Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-05-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 mai 1863 15 mai 1863
Description : 1863/05/15 (A8,N166). 1863/05/15 (A8,N166).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203245w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS.
169
Sur une population de 12,000 Européens au plus, il n'a
été soigné à la maison de santé que quatre-vingt-
quinze individus, et trente individus seulement sur une
population arabe d'environ 25.000, En général, les
soins se donnent à domicile. On a la consultation, et
chacun en use largement.
Un des deux médecins demeure près des chantiers.
Les travaux principaux, exécutés dans la circons-
cription de Port-Saïd, ont été le creusement du port et
du bassin de l'arsenal, les remblais pour rehausser le
sol de la ville, l'établissement d'un îlot en mer, à 1,500
mètres du rivage, les travaux dans les ateliers et sur
les dragues, l'endiguement et le creusement du canal
maritime, soit par les hommes, soit par les dragues.
Les mouvements de terres n'ont donné lieu à aucune
maladie particulière; quelques fièvres intermittentes
simples se sont manifestées çà et là, le plus souvent
sur des individus qui déjà les avaient contractées dans
d'autres localités. On peut affirmer que ces travaux
n'ont eu aucune action sur la santé, et que les dra-
gueurs, terrassiers, remblayeurs et les gens qui les
entouraient se sont tous très-bien portés.
Les médecins de Port-Saïd ont remarqué qu'à mesure
que l'on apportait, soit des sables du rivages, soit des
terres extraites par les dragues, afin d'exhausser le
sol, les affections thorachiques et rhumatismales, ainsi
que les diarrhées, diminuaient et avaient moins d'in-
tensité. Ils ont constaté le même jour, à la même
heure et dans la même exposition, que dans les lieux
remblayés, il y avait une différence hygrométrique de
12 à 14 degrés en moins que sur les terrains non rem-
blayés.
Quant aux maladies qui ont pu résulter des autres
travaux, elles ont été à peu près nulles, à peine quel-
ques accidents. Au reste, il suffit de voir l'installation
des ateliers et des divers travaux pour comprendre
qu'avec un climat comme celui de Port-Saïd, la bonne
santé doit être la règle.
La mortalité chez les travailleurs européens a été de
1.40 pour 100. En France, elle est de 1.94 pour 100 dans
les meilleures conditions.
Ce chiffre peu élevé de la mortalité nous a étonnés,
surtout en présence des nombreuses affections de toute
nature qui ont frappé la population grecque. A ce su-
jet, il s'est produit un fait qui mérite d'être noté. Cette
population, venue de divers points, s'est établie dans
un village qu'elle avait construit de l'autre côté de la
jetée, malgré les réclamations des médecins. Entassée
dans des chambres étroites, au milieu de hardes et de
débris de toute sorte, cette population se trouvait dans
des conditions déplorables d'insalubrité, et se nourris-
sant mal, elle a fourni le plus grand nombre de ma-
lades.
Aujourd'hui, ce village a été détruit. A sa place se
sont élevées des habitations larges et spacieuses, et
l'effet de cette mesure s'est immédiatement fait sentir.
Il en a été des nouvelles habitations pour les Grecs
comme des remblais pour toute la ville. Le nombre
des malades a de suite diminué.
Il est de toute nécessité que le remblai de la ville
se termine, afin que les rues prennent une pente vers
la mer, et permettent d'établir des égouts pour re-
cueillir les eaux ménagères et autres. Le remblai fera
disparaître les causes d'insalubrité qui peuvent encore
exister. Il permettra d'entretenir plus complétement la
propreté de la ville ; l'eau du Nil arrivera bientôt en
abondance ; le travail qui doit amener cette eau mar-
che avec activité.
Port-Saïd n'a rien perdu de sa réputation de salu-
brité. Elle a même gagné sous ce rapport, mais le
remblai terminé et l'eau arrivant en abondance, Port-
Saïd, par son exposition, sera bien certainement une
des villes les plus salubres du littoral de la Méditer-
ranée.
Circonscription de Kantara.
Cette circonscription comprend généralement des
terrains, soit au niveau de la mer, soit peu élevés au-
dessus de ce niveau, lesquels sont inondés chaque an-
née à l'époque où les eaux du lac Menzaleh augmen-
tent par suite de la crue du Nil. Elle s'étend sur une
longueur d'environ 30 kilomètres. Le désert est rap-
proché. Le climat de cette circonscription peut être
classé, en raison de ses terrains salés, comme moitié
sec et moitié humide. L'établissement de Kantara est
situé sur le plateau assez élevé qui borde la route de
Syrie ; les conditions de salubrité ne laissent rien à dé-
sirer.
Le service de santé de Kantara est placé sous la sur-
veillance d'un médecin européen. Il a sous ses ordres
un aide pharmacien et un effendi arabe, aide médecin.
La maison de santé de la circonscription reçoit les ma-
lades qui ne peuvent être traités à domicile. Elle est
citée pour sa bonne tenue et sa magnifique situation
qui domine tout le pays. Lorsque les travaux sont éloi-
gnés, l'effendi arabe demeure sur le chantier, où des
tentes d'ambulance sont dressées. Il y a eu jusqu'à
six mille hommes dans ces chantiers. Les travaux du
canal à Kantara ont occupé, dans l'année, près de
vingt mille hommes. Il n'y a eu que dix-neuf morts,
ce qui représente 0.60 pour 100 sur une population sé-
dentaire. Le personnel européen était de cinquante
personnes. Il n'y a pas eu un seul décès. Le malade
le plus gravement atteint a été le docteur lui-même,
qui a failli succomber à une hépato-céphalite, contrac-
tée dans ses courses au chantier du Cap.
Les travaux effectués dans la circonscription de Kan-
tara ont tous été faits à main d'homme. Un canal de
15 mètres de largeur a été creusé sur presque toute la
longueur de la circonscription. Du côté de l'Afrique,
une carrière à plâtre est exploitée dans le lac Ballah.
Ces travaux de terrassements n'ont eu aucune influence
sur la santé. J'ai vu plusieurs milliers d'Arabes, tra-
vaillant au mois de janvier dans l'eau et par un froid
assez intense ; j'ai constaté qu'il n'y avait pas de ma-
lades, à peine quelques rhumes. Un travail semblable,
exécuté par des Européens, aurait donné des bronchi-
tes, des pneumonies et des affections rhumatismales ai-
guës par centaines.
169
Sur une population de 12,000 Européens au plus, il n'a
été soigné à la maison de santé que quatre-vingt-
quinze individus, et trente individus seulement sur une
population arabe d'environ 25.000, En général, les
soins se donnent à domicile. On a la consultation, et
chacun en use largement.
Un des deux médecins demeure près des chantiers.
Les travaux principaux, exécutés dans la circons-
cription de Port-Saïd, ont été le creusement du port et
du bassin de l'arsenal, les remblais pour rehausser le
sol de la ville, l'établissement d'un îlot en mer, à 1,500
mètres du rivage, les travaux dans les ateliers et sur
les dragues, l'endiguement et le creusement du canal
maritime, soit par les hommes, soit par les dragues.
Les mouvements de terres n'ont donné lieu à aucune
maladie particulière; quelques fièvres intermittentes
simples se sont manifestées çà et là, le plus souvent
sur des individus qui déjà les avaient contractées dans
d'autres localités. On peut affirmer que ces travaux
n'ont eu aucune action sur la santé, et que les dra-
gueurs, terrassiers, remblayeurs et les gens qui les
entouraient se sont tous très-bien portés.
Les médecins de Port-Saïd ont remarqué qu'à mesure
que l'on apportait, soit des sables du rivages, soit des
terres extraites par les dragues, afin d'exhausser le
sol, les affections thorachiques et rhumatismales, ainsi
que les diarrhées, diminuaient et avaient moins d'in-
tensité. Ils ont constaté le même jour, à la même
heure et dans la même exposition, que dans les lieux
remblayés, il y avait une différence hygrométrique de
12 à 14 degrés en moins que sur les terrains non rem-
blayés.
Quant aux maladies qui ont pu résulter des autres
travaux, elles ont été à peu près nulles, à peine quel-
ques accidents. Au reste, il suffit de voir l'installation
des ateliers et des divers travaux pour comprendre
qu'avec un climat comme celui de Port-Saïd, la bonne
santé doit être la règle.
La mortalité chez les travailleurs européens a été de
1.40 pour 100. En France, elle est de 1.94 pour 100 dans
les meilleures conditions.
Ce chiffre peu élevé de la mortalité nous a étonnés,
surtout en présence des nombreuses affections de toute
nature qui ont frappé la population grecque. A ce su-
jet, il s'est produit un fait qui mérite d'être noté. Cette
population, venue de divers points, s'est établie dans
un village qu'elle avait construit de l'autre côté de la
jetée, malgré les réclamations des médecins. Entassée
dans des chambres étroites, au milieu de hardes et de
débris de toute sorte, cette population se trouvait dans
des conditions déplorables d'insalubrité, et se nourris-
sant mal, elle a fourni le plus grand nombre de ma-
lades.
Aujourd'hui, ce village a été détruit. A sa place se
sont élevées des habitations larges et spacieuses, et
l'effet de cette mesure s'est immédiatement fait sentir.
Il en a été des nouvelles habitations pour les Grecs
comme des remblais pour toute la ville. Le nombre
des malades a de suite diminué.
Il est de toute nécessité que le remblai de la ville
se termine, afin que les rues prennent une pente vers
la mer, et permettent d'établir des égouts pour re-
cueillir les eaux ménagères et autres. Le remblai fera
disparaître les causes d'insalubrité qui peuvent encore
exister. Il permettra d'entretenir plus complétement la
propreté de la ville ; l'eau du Nil arrivera bientôt en
abondance ; le travail qui doit amener cette eau mar-
che avec activité.
Port-Saïd n'a rien perdu de sa réputation de salu-
brité. Elle a même gagné sous ce rapport, mais le
remblai terminé et l'eau arrivant en abondance, Port-
Saïd, par son exposition, sera bien certainement une
des villes les plus salubres du littoral de la Méditer-
ranée.
Circonscription de Kantara.
Cette circonscription comprend généralement des
terrains, soit au niveau de la mer, soit peu élevés au-
dessus de ce niveau, lesquels sont inondés chaque an-
née à l'époque où les eaux du lac Menzaleh augmen-
tent par suite de la crue du Nil. Elle s'étend sur une
longueur d'environ 30 kilomètres. Le désert est rap-
proché. Le climat de cette circonscription peut être
classé, en raison de ses terrains salés, comme moitié
sec et moitié humide. L'établissement de Kantara est
situé sur le plateau assez élevé qui borde la route de
Syrie ; les conditions de salubrité ne laissent rien à dé-
sirer.
Le service de santé de Kantara est placé sous la sur-
veillance d'un médecin européen. Il a sous ses ordres
un aide pharmacien et un effendi arabe, aide médecin.
La maison de santé de la circonscription reçoit les ma-
lades qui ne peuvent être traités à domicile. Elle est
citée pour sa bonne tenue et sa magnifique situation
qui domine tout le pays. Lorsque les travaux sont éloi-
gnés, l'effendi arabe demeure sur le chantier, où des
tentes d'ambulance sont dressées. Il y a eu jusqu'à
six mille hommes dans ces chantiers. Les travaux du
canal à Kantara ont occupé, dans l'année, près de
vingt mille hommes. Il n'y a eu que dix-neuf morts,
ce qui représente 0.60 pour 100 sur une population sé-
dentaire. Le personnel européen était de cinquante
personnes. Il n'y a pas eu un seul décès. Le malade
le plus gravement atteint a été le docteur lui-même,
qui a failli succomber à une hépato-céphalite, contrac-
tée dans ses courses au chantier du Cap.
Les travaux effectués dans la circonscription de Kan-
tara ont tous été faits à main d'homme. Un canal de
15 mètres de largeur a été creusé sur presque toute la
longueur de la circonscription. Du côté de l'Afrique,
une carrière à plâtre est exploitée dans le lac Ballah.
Ces travaux de terrassements n'ont eu aucune influence
sur la santé. J'ai vu plusieurs milliers d'Arabes, tra-
vaillant au mois de janvier dans l'eau et par un froid
assez intense ; j'ai constaté qu'il n'y avait pas de ma-
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