Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-12-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 décembre 1863 01 décembre 1863
Description : 1863/12/01 (A8,N179)-1863/12/03. 1863/12/01 (A8,N179)-1863/12/03.
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203258h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
474 L'ISTHME DE SUEZ,
étaient terminés à cette époque et avaient pu être
livrés à la navigation, qui s'était immédiatement
produite et développée avec une réelle activité. La
rigole latérale d'alimentation poussée sur 15 kilo-
mètres plus loin, permit aux ingénieurs de porter
les contingents du mois de novembre sur la ligne
entre le kilomètre 60 et Suez. Le campement d'Ar-
sinoë, quartier général de la division, est placé à
12 kilomètres de Suez, par conséquent, à moitié che-
min à peu près du kilomètre 60 et de la mer Rouge.
Le 17 novembre, date de nos dernières lettres, la
tranchée était complétement terminée jusqu'à Arsi-
noë, et on se disposait à immerger encore cette partie
du canal. La rupture des digues avait seulement été
retardée de quelques jours par les préparatifs néces-
saires à assurer le bon succès de l'opération. Au
moment où nous écrivons, l'eau douce doit baigner
les pieds du campement d'Arsinoë.
Un incident digne d'être noté a signalé ces der-
nières opérations. Un froid vif et piquant qu'il était
difficile de prévoir dans ces régions a éclaté dans le
désert. Sous l'influence du soleil égyptien les jour-
nées étaient chaudes, mais les nuits et les matinées
étaient presque glaciales. Les ouvriers indigènes
souffraient. Immédiatement des ordres ont été trans-
mis au Caire pour faire acheter le bois nécessaire afin
de distribuer du combustible aux contingents. Ce
bois a été expédié en wagons sur Suez, et cet acte de
sollicitude a coûté à la Compagnie 40,000 francs, ce
qui n'empêchera pas ses ennemis de continuer à dé-
plorer le malheureux sort des fellahs.
La tranchée d'Arsinoë à Suez présente un cube de
350,000 mètres seulement. Dès le 12 novembre, elle
a été attaquée par 15,000 hommes des contingents
concentrés sur ce point.
En un mois, ce travail, le dernier pour atteindre
la mer Rouge, sera facilement terminé. Suez pourra
donc recevoir les eaux du Nil du 10 au 15 décembre.
Dans cette dernière section, on a rencontré sur quel-
ques points des bancs et des rognons de pierres sans
importance comme. longueur et comme épaisseur,
mais qu'il a fallu cependant attaquer avec la poudre.
Des brigades de Grecs et de carriers européens
aident les fellahs dans ce travail, auquel ceux-ci
sont moins habitués qu'au maniement de leur pioche
dans le sable ou dans le limon du Nil. Ce fait im-
prévu n'occasionnera, d'ailleurs, aucun retard sen-
sible.
La division active, sous la direction de M. Ca-
zeaux, l'ingénieur qui a été chargé de la construc-
tion du canal d'eau douce, et qui termine en ce
moment la section de Nefiche à Suez, comme il a
exécuté, il y a deux ans, la section du Ouady à
Nefiche, a installé s?s chantiers d'Arsinoë à Suez,
jusqu'au point où le canal débouche dans la mer
Rouge, au fond du vieux port. Le point de débou-
ché fait face au chalet du vice-roi et à une usine
projetée de distillation d'eau de mer, qui, soit dit
entre parenthèses, ne paraît plus avoir de raison
d'être. Ce débouché est à 1,000 mètres de la place
de Suez, à environ égale distance de l'établissement
des Messageries impériales, à portée des habitants de
la ville, qui viendront y puiser gratuitement et en
abondance l'eau douce que le chemin de fer leur
apporte encore aujourd'hui à grands frais et en si
petite quantité.
Aussi la ville de Suez tout entière est dans l'en-
thousiasme. Les Arabes ne cessent d'exprimer leur
joie. Voici le Nil! voici le Nil.' tels sont les mots avec
lesquels on se souhaite la bienvenue sur les bords
de la mer Rouge. Les Européens, fiers de leur œu-
vre, fiers des bienfaits qu'ils apportent à l'Egypte,
en donnant la verdure et la vie à une ville qui, en-
fermée dans les murailles du désert depuis des siè-
cles, va pouvoir prendre le développement que sa
position réclame, les Européens redoublent d'activité,
d'énergie, d'entrain.
» Ici on grille d'impatience, nous dit un de nos cor-
respondants. Suez vue à distance est un puissant
aiguillon. « Tu as beau reculer, disait hier un chef
de campement, en montrant le poing à Suez, nous
t'atteindrons. Nous pensons à nous faire beaux. C'est
la dernière étape, et nous avons des visiteurs et des
visiteuses. » L'habitant de Suez ne peut encore en
croire ses yeux. Il goûte l'eau des rigoles d'avance-
ment qui alimente les travailleurs, pour se bien con-
vaincre que l'eau douce est à Suez. Tout le monde
est dans la joie, tout le monde est en fête. »
Pour nous qui, à Paris, nous sommes consa-
cré à la défense de l'œuvre française en Egypte,
c'est avec une double et fière satisfaction que nous
enregistrons cette nouvelle victoire de l'entreprise
tant combattue et tant persécutée.
Nous savons qu'en semant le bien on recueille la
jalousie; que les grandes entreprises ont toujours
été entravées par les routines de la médiocrité ou les
intrigues de la malveillance; mais en pensant que
bientôt, presque à l'heure où nous écrivons, la Com-
pagnie aura doté l'Egypte d'un nouvel élément de
richesse et de prospérité, qu'elle aura rendu à la ville
de Suez la seule condition qui lui manquait pour
être la métropole de la mer Rouge et l'un des grands
entrepôts de l'Asie et de l'Europe, il nous semble
que la Compagnie est bien vengée, et qu'encore une
fois elle répond noblement à ses détracteurs et à ses
ennemis.
L'inauguration du canal maritime de la Méditer-
ranée à la mer Rouge sera un des plus grands évé-
nements de l'histoire moderne du monde; la pro-
étaient terminés à cette époque et avaient pu être
livrés à la navigation, qui s'était immédiatement
produite et développée avec une réelle activité. La
rigole latérale d'alimentation poussée sur 15 kilo-
mètres plus loin, permit aux ingénieurs de porter
les contingents du mois de novembre sur la ligne
entre le kilomètre 60 et Suez. Le campement d'Ar-
sinoë, quartier général de la division, est placé à
12 kilomètres de Suez, par conséquent, à moitié che-
min à peu près du kilomètre 60 et de la mer Rouge.
Le 17 novembre, date de nos dernières lettres, la
tranchée était complétement terminée jusqu'à Arsi-
noë, et on se disposait à immerger encore cette partie
du canal. La rupture des digues avait seulement été
retardée de quelques jours par les préparatifs néces-
saires à assurer le bon succès de l'opération. Au
moment où nous écrivons, l'eau douce doit baigner
les pieds du campement d'Arsinoë.
Un incident digne d'être noté a signalé ces der-
nières opérations. Un froid vif et piquant qu'il était
difficile de prévoir dans ces régions a éclaté dans le
désert. Sous l'influence du soleil égyptien les jour-
nées étaient chaudes, mais les nuits et les matinées
étaient presque glaciales. Les ouvriers indigènes
souffraient. Immédiatement des ordres ont été trans-
mis au Caire pour faire acheter le bois nécessaire afin
de distribuer du combustible aux contingents. Ce
bois a été expédié en wagons sur Suez, et cet acte de
sollicitude a coûté à la Compagnie 40,000 francs, ce
qui n'empêchera pas ses ennemis de continuer à dé-
plorer le malheureux sort des fellahs.
La tranchée d'Arsinoë à Suez présente un cube de
350,000 mètres seulement. Dès le 12 novembre, elle
a été attaquée par 15,000 hommes des contingents
concentrés sur ce point.
En un mois, ce travail, le dernier pour atteindre
la mer Rouge, sera facilement terminé. Suez pourra
donc recevoir les eaux du Nil du 10 au 15 décembre.
Dans cette dernière section, on a rencontré sur quel-
ques points des bancs et des rognons de pierres sans
importance comme. longueur et comme épaisseur,
mais qu'il a fallu cependant attaquer avec la poudre.
Des brigades de Grecs et de carriers européens
aident les fellahs dans ce travail, auquel ceux-ci
sont moins habitués qu'au maniement de leur pioche
dans le sable ou dans le limon du Nil. Ce fait im-
prévu n'occasionnera, d'ailleurs, aucun retard sen-
sible.
La division active, sous la direction de M. Ca-
zeaux, l'ingénieur qui a été chargé de la construc-
tion du canal d'eau douce, et qui termine en ce
moment la section de Nefiche à Suez, comme il a
exécuté, il y a deux ans, la section du Ouady à
Nefiche, a installé s?s chantiers d'Arsinoë à Suez,
jusqu'au point où le canal débouche dans la mer
Rouge, au fond du vieux port. Le point de débou-
ché fait face au chalet du vice-roi et à une usine
projetée de distillation d'eau de mer, qui, soit dit
entre parenthèses, ne paraît plus avoir de raison
d'être. Ce débouché est à 1,000 mètres de la place
de Suez, à environ égale distance de l'établissement
des Messageries impériales, à portée des habitants de
la ville, qui viendront y puiser gratuitement et en
abondance l'eau douce que le chemin de fer leur
apporte encore aujourd'hui à grands frais et en si
petite quantité.
Aussi la ville de Suez tout entière est dans l'en-
thousiasme. Les Arabes ne cessent d'exprimer leur
joie. Voici le Nil! voici le Nil.' tels sont les mots avec
lesquels on se souhaite la bienvenue sur les bords
de la mer Rouge. Les Européens, fiers de leur œu-
vre, fiers des bienfaits qu'ils apportent à l'Egypte,
en donnant la verdure et la vie à une ville qui, en-
fermée dans les murailles du désert depuis des siè-
cles, va pouvoir prendre le développement que sa
position réclame, les Européens redoublent d'activité,
d'énergie, d'entrain.
» Ici on grille d'impatience, nous dit un de nos cor-
respondants. Suez vue à distance est un puissant
aiguillon. « Tu as beau reculer, disait hier un chef
de campement, en montrant le poing à Suez, nous
t'atteindrons. Nous pensons à nous faire beaux. C'est
la dernière étape, et nous avons des visiteurs et des
visiteuses. » L'habitant de Suez ne peut encore en
croire ses yeux. Il goûte l'eau des rigoles d'avance-
ment qui alimente les travailleurs, pour se bien con-
vaincre que l'eau douce est à Suez. Tout le monde
est dans la joie, tout le monde est en fête. »
Pour nous qui, à Paris, nous sommes consa-
cré à la défense de l'œuvre française en Egypte,
c'est avec une double et fière satisfaction que nous
enregistrons cette nouvelle victoire de l'entreprise
tant combattue et tant persécutée.
Nous savons qu'en semant le bien on recueille la
jalousie; que les grandes entreprises ont toujours
été entravées par les routines de la médiocrité ou les
intrigues de la malveillance; mais en pensant que
bientôt, presque à l'heure où nous écrivons, la Com-
pagnie aura doté l'Egypte d'un nouvel élément de
richesse et de prospérité, qu'elle aura rendu à la ville
de Suez la seule condition qui lui manquait pour
être la métropole de la mer Rouge et l'un des grands
entrepôts de l'Asie et de l'Europe, il nous semble
que la Compagnie est bien vengée, et qu'encore une
fois elle répond noblement à ses détracteurs et à ses
ennemis.
L'inauguration du canal maritime de la Méditer-
ranée à la mer Rouge sera un des plus grands évé-
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