Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-06-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 juin 1863 15 juin 1863
Description : 1863/06/15 (A8,N168). 1863/06/15 (A8,N168).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203247q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
228 T/ISTHMR DE SUEZ,
de téndre à s'augmenter et à prendre du terrain sur le
désert, la culture rétrogradait et la civilisation dispa-
raissait. Témoin la belle propriété de l'Ouady, fondée
par Mehemet-Ali, et qui de 15,000 habitants avait vu
sa population réduite, à moins de 5,000 au moment où
la Compagnie l'acheta de ses deniers en 1861.
» La colonisation, qui doit être le résultat de l'irriga-
tion, a préoccupé la Compagnie, et c'est parce qu'elle
l'a faite et veut la faire dans un intérét tout égyptien,
qu'au lieu d'accepter des propositions d'étrangers,
même d'Anglais, demandant à louer ses terres, elle a
préféré les donner, avec faculté d'arrosage, à ces
mêmes Bédouins du désert qui sont la terreur de leurs
voisins les fellahs. Mais ces Bédouins, qui tous ont une
indépendance relative dans leur existence par tribus,
ne viendraient pas, nous osons l'affirmer, s'ils savaient
qu'ils sont exposés, par le fait qu'ils deviennent culti-
vateurs, aux avanies des gouverneurs turcs. La rede-
vance qu'ils paient est minime en commençant; la
Compagnie pense moins à augmenter ses bénéfices
tout de suite qu'à attacher au sol ces nomades et à
en faire des sujets fidèles et soumis au vice-roi, parce
qu'ils tiendront à la terre. Elle fait donc cesser cet état
de vagabondage, dans lequel ils vivaient depuis plu-
sieurs siècles.
» Le régime que la Compagnie a adopté dans les cen-
tres formés par ces nomades, est du reste le régime
égyptien appliqué avec justice : les cheiks, les cadis
y fonctionnent comme dans les autres villages de l'É-
gypte, et aucune espèce de pression ou d'influence
française ou étrangère ne s'y fait apercevoir.
- » En peut-on dire autant des propriétés anglaises en
Égypte, où, dès que la moindre usine, le moindre éta-
blissement britannique s'établit, et il s'en établit un
grand nombre sur les bords du Nil et dans les villages
pour le dégrainage du coton', on hisse un pavillon an-
glais, et l'on constitue ainsi une espèce de territoire
privilégié sur lequel nulle autorité ne peut s'exercer
librement que - celle du consul de Sa Majesté Britan-
nique.
» Les fêtes même, dans les centres de population agri-
cole de la Compagnie, sont exclusivement celles du
Coran , et ses agents ont ordre de ne s'immiscer en
rien dans les détails de ce service qui fonctionne
à part. Veut-on une preuve des heureux résultats
déjà obtenus? S. A. Ismaïl-Pacha, vice-roi, aujourd'hui
gouvernant, doit se rappeler que, pendant le courant
de l'été de 1862 (il était alors régent); une révolte de
Bédouins nomades éclatait dans l'ouest de l'Égypte, à
quelques lieues du Caire; une incursion de nomades
bédouins, les Matarabins, partis de Syrie, venait
jeter "le trouble dans le désert de l'Est, jusqu'aux envi-
rons du Caire. Que se passa-t-il alors? Pas un habi-
tant de tribus nomades du désert de l'Est, en contact
avec la Compagnie ou en rapport d'intérêt avec
elle, ne se joignit aux pillards venus du dehors ; et
ceux-ci durent se retirer en traversant de nouveau le
désert de Suez, pour rentrer en Syrie, où ils s'étaient
réunis au nombre de plus de mille, et d'où le gouver-
nement si fort du Grand Seigneur n'avait pu les empê-
cher de faire irruption en Égypte. Quant aux révoltés
de l'Ouest, il en fut tout autrement. Quelques bataillons,
une batterie, plusieurs escadrons furent obligés de les
poursuivre, de les soumettre et de les fusiller. S. A. le
vice-roi d'Egypte doit donc apprécier mieux que per-
sonne quelle est l'influence la plus favorable à sa puis-
sance, du régime de la Compagnie ou de celui qui
règne encore là où elle n'exerce aucune action.
» Le régime des Bédouins et des populations qui bor-
dent la frontière de l'empire turc depuis le fond du golfe
de Péluse, soitEl-Arich, jusqu'au mont Sinaï, bien loin
d'être un sujet d'inquiétude par le voisinage de colo-
nisation du canal, ne pourra qu'être amélioré par la
contagion du bon exemple. Cette contagion a été favo-
risée d'abord dans le désert de Suez par l'emploi au
service, comme chameliers de la Compagnie, des prin-
cipaux pillards de caravanes, et, successivement, ces
chameliers, attirant leurs compagnons, tendent à leur
tour à devenir cultivateurs. Un nom résumera tout.
Cheik Berith, le plus important des rôdeurs du désert,
si connu dans l'isthme de Suez, après avoir été chef de
caravanes de la Compagnie, demande aujourd'hui pour
lui et ses enfants des terres à cultiver.
» En lisant cette note turque, on est nécessairement
frappé de ses conclusions, qu'un observateur attentif de
la marche des empiétement anglais dans l'Inde peut
traduire hardiment ainsi :
« Nous ne croyions pas d'abord à la possibilité duca-
» nal de Suez, et nous avons laissé la Compagnie y
» risquer ses capitaux. Nos ingénieurs nous déclarent
» aujourd'hui l'entreprise possible. Nous espérons que
1 la Porte, d'accord avec nous, et par la complicité du
» gouvernement égyptien, dégoûtera, entravera et dé-
» sintéressera la Compagnie ; puis, reculant devant
» l'immensité du sacrifice, nous laissera fonder une
» compagnie nouvelle pour que nous ayons, nous An-
» glais, le passage de l'Egypte dans nos mains, ou
» bien que personne ne l'ait. »
» La note de la Porte se méprend grandement aussi
à propos du régime de la Compagnie du canal de Suez.
Cette Compagnie est égyptienne, le vice-roi en est le
principal actionnaire. Le vice-roi y a un commissaire
qui lui rend compte de tout ce qui se fait, qui assiste
ou doit assister à tous les conseils, et sur la surveillance
de qui on ne peut commettre, par conséquent, aucun
acte attentatoire à sa souveraineté. Que veut-on de
plus ! Est-ce parce que la jurisprudence française est
impliquée dans les statuts que l'on prétend que c'est
une compagnie française? Est ce parce que les action-
naires français sont en plus grand nombre? Mais la
Porte n'aurait pas voulu sans doute que, pour une as-
sociation de capitaux si importante, on se plaçât
sous la jurisprudence anglaise, si vague, si incertaine,
si dangereuse même, on le sait, en fait d'associations
commerciales. Est-ce que la souscription n'a pas été
ouverte à Londres comme à Paris, comme à Madrid,
comme à Constantinople?
» Une autre réflexion se présente. La Porte avoue
que l'entreprise peut être utile au commerce du monde :
de téndre à s'augmenter et à prendre du terrain sur le
désert, la culture rétrogradait et la civilisation dispa-
raissait. Témoin la belle propriété de l'Ouady, fondée
par Mehemet-Ali, et qui de 15,000 habitants avait vu
sa population réduite, à moins de 5,000 au moment où
la Compagnie l'acheta de ses deniers en 1861.
» La colonisation, qui doit être le résultat de l'irriga-
tion, a préoccupé la Compagnie, et c'est parce qu'elle
l'a faite et veut la faire dans un intérét tout égyptien,
qu'au lieu d'accepter des propositions d'étrangers,
même d'Anglais, demandant à louer ses terres, elle a
préféré les donner, avec faculté d'arrosage, à ces
mêmes Bédouins du désert qui sont la terreur de leurs
voisins les fellahs. Mais ces Bédouins, qui tous ont une
indépendance relative dans leur existence par tribus,
ne viendraient pas, nous osons l'affirmer, s'ils savaient
qu'ils sont exposés, par le fait qu'ils deviennent culti-
vateurs, aux avanies des gouverneurs turcs. La rede-
vance qu'ils paient est minime en commençant; la
Compagnie pense moins à augmenter ses bénéfices
tout de suite qu'à attacher au sol ces nomades et à
en faire des sujets fidèles et soumis au vice-roi, parce
qu'ils tiendront à la terre. Elle fait donc cesser cet état
de vagabondage, dans lequel ils vivaient depuis plu-
sieurs siècles.
» Le régime que la Compagnie a adopté dans les cen-
tres formés par ces nomades, est du reste le régime
égyptien appliqué avec justice : les cheiks, les cadis
y fonctionnent comme dans les autres villages de l'É-
gypte, et aucune espèce de pression ou d'influence
française ou étrangère ne s'y fait apercevoir.
- » En peut-on dire autant des propriétés anglaises en
Égypte, où, dès que la moindre usine, le moindre éta-
blissement britannique s'établit, et il s'en établit un
grand nombre sur les bords du Nil et dans les villages
pour le dégrainage du coton', on hisse un pavillon an-
glais, et l'on constitue ainsi une espèce de territoire
privilégié sur lequel nulle autorité ne peut s'exercer
librement que - celle du consul de Sa Majesté Britan-
nique.
» Les fêtes même, dans les centres de population agri-
cole de la Compagnie, sont exclusivement celles du
Coran , et ses agents ont ordre de ne s'immiscer en
rien dans les détails de ce service qui fonctionne
à part. Veut-on une preuve des heureux résultats
déjà obtenus? S. A. Ismaïl-Pacha, vice-roi, aujourd'hui
gouvernant, doit se rappeler que, pendant le courant
de l'été de 1862 (il était alors régent); une révolte de
Bédouins nomades éclatait dans l'ouest de l'Égypte, à
quelques lieues du Caire; une incursion de nomades
bédouins, les Matarabins, partis de Syrie, venait
jeter "le trouble dans le désert de l'Est, jusqu'aux envi-
rons du Caire. Que se passa-t-il alors? Pas un habi-
tant de tribus nomades du désert de l'Est, en contact
avec la Compagnie ou en rapport d'intérêt avec
elle, ne se joignit aux pillards venus du dehors ; et
ceux-ci durent se retirer en traversant de nouveau le
désert de Suez, pour rentrer en Syrie, où ils s'étaient
réunis au nombre de plus de mille, et d'où le gouver-
nement si fort du Grand Seigneur n'avait pu les empê-
cher de faire irruption en Égypte. Quant aux révoltés
de l'Ouest, il en fut tout autrement. Quelques bataillons,
une batterie, plusieurs escadrons furent obligés de les
poursuivre, de les soumettre et de les fusiller. S. A. le
vice-roi d'Egypte doit donc apprécier mieux que per-
sonne quelle est l'influence la plus favorable à sa puis-
sance, du régime de la Compagnie ou de celui qui
règne encore là où elle n'exerce aucune action.
» Le régime des Bédouins et des populations qui bor-
dent la frontière de l'empire turc depuis le fond du golfe
de Péluse, soitEl-Arich, jusqu'au mont Sinaï, bien loin
d'être un sujet d'inquiétude par le voisinage de colo-
nisation du canal, ne pourra qu'être amélioré par la
contagion du bon exemple. Cette contagion a été favo-
risée d'abord dans le désert de Suez par l'emploi au
service, comme chameliers de la Compagnie, des prin-
cipaux pillards de caravanes, et, successivement, ces
chameliers, attirant leurs compagnons, tendent à leur
tour à devenir cultivateurs. Un nom résumera tout.
Cheik Berith, le plus important des rôdeurs du désert,
si connu dans l'isthme de Suez, après avoir été chef de
caravanes de la Compagnie, demande aujourd'hui pour
lui et ses enfants des terres à cultiver.
» En lisant cette note turque, on est nécessairement
frappé de ses conclusions, qu'un observateur attentif de
la marche des empiétement anglais dans l'Inde peut
traduire hardiment ainsi :
« Nous ne croyions pas d'abord à la possibilité duca-
» nal de Suez, et nous avons laissé la Compagnie y
» risquer ses capitaux. Nos ingénieurs nous déclarent
» aujourd'hui l'entreprise possible. Nous espérons que
1 la Porte, d'accord avec nous, et par la complicité du
» gouvernement égyptien, dégoûtera, entravera et dé-
» sintéressera la Compagnie ; puis, reculant devant
» l'immensité du sacrifice, nous laissera fonder une
» compagnie nouvelle pour que nous ayons, nous An-
» glais, le passage de l'Egypte dans nos mains, ou
» bien que personne ne l'ait. »
» La note de la Porte se méprend grandement aussi
à propos du régime de la Compagnie du canal de Suez.
Cette Compagnie est égyptienne, le vice-roi en est le
principal actionnaire. Le vice-roi y a un commissaire
qui lui rend compte de tout ce qui se fait, qui assiste
ou doit assister à tous les conseils, et sur la surveillance
de qui on ne peut commettre, par conséquent, aucun
acte attentatoire à sa souveraineté. Que veut-on de
plus ! Est-ce parce que la jurisprudence française est
impliquée dans les statuts que l'on prétend que c'est
une compagnie française? Est ce parce que les action-
naires français sont en plus grand nombre? Mais la
Porte n'aurait pas voulu sans doute que, pour une as-
sociation de capitaux si importante, on se plaçât
sous la jurisprudence anglaise, si vague, si incertaine,
si dangereuse même, on le sait, en fait d'associations
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