Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-11-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 novembre 1863 15 novembre 1863
Description : 1863/11/15 (A8,N178). 1863/11/15 (A8,N178).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032573
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
45'2 L'ISTHME DE SUEZ,
quement delà Turquie et de l'Egypte. Il est en cette
affaire un acteur beaucoup plus capital que vous
avez gardé dans des ténèbres propices. Cet acteur,
c'est l'Angleterre ; cette vieille Angleterre du moins
encore imprégnée des passions de 1815, ne pouvant
se résoudre à faciliter l'accès des mers orientales
aux pavillons européens, et surtout au pavillon
français.
» Vous n'êtes pas sans savoir que depuis les com-
mencements du projet jusqu'à ce jour, au milieu des
acclamations et de l'adhésion de tous les peuples,
cette Angleterre seule en a combattu l'entreprise.
» Pour arriver à ses fins, elle n'a reculé devant
aucun procédé.
» Vous souvient-il de l'apparition mystérieuse et
soudaine d'une flotte anglaise dans la rade d'A-
lexandrie pendant la guerre d'Italie ? Cette flotte
allait opposer le veto de ses canons à la concession
du percement de l'isthme. La nouvelle de la victoire
de Solferino la fit rentrer à Malte aussi vite qu'elle
en était venue.
». Vous n'êtes pas sans savoir que cette Angleterre
n'a épargné contre le canal ni les affirmations té-
méraires, ni la diffamation des personnes, ni la ca-
lomnie envers notre pays.
» Elle disait que le projet n'était qu'une chimère ;
elle disait qu'il n'était qu'un piège tendu par un
spéculateur déloyal aux capitaux crédules ; elle di-
sait qu'il n'était que le masque d'un complot ourdi
par ses promoteurs pour compte du gouvernement
français afin de lui livrer l'Egypte au moyen d'un
corps organisé d'ouvriers étrangers, parmi lesquels
il ne serait pas difficile d'introduire des « zouaves
déguisés. »
,o Elle protestait alors contre le travail libre,
comme elle proteste aujourd'hui contre le travail
obligatoire.
» Tandis qu'elle travaillait par ces fictions à faire
fuir les capitaux et à jeter le trouble dans l'opinion
européenne, elle portait ses plus ardents efforts à
Constantinople et au Caire, pesant sur ces deux gou-
vernements de toutes les influences intimidatrices
dont elle pouvait disposer.
» Je sais qu'on est allé, à Londres, jusqu'à menacer
un ministre turc de l'inimitié irrévocable du gouver-
nement anglais si la Turquie consentait jamais à
l'exécution du canal.
» -Il n'est pas un moyen que n'aient employé les
agents britanniques pour effrayer et vaincre la ré-
solution de Mohammed-Saïd. Un de ses mots fami-
liers indiquera l'intensité de cette sorte de torture
morale. Montrant un jour à une personne de qui je
tiens le fait, les vides die son vêtement que sa corpu-
lence ne remplissait plus : « Voyez, dit-il, comme ces
Anglais m'ont fait maigrir. »
» La fidélité de cet historique a pour témoin toute
l'Europe. En voulez-vous des témoignages anglais ?
ils ne manquent pas ; en voici :
» M. Rœbuck, l'un des orateurs de la Chambre des
communes les moins suspects de faiblesse envers la
France, s'exprimait, dès 1858, dans les termes sui-
vants :
» Il s'agit de l'honneur et de l'intérêt de l'Angle-
» terre. Il me semble qu'on sera d'avis que l'hon-
» neur de l'Angleterre a été sacrifié, que son grand
» nom a été traîné dans la boue, et que nous nous
» sommes conduits d'une manière égoïste et basse
» dans la question du canal de Suez. »
» En paroles moins vives, mais plus graves et
plus profondes, l'un des personnages les plus élo-
quents et les plus éminents du Parlement, M. Glads-
tone, maintenant chancelier de l'Échiquier, définissait
ainsi cette même politique :
» Ce qu'on vous demande, c'est que vous mettiez
» fin à ce système coupable dont je regrette que
» mon noble ami (lord Palmerston) ait été le prin-
» cipal auteur; système d'intervention arbitraire et
» non provoquée pour empêcher que le canal ne soit
» exécuté. »
» A ces preuves de l'hostilité systématique dont
je viens de parler, j'en pourrais ajouter bien d'autres
émanant des hommes les plus considérables des Trois-
Royaumes. Mais j'ai assez à dire pour devoir me
borner.
» Depuis cette époque, et surtout depuis la rentrée
de lord Palmerston aux affaires, « le système cou-
pable » n'a fait que s'aggraver.
» Comment se conduisaient cependant, à l'égard
du canal de Suez, l'Egypte et la Turquie ?
» L'Egypte ! je n'ai pas besoin de le dire; les faits
sont assez éclatants.
» La Turquie ! elle accueillait dès ses premiers
pas le projet avec une bienveillance et une faveur
marquées. Elle encourageait M. de Lesseps envoyé
par le vice-roi; elle n'apercevait dans l'entreprise
aucun motif intérieur d'opposition ; elle reconnaissait
qu'elle est avantageuse aux intérêts de l'empire ;
elle protestait à plusieurs reprises « qu'en ce qui
la concerne », elle n'y trouvait point d'objection.
» Parmi tous les documents que je pourrais invoquer
pour prouver la vérité de ces allégations, je me con-
tenterai d'en citer un seul, parce qu'il suffit
» Je prends dans le dernier rapport de M. de
Lesseps aux actionnaires, le billet suivant que lui
adressait, à la date du 30 mars 1858, notre ambassa-
deur à Constantinople :
quement delà Turquie et de l'Egypte. Il est en cette
affaire un acteur beaucoup plus capital que vous
avez gardé dans des ténèbres propices. Cet acteur,
c'est l'Angleterre ; cette vieille Angleterre du moins
encore imprégnée des passions de 1815, ne pouvant
se résoudre à faciliter l'accès des mers orientales
aux pavillons européens, et surtout au pavillon
français.
» Vous n'êtes pas sans savoir que depuis les com-
mencements du projet jusqu'à ce jour, au milieu des
acclamations et de l'adhésion de tous les peuples,
cette Angleterre seule en a combattu l'entreprise.
» Pour arriver à ses fins, elle n'a reculé devant
aucun procédé.
» Vous souvient-il de l'apparition mystérieuse et
soudaine d'une flotte anglaise dans la rade d'A-
lexandrie pendant la guerre d'Italie ? Cette flotte
allait opposer le veto de ses canons à la concession
du percement de l'isthme. La nouvelle de la victoire
de Solferino la fit rentrer à Malte aussi vite qu'elle
en était venue.
». Vous n'êtes pas sans savoir que cette Angleterre
n'a épargné contre le canal ni les affirmations té-
méraires, ni la diffamation des personnes, ni la ca-
lomnie envers notre pays.
» Elle disait que le projet n'était qu'une chimère ;
elle disait qu'il n'était qu'un piège tendu par un
spéculateur déloyal aux capitaux crédules ; elle di-
sait qu'il n'était que le masque d'un complot ourdi
par ses promoteurs pour compte du gouvernement
français afin de lui livrer l'Egypte au moyen d'un
corps organisé d'ouvriers étrangers, parmi lesquels
il ne serait pas difficile d'introduire des « zouaves
déguisés. »
,o Elle protestait alors contre le travail libre,
comme elle proteste aujourd'hui contre le travail
obligatoire.
» Tandis qu'elle travaillait par ces fictions à faire
fuir les capitaux et à jeter le trouble dans l'opinion
européenne, elle portait ses plus ardents efforts à
Constantinople et au Caire, pesant sur ces deux gou-
vernements de toutes les influences intimidatrices
dont elle pouvait disposer.
» Je sais qu'on est allé, à Londres, jusqu'à menacer
un ministre turc de l'inimitié irrévocable du gouver-
nement anglais si la Turquie consentait jamais à
l'exécution du canal.
» -Il n'est pas un moyen que n'aient employé les
agents britanniques pour effrayer et vaincre la ré-
solution de Mohammed-Saïd. Un de ses mots fami-
liers indiquera l'intensité de cette sorte de torture
morale. Montrant un jour à une personne de qui je
tiens le fait, les vides die son vêtement que sa corpu-
lence ne remplissait plus : « Voyez, dit-il, comme ces
Anglais m'ont fait maigrir. »
» La fidélité de cet historique a pour témoin toute
l'Europe. En voulez-vous des témoignages anglais ?
ils ne manquent pas ; en voici :
» M. Rœbuck, l'un des orateurs de la Chambre des
communes les moins suspects de faiblesse envers la
France, s'exprimait, dès 1858, dans les termes sui-
vants :
» Il s'agit de l'honneur et de l'intérêt de l'Angle-
» terre. Il me semble qu'on sera d'avis que l'hon-
» neur de l'Angleterre a été sacrifié, que son grand
» nom a été traîné dans la boue, et que nous nous
» sommes conduits d'une manière égoïste et basse
» dans la question du canal de Suez. »
» En paroles moins vives, mais plus graves et
plus profondes, l'un des personnages les plus élo-
quents et les plus éminents du Parlement, M. Glads-
tone, maintenant chancelier de l'Échiquier, définissait
ainsi cette même politique :
» Ce qu'on vous demande, c'est que vous mettiez
» fin à ce système coupable dont je regrette que
» mon noble ami (lord Palmerston) ait été le prin-
» cipal auteur; système d'intervention arbitraire et
» non provoquée pour empêcher que le canal ne soit
» exécuté. »
» A ces preuves de l'hostilité systématique dont
je viens de parler, j'en pourrais ajouter bien d'autres
émanant des hommes les plus considérables des Trois-
Royaumes. Mais j'ai assez à dire pour devoir me
borner.
» Depuis cette époque, et surtout depuis la rentrée
de lord Palmerston aux affaires, « le système cou-
pable » n'a fait que s'aggraver.
» Comment se conduisaient cependant, à l'égard
du canal de Suez, l'Egypte et la Turquie ?
» L'Egypte ! je n'ai pas besoin de le dire; les faits
sont assez éclatants.
» La Turquie ! elle accueillait dès ses premiers
pas le projet avec une bienveillance et une faveur
marquées. Elle encourageait M. de Lesseps envoyé
par le vice-roi; elle n'apercevait dans l'entreprise
aucun motif intérieur d'opposition ; elle reconnaissait
qu'elle est avantageuse aux intérêts de l'empire ;
elle protestait à plusieurs reprises « qu'en ce qui
la concerne », elle n'y trouvait point d'objection.
» Parmi tous les documents que je pourrais invoquer
pour prouver la vérité de ces allégations, je me con-
tenterai d'en citer un seul, parce qu'il suffit
» Je prends dans le dernier rapport de M. de
Lesseps aux actionnaires, le billet suivant que lui
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deur à Constantinople :
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