Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-01-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 janvier 1863 15 janvier 1863
Description : 1863/01/15 (A8,N158). 1863/01/15 (A8,N158).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203237b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 23
fidèles. Laissez-moi donc me borner à vous dire que les
ateliers y sont en pleine activité et la population en
plein accroissement. Port-Sa'id, Tims&h et Suez : trois
noms, qui résument toutes les destinées du canal, trois
noms qui seront un jour, comme Palmyre, Babylone et
Memphis, des symboles de grandeur et de magnifi-
cence.
» Mais je vois que mon récit manque jusqu'ici de con-
clusion. Vous me posez une question. Quelle a été l'o-
pinion du représentant de l'Angleterre à la suite de ce
voyage?
» Ceci demande quelques explications qui vous seront
adressées à part dans une prochaine correspondance,
dont je vous garantis d'avance les bonnes informations.
» PAUL MERRUAU. »
On lit dans Vindépendance belge du 8 janvier :
(Correspondance particulière de L'IXDÉPENDAXCE.)
« Damiette, 23 décembre.
» Depuis deux mois que je suis en Égypte, j'ai pu re-
cueillir des renseignements exacts sur la grande ques-
tion du percement de l'isthme de Suez. Vous pouvez
considérer comme certaines les informations qui sui-
vent, car elles sont le résultat d'un examen fait avec
maturité, sans parti pris, et d'observations aussi com -
plètes que possible.
» Vos lecteurs savent depuis longtemps déjà que sir
Henry Bulwer, ambassadeur d'Angleterre à Constanti-
nople, est venu faire un voyage de santé en Égypte vers
la fin de novembre dernier ; mais il n'a pas été difficile
à l'observateur clairvoyant d'attribuer à cette excursion
active et à ce séjour prolongé, un but plus profitable
encore aux intérêts de l'Angleterre qu'à l'hygiène de
l'illustre voyageur.
» Le projet de canalisation de l'isthme de Suez a pris,
surtout dans ces derniers temps, une importance telle,
les travaux sont organisés aujourd'hui sur une si
grande échelle, qu'il n'était plus permis à une puis-
sance sans cesse en éveil sur les progrès de l'œuvre
de se borner à nier les résultats obtenus. Ne pouvant
plus empêcher ni même retarder l'accomplissement
d'un travail qui promet d'assurer une sorte de prépon-
dérance en Égypte aux États de la Méditerranée, l'An-
gleterre doit avoir en vue de sauvegarder ses intérêts.
Aussi, pendant son voyage dans la vallée du Nil, sir
Henry Bulwer, après avoir accordé deux jours seule-
ment aux antiquités de Thèbes et de Denderah (les 4 et
5 décembre), s'est longtemps entretenu avec Fadil Pa-
cha, moudyr ou préfet de Kéneh, sur les moyens de ré-
tablir sur ce point de la haute Égypte et de la mer Rouge
les communications qui ont existé au temps des Ptolé-
mées et des Césars.
» 11 faut savoir que les anciens avaient dans ces pa-
rages deux ports considérables entièrement abandonnés
depuis : Myos-Hormos et Bérénice, l'un au nord, l'autre au
sud de Koseir, qui les a remplacés aujourd'hui sans hériter
de leur antique splendeur. Ces deux ports étaien t mis en
communication avec la vallée du Nil en un point appelé
Coptos dont on voit les ruines à Keft, village situé sur
la rive droite du fleuve, à 2 lieues au sud de Kéneli.
Strabon nous apprend que les caravanes qui apportaient
les marchandises du port de Bérénice, le plus éloigné
des deux, à Coptos, mettaient six jours à accomplir ce
voyage ; les stations romaines du désert sont encore re-
connaissables aujourd'hui, et c'est par cette voie que se
faisait en très-grande partie tout le commerce de la
mer Erythrée (océan Indien), et de la mer Rouge avec
l'Égypte, Alexandrie et l'Occident. La cause principale
de l'abandon de l'ancien canal des Pharaons, qui met-
tait le Nil en communication avec la partie septentrio-
nale de la mer Rouge, paraît avoir été la difficulté
de la navigation à voile des anciens dans les parages de
cette mer où régnent presque constamment les vents
du nord.
» Quant au port moderne de Koseïr, il a peu d'impor-
tance et ne sert que de point de communication au
petit commerce de Djeddah, port de la Mecque situé à
peu près vis-à-vis, avec la vallée du Nil. Or, une Com-
pagnie anglaise vient d'obtenir du vice-roi la conces-
sion d'un chemin de fer à exécuter le long du fleuve
entre le Caire et Kéneh, et de ce dernier point à la mer
Rouge en traversant le désert. Cette seconde section
aboutirait soit à l'ancien port de Bérénice, soit à Koseir.
La nouvelle voie de communication dont il s'agit don-
nerait une avance de deux jours environ aux voyageurs
et aux dépêches de l'Inde et du Pacifique. Ce projet a
dû séduire le gouvernement égyptien : il a en effet
pour résultat immédiat de créer des moyens de com-
munication permanente entre la h&ute et la basse
Égypte; il assurerait le débouché des produits agricoles
de Moudyrées, deBeni-Souef, de Medinet-el-Fayoum, de
Minieh, de Syout, de Soadj et de Kéneh avec le Caire
et Alexandrie ; il met en contact des populations qu
ne comprennent pas toutes suffisamment les bienfaits
de l'unité nationale; il facilite enfin les mouvements
militaires du vice-roi. Mais il est encore d'autres avan-
tages attachés à cette entreprise, et ceux-là concernent
plus particulièrement l'Angleterre. Jeter au cœur de
ce pays 150 ou 200 millions assurerait, par le fait, une
influence politique très-sérieuse aux éléments intéres-
sés dans cette entreprise. En second lieu, le port de la
mer Rouge, tête de chemin de fer, étant à créer, il n'y
aurait point de difficulté à ce qu'une ville entièrement
neuve devînt une sorte de comptoir ou de colonie de
l'Angleterre. Si la France opposait à cela quelque ob-
jection, la réponse serait toute prête : Port-Saïd étant
présentée comme une colonie française, le port de Bé-
rénice ne serait que la juste compensation accordée à
l'Angleterre des avantages concédés à la France.
» Etudier ces compensations et les moyens d'en assu-
rer la prompte réalisation, telle était assurément la
mission de sir Henry Bulwer auprès du vice-roi. Mais
il ne pouvait quitter ce pays sans visiter les travaux
de l'isthme , motif premier de toutes les appréhen-
sions de l'Angleterre et des assurances qu'elle ré-
clame aujourd'hui. Le noble voyageur a donc voulu
tout voir par lui-même, et M. Ferdinand de Lesseps
fidèles. Laissez-moi donc me borner à vous dire que les
ateliers y sont en pleine activité et la population en
plein accroissement. Port-Sa'id, Tims&h et Suez : trois
noms, qui résument toutes les destinées du canal, trois
noms qui seront un jour, comme Palmyre, Babylone et
Memphis, des symboles de grandeur et de magnifi-
cence.
» Mais je vois que mon récit manque jusqu'ici de con-
clusion. Vous me posez une question. Quelle a été l'o-
pinion du représentant de l'Angleterre à la suite de ce
voyage?
» Ceci demande quelques explications qui vous seront
adressées à part dans une prochaine correspondance,
dont je vous garantis d'avance les bonnes informations.
» PAUL MERRUAU. »
On lit dans Vindépendance belge du 8 janvier :
(Correspondance particulière de L'IXDÉPENDAXCE.)
« Damiette, 23 décembre.
» Depuis deux mois que je suis en Égypte, j'ai pu re-
cueillir des renseignements exacts sur la grande ques-
tion du percement de l'isthme de Suez. Vous pouvez
considérer comme certaines les informations qui sui-
vent, car elles sont le résultat d'un examen fait avec
maturité, sans parti pris, et d'observations aussi com -
plètes que possible.
» Vos lecteurs savent depuis longtemps déjà que sir
Henry Bulwer, ambassadeur d'Angleterre à Constanti-
nople, est venu faire un voyage de santé en Égypte vers
la fin de novembre dernier ; mais il n'a pas été difficile
à l'observateur clairvoyant d'attribuer à cette excursion
active et à ce séjour prolongé, un but plus profitable
encore aux intérêts de l'Angleterre qu'à l'hygiène de
l'illustre voyageur.
» Le projet de canalisation de l'isthme de Suez a pris,
surtout dans ces derniers temps, une importance telle,
les travaux sont organisés aujourd'hui sur une si
grande échelle, qu'il n'était plus permis à une puis-
sance sans cesse en éveil sur les progrès de l'œuvre
de se borner à nier les résultats obtenus. Ne pouvant
plus empêcher ni même retarder l'accomplissement
d'un travail qui promet d'assurer une sorte de prépon-
dérance en Égypte aux États de la Méditerranée, l'An-
gleterre doit avoir en vue de sauvegarder ses intérêts.
Aussi, pendant son voyage dans la vallée du Nil, sir
Henry Bulwer, après avoir accordé deux jours seule-
ment aux antiquités de Thèbes et de Denderah (les 4 et
5 décembre), s'est longtemps entretenu avec Fadil Pa-
cha, moudyr ou préfet de Kéneh, sur les moyens de ré-
tablir sur ce point de la haute Égypte et de la mer Rouge
les communications qui ont existé au temps des Ptolé-
mées et des Césars.
» 11 faut savoir que les anciens avaient dans ces pa-
rages deux ports considérables entièrement abandonnés
depuis : Myos-Hormos et Bérénice, l'un au nord, l'autre au
sud de Koseir, qui les a remplacés aujourd'hui sans hériter
de leur antique splendeur. Ces deux ports étaien t mis en
communication avec la vallée du Nil en un point appelé
Coptos dont on voit les ruines à Keft, village situé sur
la rive droite du fleuve, à 2 lieues au sud de Kéneli.
Strabon nous apprend que les caravanes qui apportaient
les marchandises du port de Bérénice, le plus éloigné
des deux, à Coptos, mettaient six jours à accomplir ce
voyage ; les stations romaines du désert sont encore re-
connaissables aujourd'hui, et c'est par cette voie que se
faisait en très-grande partie tout le commerce de la
mer Erythrée (océan Indien), et de la mer Rouge avec
l'Égypte, Alexandrie et l'Occident. La cause principale
de l'abandon de l'ancien canal des Pharaons, qui met-
tait le Nil en communication avec la partie septentrio-
nale de la mer Rouge, paraît avoir été la difficulté
de la navigation à voile des anciens dans les parages de
cette mer où régnent presque constamment les vents
du nord.
» Quant au port moderne de Koseïr, il a peu d'impor-
tance et ne sert que de point de communication au
petit commerce de Djeddah, port de la Mecque situé à
peu près vis-à-vis, avec la vallée du Nil. Or, une Com-
pagnie anglaise vient d'obtenir du vice-roi la conces-
sion d'un chemin de fer à exécuter le long du fleuve
entre le Caire et Kéneh, et de ce dernier point à la mer
Rouge en traversant le désert. Cette seconde section
aboutirait soit à l'ancien port de Bérénice, soit à Koseir.
La nouvelle voie de communication dont il s'agit don-
nerait une avance de deux jours environ aux voyageurs
et aux dépêches de l'Inde et du Pacifique. Ce projet a
dû séduire le gouvernement égyptien : il a en effet
pour résultat immédiat de créer des moyens de com-
munication permanente entre la h&ute et la basse
Égypte; il assurerait le débouché des produits agricoles
de Moudyrées, deBeni-Souef, de Medinet-el-Fayoum, de
Minieh, de Syout, de Soadj et de Kéneh avec le Caire
et Alexandrie ; il met en contact des populations qu
ne comprennent pas toutes suffisamment les bienfaits
de l'unité nationale; il facilite enfin les mouvements
militaires du vice-roi. Mais il est encore d'autres avan-
tages attachés à cette entreprise, et ceux-là concernent
plus particulièrement l'Angleterre. Jeter au cœur de
ce pays 150 ou 200 millions assurerait, par le fait, une
influence politique très-sérieuse aux éléments intéres-
sés dans cette entreprise. En second lieu, le port de la
mer Rouge, tête de chemin de fer, étant à créer, il n'y
aurait point de difficulté à ce qu'une ville entièrement
neuve devînt une sorte de comptoir ou de colonie de
l'Angleterre. Si la France opposait à cela quelque ob-
jection, la réponse serait toute prête : Port-Saïd étant
présentée comme une colonie française, le port de Bé-
rénice ne serait que la juste compensation accordée à
l'Angleterre des avantages concédés à la France.
» Etudier ces compensations et les moyens d'en assu-
rer la prompte réalisation, telle était assurément la
mission de sir Henry Bulwer auprès du vice-roi. Mais
il ne pouvait quitter ce pays sans visiter les travaux
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sions de l'Angleterre et des assurances qu'elle ré-
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