Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-12-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 décembre 1863 01 décembre 1863
Description : 1863/12/01 (A8,N179)-1863/12/03. 1863/12/01 (A8,N179)-1863/12/03.
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203258h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
488 L'ISTHME DE SUEZ,
est réglé : la Turquie a accordé son autorisation ; le
vice-roi et la Compagnie s'étaient mis dès le principe
en règle vis-à-vis du sultan. L'obstacle n'est donc pas
à Constantinople, mais à Londres ; et ce fait est si vrai
que la Porte n'a jamais donné suite à la défense de
continuer les travaux qui lui a été deux fois arrachée
par l'Angleterre, en 1858 et en 1863. Subissant la con-
trainte, elle a rendu un firman, elle a expédié une cir-
culaire, mais elle n'a pas voulu aller au delà.
» Le cabinet britannique sait si bien qu'il n'obtiendra
rien de définitif de la Turquie, qu'il a fait dans ces
derniers temps un suprême effort pour renverser, par
la main même du vice-roi, une entreprise qui doit élever
l'Egypte à un degré inouï de prospérité. Quels moyens
a-t-il employés, quelles séductions, quelles menaces a-
t-il mis en avant pour déterminer Ismaïl-Pacha à pour-
suivre la ruine de la Compagnie au succès de laquelle
le Trésor égyptien se trouve intéressé pour une somme
de 88 millions de francs et un bénéfice de 15 0/0 sur
les revenus de l'exploitation? Ce n'est pas nous qui
pourrions dévoiler ce mystère. Quoi qu'il en soit, les
intrigues anglaises triomphèrent au Caire, et le vice-roi
ehargea Nubar-Pacha de se rendre à Paris pour arran-
ger avec le gouvernement français les difficultés pen-
dantes. Le gouvernement égyptien demande :
» 1° La réduction à six mille du nombre d'ouvriers que
le gouvernement égyptien s'est engagé à fournir à la
Compagnie ;
» 2° L'augmentation du salaire de ces ouvriers, qui
serait porté à 2 francs par jour ;
» 3° La suppression des concessions de terres faites
à la Compagnie, et l'abandon du canal d'eau douce,
que le gouvernement égyptien se chargerait de conti-
nuer jusqu'à Suez (il n'aura pas ce souci ; les eaux du
Nil déboucheront à Suez avant la fin du mois courant 1),
en indemnisant la Compagnie des frais qu'elle a faits
pour la partie déjà creusée de ce canal.
» La Compagnie ne pourrait accepter une pareille
transaction sans signer en même temps son arrêt de
mort; et, en effet, la seule diminution du nombre des
travailleurs reculerait de trois à dix ans l'achèvement
du canal maritime et le prélèvement des bénéfices,
pendant que la Compagnie aurait à payer pendant le
même laps de temps l'intérêt qu'elle s'est engagée à
servir aux actionnaires et à remplir ses engagements
envers les entrepreneurs des travaux, qui exigeraient
de nouveaux contrats et d'onéreuses indemnités. Elle
perdrait du même coup les larges revenus des terrains
fertilisés par le canal d'eau douce, et les droits de na-
vigation de la mer Rouge au Nil. Elle aurait cessé de
vivre, nous le répétons.
» Nous ne pouvons donc trop féliciter le Conseil
d'administration d'avoir, à l'unanimité, repoussé ces
propositions et décidé qu'il n'y a pas lieu de déroger
aux stipulations intervenues entre la Compagnie et le
gouvernement égyptien.
» Des contrats ont été passés, des actes ont été signés :
ils sont obligatoires au même degré pour les deux par-
ties contractantes, et de quel droit l'une d'elles viendrait-
elle en demander aujourd'hui la résiliation, lorsque des
capitaux immenses se trouvent engagés dans l'entre-
prise, lorsque 70 millions déjà y ont été dépensés, lors-
que 25,000 actionnaires de toutes les nations en exigent
la rapide terminaison? Le droit, le droit strict, le droit
légal est du côté de la Compagnie; mais, là aussi, il y
a une question de bonne foi, de loyauté, qui aurait dû
retenir le nouveau vice-roi.
» Des conventions librement débattues entre le gou-
vernement égyptien et la Compagnie règlent tout ce
qui a rapport aux ouvriers, à leur salaire, aux condi-
tions de leur travail ; Mohammed-Saïd y était intervenu
personnellement avec une profonde sollicitude pour les
intérêts particuliers des fellahs et pour les intérêts gé-
néraux du pays; afin d'écarter jusqu'à l'ombre du dan-
ger que pouvait présenter une trop grande agglomé-
ration d'ouvriers étrangers, il avait exigé que les quatre
cinquièmes au moins des travailleurs fussent pris en
Egypte ; il avait fixé à vingt mille au minimum, le contin-
gent que le gouvernement devait fournir, en promettant
de le porter, au besoin, à quarante mille; et Ismaïl-
Pacha a confirmé lui-m^pie les actes de son prédéces-
seur. La Compagnie est donc dans son droit, et elle a
fait son devoir en repoussant les propositions de Nubar-
Pacha.
Il Serait-il vrai, du moins, comme on l'affirme, que
l'emploi de vingt-cinq à trente mille travailleurs sur le
sol de l'isthme fût préjudiciable à l'Égypte? Non, car ils
sont recrutés dans les villages de manière à ce qu'il
n'en résulte aucun trouble dans les travaux agricoles, et
divisés en petits contingents dont chacun ne reste au ca-
nal que vingt ou vingt-deux jours en moyenne ; non, car
Mohammed-Saïd, pour ne rien faire perdr e à l'agricul-
ture, avait réduit de vingt mille hommes l'effectif de
l'armée égyptienne ; non, car depuis l'inauguration des
travaux sur l'isthme, l'agriculture égyptienne s'est déve.
loppée dans de grandes proportions ; non, car les fel-
lahs qui viennent creuser le canal, à côté des ouvriers
français, apprennent les procédés du travail européen,
se familiarisent avec les instruments perfectionnés, et
font en un mot une éducation professionnelle qui, un
jour, profitera largement à l'Égypte, ce que le précédent
vice-roi avait parfaitement compris.
» Est-il vrai enfin que le salaire journalier montant à
1 fr. 50 c., que la .Compagnie paye aux fellahs, ne soit
pas suffisamment rémunérateur ? Non encore, car il est
double de celui que gagnent'les terrassiers égyptiens
employés par les particuliers.
» Nos lecteurs connaissent maintenant les éléments
du procès qui vient d'être intenté à la Compagnie : ils
apprécieront la valeur et la moralité des arguments de
la partie adverse. Ils savent d'ailleurs d'où le coup part,
et ils voient aussi bien que nous la griffe des ministres
anglais au bas de chacun des actes d'accusation dressés
contre l'œuvre admirable de Mohammed-Saïd et de M. de
Lesseps. Le jugement du public n'est donc pas dou-
teux.
» Quant au gouvernement français, nous avons la
confiance et la conviction qu'il sauvegardera, comme il
est réglé : la Turquie a accordé son autorisation ; le
vice-roi et la Compagnie s'étaient mis dès le principe
en règle vis-à-vis du sultan. L'obstacle n'est donc pas
à Constantinople, mais à Londres ; et ce fait est si vrai
que la Porte n'a jamais donné suite à la défense de
continuer les travaux qui lui a été deux fois arrachée
par l'Angleterre, en 1858 et en 1863. Subissant la con-
trainte, elle a rendu un firman, elle a expédié une cir-
culaire, mais elle n'a pas voulu aller au delà.
» Le cabinet britannique sait si bien qu'il n'obtiendra
rien de définitif de la Turquie, qu'il a fait dans ces
derniers temps un suprême effort pour renverser, par
la main même du vice-roi, une entreprise qui doit élever
l'Egypte à un degré inouï de prospérité. Quels moyens
a-t-il employés, quelles séductions, quelles menaces a-
t-il mis en avant pour déterminer Ismaïl-Pacha à pour-
suivre la ruine de la Compagnie au succès de laquelle
le Trésor égyptien se trouve intéressé pour une somme
de 88 millions de francs et un bénéfice de 15 0/0 sur
les revenus de l'exploitation? Ce n'est pas nous qui
pourrions dévoiler ce mystère. Quoi qu'il en soit, les
intrigues anglaises triomphèrent au Caire, et le vice-roi
ehargea Nubar-Pacha de se rendre à Paris pour arran-
ger avec le gouvernement français les difficultés pen-
dantes. Le gouvernement égyptien demande :
» 1° La réduction à six mille du nombre d'ouvriers que
le gouvernement égyptien s'est engagé à fournir à la
Compagnie ;
» 2° L'augmentation du salaire de ces ouvriers, qui
serait porté à 2 francs par jour ;
» 3° La suppression des concessions de terres faites
à la Compagnie, et l'abandon du canal d'eau douce,
que le gouvernement égyptien se chargerait de conti-
nuer jusqu'à Suez (il n'aura pas ce souci ; les eaux du
Nil déboucheront à Suez avant la fin du mois courant 1),
en indemnisant la Compagnie des frais qu'elle a faits
pour la partie déjà creusée de ce canal.
» La Compagnie ne pourrait accepter une pareille
transaction sans signer en même temps son arrêt de
mort; et, en effet, la seule diminution du nombre des
travailleurs reculerait de trois à dix ans l'achèvement
du canal maritime et le prélèvement des bénéfices,
pendant que la Compagnie aurait à payer pendant le
même laps de temps l'intérêt qu'elle s'est engagée à
servir aux actionnaires et à remplir ses engagements
envers les entrepreneurs des travaux, qui exigeraient
de nouveaux contrats et d'onéreuses indemnités. Elle
perdrait du même coup les larges revenus des terrains
fertilisés par le canal d'eau douce, et les droits de na-
vigation de la mer Rouge au Nil. Elle aurait cessé de
vivre, nous le répétons.
» Nous ne pouvons donc trop féliciter le Conseil
d'administration d'avoir, à l'unanimité, repoussé ces
propositions et décidé qu'il n'y a pas lieu de déroger
aux stipulations intervenues entre la Compagnie et le
gouvernement égyptien.
» Des contrats ont été passés, des actes ont été signés :
ils sont obligatoires au même degré pour les deux par-
ties contractantes, et de quel droit l'une d'elles viendrait-
elle en demander aujourd'hui la résiliation, lorsque des
capitaux immenses se trouvent engagés dans l'entre-
prise, lorsque 70 millions déjà y ont été dépensés, lors-
que 25,000 actionnaires de toutes les nations en exigent
la rapide terminaison? Le droit, le droit strict, le droit
légal est du côté de la Compagnie; mais, là aussi, il y
a une question de bonne foi, de loyauté, qui aurait dû
retenir le nouveau vice-roi.
» Des conventions librement débattues entre le gou-
vernement égyptien et la Compagnie règlent tout ce
qui a rapport aux ouvriers, à leur salaire, aux condi-
tions de leur travail ; Mohammed-Saïd y était intervenu
personnellement avec une profonde sollicitude pour les
intérêts particuliers des fellahs et pour les intérêts gé-
néraux du pays; afin d'écarter jusqu'à l'ombre du dan-
ger que pouvait présenter une trop grande agglomé-
ration d'ouvriers étrangers, il avait exigé que les quatre
cinquièmes au moins des travailleurs fussent pris en
Egypte ; il avait fixé à vingt mille au minimum, le contin-
gent que le gouvernement devait fournir, en promettant
de le porter, au besoin, à quarante mille; et Ismaïl-
Pacha a confirmé lui-m^pie les actes de son prédéces-
seur. La Compagnie est donc dans son droit, et elle a
fait son devoir en repoussant les propositions de Nubar-
Pacha.
Il Serait-il vrai, du moins, comme on l'affirme, que
l'emploi de vingt-cinq à trente mille travailleurs sur le
sol de l'isthme fût préjudiciable à l'Égypte? Non, car ils
sont recrutés dans les villages de manière à ce qu'il
n'en résulte aucun trouble dans les travaux agricoles, et
divisés en petits contingents dont chacun ne reste au ca-
nal que vingt ou vingt-deux jours en moyenne ; non, car
Mohammed-Saïd, pour ne rien faire perdr e à l'agricul-
ture, avait réduit de vingt mille hommes l'effectif de
l'armée égyptienne ; non, car depuis l'inauguration des
travaux sur l'isthme, l'agriculture égyptienne s'est déve.
loppée dans de grandes proportions ; non, car les fel-
lahs qui viennent creuser le canal, à côté des ouvriers
français, apprennent les procédés du travail européen,
se familiarisent avec les instruments perfectionnés, et
font en un mot une éducation professionnelle qui, un
jour, profitera largement à l'Égypte, ce que le précédent
vice-roi avait parfaitement compris.
» Est-il vrai enfin que le salaire journalier montant à
1 fr. 50 c., que la .Compagnie paye aux fellahs, ne soit
pas suffisamment rémunérateur ? Non encore, car il est
double de celui que gagnent'les terrassiers égyptiens
employés par les particuliers.
» Nos lecteurs connaissent maintenant les éléments
du procès qui vient d'être intenté à la Compagnie : ils
apprécieront la valeur et la moralité des arguments de
la partie adverse. Ils savent d'ailleurs d'où le coup part,
et ils voient aussi bien que nous la griffe des ministres
anglais au bas de chacun des actes d'accusation dressés
contre l'œuvre admirable de Mohammed-Saïd et de M. de
Lesseps. Le jugement du public n'est donc pas dou-
teux.
» Quant au gouvernement français, nous avons la
confiance et la conviction qu'il sauvegardera, comme il
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