Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-05-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 mai 1863 15 mai 1863
Description : 1863/05/15 (A8,N166). 1863/05/15 (A8,N166).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203245w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
164
L'ÎSTHME DÈ SUEZ,
nications de PEurope avec les Indes, plus de périte
que d'avantages pour l'Egypte; et il témoignait,
contrairement à ce qu'il avait exprimé maintes fois,
et ce qui était le fond de sa pensée, qu'il préférerait
que l'ancienne voie du commerce par l'Atlantique
ne fût pas abandonnée.
» Telle était la situation des choses et des esprits,
lorsque, à la fin de 1841, un Anglais, M. Anderson,
directeur gérant de la Compagnie péninsulaire orien-
tale des bateaux à vapeur, fait au pacha les propo-
sitions suivantes : après avoir exposé la longueur de
la navigation du Cap, il offre de transporter par va-
peurs les voyageurs, les malles, les marchandises
par la Méditerranée, l'Égypte et la mer Rouge. Il
fait voir tous les avantages dont se prévaut aujour-
d'hui la Compagnie universelle : économie de temps,
économie sur le prix des transports ; il estime à dix
millions de livres sterling la valeur des marchan-
dises qui passeront annuellement à travers l'Egypte,
et il demande que le droit de transit n'excède pas
un demi 0/0 de leur valeur moyenne. Si cette entre-
prise réussit, dit M. Anderson, la distance entre
Calcuta et l'Angleterre sera diminuée de moitié.
» C'est à ce moment, Monsieur, que l'intérêt de
cette grande question semble complétement compris
par la France. On en trouve la preuve dans les ins-
tructions de notre ministre des affaires étrangères
qui, appréciant l'importance de la mer Rouge et
les grandes destinées qui s'y préparent, appelle l'at-
tention du pacha sur le port de Suez, et l'engage à
organiser sur le golfe Arabique des forces suffisantes
pour y faire respecter les intérêts égyptiens. En
même temps, la chambre du commerce de Marseille
fait une démarche officielle auprès du gouvernement,
et appelle son intérêt le plus sérieux sur le transit
asiatique à travers l'isthme de Suez.
» Des projets de communication sont formés pour
établir une ligne de steamers de Marseille à Alexan-
drie : un service régulier, par les vaisseaux de l'Etat
part d'Alger pour faciliter les pèlerinages de notre
colonie avec la Mecque ; enfin, on sent de toutes parts
un mouvement décisif.
» Ce n'est pas tout: en 1844, une nouvelle compagnie
anglaise offre au pacha 25 millions pour auto-
riser l'établissement immédiat d'un chemin de fer
à travers l'Egypte ; et comme il s'est élevé des doutes
dans l'esprit de Méhémet-Ali, soit sur l'autorisation
du transit, sollicité par tous les intérêts, soit sur la
préférence à donner à un canal de grande navigation
plutôt qu'à un chemin de fer, un agent supérieur du
gouvernement anglais, de passage à Alexandrie, fait
des démarches pour obtenir le chemin de fer. Sans
doute, il est permis de supposer qu'à cette époque
l'Angleterre croyait, encore plus qu'aujourd'hui, à
l'impossibilité d'un canal. Cette erreur, propagée à
dessein par quelques hommes d'Etat, a pu être cause
qu'aucune compagnie anglaise n'ait offert au gou-
vernement égyptien d'entreprendre la canalisation
de l'isthme. Sans cela peut-être, sous la seule inspi-'
ration d'un intérêt commercial, les intérêts privés
anglais auraient prévenu depuis longtemps l'ini-
tiative de M. de Lesseps.
» Mais en voilà assez, Monsieur; il est inutile d'in-
sister. De tous ces faits il résulte deux choses suffi-
samment démontrées : d'abord, qu'il y a trente ans
le gouvernement anglais a reconnu la nécessité et a
eu la volonté d'ouvrir une route de communication
directe avec la mer des Indes, l'Australie et la Chine,
et qu'il a compris que la route du cap de Bonne-
Espérance devait être abandonnée ; qu'il a voulu en
principe ce que nous voulons nous-mêmes avec tout
le continent; il l'a voulu avant nous, seulement il l'a
voulu autrement que nous.
» Est-ce à dire de là qu'il a vu un danger sérieux,
et pour l'Angleterre, et pour la Turquie, dans l'ac-
complissement de cette révolution? Nous le nions, et
sa conduite en est la preuve.
» Ce qu'ont voulu quelques hommes d'Etat, ce qu'ils
veulent encore — et c'est là l'explication de tant de
contradictions apparentes — ce sont des avantages
exclusifs et des sûretés.
» Des avantages exclusifs? Ils ne les auront pas; nous
en avons pour garants l'intérêt et la sécurité du pacha
d'Egypte, celui de la Turquie, l'intérêt et l'honneur
de tous les gouvernements.
» Des sûretés?. ils n'en ont que trop!
10 mai 1863.
» V. DE PlIYSÉGUR,
» Membre fondateur de la Compagnie. »
SIR HENRY BULWER
Jugé par trois membres du ministère anglais.
Le 1er juin 1858, sous le ministère de lord Derby,
M. Rœbuck, membre de la Chambre des communes,
présenta une motion ainsi conçue :
« Suivant l'opinion de la Chambre, le pouvoir et
l'influence de l'Angleterre ne doivent point être em-
ployés à obliger le sultan à refuser son assentiment
au projet d'un canal à travers l'isthme de Suez. »
En se levant pour développer sa motion, l'hono-
rable orateur débuta en qualifiant en ces termes la
conduite du gouvernement anglais :
« La motion que j'ai annoncée n'a rapport, en ap-
parence, qu'à l'exécution d'un canal, mais, en réalité,
il s'agit de l'honneur et de l'intérêt de l'Angleterre.
Il me semble que l'on sera d'avis que l'honneur de
l'Angleterre a été sacrifié, que son grand nom a été
L'ÎSTHME DÈ SUEZ,
nications de PEurope avec les Indes, plus de périte
que d'avantages pour l'Egypte; et il témoignait,
contrairement à ce qu'il avait exprimé maintes fois,
et ce qui était le fond de sa pensée, qu'il préférerait
que l'ancienne voie du commerce par l'Atlantique
ne fût pas abandonnée.
» Telle était la situation des choses et des esprits,
lorsque, à la fin de 1841, un Anglais, M. Anderson,
directeur gérant de la Compagnie péninsulaire orien-
tale des bateaux à vapeur, fait au pacha les propo-
sitions suivantes : après avoir exposé la longueur de
la navigation du Cap, il offre de transporter par va-
peurs les voyageurs, les malles, les marchandises
par la Méditerranée, l'Égypte et la mer Rouge. Il
fait voir tous les avantages dont se prévaut aujour-
d'hui la Compagnie universelle : économie de temps,
économie sur le prix des transports ; il estime à dix
millions de livres sterling la valeur des marchan-
dises qui passeront annuellement à travers l'Egypte,
et il demande que le droit de transit n'excède pas
un demi 0/0 de leur valeur moyenne. Si cette entre-
prise réussit, dit M. Anderson, la distance entre
Calcuta et l'Angleterre sera diminuée de moitié.
» C'est à ce moment, Monsieur, que l'intérêt de
cette grande question semble complétement compris
par la France. On en trouve la preuve dans les ins-
tructions de notre ministre des affaires étrangères
qui, appréciant l'importance de la mer Rouge et
les grandes destinées qui s'y préparent, appelle l'at-
tention du pacha sur le port de Suez, et l'engage à
organiser sur le golfe Arabique des forces suffisantes
pour y faire respecter les intérêts égyptiens. En
même temps, la chambre du commerce de Marseille
fait une démarche officielle auprès du gouvernement,
et appelle son intérêt le plus sérieux sur le transit
asiatique à travers l'isthme de Suez.
» Des projets de communication sont formés pour
établir une ligne de steamers de Marseille à Alexan-
drie : un service régulier, par les vaisseaux de l'Etat
part d'Alger pour faciliter les pèlerinages de notre
colonie avec la Mecque ; enfin, on sent de toutes parts
un mouvement décisif.
» Ce n'est pas tout: en 1844, une nouvelle compagnie
anglaise offre au pacha 25 millions pour auto-
riser l'établissement immédiat d'un chemin de fer
à travers l'Egypte ; et comme il s'est élevé des doutes
dans l'esprit de Méhémet-Ali, soit sur l'autorisation
du transit, sollicité par tous les intérêts, soit sur la
préférence à donner à un canal de grande navigation
plutôt qu'à un chemin de fer, un agent supérieur du
gouvernement anglais, de passage à Alexandrie, fait
des démarches pour obtenir le chemin de fer. Sans
doute, il est permis de supposer qu'à cette époque
l'Angleterre croyait, encore plus qu'aujourd'hui, à
l'impossibilité d'un canal. Cette erreur, propagée à
dessein par quelques hommes d'Etat, a pu être cause
qu'aucune compagnie anglaise n'ait offert au gou-
vernement égyptien d'entreprendre la canalisation
de l'isthme. Sans cela peut-être, sous la seule inspi-'
ration d'un intérêt commercial, les intérêts privés
anglais auraient prévenu depuis longtemps l'ini-
tiative de M. de Lesseps.
» Mais en voilà assez, Monsieur; il est inutile d'in-
sister. De tous ces faits il résulte deux choses suffi-
samment démontrées : d'abord, qu'il y a trente ans
le gouvernement anglais a reconnu la nécessité et a
eu la volonté d'ouvrir une route de communication
directe avec la mer des Indes, l'Australie et la Chine,
et qu'il a compris que la route du cap de Bonne-
Espérance devait être abandonnée ; qu'il a voulu en
principe ce que nous voulons nous-mêmes avec tout
le continent; il l'a voulu avant nous, seulement il l'a
voulu autrement que nous.
» Est-ce à dire de là qu'il a vu un danger sérieux,
et pour l'Angleterre, et pour la Turquie, dans l'ac-
complissement de cette révolution? Nous le nions, et
sa conduite en est la preuve.
» Ce qu'ont voulu quelques hommes d'Etat, ce qu'ils
veulent encore — et c'est là l'explication de tant de
contradictions apparentes — ce sont des avantages
exclusifs et des sûretés.
» Des avantages exclusifs? Ils ne les auront pas; nous
en avons pour garants l'intérêt et la sécurité du pacha
d'Egypte, celui de la Turquie, l'intérêt et l'honneur
de tous les gouvernements.
» Des sûretés?. ils n'en ont que trop!
10 mai 1863.
» V. DE PlIYSÉGUR,
» Membre fondateur de la Compagnie. »
SIR HENRY BULWER
Jugé par trois membres du ministère anglais.
Le 1er juin 1858, sous le ministère de lord Derby,
M. Rœbuck, membre de la Chambre des communes,
présenta une motion ainsi conçue :
« Suivant l'opinion de la Chambre, le pouvoir et
l'influence de l'Angleterre ne doivent point être em-
ployés à obliger le sultan à refuser son assentiment
au projet d'un canal à travers l'isthme de Suez. »
En se levant pour développer sa motion, l'hono-
rable orateur débuta en qualifiant en ces termes la
conduite du gouvernement anglais :
« La motion que j'ai annoncée n'a rapport, en ap-
parence, qu'à l'exécution d'un canal, mais, en réalité,
il s'agit de l'honneur et de l'intérêt de l'Angleterre.
Il me semble que l'on sera d'avis que l'honneur de
l'Angleterre a été sacrifié, que son grand nom a été
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