Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-12-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 décembre 1863 01 décembre 1863
Description : 1863/12/01 (A8,N179)-1863/12/03. 1863/12/01 (A8,N179)-1863/12/03.
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203258h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 501
lorsque la lumière est éclatante. — Galilée affirmait que
la terre tournait, l'inquisition l'a forcé à se rétracter,
et pourtant au milieu de cette rétractation il affirmait
la rotation ; comment, avait le droit de .se dire M. de
Lesseps, la Porte pourra-t-elle contester une Compagnie
qui a fait d'aussi magnifiques travaux, qui les a menés
à fin ? Vainement on s'agitera, on protestera, il faudra
bien finir par reconnaître ce qui est.
» Voilà les raisonnements vrais, concluants et très-
sages que tout le monde a dû faire : l'Egypte d'abord,
la Porte ensuite, et le Conseil de la Compagnie, si l'on
veut. Mais ce calcul ou ce raisonnement avaient-ils quel-
que chose blâmable? non assurément. — Toutes les
situations ne se ressemblent pas et toutes les négocia-
tions ne sauraient avoir les mêmes caractères et les
mêmes phases.
» Si M. de Lesseps s'était dit, le lendemain de l'expé-
dition de Crimée, je serai plus fort que la diplomatie
anglaise à Constantinople, et j'exigerai que le vice-roi
triomphe des résistances anglaises auprès du divan,
M. de Lesseps aurait méconnu toutes les expériences de
la vie, il aurait méconnu le cœur humain, il aurait
risqué de n'ouvrir jamais la souscription ou de la rendre
vaine et stérile après l'avoir fait aboutir; il aurait ris-
qué de ne jamais faire le premier pas.
» Tant mieux, dira Nubar-Pacha; tant mieux, diront
nos confrères de la Semaine financière; tant pis, diront
tous les esprits libéraux, tous les amis des entreprises
hardies et nobles, tous les cœurs enthousiastes des œu-
vres qui sont une date glorieuse dans l'histoire des
peuples; tant pis, diront encore tous les hommes de
bon sens, car nous défions bien la Porte, et l'Egypte,
et l'Angleterre, même avec le concours de la Semaine
financière, même avec le concours du Constitutionnel,
cet apôtre aujourd'hui fervent de la Semaine financière
et naguère si violent contre les Anglais et contre tous
les ennemis de l'isthme de Suez, nous défions, disons-
nous, toutes ces forces réunies de faire mourir une So-
ciété qui a tant de titres, et qui a affirmé si solennellement
son existence.
» Quoi qu'il en soit, peut-être comprendrions-nous à la
rigueur que la Porte, par son mauvais vouloir ou par ses
ajournements répétés, donnât lieu à soumettre au public
les réflexions qui précèdent. mais ce qui est incroyable,
insensé, absurde, inqualiûable ; ce qui défie tous les
calculs, toutes les vraisemblances, c'est qu'il faille dis-
cuter l'existence de la Compagnie avec l'Egypte; c'est
que les embarras, les entraves, les négations d'existence,
l'objection contre le défaut d'autorisation, c'est que
tout cela vienne d'Alexandrie, c'est que l'Egypte se plai-
gne qu'elle réclame et qu'elle songe à menacer la Com-
pagnie dont M. de Lesseps est le président, en raison du
silence gardé par la Turquie depuis la fondation de la
Société, si la Compagnie n'obtempère pas à ses vo-
lontés !
» Ainsi, voilà un contrat intervenu entre des capita-
listes et le vice-roi ; il mentionne que le vice-roi devra
obtenir, et cela beaucoup plus par des considérations de
courtoisie que par des nécessités auxquelles il peut se
soustraire, l'autorisation du sultan. Le vice-roi, ou se
croit suffisamment autorisé par le langage du divan, ou
croit devoir attendre. — Le Conseil d'administration et
M. de Lesseps ont foi dans la parole, dans l'autorité et
dans le bon vouloir du vice-roi; ils continuent leurs
travaux, et à un moment donné on invoque contre eux
cet état de choses. Mais il y a plus! Le vice-roi est le
plus fort actionnaire de la Compagnie, il a rempli comme
tous les actionnaires ses obligations ; est-il donc admis-
sible qu'il puisse invoquer lui-même un refus de ratifi-
cation ou d'autorisation, alors qu'il avait personnellement
charge de demander et d'obtenir cette ratification, et
que pendant cinq ans il a laissé marcher les travaux
sur son territoire, adhérant virtuellement à tout, cou-
vrant tout heure par heure, et par son attitude et par
l'exécution de ses engagements? Pourquoi n'a-t-il pas ar-
rêté la souscription quand elle fut ouverte? Pourquoi a-
t-il acquiescé par son silence à toutes ces assemblées
générales d'actionnaires où l'œuvre de l'isthme de Suez
était glorifiée, affirmée, et où l'avancement des travaux
était constaté?
» Que signifie donc le langage de Nubar-Pacha ? — Que
veulent dire ses réclamations? Elles sont la répétition au
nom de l'Egypte de la note du 6 avril 1863 formulée,
il y a six mois, par la Turquie, ou plutôt les notes de
Constantinople et d'Alexandrie sont deux fois l'expression
des désirs de l'Angleterre.
» On veut, dit-on, sauver une Compagnie, et pour
cela on lui fait des réclamations telles que, si elle les
admet, elle sera à deux doigts de sa mort. — L'acte
de concession dit que le canal sera terminé en six ans,
et on veut aujourd'hui faire durer les travaux indéfini-
ment par la réduction de plus des deux tiers du con-
tingent des fellahs ! — - On a fixé, il y a six ans, les
salaires qui seront dus aux ouvriers indigènes, et un jour,
par un fait de simple bon plaisir, on propose d'augmenter
les salaires, afin de pousser la Société à faire des em-
prunts en grevant outre mesure son budget! — Le vice-
roi a concédé des terres qui seront, dans un avenir
prochain, l'ornement et le fruit le meilleur des travaux
exéculés dans l'isthme ! Ces terrains, ces concessions,
seront la mise en culture, la colonisation de tout
l'isthme, et, sans dire même pourquoi, Nubar-Pacha de-
mande à reprendre de la main gauche ce que le vice-roi
a donné de la main droite !
» Qui expliquera les manifestations de ce tendre intérêt
pour la Compagnie?. Et, en présence de tels actes,
faudra-t-il nous étonner d'entendre dire, avant peu de
jours, qu'il convient de rembourser les actionnaires et de
mettre à la place de M. de Lesseps un Pritchard quel-
conque ?
» En vérité, plus nous réfléchissons à ce qui se passe,
plus nous nous trouverions en présence d'une énigme,
si, quoi qu'en dise la Semaine financière, l'Angleterre
n'était point pour nous l'explication vivante de cette nou-
velle campagne et de cette triste comédie.
» Nous dirons à Nubar-Pacha, à la Semaine financière
et au Constitutionnel : Que voulez-vous? — Dépouillez
lorsque la lumière est éclatante. — Galilée affirmait que
la terre tournait, l'inquisition l'a forcé à se rétracter,
et pourtant au milieu de cette rétractation il affirmait
la rotation ; comment, avait le droit de .se dire M. de
Lesseps, la Porte pourra-t-elle contester une Compagnie
qui a fait d'aussi magnifiques travaux, qui les a menés
à fin ? Vainement on s'agitera, on protestera, il faudra
bien finir par reconnaître ce qui est.
» Voilà les raisonnements vrais, concluants et très-
sages que tout le monde a dû faire : l'Egypte d'abord,
la Porte ensuite, et le Conseil de la Compagnie, si l'on
veut. Mais ce calcul ou ce raisonnement avaient-ils quel-
que chose blâmable? non assurément. — Toutes les
situations ne se ressemblent pas et toutes les négocia-
tions ne sauraient avoir les mêmes caractères et les
mêmes phases.
» Si M. de Lesseps s'était dit, le lendemain de l'expé-
dition de Crimée, je serai plus fort que la diplomatie
anglaise à Constantinople, et j'exigerai que le vice-roi
triomphe des résistances anglaises auprès du divan,
M. de Lesseps aurait méconnu toutes les expériences de
la vie, il aurait méconnu le cœur humain, il aurait
risqué de n'ouvrir jamais la souscription ou de la rendre
vaine et stérile après l'avoir fait aboutir; il aurait ris-
qué de ne jamais faire le premier pas.
» Tant mieux, dira Nubar-Pacha; tant mieux, diront
nos confrères de la Semaine financière; tant pis, diront
tous les esprits libéraux, tous les amis des entreprises
hardies et nobles, tous les cœurs enthousiastes des œu-
vres qui sont une date glorieuse dans l'histoire des
peuples; tant pis, diront encore tous les hommes de
bon sens, car nous défions bien la Porte, et l'Egypte,
et l'Angleterre, même avec le concours de la Semaine
financière, même avec le concours du Constitutionnel,
cet apôtre aujourd'hui fervent de la Semaine financière
et naguère si violent contre les Anglais et contre tous
les ennemis de l'isthme de Suez, nous défions, disons-
nous, toutes ces forces réunies de faire mourir une So-
ciété qui a tant de titres, et qui a affirmé si solennellement
son existence.
» Quoi qu'il en soit, peut-être comprendrions-nous à la
rigueur que la Porte, par son mauvais vouloir ou par ses
ajournements répétés, donnât lieu à soumettre au public
les réflexions qui précèdent. mais ce qui est incroyable,
insensé, absurde, inqualiûable ; ce qui défie tous les
calculs, toutes les vraisemblances, c'est qu'il faille dis-
cuter l'existence de la Compagnie avec l'Egypte; c'est
que les embarras, les entraves, les négations d'existence,
l'objection contre le défaut d'autorisation, c'est que
tout cela vienne d'Alexandrie, c'est que l'Egypte se plai-
gne qu'elle réclame et qu'elle songe à menacer la Com-
pagnie dont M. de Lesseps est le président, en raison du
silence gardé par la Turquie depuis la fondation de la
Société, si la Compagnie n'obtempère pas à ses vo-
lontés !
» Ainsi, voilà un contrat intervenu entre des capita-
listes et le vice-roi ; il mentionne que le vice-roi devra
obtenir, et cela beaucoup plus par des considérations de
courtoisie que par des nécessités auxquelles il peut se
soustraire, l'autorisation du sultan. Le vice-roi, ou se
croit suffisamment autorisé par le langage du divan, ou
croit devoir attendre. — Le Conseil d'administration et
M. de Lesseps ont foi dans la parole, dans l'autorité et
dans le bon vouloir du vice-roi; ils continuent leurs
travaux, et à un moment donné on invoque contre eux
cet état de choses. Mais il y a plus! Le vice-roi est le
plus fort actionnaire de la Compagnie, il a rempli comme
tous les actionnaires ses obligations ; est-il donc admis-
sible qu'il puisse invoquer lui-même un refus de ratifi-
cation ou d'autorisation, alors qu'il avait personnellement
charge de demander et d'obtenir cette ratification, et
que pendant cinq ans il a laissé marcher les travaux
sur son territoire, adhérant virtuellement à tout, cou-
vrant tout heure par heure, et par son attitude et par
l'exécution de ses engagements? Pourquoi n'a-t-il pas ar-
rêté la souscription quand elle fut ouverte? Pourquoi a-
t-il acquiescé par son silence à toutes ces assemblées
générales d'actionnaires où l'œuvre de l'isthme de Suez
était glorifiée, affirmée, et où l'avancement des travaux
était constaté?
» Que signifie donc le langage de Nubar-Pacha ? — Que
veulent dire ses réclamations? Elles sont la répétition au
nom de l'Egypte de la note du 6 avril 1863 formulée,
il y a six mois, par la Turquie, ou plutôt les notes de
Constantinople et d'Alexandrie sont deux fois l'expression
des désirs de l'Angleterre.
» On veut, dit-on, sauver une Compagnie, et pour
cela on lui fait des réclamations telles que, si elle les
admet, elle sera à deux doigts de sa mort. — L'acte
de concession dit que le canal sera terminé en six ans,
et on veut aujourd'hui faire durer les travaux indéfini-
ment par la réduction de plus des deux tiers du con-
tingent des fellahs ! — - On a fixé, il y a six ans, les
salaires qui seront dus aux ouvriers indigènes, et un jour,
par un fait de simple bon plaisir, on propose d'augmenter
les salaires, afin de pousser la Société à faire des em-
prunts en grevant outre mesure son budget! — Le vice-
roi a concédé des terres qui seront, dans un avenir
prochain, l'ornement et le fruit le meilleur des travaux
exéculés dans l'isthme ! Ces terrains, ces concessions,
seront la mise en culture, la colonisation de tout
l'isthme, et, sans dire même pourquoi, Nubar-Pacha de-
mande à reprendre de la main gauche ce que le vice-roi
a donné de la main droite !
» Qui expliquera les manifestations de ce tendre intérêt
pour la Compagnie?. Et, en présence de tels actes,
faudra-t-il nous étonner d'entendre dire, avant peu de
jours, qu'il convient de rembourser les actionnaires et de
mettre à la place de M. de Lesseps un Pritchard quel-
conque ?
» En vérité, plus nous réfléchissons à ce qui se passe,
plus nous nous trouverions en présence d'une énigme,
si, quoi qu'en dise la Semaine financière, l'Angleterre
n'était point pour nous l'explication vivante de cette nou-
velle campagne et de cette triste comédie.
» Nous dirons à Nubar-Pacha, à la Semaine financière
et au Constitutionnel : Que voulez-vous? — Dépouillez
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