier prenait congé de lui
pour retourner en France :
« Nous avcm mûrement examiné en conseil la ques-
» tion du canal de Suez sous le point de- vue de nos
» intérêts, et nous av.ns été heureux de reconnaître
» que cette entre, risc nous sera profitable. Comme
» nous avions reconnu quelle produira un grand
» bien pour tout le monde, nous aurions agi ainsi
» que nous l'avons fait quand bien même nous au-
» rions craint qu'elle ne nous causât quelque dom-
» mage, afin qu'on ne pût pas nous accuser de vouloir
» nuire aux autres.
» Le principe de notre approbation, sous le point
» de vue de nos intérêts, étant donc admis, personne,
» nous l'espérons, ne pourra trouver mauvais que
» nous demandions à des puissances amies de s'en-
» tendre sur les questions qui pourraient être la
» conséquence de l'exécution du canal, tant vis-à-vis
» de l'Egypte que vis-à-vis de l'Europe. »
Cette déclaration remarquable du chef du gouver-
nement turc, qui fut immédiatement consignée dans
une dépêche adressée à l'ambassadeur de France et
répétée par le président de la Compagnie, le 15 mai
1860, dans son rapport public à l'assemblée géné-
rale, n'a également donné lieu à aucune dénégation
ni à aucune rectification.
Après comme avant la mission Mouktar-Bey c'était
à la Sublime Porte le même langage. Le canal était
utile à l'empire; la Turquie n'opposait de son chef
aucun obstacle à son exécution; elle eût été prête
même, s'il l'eût fallu, à sacrifier quelque chose de
son intérêt à l'intérêt de tous, et sa bonne volonté
n'était entravée que par des difficultés qui ne prove-
naient pas de son fait.
Sur les questions politiques, la Porte, comme nous
l'avons dit, demandait à la France et à l'Angleterre
de s'entendre. La France s'empressa de se prêter à
cette ouverture. Elle proposa immédiatement des pour-
parlers à l'Angleterre. Celle-ci s'y refusa, malgré l'ac-
cord exprimé sur ce point par la France et la Turquie.
L'Angleterre voulait donc perpétuer les difficultés et
non les résoudre.
En présence de ce système d'inertie, la Porte reste
dans les termes de toutes ses déclarations antérieures
que nous venons de retracer. De 1860 au 6 avril 1863,
les travaux du canal marchent et se développent en
Egypte. Le gouvernement égyptien les encourage,
les autorise, y participe de tout son concours moral
et matériel ; des tranchées gigantesques sont creu-
sées, les eaux de la Méditerranée pénètrent jusqu'au
lac Timsah, les eaux fécondantes du Nil sont con-
duites au centre de l'isthme; le désert se peuple; les
villes, les constructions, les campements s'y multi-
plient. La Porte regarde tous ces progrès avec la plus
parfaite tranquillité et ne fait entendre aucune récla-
mation.
Nous avons assez souvent raconté toute l'intrigue
anglaise dont la note du 6 avril a été l'instrument
et le programme, pour n'avoir point à revenir sur
ces faits. Mais dans cette note encore la Porte com-
primée sent le besoin de persister dans ses protesta-
seulement de la situation de l'entreprise, mais encore
de la marche qu'elle se proposait de suivre.
Le grand vizir continue à garder son silence ap-
-- probateur.
Cependant quelques mois après (juin 1859), lord
Palmerston rentre au pouvoir, lord John Russell l'y
accompagne avec le titre de ministre des affaires
étrangères.- Ici les dates sont expressives. Le 28 sep-
tembre suivant, Mouktar-Bey s'embarquait à Cons-
tantinople pour Alexandrie, chargé de la fameuse
mission d'ordonner la suspension des travaux du ca-
nal. C'était le premier acte d'opposition émané de la
Porte.
Que s'était-il passé dans ces trois mois? Le repré-
sentant anglais près du divan, sir Henry Bulwer,
s'était mis à l'œuvre. Il avait employé tous les res-
sorts pour pousser le divan, contraint et intimidé, à
cette démarche. Il l'avait enfin emporté de haute
lutte. On voit que la potitique de lord Palmerston n'a-
vait pas perdu de temps.
Sur un signe du gouvernement français, Mouktar-
Bey rentra à Constantinople sans avoir rempli ses
instructions. Les travaux continuèrent sans obs-
tac'e.
Si cet échec eût été personnel à la Porte elle y eût
été sensible; elle fut loin de s'en formaliser ; elle sa-
vait qu'il n'atteignait que Ja diplomatie anglaise, et
elle était disposée à s'en réjouir plutôt qu'à s'en af-
fliger. Bien plus, la Porte saisit la première occasion
qui se présenta pour constater de nouveau l'opinion
qu'elle n'avait cessé d'exprimer sur les avantages
du canal de Suez et l'adhésion qu'elle donnait au
principe de cette entreprise.
L'incident Mouktar n'avait pas porté bonheur au
cabinet qui l'avait subi. Le ministère turc avait été
changé. A la suite de négociations entamées par
notre ambassadeur à Constantinople, le divan avait
été réuni pour examiner de nouveau la question, et
après une discussion, à coup sûr des plus détaillées,
puisqu'elle avait occupé dix-sept séances, le conseil
ottoman avait encore une fois déclaré que l'exécution
du canal n'avait rien que de conforme aux intérêts
de l'empire, et qu'il abandonnait à laFranceet à l'An-
gleterre le soin de s'entendre sur les questions poli-
tiques qui pouvaient en résulter. Nous ne pouvons
d'ailleurs mieux caractériser l'esprit de cette délibé-
ration qu'en citant les paroles adressées par Méhé-
met-Ruchdi-Pacha, alors grand vizir, à M. de Les-
seps au moment où ce dernier prenait congé de lui
pour retourner en France :
« Nous avcm mûrement examiné en conseil la ques-
» tion du canal de Suez sous le point de- vue de nos
» intérêts, et nous av.ns été heureux de reconnaître
» que cette entre, risc nous sera profitable. Comme
» nous avions reconnu quelle produira un grand
» bien pour tout le monde, nous aurions agi ainsi
» que nous l'avons fait quand bien même nous au-
» rions craint qu'elle ne nous causât quelque dom-
» mage, afin qu'on ne pût pas nous accuser de vouloir
» nuire aux autres.
» Le principe de notre approbation, sous le point
» de vue de nos intérêts, étant donc admis, personne,
» nous l'espérons, ne pourra trouver mauvais que
» nous demandions à des puissances amies de s'en-
» tendre sur les questions qui pourraient être la
» conséquence de l'exécution du canal, tant vis-à-vis
» de l'Egypte que vis-à-vis de l'Europe. »
Cette déclaration remarquable du chef du gouver-
nement turc, qui fut immédiatement consignée dans
une dépêche adressée à l'ambassadeur de France et
répétée par le président de la Compagnie, le 15 mai
1860, dans son rapport public à l'assemblée géné-
rale, n'a également donné lieu à aucune dénégation
ni à aucune rectification.
Après comme avant la mission Mouktar-Bey c'était
à la Sublime Porte le même langage. Le canal était
utile à l'empire; la Turquie n'opposait de son chef
aucun obstacle à son exécution; elle eût été prête
même, s'il l'eût fallu, à sacrifier quelque chose de
son intérêt à l'intérêt de tous, et sa bonne volonté
n'était entravée que par des difficultés qui ne prove-
naient pas de son fait.
Sur les questions politiques, la Porte, comme nous
l'avons dit, demandait à la France et à l'Angleterre
de s'entendre. La France s'empressa de se prêter à
cette ouverture. Elle proposa immédiatement des pour-
parlers à l'Angleterre. Celle-ci s'y refusa, malgré l'ac-
cord exprimé sur ce point par la France et la Turquie.
L'Angleterre voulait donc perpétuer les difficultés et
non les résoudre.
En présence de ce système d'inertie, la Porte reste
dans les termes de toutes ses déclarations antérieures
que nous venons de retracer. De 1860 au 6 avril 1863,
les travaux du canal marchent et se développent en
Egypte. Le gouvernement égyptien les encourage,
les autorise, y participe de tout son concours moral
et matériel ; des tranchées gigantesques sont creu-
sées, les eaux de la Méditerranée pénètrent jusqu'au
lac Timsah, les eaux fécondantes du Nil sont con-
duites au centre de l'isthme; le désert se peuple; les
villes, les constructions, les campements s'y multi-
plient. La Porte regarde tous ces progrès avec la plus
parfaite tranquillité et ne fait entendre aucune récla-
mation.
Nous avons assez souvent raconté toute l'intrigue
anglaise dont la note du 6 avril a été l'instrument
et le programme, pour n'avoir point à revenir sur
ces faits. Mais dans cette note encore la Porte com-
primée sent le besoin de persister dans ses protesta-
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