Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-10-16
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 16 octobre 1863 16 octobre 1863
Description : 1863/10/16 (A8,N176). 1863/10/16 (A8,N176).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032558
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
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i
420 L'ISTHME- DE SUEZ,
- qui avaient été apostés pour lui couper la route, ne
dut son salut qu'à son énergie. Il n'était accompa-
gné que par deux officiers de la marine française et
par quelques matelots, il fit tête à l'orage, intimida
la bande de sacripants que l'on avait détachée sur
ses pas, et envoya en toute hâte un courrier au vice-
consul de France à Massouah, M. Gilbert (1), pour
l'avertir de cette tentative.
Le capitaine Giraud, du Yémen, et le vice-consul
s'empressèrent de recruter tous les volontaires qu'ils
purent enrôler, et de les expédier en toute hâte au
secours de M. de Russel, dont la position pouvait
devenir d'autant plus critique, que le gouverneur
d'Aden, le brigadier Coghlan, ne se fiant qu'à lui
du soin de surveiller les démarches de M. de Russel,
était arrivé de sa personne à Massouah, sur un des
navires de la marine de l'Inde qui stationnent tou-
jours à Aden pour surveiller la mer Rouge, dont
l'Angleterre semble avoir la prétention de vouloir
faire exclusivement la police et le commerce.
Les efforts combinés de tous ceux que les démar-
ches de la France pouvaient offusquer, ne réussirent
pas à empêcher l'entrevue des affidés de Négoussié
et de M. de Russel, qui reçut les propositions faites
à l'Empereur par ce jeune souverain.
Hélas ! depuis si peu de temps, combien de morts
avons-nous à enregistrer ! Négoussié, trahi par les
siens, succomba, et fut mutilé d'une façon horrible.
Après l'avoir fait émasculer, lui avoir fait couper un
bras et une jambe, lui avoir fait arracher les pau-
pières, Theodoros le fit exposer nu au soleil ardent
d'Afrique, et son agonie se prolongea trois jours. De
pareilles horreurs feraient frémir les peaux rouges.
Par quelle fatalité tous les princes qui tentent
d'invoquer l'appui et l'assistance de la France et de
se rapprocher du saint-Siége, sont-ils frappés de
mort? Le règne de l'infortuné Rakout, qui avait
succédé à sa mère, à Madagascar, comme chef des
Hovas, a eu un règne aussi éphémère que Négous-
sié ; et l'on retrouve à Madagascar comme en Abys-
sinie les traces de la main qui sème des embuches
et la mort parmi ceux que nous honorons de notre
amitié. Une pareille conduite est vraiment indigne
d'une grande nation, et, Dieu merci, la France n'a
jamais eu une pareille politique ; elle sait regarder
ses rivaux en face, et ne frappe pas dans l'ombre.
Mgr de Jacobis, qui avait porté le flambeau de
a foi dans l'âme du jeune prince Négoussié, lui sur-
vécut peu; et il y a à peine quelques mois, le courrier
(1) M. Lejean, après avoir tenté de faire une exploration du
Nil, a remplacé, au poste de Massouah, M. Gilbert, appelé à une
autre résidence. Il avait reçu de son gouvernement l'ordre de se
rendre auprès du chef qui se qualifie d'empereur Théodoros, et
cet ordre explique sa présence au camp de ce chef.
du Mexique nous apprenait la regrettable nouvelle
de la mort de l'officier plein d'avenir dont nous
racontons la périlleuse mission en Abyssinie. 1
ROUTES COMMERCIALES D'ABYSSINIE. )
Deux routes permettent de pénétrer de Massouah
dans l'intérieur du Tigré ; la première vient débou-
cher sur le port même de Massouah, et nous avons
vu que les marchands qui la fréquentent sont exposés
à une double douane, et sont en outre rançonnés
par les autorités turques.
Arkiko est un fortin, situé sur la grande terre,
afin de commander cette route et d'assurer aux Turcs
des sources d'eau qui alimentent leur garnison. La
France avait protesté dans le temps contre cette vio-
lation du territoire d'Abyssinie, et avait fait ses ré-
serves à ce sujet : le pouvoir d'Abyssinie n'a cessé
de protester contre cette occupation. Négoussié vou-
lait ouvrir à son pays une autre voie commerciale,
afin surtout de s'affranchir de ces gênantes com-
munications de Massouah, où il rencontrait la fis-
calité turque.
Golfe d'Adulis.
A quelques lieues de Massouah est un golfe profond,
sur les rives duquel était située autrefois l'importante
métropole d'Adulis. La vallée qui s'ouvre sur le golfe
d'Adulis longe une longue chaîne de montagnes
nommée le Tarenta, qu'on laisse à la main gauche,
lorsqu'on se dirige vers Axum. Une montagne fort
haute et tout à fait dénudée, nommée Gadam, sé-
pare cette vallée de celle d'Arkiko.
On voit encore les ruines d'Adulis au milieu de la
plaine, et un village du nom d'Adoul s'est formé à
quelques milles dans le sud de ces ruines. Ce village
est habité pàr les tribus des Hazortas, qui sont mu-
sulmanes.
En s'enfonçant dans l'intérieur, on se trouve en
rapport avec d'autres populations chohos qui, comme
celles de la côte de Nubie, ont reçu la lumière de
l'Evangile. Sur le sommet du Tarenta, la mission
catholique a aussi fondé une chrétienté nommée
Halay.
M. de Russel n'avait pas voulu prendre la route
qui menait dans l'intérieur par Massouah; il avait
atteint Halay par Adulis, il put ainsi entrer immé-
diatement dans les vues de Négoussié. On pense que
l'appréhension que l'on eut que le commerce ne fût
détourné de sa route habituelle ne fût pas étrangère
au complot qui se fit pour faire avorter ses desseins.
La route d'Adulis était autrefois très-suivie, et au
vi° siècle des voyageurs grecs, dont le moine Cosmas
faisait partie, avaient encore vu les restes des monu-
ments qui ornaient cette ville, oùles Ptolémées avaient
fait graver des inscriptions. Cosmas nous a conservé
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420 L'ISTHME- DE SUEZ,
- qui avaient été apostés pour lui couper la route, ne
dut son salut qu'à son énergie. Il n'était accompa-
gné que par deux officiers de la marine française et
par quelques matelots, il fit tête à l'orage, intimida
la bande de sacripants que l'on avait détachée sur
ses pas, et envoya en toute hâte un courrier au vice-
consul de France à Massouah, M. Gilbert (1), pour
l'avertir de cette tentative.
Le capitaine Giraud, du Yémen, et le vice-consul
s'empressèrent de recruter tous les volontaires qu'ils
purent enrôler, et de les expédier en toute hâte au
secours de M. de Russel, dont la position pouvait
devenir d'autant plus critique, que le gouverneur
d'Aden, le brigadier Coghlan, ne se fiant qu'à lui
du soin de surveiller les démarches de M. de Russel,
était arrivé de sa personne à Massouah, sur un des
navires de la marine de l'Inde qui stationnent tou-
jours à Aden pour surveiller la mer Rouge, dont
l'Angleterre semble avoir la prétention de vouloir
faire exclusivement la police et le commerce.
Les efforts combinés de tous ceux que les démar-
ches de la France pouvaient offusquer, ne réussirent
pas à empêcher l'entrevue des affidés de Négoussié
et de M. de Russel, qui reçut les propositions faites
à l'Empereur par ce jeune souverain.
Hélas ! depuis si peu de temps, combien de morts
avons-nous à enregistrer ! Négoussié, trahi par les
siens, succomba, et fut mutilé d'une façon horrible.
Après l'avoir fait émasculer, lui avoir fait couper un
bras et une jambe, lui avoir fait arracher les pau-
pières, Theodoros le fit exposer nu au soleil ardent
d'Afrique, et son agonie se prolongea trois jours. De
pareilles horreurs feraient frémir les peaux rouges.
Par quelle fatalité tous les princes qui tentent
d'invoquer l'appui et l'assistance de la France et de
se rapprocher du saint-Siége, sont-ils frappés de
mort? Le règne de l'infortuné Rakout, qui avait
succédé à sa mère, à Madagascar, comme chef des
Hovas, a eu un règne aussi éphémère que Négous-
sié ; et l'on retrouve à Madagascar comme en Abys-
sinie les traces de la main qui sème des embuches
et la mort parmi ceux que nous honorons de notre
amitié. Une pareille conduite est vraiment indigne
d'une grande nation, et, Dieu merci, la France n'a
jamais eu une pareille politique ; elle sait regarder
ses rivaux en face, et ne frappe pas dans l'ombre.
Mgr de Jacobis, qui avait porté le flambeau de
a foi dans l'âme du jeune prince Négoussié, lui sur-
vécut peu; et il y a à peine quelques mois, le courrier
(1) M. Lejean, après avoir tenté de faire une exploration du
Nil, a remplacé, au poste de Massouah, M. Gilbert, appelé à une
autre résidence. Il avait reçu de son gouvernement l'ordre de se
rendre auprès du chef qui se qualifie d'empereur Théodoros, et
cet ordre explique sa présence au camp de ce chef.
du Mexique nous apprenait la regrettable nouvelle
de la mort de l'officier plein d'avenir dont nous
racontons la périlleuse mission en Abyssinie. 1
ROUTES COMMERCIALES D'ABYSSINIE. )
Deux routes permettent de pénétrer de Massouah
dans l'intérieur du Tigré ; la première vient débou-
cher sur le port même de Massouah, et nous avons
vu que les marchands qui la fréquentent sont exposés
à une double douane, et sont en outre rançonnés
par les autorités turques.
Arkiko est un fortin, situé sur la grande terre,
afin de commander cette route et d'assurer aux Turcs
des sources d'eau qui alimentent leur garnison. La
France avait protesté dans le temps contre cette vio-
lation du territoire d'Abyssinie, et avait fait ses ré-
serves à ce sujet : le pouvoir d'Abyssinie n'a cessé
de protester contre cette occupation. Négoussié vou-
lait ouvrir à son pays une autre voie commerciale,
afin surtout de s'affranchir de ces gênantes com-
munications de Massouah, où il rencontrait la fis-
calité turque.
Golfe d'Adulis.
A quelques lieues de Massouah est un golfe profond,
sur les rives duquel était située autrefois l'importante
métropole d'Adulis. La vallée qui s'ouvre sur le golfe
d'Adulis longe une longue chaîne de montagnes
nommée le Tarenta, qu'on laisse à la main gauche,
lorsqu'on se dirige vers Axum. Une montagne fort
haute et tout à fait dénudée, nommée Gadam, sé-
pare cette vallée de celle d'Arkiko.
On voit encore les ruines d'Adulis au milieu de la
plaine, et un village du nom d'Adoul s'est formé à
quelques milles dans le sud de ces ruines. Ce village
est habité pàr les tribus des Hazortas, qui sont mu-
sulmanes.
En s'enfonçant dans l'intérieur, on se trouve en
rapport avec d'autres populations chohos qui, comme
celles de la côte de Nubie, ont reçu la lumière de
l'Evangile. Sur le sommet du Tarenta, la mission
catholique a aussi fondé une chrétienté nommée
Halay.
M. de Russel n'avait pas voulu prendre la route
qui menait dans l'intérieur par Massouah; il avait
atteint Halay par Adulis, il put ainsi entrer immé-
diatement dans les vues de Négoussié. On pense que
l'appréhension que l'on eut que le commerce ne fût
détourné de sa route habituelle ne fût pas étrangère
au complot qui se fit pour faire avorter ses desseins.
La route d'Adulis était autrefois très-suivie, et au
vi° siècle des voyageurs grecs, dont le moine Cosmas
faisait partie, avaient encore vu les restes des monu-
ments qui ornaient cette ville, oùles Ptolémées avaient
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