Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-06-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 juin 1863 15 juin 1863
Description : 1863/06/15 (A8,N168). 1863/06/15 (A8,N168).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203247q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
212 L'ISTHME DE SUEZ,
mençaient à lui faire exprimer sa satisfaction; mais
e lendemain, lorsqu'il se trouva au Seuil et qu'il navi-
gua dans la grande tranchée au fond de laquelle court
la Méditerranée: « C'est admirable! Quel
immense et beau travail ! )
» Le 19, à 4 heures du soir, après l'excursion sur
le canal maritime, on reprit la navigation du canal
d'eau douce vers Suez. On s'arrêta à la hauteur de Tous-
soum pour voir les travaux du percement du seuil du
Sérapéum. A 2 kilomètres de l'endroit où nous dé-
barquions, on voyait une ligne de montagnes qui n'é-
taient autre chose que les berges du canal maritime
sur lesquelles apparaissaient des points noirs : c'étaient
les terrassiers fellahs qui transportaient les déblais du
fond de la tranchée. Le prince monta à dromadaire et
l'on fit une véritable course jusqu'à la tranchée occupée
par dix mille travailleurs. Le prince, en voyant le canal
creusé là sur toute la largeur, ne put retenir ses excla-
mations. Sa conviction était faite. On se reposa à Tous-
soum des fatigues de la journée. La salle de l'hôpital
arabe étant vacante, fait curieux à noter dans un centre
de vingt mille travailleurs, servit de salle à manger à
Ismaïl-Bey, gouverneur égyptien de l'isthme. Les ingé-
nieurs et les principaux agents de la Compagnie furent
invités par le prince.
» Le 20, on était en route à 2 heures du matin
pour aller au canal d'eau douce reprendre les barque s
qui nous avaient amenés la veille. Nons avons ainsi
navigué jusqu'au trentième kilomètre, à partir de Né-
fiche. Plus loin, la tranchée est creusée jusqu'au qua-
rantième kilomètre; mais l'eau n'y est pas encore in-
troduite, et au delà dix mille ouvriers poursuivaient le
travail.
» Les voitures, les dromadaires et les chevaux nous
ont ensuite conduits à Dgebel-Geneffé, où nous atten-
daient un bon diner et un campement installé. A Dgeneffé,
le prince constata lui même la facilité d'extraction des
pierres destinées aux jetées des ports.
» Son Altesse admira le front étendu des magnifi-
ques carrières de la Compagnie contre lesquelles est
assis le campement.
» La caravane est partie le 22, au lever du soleil,
pour Suez. Vers midi le prince descendait ou plutôt
montait à la résilence du vice-roi, et accompagné par
tous les résidents français et italiens de Suez, par les
officiers de la marine impériale, des services mariti-
mes et des Messageries impériales. Les canons de la
ville et des bâtiments de guerre français saluèrent son
arrivée.
» Le prince accepta pour le lendemain, à bord du
Cambodge, superbe paquebot des Messageries impériales,
un banquet qui lui fut offert par M. Desgraz, agent gé-
néral de la Compagnie en Egypte.
» Le crayon de Barry, qui excelle surtout dans les
scènes de marine, retraçait la rade de Suez au moment
où le prince, après avoir visité la frégate impériale
l'Ilcrmione , se rend à bord du Cambodge.
» Les bâtiments anglais étaient pavoisés comme les
bâtiments français, et avaient leurs équipages sur les
vergues au passage du prince.
» Soixante invités appartenant à toutes les nations
et animés de la même pensée, celle du rapproche-
ment de l'Occident et de l'Orient, attendaient le prince
Napoléon sur le Cambodge. C'étaient les consuls des
puissances européennes à Suez, les gouverneurs et les
principaux fonctionnaires du vice-roi, les chefs de l'ad-
ministration des chemins de fer égyptiens, les délé-
gués de la Compagnie anglaise péninsulaire et orien-
tale, ceux de la Compagnie du canal de Suez, les ingé-
nieurs et conducteurs du bassin de carénage que le
vice-roi fait établir à ses frais à Suez, des représen-
tants de la marine britannique. Le prince eut des paro-
les bienveillantes et gracieuses pour tous. Il invita
chacun à prendre place au banquet préparé dans la
grande salle des voyageurs.
» Au dessert, M. Desgraz porta la santé du prince
Napoléon et de la princesse Marie-Clotilde. Après les
vivat de l'assemblée, et lorsque le silence fut rétabli,
le prince se leva. Avec cette éloquence et cet entrain
de la parole qu'on lui connaît, il prononça un discours
qui produisit une grande spnsation. Quelque attention
que nous ayons prêtée, notre mémoire ne nous permet
pas de le reproduire entièrement; mais nous cherche-
rons à en donner une analyse aussi exacte que possi-
ble ;
« Je porte la santé de l'Empereur, le soutien et le
protecteur constant de toutes les grandes entreprises
utiles à la France, ainsi qu'au progrès et au bien
général des peuples.
» J'aime à réunir à ce toast celui de deux entre-
prises qui ont toutes ses sympathies : A la Compagnie
universelle de l'isthme de Suez, à la Compagnie mari-
time des Messageries impériales!
» Le percement de l'isthme de Suez n'est plus un
projet. C'est un fait qui s'accomplit. J'ai vu et je suis
convaincu. De nombreux ouvriers, des machines
puissantes creusent le canal maritime. A quelques
lieues d'ici s'avance déjà le canal dérivé du Nil qui,
bientôt, apportera ses eaux bienfaisantes à Suez. Ce
grand travail m'a étonné et satisfait: je crois à une
prochaine réussite. Je ne l'ai pas seulement admiré
en lui-même, mais j'ai été frappé du dévouement et
de la foi qui animent les ingénieurs et les agents
d'une aussi vaste entreprise. Je suis heureux de fé-
liciter ici leur chef, M. de Lesseps, mon ancien ami.
Je ne le félicite pas seulement de ses efforts persé-
vérants, de ses succès, mais d'avoir su s'entourer
d'hommes d'élite par le talent et par le caractère,
capables de mener son œuvre à bonne fin, avec une
intelligence, un ensemble et un ordre qui se montrent
partout.
» A la Compagnie maritime des Messageries impd-
riales! Dans ma pensée, cette Compagnie et celle de
Suez se fortifient mutuellement et se complètent.
L'une ouvre la route, l'autre commence à lui créer
des intérêts. Les Messageries impériales ont déployé
mençaient à lui faire exprimer sa satisfaction; mais
e lendemain, lorsqu'il se trouva au Seuil et qu'il navi-
gua dans la grande tranchée au fond de laquelle court
la Méditerranée: « C'est admirable! Quel
immense et beau travail ! )
» Le 19, à 4 heures du soir, après l'excursion sur
le canal maritime, on reprit la navigation du canal
d'eau douce vers Suez. On s'arrêta à la hauteur de Tous-
soum pour voir les travaux du percement du seuil du
Sérapéum. A 2 kilomètres de l'endroit où nous dé-
barquions, on voyait une ligne de montagnes qui n'é-
taient autre chose que les berges du canal maritime
sur lesquelles apparaissaient des points noirs : c'étaient
les terrassiers fellahs qui transportaient les déblais du
fond de la tranchée. Le prince monta à dromadaire et
l'on fit une véritable course jusqu'à la tranchée occupée
par dix mille travailleurs. Le prince, en voyant le canal
creusé là sur toute la largeur, ne put retenir ses excla-
mations. Sa conviction était faite. On se reposa à Tous-
soum des fatigues de la journée. La salle de l'hôpital
arabe étant vacante, fait curieux à noter dans un centre
de vingt mille travailleurs, servit de salle à manger à
Ismaïl-Bey, gouverneur égyptien de l'isthme. Les ingé-
nieurs et les principaux agents de la Compagnie furent
invités par le prince.
» Le 20, on était en route à 2 heures du matin
pour aller au canal d'eau douce reprendre les barque s
qui nous avaient amenés la veille. Nons avons ainsi
navigué jusqu'au trentième kilomètre, à partir de Né-
fiche. Plus loin, la tranchée est creusée jusqu'au qua-
rantième kilomètre; mais l'eau n'y est pas encore in-
troduite, et au delà dix mille ouvriers poursuivaient le
travail.
» Les voitures, les dromadaires et les chevaux nous
ont ensuite conduits à Dgebel-Geneffé, où nous atten-
daient un bon diner et un campement installé. A Dgeneffé,
le prince constata lui même la facilité d'extraction des
pierres destinées aux jetées des ports.
» Son Altesse admira le front étendu des magnifi-
ques carrières de la Compagnie contre lesquelles est
assis le campement.
» La caravane est partie le 22, au lever du soleil,
pour Suez. Vers midi le prince descendait ou plutôt
montait à la résilence du vice-roi, et accompagné par
tous les résidents français et italiens de Suez, par les
officiers de la marine impériale, des services mariti-
mes et des Messageries impériales. Les canons de la
ville et des bâtiments de guerre français saluèrent son
arrivée.
» Le prince accepta pour le lendemain, à bord du
Cambodge, superbe paquebot des Messageries impériales,
un banquet qui lui fut offert par M. Desgraz, agent gé-
néral de la Compagnie en Egypte.
» Le crayon de Barry, qui excelle surtout dans les
scènes de marine, retraçait la rade de Suez au moment
où le prince, après avoir visité la frégate impériale
l'Ilcrmione , se rend à bord du Cambodge.
» Les bâtiments anglais étaient pavoisés comme les
bâtiments français, et avaient leurs équipages sur les
vergues au passage du prince.
» Soixante invités appartenant à toutes les nations
et animés de la même pensée, celle du rapproche-
ment de l'Occident et de l'Orient, attendaient le prince
Napoléon sur le Cambodge. C'étaient les consuls des
puissances européennes à Suez, les gouverneurs et les
principaux fonctionnaires du vice-roi, les chefs de l'ad-
ministration des chemins de fer égyptiens, les délé-
gués de la Compagnie anglaise péninsulaire et orien-
tale, ceux de la Compagnie du canal de Suez, les ingé-
nieurs et conducteurs du bassin de carénage que le
vice-roi fait établir à ses frais à Suez, des représen-
tants de la marine britannique. Le prince eut des paro-
les bienveillantes et gracieuses pour tous. Il invita
chacun à prendre place au banquet préparé dans la
grande salle des voyageurs.
» Au dessert, M. Desgraz porta la santé du prince
Napoléon et de la princesse Marie-Clotilde. Après les
vivat de l'assemblée, et lorsque le silence fut rétabli,
le prince se leva. Avec cette éloquence et cet entrain
de la parole qu'on lui connaît, il prononça un discours
qui produisit une grande spnsation. Quelque attention
que nous ayons prêtée, notre mémoire ne nous permet
pas de le reproduire entièrement; mais nous cherche-
rons à en donner une analyse aussi exacte que possi-
ble ;
« Je porte la santé de l'Empereur, le soutien et le
protecteur constant de toutes les grandes entreprises
utiles à la France, ainsi qu'au progrès et au bien
général des peuples.
» J'aime à réunir à ce toast celui de deux entre-
prises qui ont toutes ses sympathies : A la Compagnie
universelle de l'isthme de Suez, à la Compagnie mari-
time des Messageries impériales!
» Le percement de l'isthme de Suez n'est plus un
projet. C'est un fait qui s'accomplit. J'ai vu et je suis
convaincu. De nombreux ouvriers, des machines
puissantes creusent le canal maritime. A quelques
lieues d'ici s'avance déjà le canal dérivé du Nil qui,
bientôt, apportera ses eaux bienfaisantes à Suez. Ce
grand travail m'a étonné et satisfait: je crois à une
prochaine réussite. Je ne l'ai pas seulement admiré
en lui-même, mais j'ai été frappé du dévouement et
de la foi qui animent les ingénieurs et les agents
d'une aussi vaste entreprise. Je suis heureux de fé-
liciter ici leur chef, M. de Lesseps, mon ancien ami.
Je ne le félicite pas seulement de ses efforts persé-
vérants, de ses succès, mais d'avoir su s'entourer
d'hommes d'élite par le talent et par le caractère,
capables de mener son œuvre à bonne fin, avec une
intelligence, un ensemble et un ordre qui se montrent
partout.
» A la Compagnie maritime des Messageries impd-
riales! Dans ma pensée, cette Compagnie et celle de
Suez se fortifient mutuellement et se complètent.
L'une ouvre la route, l'autre commence à lui créer
des intérêts. Les Messageries impériales ont déployé
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