Presse et revues
54 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-12-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 décembre 1863 15 décembre 1863
Description : 1863/12/15 (A8,N180)-1863/12/17. 1863/12/15 (A8,N180)-1863/12/17.
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203259x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 533
mise en scène de la fameuse Note expédiée le 6 avril
dernier à Paris et à Londres, sous la signature
d'Aali-Pacha. Les réflexions que nous avons faites,
il y a six mois, à propos de la Note arrivée de Cons-
tantinople, s'appliquent donc d'elles-mêmes aux pro-
positions arrivées du Caire. Comment ! voilà six ans
que l'Europe a vu se constituer une Compagnie avec
le projet hautement annoncé d'ouvrir une voie nou -
velle de communication maritime à travers l'isthme
de Suez ; la Compagnie s'est mise immédiatement à
l'œuvre; l'approvisionnement et le matériel néces-
saires à l'exécution de l'entreprise ont été réunis et
transportés à grands frais dans le désert; une armée
de vingt mille ouvriers est occupée depuis cinq ans à
creuser le canal qui doit unir les deux mers; le sol
de l'isthme est déjà coupé dans les deux tiers de son
parcours; des villes nouvelles sortent de terre, et
c'est le moment où l'œuvre est assez avancée pour
qu'on puisse en prévoir et en annoncer le prochain
achèvement, c'est ce moment que l'on choisit pour
arracher la Compagnie à ses travaux, pour l'entraver
dans l'accomplissement de son œuvre, pour la tra-
duire à la barre de trois journaux, pour l'envelopper
dans un réseau de procédure et de chicane au moyen
duquel on espère apparemment la forcer à se rendre,
de guerre lasse, et à signer son expropriation, sa
déchéance et sa ruine ? Eh bien ! non, la Compagnie
ne se rendra pas ; elle ne se laissera pas exproprier;
et pour se rassurer, si elle en a besoin, contre de
pareilles chances, elle n'a qu'à se rappeler ce qu'elle
est, d'où elle procède, ce qu'elle représente. Le gou-
vernement de l'Empereur, qui met sa sollicitude et
son honneur à protéger les intérêts français en Chine,
en Cochinchine, au Mexique, partout où ils sont
blessés ou menacés, ne désertera pas sa glorieuse
mission en Europe. Il comprendra sans nul doute, ou
plutôt, si nous sommes bien renseigné, il a déjà
compris ce que l'opinion publique attend de lui dans
une occasion où les intérêts français sont liés direc-
tement aux intérêts généraux de l'Europe, à la cause
du monde civilisé.
) Louis ALLOURY. »
POURSUITES JUDICIAIRES.
Par exploits du 25 novembre, une double assigna-
tion a été signifiée à M. Martin, gérant de la Se-
maine financière, et à M. E. Forcade, rédacteur de ce
journal :
1° Devant le tribunal- de police correctionnelle, à
M. Martin, gérant, pour refus d'insertion d'une note
et de diverses pièces répondant à des publications
précédentes de la Semaine financière ;
20 Devant le tribunal civil, à M. Martin, comme
gérant, et à M. Eugène Forcade, comme auteur,
pour se voir condamnés solidairement à 50,000 fr.
de dommages-intérêts, en raison des publications
qu'ils ont faites contre la Compagnie du canal de
Suez, sans autre intérêt que la volonté de lui nuire
et de porter atteinte à son crédit.
La première de ces affaires en police correction-
nelle a été appelée et devait être plaidée le mardi 15
de ce mois, Me Sénart étant chargé de soutenir la
plainte de la Compagnie, et MeBlot-Lequesne de la
défense du gérant de la Semaine financière. -
Une cause qui a pris des développements beau-
coup plus grands qu'on ne s'y attendait, a obligé le
tribunal (6e chambre) à ajourner cette affaire au
mercredi 23 décembre courant.
La cause civile a été mise au rôle pour vendredi
prochain 18, mais il paraît difficile qu'elle vienne
utilement à cette audience.
La justice étant saisie, nous devons nous abstenir
de tout autre détail avant le jour des débats, dont
nous rendrons compte.
ERNEST DESPLACES.
PRINCIPES ET ÉTAT DE LA QUESTION
(Voir le numéro du 1" décembre).
III.
1. Egypte et la Turquie.
La Turquie désire le percement de l'isthme ; elle
sait, elle avoue que les intérêts de son empire ont
beaucoup à gagner à l'achèvement du canal de
Suez.
Entre autres considérations de premier ordre, la
Turquie discerne très-bien que l'ouverture de- ce
passage lui permet enfin de montrer son pavillon
impérial dans la mer Rouge et d'assurer sa supré-
matie sur les villes saintes de Médine et de la Mecque,
berceaux de sa foi, métropoles de la religion inaho-
métane. C'est ce dont les Anglais ne se soucient point
par ces deux raisons que nous a fait connaître le.
Times ; la première, que la mer Rouge doit être un
lac anglais; la seconde, que l'Angleterre a la préten-
tion d'être la première puissance musulmane de
l'Orient.
La Turquie de son chef n'élève pas d'objections
contre l'entreprise du canal.
S'il dépendait d'elle, elle. n'y opposerait aucun
obstacle.
Mais la Turquie n'est pas libre et De s'appartient
pas. Depuis la guerre de Crimée elle est gouvernée
par l'Angleterre et pour l'Angleterre.
C'est du chef de l'Angleterre, de son action op-
pressive sur les ministres ottomans que proviennent
toutes les difficultés.
mise en scène de la fameuse Note expédiée le 6 avril
dernier à Paris et à Londres, sous la signature
d'Aali-Pacha. Les réflexions que nous avons faites,
il y a six mois, à propos de la Note arrivée de Cons-
tantinople, s'appliquent donc d'elles-mêmes aux pro-
positions arrivées du Caire. Comment ! voilà six ans
que l'Europe a vu se constituer une Compagnie avec
le projet hautement annoncé d'ouvrir une voie nou -
velle de communication maritime à travers l'isthme
de Suez ; la Compagnie s'est mise immédiatement à
l'œuvre; l'approvisionnement et le matériel néces-
saires à l'exécution de l'entreprise ont été réunis et
transportés à grands frais dans le désert; une armée
de vingt mille ouvriers est occupée depuis cinq ans à
creuser le canal qui doit unir les deux mers; le sol
de l'isthme est déjà coupé dans les deux tiers de son
parcours; des villes nouvelles sortent de terre, et
c'est le moment où l'œuvre est assez avancée pour
qu'on puisse en prévoir et en annoncer le prochain
achèvement, c'est ce moment que l'on choisit pour
arracher la Compagnie à ses travaux, pour l'entraver
dans l'accomplissement de son œuvre, pour la tra-
duire à la barre de trois journaux, pour l'envelopper
dans un réseau de procédure et de chicane au moyen
duquel on espère apparemment la forcer à se rendre,
de guerre lasse, et à signer son expropriation, sa
déchéance et sa ruine ? Eh bien ! non, la Compagnie
ne se rendra pas ; elle ne se laissera pas exproprier;
et pour se rassurer, si elle en a besoin, contre de
pareilles chances, elle n'a qu'à se rappeler ce qu'elle
est, d'où elle procède, ce qu'elle représente. Le gou-
vernement de l'Empereur, qui met sa sollicitude et
son honneur à protéger les intérêts français en Chine,
en Cochinchine, au Mexique, partout où ils sont
blessés ou menacés, ne désertera pas sa glorieuse
mission en Europe. Il comprendra sans nul doute, ou
plutôt, si nous sommes bien renseigné, il a déjà
compris ce que l'opinion publique attend de lui dans
une occasion où les intérêts français sont liés direc-
tement aux intérêts généraux de l'Europe, à la cause
du monde civilisé.
) Louis ALLOURY. »
POURSUITES JUDICIAIRES.
Par exploits du 25 novembre, une double assigna-
tion a été signifiée à M. Martin, gérant de la Se-
maine financière, et à M. E. Forcade, rédacteur de ce
journal :
1° Devant le tribunal- de police correctionnelle, à
M. Martin, gérant, pour refus d'insertion d'une note
et de diverses pièces répondant à des publications
précédentes de la Semaine financière ;
20 Devant le tribunal civil, à M. Martin, comme
gérant, et à M. Eugène Forcade, comme auteur,
pour se voir condamnés solidairement à 50,000 fr.
de dommages-intérêts, en raison des publications
qu'ils ont faites contre la Compagnie du canal de
Suez, sans autre intérêt que la volonté de lui nuire
et de porter atteinte à son crédit.
La première de ces affaires en police correction-
nelle a été appelée et devait être plaidée le mardi 15
de ce mois, Me Sénart étant chargé de soutenir la
plainte de la Compagnie, et MeBlot-Lequesne de la
défense du gérant de la Semaine financière. -
Une cause qui a pris des développements beau-
coup plus grands qu'on ne s'y attendait, a obligé le
tribunal (6e chambre) à ajourner cette affaire au
mercredi 23 décembre courant.
La cause civile a été mise au rôle pour vendredi
prochain 18, mais il paraît difficile qu'elle vienne
utilement à cette audience.
La justice étant saisie, nous devons nous abstenir
de tout autre détail avant le jour des débats, dont
nous rendrons compte.
ERNEST DESPLACES.
PRINCIPES ET ÉTAT DE LA QUESTION
(Voir le numéro du 1" décembre).
III.
1. Egypte et la Turquie.
La Turquie désire le percement de l'isthme ; elle
sait, elle avoue que les intérêts de son empire ont
beaucoup à gagner à l'achèvement du canal de
Suez.
Entre autres considérations de premier ordre, la
Turquie discerne très-bien que l'ouverture de- ce
passage lui permet enfin de montrer son pavillon
impérial dans la mer Rouge et d'assurer sa supré-
matie sur les villes saintes de Médine et de la Mecque,
berceaux de sa foi, métropoles de la religion inaho-
métane. C'est ce dont les Anglais ne se soucient point
par ces deux raisons que nous a fait connaître le.
Times ; la première, que la mer Rouge doit être un
lac anglais; la seconde, que l'Angleterre a la préten-
tion d'être la première puissance musulmane de
l'Orient.
La Turquie de son chef n'élève pas d'objections
contre l'entreprise du canal.
S'il dépendait d'elle, elle. n'y opposerait aucun
obstacle.
Mais la Turquie n'est pas libre et De s'appartient
pas. Depuis la guerre de Crimée elle est gouvernée
par l'Angleterre et pour l'Angleterre.
C'est du chef de l'Angleterre, de son action op-
pressive sur les ministres ottomans que proviennent
toutes les difficultés.
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