Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-08-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 août 1863 01 août 1863
Description : 1863/08/01 (A8,N171). 1863/08/01 (A8,N171).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032506
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 30'7
indiqué par l'honorable gentleman. Il est certain
toutefois que l'ordre du sultan pour supprimer le
travail forcé en Egypte étant exécuté, cet ordre
s'appliquera également aux personnes employées
par la Compagnie péninsulaire et orientale et aux
personnes employées par d'autres individus en
Egypte. »
Lord Palmerston est naturellement ignorant de ce
qu'il ne veut pas savoir, et nous concevons tout son
embarras, s'il eût été obligé d'avouer devant la
Chambre des communes qu'une Compagnie an-
glaise, avec le concours des agents britanniques,
employait le travail obligatoire au moment où il
déclamait lui même si philanthropiquement contre
ce système à rencontre du canal de Suez. Jamais,
à coup sûr, l'application du travail obligatoire ne
fût devenue l'objet de ses répugnances, ou de ses
représentations, s'il n'avait été employé, comme dans
le cas des chemins de fer de Suez et d'Alexandrie,
qu'au service des Anglais.
Quand il parle du canal maritime, lord Palmers-
ton, comme nous avons eu plus d'une occasion de
le montrer, est sujet à erreur. En cette occa-
sion, il en a commis une assez grave. Il prétend
que le sultan a donné l'ordre de supprimer le tra-
vail obligatoire en Egypte. Nous ne le croyons pas,
par deux raisons également sérieuses. La première,
c'est qu'en agissant ainsi, la Porte aurait fait acte
direct d'intervention dans le gouvernement intérieur
de l'Egypte, ce qui serait une violation des traités ;
la seconde, c'est qu'elle aurait été infidèle au contenu
de sa note elle-même. En effet, dans cette note, la
Porte expose aux deux puissances ses prétentions
par rapport au canal. Elle les leur soumet et leur
en demande leur avis. Il serait dérisoire qu'elle eùt
passé outre sans l'attendre, et il serait encore plus
blessant pour la France qu'elle y eût persisté après
un avis contraire.
Enfin l'ordre du sultan ne serait rien moins que
la suppression rétroactive du contrat passé entre le
gouvernement égyptien et la Compagnie universelle
pour lui assurer les ouvriers nécessaires à ses tra-
vaux, contrat qui a été l'une des conditions sur les-
quelles la Compagnie s'est formée avec l'assenti-
ment de la Porte et qui est en pleine exécution, sans
opposition, depuis plusieurs années.
Le ton sec et bref de la réponse de sa seigneurie
prouve que l'interpellation l'a plus embarrassée que
satisfaite.
Quant à M. Griffith, si friand d'interpellations, nous
trouvons qu'il a été bien modeste en cette circons-
tance. Le rapport de M. de Lesseps lui fournissait
une matière bien plus ample. Pourquoi s'en est-il
tenu au fait de la Compagnie péninsulaire et orien-
tale? Ne pouvait-il point, par la même occasion,
demander au chef du gouvernement anglais s'il
était vrai que, sous Abbas, le travail forcé, par
l'impérieuse pression des agents britanniques, avait
été employé dans toutes ses rigueurs pour la
construction du chemin de fer d'Alexandrie au
Caire ; si, sous les mêmes influences, ce même tra-
vail n'avait pas été appliqué de 1855 à 1860 au
chemin de fer du Caire à Suez ; si l'on n'y avait pas
également recouru en 1862 avec une précipitation
déplorable, lorsqu'une violente tempête enleva une
partie de ce chemin de fer, dont les agents britan-
niques exigèrent la réparation, dans l'intérêt du
transit anglais, à tout prix et sans délai? M. Grif-
fith pouvait demander encore s'il était vrai que ,
dans ces ouvrages, toutes les précautions d'huma-
nité eussent été négligées; si les agents anglais
n'avaient pas forcé le gouvernement égyptien à ne
pas compter avec la vie des hommes ; si, enfin, les
abords de ces travaux n'avaient pas été blanchis
des ossements des travailleurs. Ce sont là aussi
des assertions qui se trouvent dans le rapport de
M. de Lesseps. Mais M. Griffith n'a pas jugé à pro-
propos de pousser jusque-là l'indiscrétion de son
enquête.
Il est une autre question qu'à la place de M. Grif-
fith nous aurions voulu éclaircir. Lord Palmerston
lui a dit, et il l'a cru. qu'il existait en Turquie une
loi abolissant le travail obligatoire. M. de Lesseps
l'a contestée. Il a demandé qu'on lui indiquât cette
loi, sa date, sa teneur. 11 a dit que pour sa part il
l'avait en vain cherchée, qu'elle était parfaitement
inconnue aux hommes les plus familiers avec la lé-
gislation turque. Or, cette prétendue loi forme la base
et tout l'argument de la note turque. Si elle n'existe
pas, tout l'échafaudage de la note s'écroule avec elle.
Comment donc M. Griffith a-t-il oublié de réclamer
de lord Palmerston un éclaircissement sur ce fait
important?
La corvée même est-elle supprimée en Turquie?
M. de Lesseps le nie. Pourquoi M. Griffith ne s'en
est-il pas informé ? M. Griffith n'assistait-il pas à
cette séance du 29 mai dernier, où M. Gregory, où
M. Cobden ont révélé à l'Angleterre toutes les ava-
nies, toutes les exactions, toutes les variétés de tra-
vail forcé subies dans les provinces turques par les
populations chrétiennes, et M. Griffith n'en devait-il
pas conclure que les fellahs placés sous la loi égyp-
tienne étaient dans une sorte de paradis, comparés
aux populations directement placées sous l'égide de
la loi turque?
Quant au travail obligatoire, si pénible aux senti-
ments d'humanité deM. Griffith, nous lui dirons que,
sous une forme plus ou moins accentuée, ce travail
existe à peu près dans tous les Etats de l'Europe. Nous
indiqué par l'honorable gentleman. Il est certain
toutefois que l'ordre du sultan pour supprimer le
travail forcé en Egypte étant exécuté, cet ordre
s'appliquera également aux personnes employées
par la Compagnie péninsulaire et orientale et aux
personnes employées par d'autres individus en
Egypte. »
Lord Palmerston est naturellement ignorant de ce
qu'il ne veut pas savoir, et nous concevons tout son
embarras, s'il eût été obligé d'avouer devant la
Chambre des communes qu'une Compagnie an-
glaise, avec le concours des agents britanniques,
employait le travail obligatoire au moment où il
déclamait lui même si philanthropiquement contre
ce système à rencontre du canal de Suez. Jamais,
à coup sûr, l'application du travail obligatoire ne
fût devenue l'objet de ses répugnances, ou de ses
représentations, s'il n'avait été employé, comme dans
le cas des chemins de fer de Suez et d'Alexandrie,
qu'au service des Anglais.
Quand il parle du canal maritime, lord Palmers-
ton, comme nous avons eu plus d'une occasion de
le montrer, est sujet à erreur. En cette occa-
sion, il en a commis une assez grave. Il prétend
que le sultan a donné l'ordre de supprimer le tra-
vail obligatoire en Egypte. Nous ne le croyons pas,
par deux raisons également sérieuses. La première,
c'est qu'en agissant ainsi, la Porte aurait fait acte
direct d'intervention dans le gouvernement intérieur
de l'Egypte, ce qui serait une violation des traités ;
la seconde, c'est qu'elle aurait été infidèle au contenu
de sa note elle-même. En effet, dans cette note, la
Porte expose aux deux puissances ses prétentions
par rapport au canal. Elle les leur soumet et leur
en demande leur avis. Il serait dérisoire qu'elle eùt
passé outre sans l'attendre, et il serait encore plus
blessant pour la France qu'elle y eût persisté après
un avis contraire.
Enfin l'ordre du sultan ne serait rien moins que
la suppression rétroactive du contrat passé entre le
gouvernement égyptien et la Compagnie universelle
pour lui assurer les ouvriers nécessaires à ses tra-
vaux, contrat qui a été l'une des conditions sur les-
quelles la Compagnie s'est formée avec l'assenti-
ment de la Porte et qui est en pleine exécution, sans
opposition, depuis plusieurs années.
Le ton sec et bref de la réponse de sa seigneurie
prouve que l'interpellation l'a plus embarrassée que
satisfaite.
Quant à M. Griffith, si friand d'interpellations, nous
trouvons qu'il a été bien modeste en cette circons-
tance. Le rapport de M. de Lesseps lui fournissait
une matière bien plus ample. Pourquoi s'en est-il
tenu au fait de la Compagnie péninsulaire et orien-
tale? Ne pouvait-il point, par la même occasion,
demander au chef du gouvernement anglais s'il
était vrai que, sous Abbas, le travail forcé, par
l'impérieuse pression des agents britanniques, avait
été employé dans toutes ses rigueurs pour la
construction du chemin de fer d'Alexandrie au
Caire ; si, sous les mêmes influences, ce même tra-
vail n'avait pas été appliqué de 1855 à 1860 au
chemin de fer du Caire à Suez ; si l'on n'y avait pas
également recouru en 1862 avec une précipitation
déplorable, lorsqu'une violente tempête enleva une
partie de ce chemin de fer, dont les agents britan-
niques exigèrent la réparation, dans l'intérêt du
transit anglais, à tout prix et sans délai? M. Grif-
fith pouvait demander encore s'il était vrai que ,
dans ces ouvrages, toutes les précautions d'huma-
nité eussent été négligées; si les agents anglais
n'avaient pas forcé le gouvernement égyptien à ne
pas compter avec la vie des hommes ; si, enfin, les
abords de ces travaux n'avaient pas été blanchis
des ossements des travailleurs. Ce sont là aussi
des assertions qui se trouvent dans le rapport de
M. de Lesseps. Mais M. Griffith n'a pas jugé à pro-
propos de pousser jusque-là l'indiscrétion de son
enquête.
Il est une autre question qu'à la place de M. Grif-
fith nous aurions voulu éclaircir. Lord Palmerston
lui a dit, et il l'a cru. qu'il existait en Turquie une
loi abolissant le travail obligatoire. M. de Lesseps
l'a contestée. Il a demandé qu'on lui indiquât cette
loi, sa date, sa teneur. 11 a dit que pour sa part il
l'avait en vain cherchée, qu'elle était parfaitement
inconnue aux hommes les plus familiers avec la lé-
gislation turque. Or, cette prétendue loi forme la base
et tout l'argument de la note turque. Si elle n'existe
pas, tout l'échafaudage de la note s'écroule avec elle.
Comment donc M. Griffith a-t-il oublié de réclamer
de lord Palmerston un éclaircissement sur ce fait
important?
La corvée même est-elle supprimée en Turquie?
M. de Lesseps le nie. Pourquoi M. Griffith ne s'en
est-il pas informé ? M. Griffith n'assistait-il pas à
cette séance du 29 mai dernier, où M. Gregory, où
M. Cobden ont révélé à l'Angleterre toutes les ava-
nies, toutes les exactions, toutes les variétés de tra-
vail forcé subies dans les provinces turques par les
populations chrétiennes, et M. Griffith n'en devait-il
pas conclure que les fellahs placés sous la loi égyp-
tienne étaient dans une sorte de paradis, comparés
aux populations directement placées sous l'égide de
la loi turque?
Quant au travail obligatoire, si pénible aux senti-
ments d'humanité deM. Griffith, nous lui dirons que,
sous une forme plus ou moins accentuée, ce travail
existe à peu près dans tous les Etats de l'Europe. Nous
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