Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-06-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 juin 1863 01 juin 1863
Description : 1863/06/01 (A8,N167). 1863/06/01 (A8,N167).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032469
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 205
fense sur le gouvernement de lord] Palmerston. En-
core ici nous sommes forcé de faire un choix. Parmi
toutes nos lettres, nous nous bornerons à en publier
quatre qui, par des voix compétentes, nous aideront
à faire connaître le sentiment qui se retrouve par-
tout à propos de cette campagne turco-anglaise.
E. D.
M. DE MALHERBE, COMMANDANT D'INFANTERIE EN RETRAITE,
AU RÉDACTEUR DE i? Isthme de Suez.
« Selongey (Côte-d'Or), 20 mai 1863.
» Monsieur,
» Un mois s'est écoulé depuis ma précédente lettre,
à laquelle vous avez bien voulu faire l'insigne honneur
de l'insertion. Depuis, a paru l'inqualifiable note de la
Turquie, dont la teneur, loin d'ébranler ma conviction
dans l'avenir de l'entreprise et ma confiance dans son
illustre fondateur, les a bien plutôt consolidées. Je
n'ai pu cependant maîtriser et refouler en mon âme
le tlot d'indignation que tout militaire français sent
bouillonner en lui, quand une nation égoïste vient in-
sulter son drapeau ! Attaquer le drapeau pacifique du
travail et du génie de la France, c'est s'attaquer à son
honneur. Tous, nous en sommes solidaires 1 Plus une
œuvre est grande et féconde en résultats matériels
moraux et religieux, plus chez certains gouvernements
comme chez certains individus, elle soulève de haine
et d'envie , et plus aussi ils cherchent à y mettre d'en-
traves! Ils semblent gnorer qu'il existe au-dessus
d'eux un pouvoir tenant en sa main les destinées des
nations ! pouvoir avec lequel ils sont tôt ou tard obli-
gés de compter. A une grande époque de notre his-
toire, le peuple français en masse criait : Dieu le veut!.
et courait délivrer les lieux saints du joug musulman.
Aujourd'hui, fort de l'opinion publique de l'Europe, il
criera, par toutes les voix de ses représentants les plus
élevés en hiérarchie, comme par celles de ses plus
humbles prolétaires : Dieu le veut!
» Oui, monsieur le rédacteur, la grande civilisation
chrétienne, sur les ailes de la vapeur et de l'électri-
cité, prendra la route de Suez 1 Les eaux douces de
ses divines vérités abreuveront les Égyptiens, ces an-
ciens peuples scientifiques, et couleront ensuite dans
les entrailles de toutes les nations du globe les plus
éloignées! Elles fertiliseront partout les cœurs et les
esprits. Les efforts d'un infernal gouvernement seront
vains sur elles ! Dieu le veut.
» Dans mon humble sphère, je ne puis qu'assister
arme au bras à rotte lutte, et qu'applaudir à tous les
nobles et chaleureux sentiments exprimés par tant de
cœurs généreux et désintéressés ! L'Empereur et son
gouvernement ont, jusqu'à présent, tenu si haut et si
ferme le drapeau de la France, qu'ils ne l'inclineront
certainement pas en cette circonstance, et que nous ne
pouvons tarder à en avoir une preuve éclatante ! L'An-
gleterre, mieux que toute autre puissance, doit savoir
par quelle puissance suprême ce drapeau a été au-
trefois soutenu. Aujourd'hui, plus de Jeanne d'Arc à
immoler ; mais cette^gigantesque œuvre des temps mo-
dernes, qui personnifie et matérialise le génie de cette
France rivale, elle veut l'anéantir, ou la confisquer.
Heureusement qu'en regard de cette bassesse, au fond
de cet Orient d'où nous vient la lumière, nous voyons
un homme de génie qui, sans préjugés de secte, sait
apprécier la France et ses philosophes chrétiens, et
qui, de Damas, où il s'est retiré, a coopéré au perce-
ment de l'isthme, en en comprenant toute la gran-
deur morale!. Si un Abd-el-Kader régnait à Constan-
tinople 1
» Enfin, suivant les différents siècles, la divine Pro-
vidence a approprié les moyens pour atteindre son but,
c'est-à-dire le bien, et lui faire porter ses fruits. Quant
au mal, il renferme en lui le venin qui doit le faire
avorter, et tous les obstacles s'aplanissent quand Dieu
le veut!.
» Veuillez agréer, monsieur le rédacteur, tous mes
remercîments des instructions que vous avez eu la
bonté de m'adresser, pour me faire représenter à l'as-
semblée générale du 15 juillet prochain. J'y porte un
tel intérêt moral, que j'espère pouvoir m'y rendre, et
joindre ma faible voix aux acclamations dont M. de Les-
seps y sera certainement l'objet. Si mon désir ne pou-
vait se réaliser , j'aurais l'honneur de vous expédier
mon bulletin et mes actions en temps convenable, pour
en faire l'usage qu'il vous conviendrait.
» En attendant, je suis, avec la plus vive reconnais-
sance, monsieur le rédacteur, votre tout dévoué
* DE MALHERBE,
» Commandant en retraite. »
M. DE GRAY, ANCIEN OFFICIER SUPÉRIEUR DE CAVALERIE.
Au rédacteur.
« Nancy, le 22 mai 1863.
» Monsieur le rédacteur,
» Je ne veux rien ajouter aux observations des hommes
éminents qui ont jugé la note du ministre turc; je n'au-
rais rien à ajouter non plus au rôle que vous remplissez
si noblement et si habilement en veillant aux intérêts
de l'isthme de Suez : je veux seulement revenir sur ce
que je vous ai déjà dit dans la lettre que je vous ai
écrite le 6 décembre 1861, à savoir qu'il est absolument
inutile de raisonner avec la diplomatie anglaise: il n'y
a de sa part ni bonne foi ni loyauté. (M. Palmerston
n'a-t-il pas engagé M. Stephenson à mentir, en assurant
que le canal n'était pas possible ?) Il est obligé aujour-
d'hui de s'incliner devant l'évidence : actuellement, il
met en avant le ministre Aali comme un boute-en-train.
La note de ce ministre m'a fait frémir de colère; il est
impossible d'être plus inepte ou plus astucieux, il est
impossible que cette note, qui émane de l'influence de
M. Palmerston, soit plus audacieuse.
» Lord Palmerston est l'homme le plus arriéré de son
siècle, et il accumule toutes les haines de l'Europe contre
l'Angleterre par son arrogance et ses intrigues. Il n'a pas
perdu une occasion de menacer la France (en rhéteur et
non en homme d'Etat) de ses canons, de ses volontaires
et de ses flottes sans prétextes ; quand nous avons été
fense sur le gouvernement de lord] Palmerston. En-
core ici nous sommes forcé de faire un choix. Parmi
toutes nos lettres, nous nous bornerons à en publier
quatre qui, par des voix compétentes, nous aideront
à faire connaître le sentiment qui se retrouve par-
tout à propos de cette campagne turco-anglaise.
E. D.
M. DE MALHERBE, COMMANDANT D'INFANTERIE EN RETRAITE,
AU RÉDACTEUR DE i? Isthme de Suez.
« Selongey (Côte-d'Or), 20 mai 1863.
» Monsieur,
» Un mois s'est écoulé depuis ma précédente lettre,
à laquelle vous avez bien voulu faire l'insigne honneur
de l'insertion. Depuis, a paru l'inqualifiable note de la
Turquie, dont la teneur, loin d'ébranler ma conviction
dans l'avenir de l'entreprise et ma confiance dans son
illustre fondateur, les a bien plutôt consolidées. Je
n'ai pu cependant maîtriser et refouler en mon âme
le tlot d'indignation que tout militaire français sent
bouillonner en lui, quand une nation égoïste vient in-
sulter son drapeau ! Attaquer le drapeau pacifique du
travail et du génie de la France, c'est s'attaquer à son
honneur. Tous, nous en sommes solidaires 1 Plus une
œuvre est grande et féconde en résultats matériels
moraux et religieux, plus chez certains gouvernements
comme chez certains individus, elle soulève de haine
et d'envie , et plus aussi ils cherchent à y mettre d'en-
traves! Ils semblent gnorer qu'il existe au-dessus
d'eux un pouvoir tenant en sa main les destinées des
nations ! pouvoir avec lequel ils sont tôt ou tard obli-
gés de compter. A une grande époque de notre his-
toire, le peuple français en masse criait : Dieu le veut!.
et courait délivrer les lieux saints du joug musulman.
Aujourd'hui, fort de l'opinion publique de l'Europe, il
criera, par toutes les voix de ses représentants les plus
élevés en hiérarchie, comme par celles de ses plus
humbles prolétaires : Dieu le veut!
» Oui, monsieur le rédacteur, la grande civilisation
chrétienne, sur les ailes de la vapeur et de l'électri-
cité, prendra la route de Suez 1 Les eaux douces de
ses divines vérités abreuveront les Égyptiens, ces an-
ciens peuples scientifiques, et couleront ensuite dans
les entrailles de toutes les nations du globe les plus
éloignées! Elles fertiliseront partout les cœurs et les
esprits. Les efforts d'un infernal gouvernement seront
vains sur elles ! Dieu le veut.
» Dans mon humble sphère, je ne puis qu'assister
arme au bras à rotte lutte, et qu'applaudir à tous les
nobles et chaleureux sentiments exprimés par tant de
cœurs généreux et désintéressés ! L'Empereur et son
gouvernement ont, jusqu'à présent, tenu si haut et si
ferme le drapeau de la France, qu'ils ne l'inclineront
certainement pas en cette circonstance, et que nous ne
pouvons tarder à en avoir une preuve éclatante ! L'An-
gleterre, mieux que toute autre puissance, doit savoir
par quelle puissance suprême ce drapeau a été au-
trefois soutenu. Aujourd'hui, plus de Jeanne d'Arc à
immoler ; mais cette^gigantesque œuvre des temps mo-
dernes, qui personnifie et matérialise le génie de cette
France rivale, elle veut l'anéantir, ou la confisquer.
Heureusement qu'en regard de cette bassesse, au fond
de cet Orient d'où nous vient la lumière, nous voyons
un homme de génie qui, sans préjugés de secte, sait
apprécier la France et ses philosophes chrétiens, et
qui, de Damas, où il s'est retiré, a coopéré au perce-
ment de l'isthme, en en comprenant toute la gran-
deur morale!. Si un Abd-el-Kader régnait à Constan-
tinople 1
» Enfin, suivant les différents siècles, la divine Pro-
vidence a approprié les moyens pour atteindre son but,
c'est-à-dire le bien, et lui faire porter ses fruits. Quant
au mal, il renferme en lui le venin qui doit le faire
avorter, et tous les obstacles s'aplanissent quand Dieu
le veut!.
» Veuillez agréer, monsieur le rédacteur, tous mes
remercîments des instructions que vous avez eu la
bonté de m'adresser, pour me faire représenter à l'as-
semblée générale du 15 juillet prochain. J'y porte un
tel intérêt moral, que j'espère pouvoir m'y rendre, et
joindre ma faible voix aux acclamations dont M. de Les-
seps y sera certainement l'objet. Si mon désir ne pou-
vait se réaliser , j'aurais l'honneur de vous expédier
mon bulletin et mes actions en temps convenable, pour
en faire l'usage qu'il vous conviendrait.
» En attendant, je suis, avec la plus vive reconnais-
sance, monsieur le rédacteur, votre tout dévoué
* DE MALHERBE,
» Commandant en retraite. »
M. DE GRAY, ANCIEN OFFICIER SUPÉRIEUR DE CAVALERIE.
Au rédacteur.
« Nancy, le 22 mai 1863.
» Monsieur le rédacteur,
» Je ne veux rien ajouter aux observations des hommes
éminents qui ont jugé la note du ministre turc; je n'au-
rais rien à ajouter non plus au rôle que vous remplissez
si noblement et si habilement en veillant aux intérêts
de l'isthme de Suez : je veux seulement revenir sur ce
que je vous ai déjà dit dans la lettre que je vous ai
écrite le 6 décembre 1861, à savoir qu'il est absolument
inutile de raisonner avec la diplomatie anglaise: il n'y
a de sa part ni bonne foi ni loyauté. (M. Palmerston
n'a-t-il pas engagé M. Stephenson à mentir, en assurant
que le canal n'était pas possible ?) Il est obligé aujour-
d'hui de s'incliner devant l'évidence : actuellement, il
met en avant le ministre Aali comme un boute-en-train.
La note de ce ministre m'a fait frémir de colère; il est
impossible d'être plus inepte ou plus astucieux, il est
impossible que cette note, qui émane de l'influence de
M. Palmerston, soit plus audacieuse.
» Lord Palmerston est l'homme le plus arriéré de son
siècle, et il accumule toutes les haines de l'Europe contre
l'Angleterre par son arrogance et ses intrigues. Il n'a pas
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