Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-12-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 décembre 1863 01 décembre 1863
Description : 1863/12/01 (A8,N179)-1863/12/03. 1863/12/01 (A8,N179)-1863/12/03.
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203258h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 487
à Londres et à Paris une circulaire dictée par sir Henry
Bulwer, et qui provoqua dans toute l'Europe une ex-
plosion immense de colère et d'indignation.
» Cette circulaire ne demandait rien moins que la
suppression des travaux ) jusqu'à ce qu'une entente défi-
o nitive se fÛt établie entre la France et l'Angleterre, »
ce qui équivalait à l'abandon complet de l'entreprise,
puisqu'il dépendait de l'Angleterre que l'entente n'eût
pas lieu. Aali-Pachà se fondait sur ces trois argu-
ments :
» 1° Que la neutralité du canal n'est pas garantie (ce
qui est faux, puisqu'elle est stipulée dans les statuts
mêmes de la Compagnie) ;
» 2° Que les travaux se font en violation de la loi
portant abolition de la corvée (ce qui est faux, puisque
les travailleurs employés sur l'isthme sont régulière-
ment payés);
» 3° Que les terrains concédés ont pour but d'aliéner
une portion du sol de la Turquie, sur lequel on pourrait
établir des colonies étrangères (ce qui est faux encore,
puisque ces terrains, relevant toujours du gouverne-
ment égyptien, doivent lui faire retour après un délai
fixé) ;
» 4° Que la Compagnie ne s'est pas mise en règle
vis-à-vis de la Sublime Porte.
» Ce dernier argument est le point fondamental des
attaques dirigées contre la Compagnie par le cabinet
britannique ; il faut l'examiner de près.
9 La Porte n'est pas, tant s'en faut, indépendante.
C'est la diplomatie qui règne en souveraine à Constan-
tinople. Le gouvernement turc, placé entre les exi-
gences de l'Angleterre, de l'Autriche et de la Russie,
n'a pour ainsi dire d'autre préoccupation que de trou-
ver un juste-milieu qui lui permette de louvoyer entre
les prétentions rivales des grandes puissances. Il se
trouve réduit, dans la plupart des cas, à laisser indé-
cises les questions les plus importantes, celles mêmes
dont il désire le plus vivement la solution. C'est préci-
sément ce qui s'est passé pour le canal de Suez. La
Porte a souvent exprimé ses sympathies en faveur de
cette œuvre d'intérêt universel, elle a donné son adhé-
sion; mais, toujours retenue par l'Angleterre, elle n'a
pas eu le courage de la rendre publique. Le consente-
ment en est-il moins authentique? On va en juger.
» Le premier acte de concession fut signé par le vice-
roi le 30 novembre 1854, et expédié à Constantinople
avec les pièces à l'appui.
» La Porte ne fit aucune objection.
» En février 1855, M. de Lesseps se rendit à Constan-
tinople : la Porte avait approuvé le projet, mais l'am-
bassadeur anglais, le fougueux lord Stratford de Red-
cliffe, commençait à manifester une opposition très-vive.
Le grand vizir Reschid-Pacha n'osa donner une adhé-
sion publique, mais il remit à M. de Lesseps, pour le
vice-roi, une lettre dans laquelle il déclarait que « l'en-
treprise du canal est des plus utiles et des plus intéres-
santes. » il ajoutait que, reçu particulièrement par le
sultan, M. de Lesseps avait été de sa part l'objet de la
plus haute bienveillance.
» Xe vice-roi promulgua le 5 janvier 1856 l'acte défi-
nitif de concession, accompagné des statuts, et autori-
sant la création de la Compagnie. Ces actes furent im-
médiatement communiqués au gouvernement turc, et
la Porte ne fit pas la moindre objection.
» Avant l'ouverture de la souscription, M. de Lesseps
se rendit encore à Constantinople ; le grand-vizir Aali-
Pacha montra les dispositions les plus bienveillantes,
et le 30 mai 1858 l'ambassadeur de France écrivait à
M. de Lesseps : « J'ai vu Aali-Pacha et Fuad-Pacha; je
les ai trouvés dans les mêmes dispositions, c'est-à-dire
toujours favorables au canal et très-désireux d'établir
publiquement que la Porte n'oppose DE SON CHEF aucun
obstacle à là réalisation de votre grande entreprise. »
Et les mêmes assurances furent données aux ambassa-
deurs d'Espagne et d'Autriche.
» Une semblable manifestation faite aux représen-
tants des grandes puissances n'est-elle pas décisive?
» M. de Lesseps, étant encore à Constantinople, envoya
à ses collaborateurs, en France et à l'étranger, des
instructions détaillées pour leur prescrire les prépara-
tifs nécessaires à l'ouverture de la souscription et à la
constitution de la Compagnie, et il donna lecture de
ces instructions au grand vizir, qui en approuva le
contenu ; or, voici ce qu'on lisait dans ce document :
« La Compagnie universelle du canal de Suez, armée
de la concession régulière de S. A. le vice-roi d'Égypte,
à laquelle le gouvernement de S. M. le sultan NE S'OPPOSE
PAS, en ce qui concerne ses droits de suzeraineté et les intérêts
de son empire, aura toutefois la sagesse de ne pas pro-
voquer un conflit entre la politique du progrès et la
politique du passé. Elle ne réclamera l'assistance d'au-
cun des gouvernements dont l'appui lui est assuré,
mais elle va constituer son organisation définitive;' elle mar-
chera résolûment ct elle accomplira le fait, appuyée par les
capitaux de ses souscripteurs de tous les pays et par
l'opinion publique du monde entier. »
» Qui donc pourrait soutenir de bonne foi que la
Porte a refusé d'adhérer au percement de l'isthme ?
Elle n'a pas accordé, il est vrai, :son autorisation dans
les formes ; mais elle a affirmé aux ambassadeurs de
France, d'Autriche et d'Espagne, par la bouche de son
grand-vizir, qu'elle n'opposait, de son chef, aucun obs-
tacle à la réalisation de la grande entreprise ; elle a
approuvé la concession du vice-roi ; elle a autorisé la
formation de la Compagnie etl'appel fait aux souscrip-
teurs elle s'est moralement engagée.
» Dira-t-on que les assurances réitérées de trois
grands-vizirs ne lient pas la Turquie ? Nous rap-
pellerons qu'en 1858, à la demande de l'ambassadeur de
France, le conseil des ministres, appelé à délibérer sur
l'utilité du canal et les avantages qu'il offrirait à
l'empire, se prononça, après dix-sept séances, en faveur
du percement de l'isthme, et que le grand-vizir, Rucid-
Pacha, déclara lui-même à M. de Lesseps que la Tur-
quie, n'y trouvât-elle aucun avantage, devrait encore
donner une opinion favorable, en raison des bienfaits que
cette œuvre promettait au monde entier.
» Pour le public comme pour nous, ce point capital
à Londres et à Paris une circulaire dictée par sir Henry
Bulwer, et qui provoqua dans toute l'Europe une ex-
plosion immense de colère et d'indignation.
» Cette circulaire ne demandait rien moins que la
suppression des travaux ) jusqu'à ce qu'une entente défi-
o nitive se fÛt établie entre la France et l'Angleterre, »
ce qui équivalait à l'abandon complet de l'entreprise,
puisqu'il dépendait de l'Angleterre que l'entente n'eût
pas lieu. Aali-Pachà se fondait sur ces trois argu-
ments :
» 1° Que la neutralité du canal n'est pas garantie (ce
qui est faux, puisqu'elle est stipulée dans les statuts
mêmes de la Compagnie) ;
» 2° Que les travaux se font en violation de la loi
portant abolition de la corvée (ce qui est faux, puisque
les travailleurs employés sur l'isthme sont régulière-
ment payés);
» 3° Que les terrains concédés ont pour but d'aliéner
une portion du sol de la Turquie, sur lequel on pourrait
établir des colonies étrangères (ce qui est faux encore,
puisque ces terrains, relevant toujours du gouverne-
ment égyptien, doivent lui faire retour après un délai
fixé) ;
» 4° Que la Compagnie ne s'est pas mise en règle
vis-à-vis de la Sublime Porte.
» Ce dernier argument est le point fondamental des
attaques dirigées contre la Compagnie par le cabinet
britannique ; il faut l'examiner de près.
9 La Porte n'est pas, tant s'en faut, indépendante.
C'est la diplomatie qui règne en souveraine à Constan-
tinople. Le gouvernement turc, placé entre les exi-
gences de l'Angleterre, de l'Autriche et de la Russie,
n'a pour ainsi dire d'autre préoccupation que de trou-
ver un juste-milieu qui lui permette de louvoyer entre
les prétentions rivales des grandes puissances. Il se
trouve réduit, dans la plupart des cas, à laisser indé-
cises les questions les plus importantes, celles mêmes
dont il désire le plus vivement la solution. C'est préci-
sément ce qui s'est passé pour le canal de Suez. La
Porte a souvent exprimé ses sympathies en faveur de
cette œuvre d'intérêt universel, elle a donné son adhé-
sion; mais, toujours retenue par l'Angleterre, elle n'a
pas eu le courage de la rendre publique. Le consente-
ment en est-il moins authentique? On va en juger.
» Le premier acte de concession fut signé par le vice-
roi le 30 novembre 1854, et expédié à Constantinople
avec les pièces à l'appui.
» La Porte ne fit aucune objection.
» En février 1855, M. de Lesseps se rendit à Constan-
tinople : la Porte avait approuvé le projet, mais l'am-
bassadeur anglais, le fougueux lord Stratford de Red-
cliffe, commençait à manifester une opposition très-vive.
Le grand vizir Reschid-Pacha n'osa donner une adhé-
sion publique, mais il remit à M. de Lesseps, pour le
vice-roi, une lettre dans laquelle il déclarait que « l'en-
treprise du canal est des plus utiles et des plus intéres-
santes. » il ajoutait que, reçu particulièrement par le
sultan, M. de Lesseps avait été de sa part l'objet de la
plus haute bienveillance.
» Xe vice-roi promulgua le 5 janvier 1856 l'acte défi-
nitif de concession, accompagné des statuts, et autori-
sant la création de la Compagnie. Ces actes furent im-
médiatement communiqués au gouvernement turc, et
la Porte ne fit pas la moindre objection.
» Avant l'ouverture de la souscription, M. de Lesseps
se rendit encore à Constantinople ; le grand-vizir Aali-
Pacha montra les dispositions les plus bienveillantes,
et le 30 mai 1858 l'ambassadeur de France écrivait à
M. de Lesseps : « J'ai vu Aali-Pacha et Fuad-Pacha; je
les ai trouvés dans les mêmes dispositions, c'est-à-dire
toujours favorables au canal et très-désireux d'établir
publiquement que la Porte n'oppose DE SON CHEF aucun
obstacle à là réalisation de votre grande entreprise. »
Et les mêmes assurances furent données aux ambassa-
deurs d'Espagne et d'Autriche.
» Une semblable manifestation faite aux représen-
tants des grandes puissances n'est-elle pas décisive?
» M. de Lesseps, étant encore à Constantinople, envoya
à ses collaborateurs, en France et à l'étranger, des
instructions détaillées pour leur prescrire les prépara-
tifs nécessaires à l'ouverture de la souscription et à la
constitution de la Compagnie, et il donna lecture de
ces instructions au grand vizir, qui en approuva le
contenu ; or, voici ce qu'on lisait dans ce document :
« La Compagnie universelle du canal de Suez, armée
de la concession régulière de S. A. le vice-roi d'Égypte,
à laquelle le gouvernement de S. M. le sultan NE S'OPPOSE
PAS, en ce qui concerne ses droits de suzeraineté et les intérêts
de son empire, aura toutefois la sagesse de ne pas pro-
voquer un conflit entre la politique du progrès et la
politique du passé. Elle ne réclamera l'assistance d'au-
cun des gouvernements dont l'appui lui est assuré,
mais elle va constituer son organisation définitive;' elle mar-
chera résolûment ct elle accomplira le fait, appuyée par les
capitaux de ses souscripteurs de tous les pays et par
l'opinion publique du monde entier. »
» Qui donc pourrait soutenir de bonne foi que la
Porte a refusé d'adhérer au percement de l'isthme ?
Elle n'a pas accordé, il est vrai, :son autorisation dans
les formes ; mais elle a affirmé aux ambassadeurs de
France, d'Autriche et d'Espagne, par la bouche de son
grand-vizir, qu'elle n'opposait, de son chef, aucun obs-
tacle à la réalisation de la grande entreprise ; elle a
approuvé la concession du vice-roi ; elle a autorisé la
formation de la Compagnie etl'appel fait aux souscrip-
teurs elle s'est moralement engagée.
» Dira-t-on que les assurances réitérées de trois
grands-vizirs ne lient pas la Turquie ? Nous rap-
pellerons qu'en 1858, à la demande de l'ambassadeur de
France, le conseil des ministres, appelé à délibérer sur
l'utilité du canal et les avantages qu'il offrirait à
l'empire, se prononça, après dix-sept séances, en faveur
du percement de l'isthme, et que le grand-vizir, Rucid-
Pacha, déclara lui-même à M. de Lesseps que la Tur-
quie, n'y trouvât-elle aucun avantage, devrait encore
donner une opinion favorable, en raison des bienfaits que
cette œuvre promettait au monde entier.
» Pour le public comme pour nous, ce point capital
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