Presse et revues
32 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-06-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 juin 1863 15 juin 1863
Description : 1863/06/15 (A8,N168). 1863/06/15 (A8,N168).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203247q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 218
beaucoup d'habileté et d'activité; elles méritent d'au-
tant plus d elog-es qu'en France, il, faut bien le dire,
les entreprises maritimes ne rencontrent pas toujours
de grandes sympathies, et n'ont pas souvent réussi.
La Compagnie des Messageries, par son excellente
organisation, par son administration supérieure, fait
le plus grand honneur à la France. J'adresse par-
ticulièrement mes éloges à son agent général en
Egypte.
» Les deux entreprises, enfin, ont un puissant et
noble mobile dont l'action ne m'a pas échappé, dans
mes rapports avec leurs représentants: c'est celui
d'un patriotisme élevé et éclairé, qui les a aidés à
surmonter tous les obstacles. A la santé des deux
Compagnies et de leurs présidents! »
« M. de Lesseps, au nom de M. Béhic et au sien, a
remercié en peu de mots le prince Napoléon; il a dit
que l'avenir prospère des deux Compagnies était révélé
par la présence et par les paroles de Son Altesse Im-
périale.
» M.Tastu, consul général de France, a porté ensuite
un toast au vice-roi d'Egypte, dont tous les actes pré-
disent un règne heureux pour le pays :
« N'oublions pas, dit-il, que les Compagnies de
Suez et des Messageries impériales lui doivent toutes
les facilités et les encouragements qui assurent leur
succès. »
« D'autres toasts ont été successivement portés : par le
commandant du Cambodge, à la Compagnie anglaise pé-
ninsulaire et orientale, la remerciant de son bienveil-
lant concours et des bonnes relations qui n'ont cessé
d'exister entre les deux entreprises, dont la rivalité
n'existe que pour chercher à se prêter une réciproque
assistance; par M. le commandant Fisquet, à l'admi-
nistration des chemins de fer égyptiens, dont il loua le
bon vouloir et l'impartiale sollicitude pour faciliter le
transit entre l'Europe et les Indes; enfin, par M. de Les-
seps, ù l'union des marines de guerre de la France et
de l'Angleterre, pour favoriser le commerce et les pro-
grès de la civilisation dans les mers orientales.
» La plupart des convives n'ont pu s'empêcher dépen-
ser que M. de Lesseps avait été bien généreux dans un
moment où la politique anglaise fait tant d'efforts pour
entraver l'œuvre du canal de Suez, Il est vrai qu'il
venait de parler de l'avenir; et puis, en présence des
officiers de la marine anglaise qui avaient applaudj
avec autant de chaleur que les Français aux paroles
du prince Napoléon, il était permis de séparer la véri-
table nation anglaise, si bien représentée par la loyauté
de ses marins, de l'égoïsme et de l'hypocrisie d'uue
politique isolée dans son propre pays.
» A 10 heures, le prince quittait le Cambodge aux
cris répétés de Vive l'Empereur ! Il allait visiter le pa-
quebot de la Compagnie péninsulaire en partance pour
l'Inde, et à 4 heures un train spécial le ramenait au
Caire.
» Dr AUBERT-ROCIIE. »
Correspondance particulière de t'tsthtne.
« Isinaïlia, 25 mai.
» Ainsi que je vous le disais dans ma dernière lettre
nous ne connaissions pas définitivement l'époque à la-
quelle S. A. I. le prince Napoléon viendrait visiter nos
travaux. Un jour le télégraphe nous annonçait que le
prince irait dans l'isthme avant de se rendre dans la
haute Egypte, et le lendemain, de plus récents avis
contredisaient les dépêches reçues; mais, le 18 de
ce mois, toute incertitude cessa, tous les doutes furent
levés. Son Altesse Impériale, partie du Caire le matin,
accompagnée de M. de Lesseps et d'une suite nom-
breuse, devait coucher le soir à Tell-el-Kebir et arriver
à Ismaïlia le lendemain 19, au matin.
» Je ne vous parlerai point du voyage du prince, du
Caire à Tell-el-Kebir: je ne pourrais que vous donner
des nouvelles de seconde main, et que d'autres corres-
pondants vous auront vraisemblablement transmises;
mais je vous parlerai, en témoin oculaire, des moindres
détails de l'excursion sur la ligne d'Ismaïlia à Suez.
» Donc, le 19 mai, à 10 heures du matin, tous les
employés de la Compagnie réunis pour cette circons-
tance, les ingénieurs à leur tète, attendaient au débar-
cadère d'Ismaïlia l'arrivée de l'illustre voyageur. Un
pavillon est bientôt signalé au loin, puis une voile, puis
deux, puis dix. Quelques instants après, le prince Na-
poléon, M. de Lesseps et toute la suite qui les accom-
pagnait, mettaient pied à terre. Escorté d'une foule
nombreuse composée d'Européens et d'Arabes, et pré-
cédé d'une musique indigène jouant des airs de fête, le
prince, ayant à ses côtés M. de Lesseps, se rendit à la
tente qui avait été envoyée pour lui par notre gracieux
souverain, S.A. Ismaïl-Pacha. D'autres tentes avaient
été dressées autour de celle du prince pour les per-
sonnes de sa suite et les voyageurs qui s'étaient joints
à la caravane. 1
» Le prince ne prit que quelques instants de repos,
après cette longue route de Tell-el-Kebir à Ismaïlia.
Un déjeuner lui fut offert. Une même table réunit le prince,
sa suite, les ingénieurs de la Compagnie et différents
employés supérieurs. Votre très-humble correspondant
fut du nombre de ces privilégiés.
» Son Altesse Impériale ne se fit pas faute d'interroger
les ingénieurs et M. de Lesseps, s'informant, avec une
exactitude d'esprit remarquable, de tout, auprès de tous,
émettant ses idées, donnant ses avis. Elle voulait, en
effet, voir, examiner, juger et apprécier par elle-même,
se réservant sans doute de tout étudier avant de se
prononcer, de crainte d'avoir plus tard à regretter une
parole de critique ou de louange hasardée.
» L'après-midi fut consacrée au repos : c'est ici une
loi commune et il faut y obéir. Mais dès que la chaleur
fut à peu près tombée, le prince, accompagné de M. le
directeur général des travaux, visita et parcourut la
ville en tous sens. Son Altesse, tout en louant la dis-
position des maisons, l'ensemble des plans adoptés et
suivis, présenta quelques observations critiques, justes
du reste, mais elle admira surtout les jardins que les
beaucoup d'habileté et d'activité; elles méritent d'au-
tant plus d elog-es qu'en France, il, faut bien le dire,
les entreprises maritimes ne rencontrent pas toujours
de grandes sympathies, et n'ont pas souvent réussi.
La Compagnie des Messageries, par son excellente
organisation, par son administration supérieure, fait
le plus grand honneur à la France. J'adresse par-
ticulièrement mes éloges à son agent général en
Egypte.
» Les deux entreprises, enfin, ont un puissant et
noble mobile dont l'action ne m'a pas échappé, dans
mes rapports avec leurs représentants: c'est celui
d'un patriotisme élevé et éclairé, qui les a aidés à
surmonter tous les obstacles. A la santé des deux
Compagnies et de leurs présidents! »
« M. de Lesseps, au nom de M. Béhic et au sien, a
remercié en peu de mots le prince Napoléon; il a dit
que l'avenir prospère des deux Compagnies était révélé
par la présence et par les paroles de Son Altesse Im-
périale.
» M.Tastu, consul général de France, a porté ensuite
un toast au vice-roi d'Egypte, dont tous les actes pré-
disent un règne heureux pour le pays :
« N'oublions pas, dit-il, que les Compagnies de
Suez et des Messageries impériales lui doivent toutes
les facilités et les encouragements qui assurent leur
succès. »
« D'autres toasts ont été successivement portés : par le
commandant du Cambodge, à la Compagnie anglaise pé-
ninsulaire et orientale, la remerciant de son bienveil-
lant concours et des bonnes relations qui n'ont cessé
d'exister entre les deux entreprises, dont la rivalité
n'existe que pour chercher à se prêter une réciproque
assistance; par M. le commandant Fisquet, à l'admi-
nistration des chemins de fer égyptiens, dont il loua le
bon vouloir et l'impartiale sollicitude pour faciliter le
transit entre l'Europe et les Indes; enfin, par M. de Les-
seps, ù l'union des marines de guerre de la France et
de l'Angleterre, pour favoriser le commerce et les pro-
grès de la civilisation dans les mers orientales.
» La plupart des convives n'ont pu s'empêcher dépen-
ser que M. de Lesseps avait été bien généreux dans un
moment où la politique anglaise fait tant d'efforts pour
entraver l'œuvre du canal de Suez, Il est vrai qu'il
venait de parler de l'avenir; et puis, en présence des
officiers de la marine anglaise qui avaient applaudj
avec autant de chaleur que les Français aux paroles
du prince Napoléon, il était permis de séparer la véri-
table nation anglaise, si bien représentée par la loyauté
de ses marins, de l'égoïsme et de l'hypocrisie d'uue
politique isolée dans son propre pays.
» A 10 heures, le prince quittait le Cambodge aux
cris répétés de Vive l'Empereur ! Il allait visiter le pa-
quebot de la Compagnie péninsulaire en partance pour
l'Inde, et à 4 heures un train spécial le ramenait au
Caire.
» Dr AUBERT-ROCIIE. »
Correspondance particulière de t'tsthtne.
« Isinaïlia, 25 mai.
» Ainsi que je vous le disais dans ma dernière lettre
nous ne connaissions pas définitivement l'époque à la-
quelle S. A. I. le prince Napoléon viendrait visiter nos
travaux. Un jour le télégraphe nous annonçait que le
prince irait dans l'isthme avant de se rendre dans la
haute Egypte, et le lendemain, de plus récents avis
contredisaient les dépêches reçues; mais, le 18 de
ce mois, toute incertitude cessa, tous les doutes furent
levés. Son Altesse Impériale, partie du Caire le matin,
accompagnée de M. de Lesseps et d'une suite nom-
breuse, devait coucher le soir à Tell-el-Kebir et arriver
à Ismaïlia le lendemain 19, au matin.
» Je ne vous parlerai point du voyage du prince, du
Caire à Tell-el-Kebir: je ne pourrais que vous donner
des nouvelles de seconde main, et que d'autres corres-
pondants vous auront vraisemblablement transmises;
mais je vous parlerai, en témoin oculaire, des moindres
détails de l'excursion sur la ligne d'Ismaïlia à Suez.
» Donc, le 19 mai, à 10 heures du matin, tous les
employés de la Compagnie réunis pour cette circons-
tance, les ingénieurs à leur tète, attendaient au débar-
cadère d'Ismaïlia l'arrivée de l'illustre voyageur. Un
pavillon est bientôt signalé au loin, puis une voile, puis
deux, puis dix. Quelques instants après, le prince Na-
poléon, M. de Lesseps et toute la suite qui les accom-
pagnait, mettaient pied à terre. Escorté d'une foule
nombreuse composée d'Européens et d'Arabes, et pré-
cédé d'une musique indigène jouant des airs de fête, le
prince, ayant à ses côtés M. de Lesseps, se rendit à la
tente qui avait été envoyée pour lui par notre gracieux
souverain, S.A. Ismaïl-Pacha. D'autres tentes avaient
été dressées autour de celle du prince pour les per-
sonnes de sa suite et les voyageurs qui s'étaient joints
à la caravane. 1
» Le prince ne prit que quelques instants de repos,
après cette longue route de Tell-el-Kebir à Ismaïlia.
Un déjeuner lui fut offert. Une même table réunit le prince,
sa suite, les ingénieurs de la Compagnie et différents
employés supérieurs. Votre très-humble correspondant
fut du nombre de ces privilégiés.
» Son Altesse Impériale ne se fit pas faute d'interroger
les ingénieurs et M. de Lesseps, s'informant, avec une
exactitude d'esprit remarquable, de tout, auprès de tous,
émettant ses idées, donnant ses avis. Elle voulait, en
effet, voir, examiner, juger et apprécier par elle-même,
se réservant sans doute de tout étudier avant de se
prononcer, de crainte d'avoir plus tard à regretter une
parole de critique ou de louange hasardée.
» L'après-midi fut consacrée au repos : c'est ici une
loi commune et il faut y obéir. Mais dès que la chaleur
fut à peu près tombée, le prince, accompagné de M. le
directeur général des travaux, visita et parcourut la
ville en tous sens. Son Altesse, tout en louant la dis-
position des maisons, l'ensemble des plans adoptés et
suivis, présenta quelques observations critiques, justes
du reste, mais elle admira surtout les jardins que les
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