Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-12-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 décembre 1863 01 décembre 1863
Description : 1863/12/01 (A8,N179)-1863/12/03. 1863/12/01 (A8,N179)-1863/12/03.
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203258h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
494 L'ISTHME DE SUEZ,
JOURNAL DES MINES.
20 novembre.
« M. de Lesseps vient d'apprendre avec amertume
qu'on n'est jamais prophète en son pays. Il s'est trouvé
dans la presse financière et industrielle de Paris un
journal qui a reçu d'en haut, à propos de l'isthme de
Suez, la soudaine illumination de saint Paul sur le
chemin de Pâmas. Tout le monde en France a été
aveuglé jusqu'à présent. M. E. Forcade a montré dans
la Semaine financière qu'il connaissait seul à fond la
question du percement de l'isthme.
» Tout est condamnable et condamné du côté de la
Compagnie. Les réclamations de Nubar-Pacha? elles
sont fondées. L'intérêt de l'Egypte? il est présenté
comme digne d'attention. Le droit de la Porte ? Il reste
entier, et les titres de la Compagnie sont illégaux. Les
termes du oontrat? il n'y a qu'à les modifier, puisqu'ils
ne peuvent être considérés comme définitifs qu'après
la sanction de la Porte. Les intrigues de l'Angleterre ?
elles n'existent que dans l'imagination de M. de Les-
seps. Les intérêts de la Compagnie ? qu'importe ! Allah
est grand et M. E. Forcade est son prophète.
» On croit rêver quand on voit un journal français
se faire l'écho de ces réclamations que Nubar-Pacha a
formulées. En vérité, M. E. Forcade se fait de bien
étranges illusions s'il pense convaincre les actionnaires
de l'isthme de Suez de la justesse des revendications
faites par l'Égypte, poussée par la Turquie et l'Angle-
terre.
» La Semaine financière vient de faire là une bien
malheureuse campagne. Elle sera condamnée en
France ; mais, en revanche, en Angleterre on bat des
mains. #
JOURNAL DES CHEMINS DE FER.
21 novembre.
« Ce sera une histoire curieuse à faire un jour, que
celle des vicissitudes qu'a traversées la Compagnie du
canal de Suez.
» Depuis les concessions octroyées par le vice-roi d'E-
gypte le 30 novembre 1854 et le 5 janvier 1856, les
louanges les plus exaltées et les attaques les plus persé-
vérantes ont été le cortège habituel du fondateur illustre
de la Société du canal. — M. Ferdinand de Lesseps avait
à peine obtenu de l'amitié de Saïd-Pacha la concession
du percement de Suez et l'autorisation de constituer
une grande compagnie pour la réalisation de ses pro-
jets, que les menées les plus souterraines cherchaient à
arrêter son œuvre en la montrant sous un faux jour.
— Tour à tour et selon les besoins du moment, la
critique se transformait en vrai caméléon. En Egypte,
on disait au vice - roi : « Prenez garde, on abusera de
vos largesses, on vous fera responsable d'une chimère;
des désastres surgiront d'un rêve irréalisable, et on
vous les attribuera ; que si, par aventure, le canal se
fait, vous aurez créé dans vos États une compagnie plus
puissante que votre gouvernement. L'œuvre de Suez
achevée, c'est la France qui administrera et qui régnera
en Egypte. »
» A Constantinople, on provoquait au sein du Divan
la résistance et la jalousie contre l'Egypte, qui allait,
disait-on, se mettre sinon hors la loi, au moins hors
la tutelle de la Porte en patronnant une entreprise telle-
ment considérable, disposant d'un si nombreux person-
nel, que les destinées de l'Egypte, voire même de la
Turquie, seraient désormais dans les mains de M. Fer-
dinand de Lesseps.
» A Londres, les violences, les calomnies, les insinua-
tions de toute nature entretenaient la défiance et semaient
l'erreur parmi les esprits faibles et timorés de tous les
pays; mais c'est surtout a Constantinople et en Asie que
s'accumulaient les excitations malveillantes et les me-
naces de la politique anglaise. Avons-nous besoin
d'ajouter que les hommes d'Etat de la Grande-Bretagne,
ayant à leur tête un vieux diplomite octogénaire, habile
et narquois, le même qui voulait, en 1840, faire passer
la France par le trou d'une aiguille, lord Palmerston, en
un mot, et lord Stratfford de Redcliffe, ambassadeur à
Constantinople, tenaient en échec incessamment et le
Divan et le gouvernement égyptien, et le Parlement et
l'opinion publique, et surtout les capitalistes, en leur
montrant, autour des travaux projetés, la ruine pour leurs
capitaux, la déconsidération pour leurs personnes, Qt
surtout le dommage que leur concours allait causer aux
intérêts anglais.
» Tel est le spectacle qu'a eu l'Europe durant ces
huit dernières années.
» Hâtons-nous de diro, pour faire contre-poids à ce
triste tableau, qu'il est peu d'entreprises qui aient reçu
de plus éclatants témoignages de confiance et de sym-
pathie que celle du canal de Suez, peu d hommes qui aient
été plus acclamés, plus fêtés, plus encouragés, plus
soutenus par l'opinion publique que M. F. de Lesseps.
Toutes les fois que le fondateur de la Compagnie de Suez
est venu en France, où les sentiments sont si généreux
et les instincts populaires si vrais ; quand il a provoqu
des meetings en Angleterre, où le bon sens pratique dé-
joue souvent les combinaisons égoïstes et mauvaises de
la diplomatie ; quand il a parcouru l'Italie, l'Autriche,
ses voyages ont été partout de véritables triomphes; et
si l'on voulait mentionner avec exactitude, le nombre de
discours, de journaux, d'adresses, de toasts qui furent un
témoignage éclatant de la popularité de l'entreprise du
percement de l'isthme de Suez et de l'estime dans la-
quelle on tient son fondateur, il faudrait dresser des
nomenclatures interminables.
» Aussi voyons -nous en quelques années se fonder
une Compagnie dont le capital représente 200 millions;
les études préalables, si longues et si coûteuses, apparaître
avec le caractère incontestable de la réalité et de la probité;
les ingénieurs les plus éminents accepter d'abord et défen-
dre ensuite la possibilité des travaux, la certitude de leur
achèvement et le mérite des évaluations qui avaient été le
point de départ de la souscription. — Depuis cinq ans,
chaque réunion des actionnaires est pour l'œuvre une
constatation nouvelle de ses progrès, de ses avantages, en
JOURNAL DES MINES.
20 novembre.
« M. de Lesseps vient d'apprendre avec amertume
qu'on n'est jamais prophète en son pays. Il s'est trouvé
dans la presse financière et industrielle de Paris un
journal qui a reçu d'en haut, à propos de l'isthme de
Suez, la soudaine illumination de saint Paul sur le
chemin de Pâmas. Tout le monde en France a été
aveuglé jusqu'à présent. M. E. Forcade a montré dans
la Semaine financière qu'il connaissait seul à fond la
question du percement de l'isthme.
» Tout est condamnable et condamné du côté de la
Compagnie. Les réclamations de Nubar-Pacha? elles
sont fondées. L'intérêt de l'Egypte? il est présenté
comme digne d'attention. Le droit de la Porte ? Il reste
entier, et les titres de la Compagnie sont illégaux. Les
termes du oontrat? il n'y a qu'à les modifier, puisqu'ils
ne peuvent être considérés comme définitifs qu'après
la sanction de la Porte. Les intrigues de l'Angleterre ?
elles n'existent que dans l'imagination de M. de Les-
seps. Les intérêts de la Compagnie ? qu'importe ! Allah
est grand et M. E. Forcade est son prophète.
» On croit rêver quand on voit un journal français
se faire l'écho de ces réclamations que Nubar-Pacha a
formulées. En vérité, M. E. Forcade se fait de bien
étranges illusions s'il pense convaincre les actionnaires
de l'isthme de Suez de la justesse des revendications
faites par l'Égypte, poussée par la Turquie et l'Angle-
terre.
» La Semaine financière vient de faire là une bien
malheureuse campagne. Elle sera condamnée en
France ; mais, en revanche, en Angleterre on bat des
mains. #
JOURNAL DES CHEMINS DE FER.
21 novembre.
« Ce sera une histoire curieuse à faire un jour, que
celle des vicissitudes qu'a traversées la Compagnie du
canal de Suez.
» Depuis les concessions octroyées par le vice-roi d'E-
gypte le 30 novembre 1854 et le 5 janvier 1856, les
louanges les plus exaltées et les attaques les plus persé-
vérantes ont été le cortège habituel du fondateur illustre
de la Société du canal. — M. Ferdinand de Lesseps avait
à peine obtenu de l'amitié de Saïd-Pacha la concession
du percement de Suez et l'autorisation de constituer
une grande compagnie pour la réalisation de ses pro-
jets, que les menées les plus souterraines cherchaient à
arrêter son œuvre en la montrant sous un faux jour.
— Tour à tour et selon les besoins du moment, la
critique se transformait en vrai caméléon. En Egypte,
on disait au vice - roi : « Prenez garde, on abusera de
vos largesses, on vous fera responsable d'une chimère;
des désastres surgiront d'un rêve irréalisable, et on
vous les attribuera ; que si, par aventure, le canal se
fait, vous aurez créé dans vos États une compagnie plus
puissante que votre gouvernement. L'œuvre de Suez
achevée, c'est la France qui administrera et qui régnera
en Egypte. »
» A Constantinople, on provoquait au sein du Divan
la résistance et la jalousie contre l'Egypte, qui allait,
disait-on, se mettre sinon hors la loi, au moins hors
la tutelle de la Porte en patronnant une entreprise telle-
ment considérable, disposant d'un si nombreux person-
nel, que les destinées de l'Egypte, voire même de la
Turquie, seraient désormais dans les mains de M. Fer-
dinand de Lesseps.
» A Londres, les violences, les calomnies, les insinua-
tions de toute nature entretenaient la défiance et semaient
l'erreur parmi les esprits faibles et timorés de tous les
pays; mais c'est surtout a Constantinople et en Asie que
s'accumulaient les excitations malveillantes et les me-
naces de la politique anglaise. Avons-nous besoin
d'ajouter que les hommes d'Etat de la Grande-Bretagne,
ayant à leur tête un vieux diplomite octogénaire, habile
et narquois, le même qui voulait, en 1840, faire passer
la France par le trou d'une aiguille, lord Palmerston, en
un mot, et lord Stratfford de Redcliffe, ambassadeur à
Constantinople, tenaient en échec incessamment et le
Divan et le gouvernement égyptien, et le Parlement et
l'opinion publique, et surtout les capitalistes, en leur
montrant, autour des travaux projetés, la ruine pour leurs
capitaux, la déconsidération pour leurs personnes, Qt
surtout le dommage que leur concours allait causer aux
intérêts anglais.
» Tel est le spectacle qu'a eu l'Europe durant ces
huit dernières années.
» Hâtons-nous de diro, pour faire contre-poids à ce
triste tableau, qu'il est peu d'entreprises qui aient reçu
de plus éclatants témoignages de confiance et de sym-
pathie que celle du canal de Suez, peu d hommes qui aient
été plus acclamés, plus fêtés, plus encouragés, plus
soutenus par l'opinion publique que M. F. de Lesseps.
Toutes les fois que le fondateur de la Compagnie de Suez
est venu en France, où les sentiments sont si généreux
et les instincts populaires si vrais ; quand il a provoqu
des meetings en Angleterre, où le bon sens pratique dé-
joue souvent les combinaisons égoïstes et mauvaises de
la diplomatie ; quand il a parcouru l'Italie, l'Autriche,
ses voyages ont été partout de véritables triomphes; et
si l'on voulait mentionner avec exactitude, le nombre de
discours, de journaux, d'adresses, de toasts qui furent un
témoignage éclatant de la popularité de l'entreprise du
percement de l'isthme de Suez et de l'estime dans la-
quelle on tient son fondateur, il faudrait dresser des
nomenclatures interminables.
» Aussi voyons -nous en quelques années se fonder
une Compagnie dont le capital représente 200 millions;
les études préalables, si longues et si coûteuses, apparaître
avec le caractère incontestable de la réalité et de la probité;
les ingénieurs les plus éminents accepter d'abord et défen-
dre ensuite la possibilité des travaux, la certitude de leur
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point de départ de la souscription. — Depuis cinq ans,
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