Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-06-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 juin 1863 15 juin 1863
Description : 1863/06/15 (A8,N168). 1863/06/15 (A8,N168).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203247q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
226 L'ISTHME DE SUEZ,
» Timsah et de Port-Saïd, ainsi que toute la frontière de
» la Syrie, passer dans les mains d'une Compagnie ano-
» nyme, composée en grande partie d'étrangers soumis
» aux juridictions et aux autorités de leurs pays respec-
« tifs; ce qui fournirait à cette Compagnie le moyen de
» créer sur le territoire de l'empire ottoman des colonies
» à peu près indépendantes. La Compagnie ne peut
revendiquer sur les bâtiments qu'elle a construits, sur
les terrains qu'elle a mis en culture, que Ici droits qui
résultent naturellement de son titre, c'est-à-dire des
droits purement privés, de la même nature que ceux
dont jouissent tous les Européens établis dans les dif-
férentes parties de l'empire.
D Les étrangers qui s'établiront dans les villes nou-
ve!les de Timsah et de Port-Saïd, fondées par la Com-
pagnie, ne formeront pas plus des colonies indépen-
dantes de l'autorité locale que ceux qui sont déjà réunis
en bien plus grand nombre à Alexandrie. La Compa-
gnie qui s'est organisée pour le percement de l'isthme
est une Compagnie industrielle ; c'est là sa raison d'ê-
tre, son caractère et sa loi. Les actionnaires qui ont
pris part à la souscription ouverte par M. de Lesseps,
en donnant un gage de confiance et de sympathie à
cette grande entreprise , n'ont pas voulu faire une ma-
nifestation purement platonique ; ils ont voulu faire
une spéculation commerciale ; ils ont entendu tirer de
leurs capitaux un bénéfice légitime, et ils ont stipulé,
dans la mesure de leurs droits, les conditions aux-
quelles ils ont donné leur argent. Il n'y a donc ni rai-
son ni justice à leur contester le surcroît de garantie
qu'ils ont cherché dans la combinaison qui leur offre,
outre les revenus ordinaires du canal maritime, les re-
venus des terrains concédés à la Compagnie, défrichés
et fécondés à ses frais et par ses soins. Si c'est là ce
que l'on appelle empiétement, conquête, c'est la con-
quête et l'empiétement sur les sables du désert. L'es-
sentiel, pour l'empire ottoman, c'est que ses propres
intérêts ne soient ni lésés ni compromis par cette opé-
ration commerciale, c'est que ses droits souverains
soient réservés et préservés, et c'est ce que nous
croyons avoir établi jusqu'à l'évidence.
» Mais il y a quelque chose de plus étrange que les
griefs exposés dans la dépêche ottomane, c'est la som-
mation, c'est l'ultimatum qui la termine. On s'adresse à
la Compagnie, et dans un langage dont la forme tor-
tueuse et apprêtée n'a pourtant rien d'équivoque, on
lui dit hardiment : Ou renoncez aux deux clauses
qui sont vos garanties et qui nous déplaisent, auquel
cas nous vous laisserons poursuivre et achever votre
ouvrage, ou, si vous ne vous rendez pas sur ce point,
allez-vous-en, pliez bagage et videz les lieux; ce sera
nous qui continuerons et qui achèverons votre ouvrage,
en vous remboursant de vos frais et dépens jusqu'à
due concurrence. Telle est « la nouvelle preuve de
» bonne volonté D que le gouvernement turc prétend
donner aux intérêts engagés dans cette entreprise dont
il assure qu'il ne veut pas empêcher l'accomplissement,
car il reconnaît qu'elle est d'une utilité générale, et il
est bon de constater que sur ce point la diplomatie
turque est plus avancée que la diplomatie anglaise.
Mais à l'œuvre on reconnaît l'ouvrier, et il n'y a pas
moyen de se méprendre sur la main qui a dressé la
batterie que l'on a demasquée le 6 avril ; c'est, à ce
qu'il paraît, la date officielle de la dépêche qui a été
publiée sans date, et la date est digne d'attention, car
il en résulte que ce document, au lieu d'être postérieur,
comme on avait pu le supposer, serait antérieur au
voyage que le sultan vient do faire en Égypte où il
est débarqué le 7 avril.
» On n'attend pas de nous que nous discutions sérieu-
sement les conditions de ce prospectus dérisoire et
fantastique. La Turquie est et sera toujours la Turquie;
elle nous avait déjà prouvé, par sa conduite envers les
chrétiens d'Orient, de quelle manière elle entend, de
quelle manière elle remplit ses engagements les plus
solennels. Elle vient de nous prouver, par la dépêche
du 6 avril, de quelle façon elle comprend, de quelle fa-
çon elle maintient son indépendance, cette indépen-
dance qu'elle revendiquait il y a dix ans contre la
Russie, et que la France a payée de son sang pour la
voir aujourd'hui livrée en pâture à l'égoïsme de l'An-
gleterre.
» C'est ainsi que la Turquie acquitte la dette de cœur
et de reconnaissance qu'elle a contractée il y a dix ans
envers la France ! C'est ainsi qu'elle reconnaît le service
que les capitalistes français viennent de lui rendre, en
souscrivant son emprunt de 150 millions! L'épreuve est
complète ; elle doit nous suffire, elle nous suffira. Mais
quand nous serions mieux édifiés sur la bonne foi, la
droiture et la dignité de la politique ottomane, quand
ses promesses de 1863 seraient plus sûres et plus sin-
cères que celles de 1856, à qui aurions-nous besoin de
rappeler que la situation financière de la Turquie la
mettrait dans l'impossibilité de remplir le double en-
gagement compris dans ce programme, celui de prendre
à son compte et à celui du gouvernement égyptien la
poursuite et l'achèvement des travaux commencés dans
l'isthme, et celui de rembourser à la Compagnie les
50 millions qu'elle a déjà dépensés?
» Ce serait sur un gouvernement dont le trésor est
vide et le crédit ruiné, ce serait sur un gouvernement
qui ne pourrait pas lui-même exécuter le moindre tron-
çon de chemin de fer sur son territoire que l'Europe de-
vrait compter pour aiener à fin une œuvre comme le
canal de Suez, une œuvre qui l'intéresse au premier
chef et qui doit coûter 200 millions 1 Le bon billet
qu'aurait l'Europe, et quel tort elle aurait de le refuser!
» Quant à la Compagnie, elle n'est pas encore expro-
priée; et, pour se rassurer, si elle en a besoin, elle n'a
qu'à se rappeler ce qu'elle est, d'où elle procède, ce
qu'elle représente. Elle doit sentir que ce coup d'Etat
ténébreux ne l'atteint pas, puisqu'il porte plus haut
qu'elle. Si l'intrigue dont la dépêche du 6 avril est la
victoire éphémère devait triompher définitivement, ce
n'est pas la Compagnie, c'est l'influence française qui
serait vaincue en Orient. Ce n'est pas Aali-Pacha qui
triompherait de M. de Lesseps, c'est sir Henry Bulwer.
Le gouvernement de l'Empereur, qui met sa sollicitude
et son honneur à protéger les intérêts français en Chine,
» Timsah et de Port-Saïd, ainsi que toute la frontière de
» la Syrie, passer dans les mains d'une Compagnie ano-
» nyme, composée en grande partie d'étrangers soumis
» aux juridictions et aux autorités de leurs pays respec-
« tifs; ce qui fournirait à cette Compagnie le moyen de
» créer sur le territoire de l'empire ottoman des colonies
» à peu près indépendantes. La Compagnie ne peut
revendiquer sur les bâtiments qu'elle a construits, sur
les terrains qu'elle a mis en culture, que Ici droits qui
résultent naturellement de son titre, c'est-à-dire des
droits purement privés, de la même nature que ceux
dont jouissent tous les Européens établis dans les dif-
férentes parties de l'empire.
D Les étrangers qui s'établiront dans les villes nou-
ve!les de Timsah et de Port-Saïd, fondées par la Com-
pagnie, ne formeront pas plus des colonies indépen-
dantes de l'autorité locale que ceux qui sont déjà réunis
en bien plus grand nombre à Alexandrie. La Compa-
gnie qui s'est organisée pour le percement de l'isthme
est une Compagnie industrielle ; c'est là sa raison d'ê-
tre, son caractère et sa loi. Les actionnaires qui ont
pris part à la souscription ouverte par M. de Lesseps,
en donnant un gage de confiance et de sympathie à
cette grande entreprise , n'ont pas voulu faire une ma-
nifestation purement platonique ; ils ont voulu faire
une spéculation commerciale ; ils ont entendu tirer de
leurs capitaux un bénéfice légitime, et ils ont stipulé,
dans la mesure de leurs droits, les conditions aux-
quelles ils ont donné leur argent. Il n'y a donc ni rai-
son ni justice à leur contester le surcroît de garantie
qu'ils ont cherché dans la combinaison qui leur offre,
outre les revenus ordinaires du canal maritime, les re-
venus des terrains concédés à la Compagnie, défrichés
et fécondés à ses frais et par ses soins. Si c'est là ce
que l'on appelle empiétement, conquête, c'est la con-
quête et l'empiétement sur les sables du désert. L'es-
sentiel, pour l'empire ottoman, c'est que ses propres
intérêts ne soient ni lésés ni compromis par cette opé-
ration commerciale, c'est que ses droits souverains
soient réservés et préservés, et c'est ce que nous
croyons avoir établi jusqu'à l'évidence.
» Mais il y a quelque chose de plus étrange que les
griefs exposés dans la dépêche ottomane, c'est la som-
mation, c'est l'ultimatum qui la termine. On s'adresse à
la Compagnie, et dans un langage dont la forme tor-
tueuse et apprêtée n'a pourtant rien d'équivoque, on
lui dit hardiment : Ou renoncez aux deux clauses
qui sont vos garanties et qui nous déplaisent, auquel
cas nous vous laisserons poursuivre et achever votre
ouvrage, ou, si vous ne vous rendez pas sur ce point,
allez-vous-en, pliez bagage et videz les lieux; ce sera
nous qui continuerons et qui achèverons votre ouvrage,
en vous remboursant de vos frais et dépens jusqu'à
due concurrence. Telle est « la nouvelle preuve de
» bonne volonté D que le gouvernement turc prétend
donner aux intérêts engagés dans cette entreprise dont
il assure qu'il ne veut pas empêcher l'accomplissement,
car il reconnaît qu'elle est d'une utilité générale, et il
est bon de constater que sur ce point la diplomatie
turque est plus avancée que la diplomatie anglaise.
Mais à l'œuvre on reconnaît l'ouvrier, et il n'y a pas
moyen de se méprendre sur la main qui a dressé la
batterie que l'on a demasquée le 6 avril ; c'est, à ce
qu'il paraît, la date officielle de la dépêche qui a été
publiée sans date, et la date est digne d'attention, car
il en résulte que ce document, au lieu d'être postérieur,
comme on avait pu le supposer, serait antérieur au
voyage que le sultan vient do faire en Égypte où il
est débarqué le 7 avril.
» On n'attend pas de nous que nous discutions sérieu-
sement les conditions de ce prospectus dérisoire et
fantastique. La Turquie est et sera toujours la Turquie;
elle nous avait déjà prouvé, par sa conduite envers les
chrétiens d'Orient, de quelle manière elle entend, de
quelle manière elle remplit ses engagements les plus
solennels. Elle vient de nous prouver, par la dépêche
du 6 avril, de quelle façon elle comprend, de quelle fa-
çon elle maintient son indépendance, cette indépen-
dance qu'elle revendiquait il y a dix ans contre la
Russie, et que la France a payée de son sang pour la
voir aujourd'hui livrée en pâture à l'égoïsme de l'An-
gleterre.
» C'est ainsi que la Turquie acquitte la dette de cœur
et de reconnaissance qu'elle a contractée il y a dix ans
envers la France ! C'est ainsi qu'elle reconnaît le service
que les capitalistes français viennent de lui rendre, en
souscrivant son emprunt de 150 millions! L'épreuve est
complète ; elle doit nous suffire, elle nous suffira. Mais
quand nous serions mieux édifiés sur la bonne foi, la
droiture et la dignité de la politique ottomane, quand
ses promesses de 1863 seraient plus sûres et plus sin-
cères que celles de 1856, à qui aurions-nous besoin de
rappeler que la situation financière de la Turquie la
mettrait dans l'impossibilité de remplir le double en-
gagement compris dans ce programme, celui de prendre
à son compte et à celui du gouvernement égyptien la
poursuite et l'achèvement des travaux commencés dans
l'isthme, et celui de rembourser à la Compagnie les
50 millions qu'elle a déjà dépensés?
» Ce serait sur un gouvernement dont le trésor est
vide et le crédit ruiné, ce serait sur un gouvernement
qui ne pourrait pas lui-même exécuter le moindre tron-
çon de chemin de fer sur son territoire que l'Europe de-
vrait compter pour aiener à fin une œuvre comme le
canal de Suez, une œuvre qui l'intéresse au premier
chef et qui doit coûter 200 millions 1 Le bon billet
qu'aurait l'Europe, et quel tort elle aurait de le refuser!
» Quant à la Compagnie, elle n'est pas encore expro-
priée; et, pour se rassurer, si elle en a besoin, elle n'a
qu'à se rappeler ce qu'elle est, d'où elle procède, ce
qu'elle représente. Elle doit sentir que ce coup d'Etat
ténébreux ne l'atteint pas, puisqu'il porte plus haut
qu'elle. Si l'intrigue dont la dépêche du 6 avril est la
victoire éphémère devait triompher définitivement, ce
n'est pas la Compagnie, c'est l'influence française qui
serait vaincue en Orient. Ce n'est pas Aali-Pacha qui
triompherait de M. de Lesseps, c'est sir Henry Bulwer.
Le gouvernement de l'Empereur, qui met sa sollicitude
et son honneur à protéger les intérêts français en Chine,
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