Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-12-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 décembre 1863 01 décembre 1863
Description : 1863/12/01 (A8,N179)-1863/12/03. 1863/12/01 (A8,N179)-1863/12/03.
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203258h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
500 L'ISTHME DE SUEZ,
» mobilité et des pressions étrangères. Il tient à continuer
» de donner des exemples salutaires, et à créer des res-
» sources aussi essentielles à la prospérité de l'Egypte
» qu'aux intérêts bien entendus de l'empire ottoman. »
» M. de Lesseps ouvrit la souscription publique qui
produisit 115 millions. Le vice-roi avait souscrit pour
une première somme ; il déclara ultérieurement souscrire
pour la somme complémentaire destinée à parfaire le ca-
pital social. — Ainsi se trouva constituée la Compagnie.
— Elle avait sa charte qui devenait le lien mutuel,
c'était l'acte de concession. Les charges et les bénéfices,
— la durée des travaux, —la nature et la nationalité
des travailleurs, — le nombre de bras employés, — le
prix des salaires, — les concessions de terrains, —
leur emploi dans le présent et leur destination dans l'a-
venir, — tout était prévu et réglé ; il ne manquait à ce
contrat pour être absolument parfait et inattaquable dans
la forme comme dans le fond, que l'approbation officielle
du sultan. M. de Lesseps devait-il attendre, pour enrôler
un seul travailleur, que cette autorisation eût été obtenue
par le vice-roi?
» Fallait-il, en un mot, que ce consentement fût préa-
lable à toutes choses?
» Telle est la vraie question et, disons-le, la SEULE
QUESTION qui doit être examinée sérieusement et loyale-
ment, car de sa solution dépend le jugement qu'il faut
porter sur la conduite du mandataire égyptien, nous ne
voulons pas dire sur la conduite du vice-roi.
» Lorsqu'un contrat intervient entre deux particuliers,
il est manifeste que pour que ce contrat soit parfait, il
faut que toutes les conditions soient réalisées. Ainsi j'a-
chète un terrain pour y élever des constructions ; le ter-
rain est grevé d'une servitude ; le vendeur se charge d'en
obtenir l'affranchissement ; si je suis sage et prudent, si
e veux éviter des procès ou des résiliations, j'atten-
drai que cette clause soit réalisée avant de prendre pos-
session de mon terrain ; mais quand il s'agit d'un gou-
vernement qui a son organisation, son armée, sa flotte,
ses droits personnels, qui traite avec une Compagnie,
la situation n'est plus la même. — Ainsi il est certain
que le vice-roi a dû tenir à M. de Lesseps ce iangage :
« La Turquie vient d'échapper aux menaces de la Russie
» par suite de la guerre d'Orient; l'Angleterre a rendu
)) de grands services au sultan , mais elle se montre fort
» exigeante, elle parle de la reconnaissance qu'on lui
)) doit, et le sultan parle à son tour, quand il s'agit de
» Suez, de la nécessité d'une politique d'ajournements.
» Soyez patient, attendez et comptez sur moi ; quand le
» moment sera venu je demanderai la ratification de la
» Porte et je l'obtiendrai. »
» De son côté, la diplomatie française a dû dire à M. de
Lesseps: «L'affaire du canal de Suez est chose entre vous
- » et le vice-roi, qui a intérêt, pour l'honneur de son
» gouvernement, pour sa dignité, pour ses prérogatives
» et son indépendance , à triompher des incertitudes ou
» plutôt des lenteurs infligées par lord Stratffort de Red-
» cliffe à la reconnaissance de vos droits, à la ratifica-
» tion du traité; ne pesez pas trop sur les Turcs, ils sont
» plus à plaindre qu'à blâmer, et quand le vice-roi trou-
» vera le moment opportun, je seconderai ses démarches
» à Constantinople. D'ailleurs que craignez-vous? de
» tous les actes il résulte un acquiescement tacite, tel-
» lemenl évident, tellement répété, que vous ne sauriez
» avoir aucune résistance à craindre. »
Enfin, M. de Lesseps n'avait-il pas le droit de se dire:
« Je triompherai de toutes les résistances à force de courage,
» de fermeté et d'audace. » Nous entendons ce mot comme
l'entend l'histoire quand elle juge tous les grands
hommes qui ont entrepris des œuvres gigantesques, ou
qui ont mis leur existence au service d'un noble projet,
utile à la civilisation ou à la renommée et à la prospérité
de leur pays. — Oui, quelles que fussent les difficultés
qu'on lui suscitât, M. de Lessepsa dû se dire : «Tout s'use
» dans la vie, même la jalousie, même les mauvaises pas-
» sions, même les entêtements les plus insensés, de
» même que le courage revient parfois au cœur de ceux
» qui en manquent. L'Angleterre se lassera, la Porte
» s'enhardira, elle reconnaîtra qu'une entreprise qu'elle
» a proclamée sur tous les tons, utile, grande, salutaire,
» d'intérêt public, doit être reconnue officiellement telle.
» Le gouvernement égyptien, qui est maître chez lui,
» mais qui, par une condescendance pleine de modéra-
» tion, demande l'adhésion du sultan, finira par se plain-
» dre qu'elle ne lui soit déjà venue; il est prudent de
» venir en aide à toutes ces manifestations, et pour cela,
» quel meilleur moyen que d'affirmer la vérité et la
h grandeur d'une entreprise, en affirmant par des actes
» son existence jour par jour. Ces actes, du reste, la
» constituent d'une manière invincible, et le sultan ne
» saurait faire une difficulté sérieuse, quand, sur la foi
» des concessions, il a laissé les capitaux s'engager dans
» l'entreprise. »
« M. de Lesseps, alors même qu'il n'aurait point eu pour
le rassurer l'omnipotence du vice-roi et son obligation
d'agir et de triompher à Constantinople, alors qu'il n'au-
rait point eu pour lui les assurances renouvelées du sul-
tan, des grands vizirs et des ministres turcs, alors même
qu'il n'aurait point marché entouré de consentements ta-
cites qui se multipliaient incessamment, M. de Lesseps, ré-
pétons-nous, aurait dû faire ce qu il a fait. N'était-ce point
le meilleur, le seul moyen même de donner de la force et
des armes victorieuses à l'Egypte et à la Turquie contre
l'Angleterre que d'installer sur les chantiers vingt mille
ouvriers, de créer des hôpitaux, des ambulances, des égli-
ses; de creuser à la fois le grand canal et le petit canal;
de défricher les terrains incultes, de les affermer ou de
les utiliser, de substituer la vie à la mort, la culture au
désert ; de civiliser, de coloniser des peuplades presque
sauvages ; de créer le bien-être et la prospérité là où il
y avait en quelque sorte la solitude et le néant? Quel
meilleur argument désormais contre tous les ambassa-
deurs et tous les ministres de la Grande-Bretagne que
cet argument : la Compagnie de Suez vit depuis cinq
ans, elle travaille, elle féconde l'Egypte, elle donne à la
Turquie un nouveau lustre et d'incontestables richesses,
elle a creusé deux canaux, son œuvre est à moitié, aux
deux tiers réalisée, tous ses problèmes sont résolus, tous
ses calculs étaient vrais, il faut bien proclamer le jour
» mobilité et des pressions étrangères. Il tient à continuer
» de donner des exemples salutaires, et à créer des res-
» sources aussi essentielles à la prospérité de l'Egypte
» qu'aux intérêts bien entendus de l'empire ottoman. »
» M. de Lesseps ouvrit la souscription publique qui
produisit 115 millions. Le vice-roi avait souscrit pour
une première somme ; il déclara ultérieurement souscrire
pour la somme complémentaire destinée à parfaire le ca-
pital social. — Ainsi se trouva constituée la Compagnie.
— Elle avait sa charte qui devenait le lien mutuel,
c'était l'acte de concession. Les charges et les bénéfices,
— la durée des travaux, —la nature et la nationalité
des travailleurs, — le nombre de bras employés, — le
prix des salaires, — les concessions de terrains, —
leur emploi dans le présent et leur destination dans l'a-
venir, — tout était prévu et réglé ; il ne manquait à ce
contrat pour être absolument parfait et inattaquable dans
la forme comme dans le fond, que l'approbation officielle
du sultan. M. de Lesseps devait-il attendre, pour enrôler
un seul travailleur, que cette autorisation eût été obtenue
par le vice-roi?
» Fallait-il, en un mot, que ce consentement fût préa-
lable à toutes choses?
» Telle est la vraie question et, disons-le, la SEULE
QUESTION qui doit être examinée sérieusement et loyale-
ment, car de sa solution dépend le jugement qu'il faut
porter sur la conduite du mandataire égyptien, nous ne
voulons pas dire sur la conduite du vice-roi.
» Lorsqu'un contrat intervient entre deux particuliers,
il est manifeste que pour que ce contrat soit parfait, il
faut que toutes les conditions soient réalisées. Ainsi j'a-
chète un terrain pour y élever des constructions ; le ter-
rain est grevé d'une servitude ; le vendeur se charge d'en
obtenir l'affranchissement ; si je suis sage et prudent, si
e veux éviter des procès ou des résiliations, j'atten-
drai que cette clause soit réalisée avant de prendre pos-
session de mon terrain ; mais quand il s'agit d'un gou-
vernement qui a son organisation, son armée, sa flotte,
ses droits personnels, qui traite avec une Compagnie,
la situation n'est plus la même. — Ainsi il est certain
que le vice-roi a dû tenir à M. de Lesseps ce iangage :
« La Turquie vient d'échapper aux menaces de la Russie
» par suite de la guerre d'Orient; l'Angleterre a rendu
)) de grands services au sultan , mais elle se montre fort
» exigeante, elle parle de la reconnaissance qu'on lui
)) doit, et le sultan parle à son tour, quand il s'agit de
» Suez, de la nécessité d'une politique d'ajournements.
» Soyez patient, attendez et comptez sur moi ; quand le
» moment sera venu je demanderai la ratification de la
» Porte et je l'obtiendrai. »
» De son côté, la diplomatie française a dû dire à M. de
Lesseps: «L'affaire du canal de Suez est chose entre vous
- » et le vice-roi, qui a intérêt, pour l'honneur de son
» gouvernement, pour sa dignité, pour ses prérogatives
» et son indépendance , à triompher des incertitudes ou
» plutôt des lenteurs infligées par lord Stratffort de Red-
» cliffe à la reconnaissance de vos droits, à la ratifica-
» tion du traité; ne pesez pas trop sur les Turcs, ils sont
» plus à plaindre qu'à blâmer, et quand le vice-roi trou-
» vera le moment opportun, je seconderai ses démarches
» à Constantinople. D'ailleurs que craignez-vous? de
» tous les actes il résulte un acquiescement tacite, tel-
» lemenl évident, tellement répété, que vous ne sauriez
» avoir aucune résistance à craindre. »
Enfin, M. de Lesseps n'avait-il pas le droit de se dire:
« Je triompherai de toutes les résistances à force de courage,
» de fermeté et d'audace. » Nous entendons ce mot comme
l'entend l'histoire quand elle juge tous les grands
hommes qui ont entrepris des œuvres gigantesques, ou
qui ont mis leur existence au service d'un noble projet,
utile à la civilisation ou à la renommée et à la prospérité
de leur pays. — Oui, quelles que fussent les difficultés
qu'on lui suscitât, M. de Lessepsa dû se dire : «Tout s'use
» dans la vie, même la jalousie, même les mauvaises pas-
» sions, même les entêtements les plus insensés, de
» même que le courage revient parfois au cœur de ceux
» qui en manquent. L'Angleterre se lassera, la Porte
» s'enhardira, elle reconnaîtra qu'une entreprise qu'elle
» a proclamée sur tous les tons, utile, grande, salutaire,
» d'intérêt public, doit être reconnue officiellement telle.
» Le gouvernement égyptien, qui est maître chez lui,
» mais qui, par une condescendance pleine de modéra-
» tion, demande l'adhésion du sultan, finira par se plain-
» dre qu'elle ne lui soit déjà venue; il est prudent de
» venir en aide à toutes ces manifestations, et pour cela,
» quel meilleur moyen que d'affirmer la vérité et la
h grandeur d'une entreprise, en affirmant par des actes
» son existence jour par jour. Ces actes, du reste, la
» constituent d'une manière invincible, et le sultan ne
» saurait faire une difficulté sérieuse, quand, sur la foi
» des concessions, il a laissé les capitaux s'engager dans
» l'entreprise. »
« M. de Lesseps, alors même qu'il n'aurait point eu pour
le rassurer l'omnipotence du vice-roi et son obligation
d'agir et de triompher à Constantinople, alors qu'il n'au-
rait point eu pour lui les assurances renouvelées du sul-
tan, des grands vizirs et des ministres turcs, alors même
qu'il n'aurait point marché entouré de consentements ta-
cites qui se multipliaient incessamment, M. de Lesseps, ré-
pétons-nous, aurait dû faire ce qu il a fait. N'était-ce point
le meilleur, le seul moyen même de donner de la force et
des armes victorieuses à l'Egypte et à la Turquie contre
l'Angleterre que d'installer sur les chantiers vingt mille
ouvriers, de créer des hôpitaux, des ambulances, des égli-
ses; de creuser à la fois le grand canal et le petit canal;
de défricher les terrains incultes, de les affermer ou de
les utiliser, de substituer la vie à la mort, la culture au
désert ; de civiliser, de coloniser des peuplades presque
sauvages ; de créer le bien-être et la prospérité là où il
y avait en quelque sorte la solitude et le néant? Quel
meilleur argument désormais contre tous les ambassa-
deurs et tous les ministres de la Grande-Bretagne que
cet argument : la Compagnie de Suez vit depuis cinq
ans, elle travaille, elle féconde l'Egypte, elle donne à la
Turquie un nouveau lustre et d'incontestables richesses,
elle a creusé deux canaux, son œuvre est à moitié, aux
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