Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-01-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 janvier 1863 15 janvier 1863
Description : 1863/01/15 (A8,N158). 1863/01/15 (A8,N158).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203237b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
24 L'ISTHME DE SUEZ,
vient de lui en faciliter les moyens avec une aimable
courtoisie.
» Cette excursion a duré cinq jours entiers. La pre-
mière journée a été consacrée au transport de son hôte
du Caire à Zagazig par le chemin de fer, et, de cette
station, à Tell-el-Kébir par le canal d'eau douce pris au
Nil et dirigé vers l'isthme.
» Tell-el-Kébir est le centre de l'Ouady, cette ancienne
terre de Gessen dont parle la Bible, rendue à la culture,
sur une étendue de 28 kilomètres, par dix mille agri-
culteurs indigènes, depuis que la Compagnie en a fait
l'acquisition. On est parvenu, le soir de la seconde
journée, au lac Timsah, en suivant le même canal
d'eau douce. C'est dans ce lac qu'ont été amenées ré-
cemment les eaux de la Méditerranée, premier résultat
considérable des travaux. C'est là qu'a commencé l'é-
tonnement de sir Henry Bulwer à la vue de ces immen-
ses déplacements de terrains et de ces profondes tran-
chées propres, les unes à continuer dans la direction de
Suez le canal d'eau douce, les autres à enfermer le
grand canal maritime, qui doit avoir partout 56 mètres
de largeur à fleur d'eau sur 8 mètres de profondeur.
L'ambassadeur de la reine a surtout compris que la
plus grande difficulté, celle des transports et des ap-
provisionnements, était définitivement résolue par la
double communication des chantiers de travail avec le
Nil d'une part, avec la Méditerranée de l'autre. Le troi-
sième et le quatrième jour, M. de Lesseps a conduit son
hôte, en suivant toujours le canal maritime, du lac
Timsah à la Méditerranée, en s'arrêtant la nuit au
campement de Kantara. Ainsi, l'embarquement s'est
fait sur l'eau salée à 15 kilomètres de l'embouchure
septentrionale du canal de l'isthme, et l'on est arrivé,
sans le quitter, jusqu'au large bassin carré que l'on
creuse en ce moment, et qui voit se bâtir sur ses quais
les grandes constructions de Port-Saïd. Vingt-cinq
mille ouvriers, distribués sur toute la ligne entre ce
point et la mer Rouge, poussent avec activité, et le
creusement du canal d'eau douce dans la direction de
Suez, où il' aboutira certainement vers le mois de mai
prochain, et les travaux de terrassements de la cuve
et des berges du canal maritime. Des dragues d'une
puissance exceptionnelle manœuvrent dans toute la sec-
tion du nord; partout le service est organisé, discipliné,
productif, et sir Henry Bulwer n'a pu, dans sa sincé-
rité d'honnête homme et dans sa clairvoyante pénétra-
tion d'un avenir désormais assuré, nier le succès pro.
chain de l'entreprise, la grandeur de l'ouvrage, le mé-
rite de la difficulté vaincue et l'incontestable impor-
tance des résultats acquis.
» Je les résumerai en peu de mots ici : 5 millions de
mètres cubes de terre seulement ont été déplacés ; mais
on aurait une idée très-fausse de la partie de la tâche
qui a été accomplie déjà si l'on s'arrêtait à la pauvreté
de ce chiffre, c'est-à-dire au déplacement matériel de
la-terre ; car il faut ne pas se dissimuler qu'il en faut
r 50 millions, c'est-à-dire neuf fois davantage
'c.^l^p?F^p<&\l'œuvre soit achevée, et l'entreprise est cer-
arvenue au tiers au moins du travail. Il
n omprendre-que les plus grandes difficul-
té M"t?: ~;~-i tl:f Pf
tés matérielles, pour ne point parler des autres, sont
vaincues aujourd'hui. Les plus lourdes dépenses ont
eu pour objet d'assurer les moyens de facile et prompte
exécution :
» 1° L'eau douce, dont le transport, à raison de deux
centimes le litre, ne coûtait pas moins de 2 millions
par an, est aujourd'hui distribuée sans aucun frais aux
travailleurs ; 2° les deux canaux existants assurent le
transport de tous les approvisionnements et de tout le
matériel de Port-Saïd d'une part et du Nil de l'autre,
à tous les campements de la ligne. L'installation de ce
même matériel et des habitations est accomplie sur
tous les chantiers. Pour avoir donc une idée exacte de
ce qui a été fait et de ce qui reste à faire, il faut con-
sidérer, non le déplacement de mètres cubes obtenus
avec celui qui reste à effectuer, mais toutes les diffi-
cultés préalables de l'exploitation aplanies désormais,
et les sommes dépensées d'après les états comparées à
celles qui le seront d'après les devis. Or, la dépense
faite est à ce jour de 50 millions, dont il faut défalquer
20 millions pour valeur d'immeubles acquis, de ma-
tériel acheté, d'intérêts servis aux actionnaires, etc.,
ainsi que l'expose le document que je vous transmets
avec cette lettre. Restent 30 millions absorbés. En
consultant d'autre part le devis le plus élevé, on ar- -
rive au chiffre de 100 millions pour les dépenses ulté-
rieures, et la Compagnie peut disposer de 158 millions.
Le travail ne saurait plus être arrêté, et dans trois ans
on verra affiché dans les ports de l'Occident les navires
en partance pour l'Inde et la Chine, en passant par
Port-Saïd et Suez.
» Sir Henry Bulwer, en arrivant à Damiette le
sixième jour de l'excursion, y accepta le repas qui lui
fut offert par M. Voisin, ingénieur des ponts et chaus-
sées, directeur général des travaux de l'isthme, et sans
y avoir été sollicité, il se leva pour remercier M. de
Lesseps de son bon accueil et témoigner de tout l'in-
térêt qu'il avait pris à une excursion aussi instructive
qu'agréable.
D M. de Lesseps répondit qu'il était sensible aux
paroles flatteuses de son hôte, et qu'il se félicitait, pour
les hommes dévoués qui le secondaient et pour lui-
même, d'avoir pu offrir au représentant de l'Angleterre
le spectacle des travaux de l'isthme.
» M. le comte d'Haussonville, qui avait pris part à
ce voyage, se leva pour ajouter quelques mots aux re-
merciments de sir Henry, et déclarer que l'excursion à
laquelle on avait été convié par M. de Lesseps n'était
pas seulement intéressante et agréable, mais qu'il avait
été donné à tous de constater les résultats considérables
déjà obtenus pour la grande entreprise de l'isthme, et
qu'il était permis à tous d'apprécier désormais le mé-
rite de la tâche poursuivie avec tant de persévérance
et, en partie déjà, accomplie d'une manière si heureuse.
C'est pour l'achèvement d'une œuvre si grande et si
féconde, a poursuivi l'orateur, que tout Européen doit
faire des vœux. « Nous autres, Français, a-t-il dit en
» terminant, qui semblons être plus directement inté-
» ressés à l'accomplissement de cette œuvre, par l'ini-
» tiative qu'a prise notre illustre compatriote, M. de
vient de lui en faciliter les moyens avec une aimable
courtoisie.
» Cette excursion a duré cinq jours entiers. La pre-
mière journée a été consacrée au transport de son hôte
du Caire à Zagazig par le chemin de fer, et, de cette
station, à Tell-el-Kébir par le canal d'eau douce pris au
Nil et dirigé vers l'isthme.
» Tell-el-Kébir est le centre de l'Ouady, cette ancienne
terre de Gessen dont parle la Bible, rendue à la culture,
sur une étendue de 28 kilomètres, par dix mille agri-
culteurs indigènes, depuis que la Compagnie en a fait
l'acquisition. On est parvenu, le soir de la seconde
journée, au lac Timsah, en suivant le même canal
d'eau douce. C'est dans ce lac qu'ont été amenées ré-
cemment les eaux de la Méditerranée, premier résultat
considérable des travaux. C'est là qu'a commencé l'é-
tonnement de sir Henry Bulwer à la vue de ces immen-
ses déplacements de terrains et de ces profondes tran-
chées propres, les unes à continuer dans la direction de
Suez le canal d'eau douce, les autres à enfermer le
grand canal maritime, qui doit avoir partout 56 mètres
de largeur à fleur d'eau sur 8 mètres de profondeur.
L'ambassadeur de la reine a surtout compris que la
plus grande difficulté, celle des transports et des ap-
provisionnements, était définitivement résolue par la
double communication des chantiers de travail avec le
Nil d'une part, avec la Méditerranée de l'autre. Le troi-
sième et le quatrième jour, M. de Lesseps a conduit son
hôte, en suivant toujours le canal maritime, du lac
Timsah à la Méditerranée, en s'arrêtant la nuit au
campement de Kantara. Ainsi, l'embarquement s'est
fait sur l'eau salée à 15 kilomètres de l'embouchure
septentrionale du canal de l'isthme, et l'on est arrivé,
sans le quitter, jusqu'au large bassin carré que l'on
creuse en ce moment, et qui voit se bâtir sur ses quais
les grandes constructions de Port-Saïd. Vingt-cinq
mille ouvriers, distribués sur toute la ligne entre ce
point et la mer Rouge, poussent avec activité, et le
creusement du canal d'eau douce dans la direction de
Suez, où il' aboutira certainement vers le mois de mai
prochain, et les travaux de terrassements de la cuve
et des berges du canal maritime. Des dragues d'une
puissance exceptionnelle manœuvrent dans toute la sec-
tion du nord; partout le service est organisé, discipliné,
productif, et sir Henry Bulwer n'a pu, dans sa sincé-
rité d'honnête homme et dans sa clairvoyante pénétra-
tion d'un avenir désormais assuré, nier le succès pro.
chain de l'entreprise, la grandeur de l'ouvrage, le mé-
rite de la difficulté vaincue et l'incontestable impor-
tance des résultats acquis.
» Je les résumerai en peu de mots ici : 5 millions de
mètres cubes de terre seulement ont été déplacés ; mais
on aurait une idée très-fausse de la partie de la tâche
qui a été accomplie déjà si l'on s'arrêtait à la pauvreté
de ce chiffre, c'est-à-dire au déplacement matériel de
la-terre ; car il faut ne pas se dissimuler qu'il en faut
r 50 millions, c'est-à-dire neuf fois davantage
'c.^l^p?F^p<&\l'œuvre soit achevée, et l'entreprise est cer-
arvenue au tiers au moins du travail. Il
n omprendre-que les plus grandes difficul-
té M"t?: ~;~-i tl:f Pf
tés matérielles, pour ne point parler des autres, sont
vaincues aujourd'hui. Les plus lourdes dépenses ont
eu pour objet d'assurer les moyens de facile et prompte
exécution :
» 1° L'eau douce, dont le transport, à raison de deux
centimes le litre, ne coûtait pas moins de 2 millions
par an, est aujourd'hui distribuée sans aucun frais aux
travailleurs ; 2° les deux canaux existants assurent le
transport de tous les approvisionnements et de tout le
matériel de Port-Saïd d'une part et du Nil de l'autre,
à tous les campements de la ligne. L'installation de ce
même matériel et des habitations est accomplie sur
tous les chantiers. Pour avoir donc une idée exacte de
ce qui a été fait et de ce qui reste à faire, il faut con-
sidérer, non le déplacement de mètres cubes obtenus
avec celui qui reste à effectuer, mais toutes les diffi-
cultés préalables de l'exploitation aplanies désormais,
et les sommes dépensées d'après les états comparées à
celles qui le seront d'après les devis. Or, la dépense
faite est à ce jour de 50 millions, dont il faut défalquer
20 millions pour valeur d'immeubles acquis, de ma-
tériel acheté, d'intérêts servis aux actionnaires, etc.,
ainsi que l'expose le document que je vous transmets
avec cette lettre. Restent 30 millions absorbés. En
consultant d'autre part le devis le plus élevé, on ar- -
rive au chiffre de 100 millions pour les dépenses ulté-
rieures, et la Compagnie peut disposer de 158 millions.
Le travail ne saurait plus être arrêté, et dans trois ans
on verra affiché dans les ports de l'Occident les navires
en partance pour l'Inde et la Chine, en passant par
Port-Saïd et Suez.
» Sir Henry Bulwer, en arrivant à Damiette le
sixième jour de l'excursion, y accepta le repas qui lui
fut offert par M. Voisin, ingénieur des ponts et chaus-
sées, directeur général des travaux de l'isthme, et sans
y avoir été sollicité, il se leva pour remercier M. de
Lesseps de son bon accueil et témoigner de tout l'in-
térêt qu'il avait pris à une excursion aussi instructive
qu'agréable.
D M. de Lesseps répondit qu'il était sensible aux
paroles flatteuses de son hôte, et qu'il se félicitait, pour
les hommes dévoués qui le secondaient et pour lui-
même, d'avoir pu offrir au représentant de l'Angleterre
le spectacle des travaux de l'isthme.
» M. le comte d'Haussonville, qui avait pris part à
ce voyage, se leva pour ajouter quelques mots aux re-
merciments de sir Henry, et déclarer que l'excursion à
laquelle on avait été convié par M. de Lesseps n'était
pas seulement intéressante et agréable, mais qu'il avait
été donné à tous de constater les résultats considérables
déjà obtenus pour la grande entreprise de l'isthme, et
qu'il était permis à tous d'apprécier désormais le mé-
rite de la tâche poursuivie avec tant de persévérance
et, en partie déjà, accomplie d'une manière si heureuse.
C'est pour l'achèvement d'une œuvre si grande et si
féconde, a poursuivi l'orateur, que tout Européen doit
faire des vœux. « Nous autres, Français, a-t-il dit en
» terminant, qui semblons être plus directement inté-
» ressés à l'accomplissement de cette œuvre, par l'ini-
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