Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-09-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 septembre 1863 15 septembre 1863
Description : 1863/09/15 (A8,N174). 1863/09/15 (A8,N174).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203253f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MRES. 379
» Aussi, lorsqu'une intrigue contrainte de dissimuler
son véritable caractère, inspira à Constantinople la fa-
meuse note du 6 avril dernier, qui n'était qu'une ten-
tative de paralyser l'entreprise et de lui retirer ses
moyens d'exécution, les inspirateurs de cette note ne
manquèrent-ils pas de faire placer au premier rang de
ses griefs et de ses prohibitions l'observation du con-
trat du 20 juillet 1856.
# S'il eût pu réussir, le procédé était péremptoire.
» Nous avons sur ce point le flagrant témoignage de
la presse anglaise. Après la publication de la note du
6 avril, elle proclama à l'unanimité que la Turquie in-
terdisant au vice-roi de fournir des ouvriers , le canal
devenait impossible.
» C'est pour arriver à ce résultat qu'en se couvrant
sous de fausses couleurs, on faisait retentir aux oreilles
de l'Europe les mots de « corvée, » de « travail forcé »,
et qu'on se permettait d'inventer pour l'empire ottoman
une loi que personne n'y a jamais connue.
» Il était essentiel de rectifier les faits. Comme on
vient de le voir, le travail de l'isthme n'est pas la cor-
vée, qui est le travail gratuit; il est le travail salarié,
le travail débattu avec le gouvernement égyptien à
d'honorables et loyales conditions inconnues jusqu'ici
en Egypte.
» Loin d'être la corvée, il en est la suppression ; il a
rendu presque impossible le maintien du travail gra-
tuit; il a haussé le cours des salaires, et comme M. Fer-
dinand de Lesseps l'a dit dans son dernier rapport, le
régime du travail dans l'isthme n'a d'autres adversai-
res en Egypte que ceux qui voudraient y conserver à
leur profit le régime de la corvée.
# Mais s'il n'est pas gratuit, s'il est constitué dans
de bonnes garanties de rémunération, de sollicitude et
d'humanité, ce travail est pourtant obligatoire !
» La question est simple : en vertu de son contrat, le
gouvernement égyptien doit à la Compagnie, aux con-
ditions qui y sont stipulées, les ouvriers qu'elle lui de-
mandera en raison des besoins de ses travaux. La Com-
pagnie n'a qu'un seul droit, celui de réclamer et d'ob-
tenir exactement et sans interruption ces ouvriers aux
conditions écrites et convenues. Ce droit, elle ne peut
ni ne veut s'en dessaisir, car il intéresse directement
le succès de son oeuvre.
» Mais quelle modification lui proposerait-on, ou pro-
poserait-elle?
» Il n'y en a plus qu'une. Après la substitution du
travail salarié à la corvée, l'abrogation du travail obli-
gatoire ; c'est-à-dire, en réalité, l'abrogation de tout
travail public dans l'Égypte, la ruine de ses routes, le
délabrement continu de ses chemins de fer, l'oblitéra-
tion prochaine de ses canaux, la stérilité et la mort.
Il n'est pas en effet un seul homme, ayant la plus lé-
gère notion du caractère et des mœurs actuelles des
fellahs, auquel il ne soit démontré que la suppression
du travail obligatoire serait en Egypte la suppression
du travail lui-même. Personne ne le sait mieux que le
vice-roi. »
» Il faut donc que le public et la presse soient bien
avertis. Sous ce drapeau levé contre la corvée là où
elle n'existe pas, avec les meilleures intentions on ne
peut les conduire qu'à une réouverture de la campagne
manquée par la note du 6 avril, à l'annulation rétro-
active de l'acte réformateur du 20 juillet 1856, au
trouble et à la désorganisation des travaux du canal.
Le travail obligatoire rétribué, aujourd'hui c'est pour
l'Égypte le seul progrès vrai et qui n'est encore réa-
lisé que dans l'isthme. Le reste, c'est l'impossible ou
lè suicide.
» C'est ici l'occasion de prémunir le public contre les
vaines rumeurs qu'on jette dans la circulation pour ra-
nimer des intrigues défaillantes. C'est ainsi qu'on a
répandu qu'un compromis modifiant les actes de con-
cession de la Compagnie universelle avait été arrangé
à Constantinople ; il n'y a eu aucun compromis ni à
Constantinople ni "ailleurs.
» C'est ainsi qu'on parle de négociations analogues
pendantes ou projetées à Paris. A Paris, la Compagnie
n'a à entrer dans aucune négociation ; M. de Lesseps
étant en Egypte, est en mesure à tout moment de se
mettre en communication avec Son Altesse le vice-roi
en personne. »
L'ÉGYPTE ET LA TURQUIE.
Nous nous associons pleinement aux considéra-
tions de la note que l'on vient de lire. De plus, puis-
que nous y sommes provoqués, nous dirons sur le
grave sujet qu'elle traite tout notre sentiment.
Comme le fait très-justement observer l'auteur de
la note, la prétendue pensée de supprimer en Egypte
toute espèce de travail obligatoire n'est qu'un leurre
offert à l'opinion publique. Dans l'état actuel des
usages et des mœurs du pays cette suppression
sérieuse et permanente est tout simplement impos-
sible.
Il n'est pas un homme sincère connaissant les po-
pulations égyptiennes qui ne reconnaisse que cette
mesure serait l'anéantissement de la vie nationale
elle-même. C'est ce qu'ont avoué et proclamé , à
leur retour d'Egypte, deux témoins non suspects,
deux personnages anglais considérables dans leur
pays, lord Scott et M. Benjamin d'Oliveira.
La querelle que l'on suscite à la Compagnie n'a et
ne peut avoir qu'un but ; celui d'entraver les tra-
vaux du canal en cherchant à lui enlever le concours
des ouvriers indigènes.
Si l'intrigue réussissait, et à cet égard nous n'a-
vons pas la plus légère crainte, l'œuvre du perce-
ment étant arrêtée ou embarrassée, il ne serait pas
difficile de démontrer qu'il est indispensable de re-
venir aux anciens us, et l'Angleterre ayant atteint
son objet ne serait pas la dernière à reconnaître
I
» Aussi, lorsqu'une intrigue contrainte de dissimuler
son véritable caractère, inspira à Constantinople la fa-
meuse note du 6 avril dernier, qui n'était qu'une ten-
tative de paralyser l'entreprise et de lui retirer ses
moyens d'exécution, les inspirateurs de cette note ne
manquèrent-ils pas de faire placer au premier rang de
ses griefs et de ses prohibitions l'observation du con-
trat du 20 juillet 1856.
# S'il eût pu réussir, le procédé était péremptoire.
» Nous avons sur ce point le flagrant témoignage de
la presse anglaise. Après la publication de la note du
6 avril, elle proclama à l'unanimité que la Turquie in-
terdisant au vice-roi de fournir des ouvriers , le canal
devenait impossible.
» C'est pour arriver à ce résultat qu'en se couvrant
sous de fausses couleurs, on faisait retentir aux oreilles
de l'Europe les mots de « corvée, » de « travail forcé »,
et qu'on se permettait d'inventer pour l'empire ottoman
une loi que personne n'y a jamais connue.
» Il était essentiel de rectifier les faits. Comme on
vient de le voir, le travail de l'isthme n'est pas la cor-
vée, qui est le travail gratuit; il est le travail salarié,
le travail débattu avec le gouvernement égyptien à
d'honorables et loyales conditions inconnues jusqu'ici
en Egypte.
» Loin d'être la corvée, il en est la suppression ; il a
rendu presque impossible le maintien du travail gra-
tuit; il a haussé le cours des salaires, et comme M. Fer-
dinand de Lesseps l'a dit dans son dernier rapport, le
régime du travail dans l'isthme n'a d'autres adversai-
res en Egypte que ceux qui voudraient y conserver à
leur profit le régime de la corvée.
# Mais s'il n'est pas gratuit, s'il est constitué dans
de bonnes garanties de rémunération, de sollicitude et
d'humanité, ce travail est pourtant obligatoire !
» La question est simple : en vertu de son contrat, le
gouvernement égyptien doit à la Compagnie, aux con-
ditions qui y sont stipulées, les ouvriers qu'elle lui de-
mandera en raison des besoins de ses travaux. La Com-
pagnie n'a qu'un seul droit, celui de réclamer et d'ob-
tenir exactement et sans interruption ces ouvriers aux
conditions écrites et convenues. Ce droit, elle ne peut
ni ne veut s'en dessaisir, car il intéresse directement
le succès de son oeuvre.
» Mais quelle modification lui proposerait-on, ou pro-
poserait-elle?
» Il n'y en a plus qu'une. Après la substitution du
travail salarié à la corvée, l'abrogation du travail obli-
gatoire ; c'est-à-dire, en réalité, l'abrogation de tout
travail public dans l'Égypte, la ruine de ses routes, le
délabrement continu de ses chemins de fer, l'oblitéra-
tion prochaine de ses canaux, la stérilité et la mort.
Il n'est pas en effet un seul homme, ayant la plus lé-
gère notion du caractère et des mœurs actuelles des
fellahs, auquel il ne soit démontré que la suppression
du travail obligatoire serait en Egypte la suppression
du travail lui-même. Personne ne le sait mieux que le
vice-roi. »
» Il faut donc que le public et la presse soient bien
avertis. Sous ce drapeau levé contre la corvée là où
elle n'existe pas, avec les meilleures intentions on ne
peut les conduire qu'à une réouverture de la campagne
manquée par la note du 6 avril, à l'annulation rétro-
active de l'acte réformateur du 20 juillet 1856, au
trouble et à la désorganisation des travaux du canal.
Le travail obligatoire rétribué, aujourd'hui c'est pour
l'Égypte le seul progrès vrai et qui n'est encore réa-
lisé que dans l'isthme. Le reste, c'est l'impossible ou
lè suicide.
» C'est ici l'occasion de prémunir le public contre les
vaines rumeurs qu'on jette dans la circulation pour ra-
nimer des intrigues défaillantes. C'est ainsi qu'on a
répandu qu'un compromis modifiant les actes de con-
cession de la Compagnie universelle avait été arrangé
à Constantinople ; il n'y a eu aucun compromis ni à
Constantinople ni "ailleurs.
» C'est ainsi qu'on parle de négociations analogues
pendantes ou projetées à Paris. A Paris, la Compagnie
n'a à entrer dans aucune négociation ; M. de Lesseps
étant en Egypte, est en mesure à tout moment de se
mettre en communication avec Son Altesse le vice-roi
en personne. »
L'ÉGYPTE ET LA TURQUIE.
Nous nous associons pleinement aux considéra-
tions de la note que l'on vient de lire. De plus, puis-
que nous y sommes provoqués, nous dirons sur le
grave sujet qu'elle traite tout notre sentiment.
Comme le fait très-justement observer l'auteur de
la note, la prétendue pensée de supprimer en Egypte
toute espèce de travail obligatoire n'est qu'un leurre
offert à l'opinion publique. Dans l'état actuel des
usages et des mœurs du pays cette suppression
sérieuse et permanente est tout simplement impos-
sible.
Il n'est pas un homme sincère connaissant les po-
pulations égyptiennes qui ne reconnaisse que cette
mesure serait l'anéantissement de la vie nationale
elle-même. C'est ce qu'ont avoué et proclamé , à
leur retour d'Egypte, deux témoins non suspects,
deux personnages anglais considérables dans leur
pays, lord Scott et M. Benjamin d'Oliveira.
La querelle que l'on suscite à la Compagnie n'a et
ne peut avoir qu'un but ; celui d'entraver les tra-
vaux du canal en cherchant à lui enlever le concours
des ouvriers indigènes.
Si l'intrigue réussissait, et à cet égard nous n'a-
vons pas la plus légère crainte, l'œuvre du perce-
ment étant arrêtée ou embarrassée, il ne serait pas
difficile de démontrer qu'il est indispensable de re-
venir aux anciens us, et l'Angleterre ayant atteint
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