Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-12-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 décembre 1863 01 décembre 1863
Description : 1863/12/01 (A8,N179)-1863/12/03. 1863/12/01 (A8,N179)-1863/12/03.
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203258h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
486 L'ISTHME DE SUEZ,
Grande-Bretagne donnaient bruyamment leur adhésion
au projet, l'aristocratie anglaise restait ferme dans ses
passions et ses jalousies.
» Rien ne fat épargné, ni les calculs inexacts, ni les
prédictions de ruines destinés à alarmer les capitaux, ni
les diffamations euvers les personnes, ni les calomnies
contre la France.
» M. de Lesseps ne se laissa point ébranler, il pour-
suivit son œuvre, et prouva le mouvement en mar-
chant.
» Il ne restait dès lors qu'une chose à faire : agir à
Constantinople, peser sur le divan pour l'empêcher de
donner son adhésion au projet. Déjà, il est vrai, la
Turquie s'était prononcée; elle avait encouragé M. de
Lesseps, approuvé son entreprise à laquelle elle ne voyait
point de son chef d'objection possible. Ces mêmes as-
surances étaient données à notre ambassadeur, qui
écrivait le 80 mars 1858 à M. de Lesseps : « J'ai vu
» Aali et Fuad-Pacha; je les ai trouvés dans les mêmes
» dispositions, c'est-à-dire toujours favorables au canal,
» et très-désireux d'établir publiquement que la Porte n'op-
» pose de son chef aucun obstacle à la réalisation de votre
» grande entreprise. »
» Aucun obstacle! La diplomatie anglaise en a sou-
levé plus d'un. Elle aurait voulu agir plus radicalement.
Pendant la campagne d'Italie, la France étant très-oc-
cupée, le moment sembla favorable. Une flotte anglaise
apparut tout à coup dans la rade d'Alexandrie; mais
au bruit du canon victorieux de Solferino elle disparut
et rentra à Malte.
» Alors on imagina autre chose. Les ouvriers enrôlés
par M. de Lesseps n'étaient que des zouaves déguisés,
et la France, sous le prétexte de percer l'isthme de
Suez, allait conquérir l'Égypte et s'en emparer.
» Puis vint la fameuse mission de Mouktar-Bey au
Caire, mission qui avait pour objet d'obtenir toute sus-
pension des travaux ; puis les intrigues de l'ambassade
anglaise lors du voyage du sultan en Égypte, et la
note du 6 avril 1863, puis enfin le récent épisode des
réclamations de Nubar-Pacha.
» Dira-t-on que tout cela est exagéré, que les preu-
ves sont insuffisantes. Écoutez donc les Anglais eux-
mêmes appréciant la conduite de leur gouvernement
dans cette affaire.
» Voici M. Rœbuck, un des orateurs de la Chambre
des cômmunes, qui ne laisse échapper aucune occasion
d'attaquer la politique française : « Il s'agit, dit-il, de
» l'honneur et de l'intérêt de l'Angleterre. Il me semble
b qu'on sera d'avis que l'honneur de l'Angleterre a été
» sacrifié, que son grand nom a été traîné dans la boue,
* et que nous nous sommes conduits d'une manière
» égoïste et basse dans la question du canal de Suez. »
» Est-ce assez net? Le grand nom de l'Angleterre a
été traîné dans la boue, et cette parole est prononcée
par un Anglais de la vieille roche.
» Voici M. Gladstone, qui n'est pas un mince person-
nage assurément, car il est un des plus éminents ora-
teurs du Parlement, et il occupe aujourd'hui le poste
de chancelier de l'Échiquier : « Je demande, dit-il,
» qu'on mette fin et ce système coupable dont je regrette
» que notre ami lord Palmerston ait été le principal
« auteur, système d'intervention arbitraire et non pro-
» voquée, pour empêcher l'exécution du canal de Suez. D
» Nous demandons aussi la fin de ce système coupable
dont souffre notre honneur et notre dignité.
» Il y a là une question qui domine de très-haut les
intérêts d'une compagnie quelconque. La France ne
peut souffrir plus longtemps que l'on entrave une
œuvre de civilisation, à laquelle, plus qu'aucune autre
puissance, elle a coopéré. Elle ne peut souffrir plus
longtemps que son influence soit subalternisée à Cons-
tantinople ni ailleurs. Le gouvernement égyptien est
lié par des contrats qui doivent être respectés. Le gou-
vernement ottoman s'est engagé à n'opposer, de son
chef, aucun obstacle au percement de l'isthme. Les
oppositions qui se manifestent maintenant, les réclama-
tions par lesquelles on essaye d'entraver les travaux
de la Compagnie et d'ébranler son crélit, tout cela ne
provient ni de l'initiative égyptienne, ni de l'initiative
turque.
» Derrière Nubar-Pacha, derrière le vice-roi, derrière
le sultan est la main qui tient les fils de cette déplo-
rable intrigue ; cette main est celle de l'Angleterre. Il
faut le dire hautement parce que cela est vrai, parce
qu'il importe à notre honneur national que nulle in-
fluence étrangère ne puisse paralyser notre action au
dehors, surtout quand il s'agit d'une œuvre essentielle-
ment civilisatrice.
» Nous appelons sur ce point la plus sérieuse atten-
tion du gouvernement français.
« Louis JOORDAN. »
OPINION NATIONALE.
3 décembre.
« Au mois de juillet 1851, lorsque lord Palmerston
annonça pour la première fois à l'Europe l'opposition
du cabinet britannique à la généreuse entreprise de
M. Ferdinand de Lesseps et du vice-roi d'Égypte, il
insistait sur l'impossibilité matérielle de mettre en
communication les deux mers, et déterminait un ingé-
nieur illustre, R. Stephenson, à soutenir la même thèse
à la Chambre des communes. Il s'agissait de couper le
mal dans sa racine en décourageant les capitaux.
» Le public ne tarda pas à venger M. de Lesseps
en souscrivant les actions émises; les ingénieurs chargés
des travaux de canalisation l'ont vengé de leur côté en
faisant pénétrer (le 18 novembre 1862) les eaux de la
Méditerranée dans le lac Timsah qui, sous les Pharaons
et sous les Arabes, recevait les eaux de la mer Rouge,
mise en communication avec le Nil.
D Le problème était résolu! la jonction des deux
mers n'était plus qu'une affaire de temps, à assez courte
échéance, et la haine britannique s'envenima de tout
le succès obtenu par la Compagnie. Un nouveau com-
plot fut ourdi, et le 6 avril 1863, pendant que le sultan,
parti de Constantinople le 3, se dirigeait vers Alexan-
drie, le grand vizir Aali-Pacha adressait à ses agents
Grande-Bretagne donnaient bruyamment leur adhésion
au projet, l'aristocratie anglaise restait ferme dans ses
passions et ses jalousies.
» Rien ne fat épargné, ni les calculs inexacts, ni les
prédictions de ruines destinés à alarmer les capitaux, ni
les diffamations euvers les personnes, ni les calomnies
contre la France.
» M. de Lesseps ne se laissa point ébranler, il pour-
suivit son œuvre, et prouva le mouvement en mar-
chant.
» Il ne restait dès lors qu'une chose à faire : agir à
Constantinople, peser sur le divan pour l'empêcher de
donner son adhésion au projet. Déjà, il est vrai, la
Turquie s'était prononcée; elle avait encouragé M. de
Lesseps, approuvé son entreprise à laquelle elle ne voyait
point de son chef d'objection possible. Ces mêmes as-
surances étaient données à notre ambassadeur, qui
écrivait le 80 mars 1858 à M. de Lesseps : « J'ai vu
» Aali et Fuad-Pacha; je les ai trouvés dans les mêmes
» dispositions, c'est-à-dire toujours favorables au canal,
» et très-désireux d'établir publiquement que la Porte n'op-
» pose de son chef aucun obstacle à la réalisation de votre
» grande entreprise. »
» Aucun obstacle! La diplomatie anglaise en a sou-
levé plus d'un. Elle aurait voulu agir plus radicalement.
Pendant la campagne d'Italie, la France étant très-oc-
cupée, le moment sembla favorable. Une flotte anglaise
apparut tout à coup dans la rade d'Alexandrie; mais
au bruit du canon victorieux de Solferino elle disparut
et rentra à Malte.
» Alors on imagina autre chose. Les ouvriers enrôlés
par M. de Lesseps n'étaient que des zouaves déguisés,
et la France, sous le prétexte de percer l'isthme de
Suez, allait conquérir l'Égypte et s'en emparer.
» Puis vint la fameuse mission de Mouktar-Bey au
Caire, mission qui avait pour objet d'obtenir toute sus-
pension des travaux ; puis les intrigues de l'ambassade
anglaise lors du voyage du sultan en Égypte, et la
note du 6 avril 1863, puis enfin le récent épisode des
réclamations de Nubar-Pacha.
» Dira-t-on que tout cela est exagéré, que les preu-
ves sont insuffisantes. Écoutez donc les Anglais eux-
mêmes appréciant la conduite de leur gouvernement
dans cette affaire.
» Voici M. Rœbuck, un des orateurs de la Chambre
des cômmunes, qui ne laisse échapper aucune occasion
d'attaquer la politique française : « Il s'agit, dit-il, de
» l'honneur et de l'intérêt de l'Angleterre. Il me semble
b qu'on sera d'avis que l'honneur de l'Angleterre a été
» sacrifié, que son grand nom a été traîné dans la boue,
* et que nous nous sommes conduits d'une manière
» égoïste et basse dans la question du canal de Suez. »
» Est-ce assez net? Le grand nom de l'Angleterre a
été traîné dans la boue, et cette parole est prononcée
par un Anglais de la vieille roche.
» Voici M. Gladstone, qui n'est pas un mince person-
nage assurément, car il est un des plus éminents ora-
teurs du Parlement, et il occupe aujourd'hui le poste
de chancelier de l'Échiquier : « Je demande, dit-il,
» qu'on mette fin et ce système coupable dont je regrette
» que notre ami lord Palmerston ait été le principal
« auteur, système d'intervention arbitraire et non pro-
» voquée, pour empêcher l'exécution du canal de Suez. D
» Nous demandons aussi la fin de ce système coupable
dont souffre notre honneur et notre dignité.
» Il y a là une question qui domine de très-haut les
intérêts d'une compagnie quelconque. La France ne
peut souffrir plus longtemps que l'on entrave une
œuvre de civilisation, à laquelle, plus qu'aucune autre
puissance, elle a coopéré. Elle ne peut souffrir plus
longtemps que son influence soit subalternisée à Cons-
tantinople ni ailleurs. Le gouvernement égyptien est
lié par des contrats qui doivent être respectés. Le gou-
vernement ottoman s'est engagé à n'opposer, de son
chef, aucun obstacle au percement de l'isthme. Les
oppositions qui se manifestent maintenant, les réclama-
tions par lesquelles on essaye d'entraver les travaux
de la Compagnie et d'ébranler son crélit, tout cela ne
provient ni de l'initiative égyptienne, ni de l'initiative
turque.
» Derrière Nubar-Pacha, derrière le vice-roi, derrière
le sultan est la main qui tient les fils de cette déplo-
rable intrigue ; cette main est celle de l'Angleterre. Il
faut le dire hautement parce que cela est vrai, parce
qu'il importe à notre honneur national que nulle in-
fluence étrangère ne puisse paralyser notre action au
dehors, surtout quand il s'agit d'une œuvre essentielle-
ment civilisatrice.
» Nous appelons sur ce point la plus sérieuse atten-
tion du gouvernement français.
« Louis JOORDAN. »
OPINION NATIONALE.
3 décembre.
« Au mois de juillet 1851, lorsque lord Palmerston
annonça pour la première fois à l'Europe l'opposition
du cabinet britannique à la généreuse entreprise de
M. Ferdinand de Lesseps et du vice-roi d'Égypte, il
insistait sur l'impossibilité matérielle de mettre en
communication les deux mers, et déterminait un ingé-
nieur illustre, R. Stephenson, à soutenir la même thèse
à la Chambre des communes. Il s'agissait de couper le
mal dans sa racine en décourageant les capitaux.
» Le public ne tarda pas à venger M. de Lesseps
en souscrivant les actions émises; les ingénieurs chargés
des travaux de canalisation l'ont vengé de leur côté en
faisant pénétrer (le 18 novembre 1862) les eaux de la
Méditerranée dans le lac Timsah qui, sous les Pharaons
et sous les Arabes, recevait les eaux de la mer Rouge,
mise en communication avec le Nil.
D Le problème était résolu! la jonction des deux
mers n'était plus qu'une affaire de temps, à assez courte
échéance, et la haine britannique s'envenima de tout
le succès obtenu par la Compagnie. Un nouveau com-
plot fut ourdi, et le 6 avril 1863, pendant que le sultan,
parti de Constantinople le 3, se dirigeait vers Alexan-
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