Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1858-12-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 10 décembre 1858 10 décembre 1858
Description : 1858/12/10 (A3,N60). 1858/12/10 (A3,N60).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203106f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/05/2012
606 L'ISTHME DE SUEZ, VENDREDI 10 DÉCEMBRE.
à l'Europe la réalisation. Évidemment, dans l'opinion de la
Gazette, le mouvement commercial dont le canal de Suez
sera la route et le foyer, doit être considérable. H se compo-
sera d'une portion très-majeure et, selon nous, totale de la
navigation actuelle dans les mers d'Asie, en grande partie
entre les mains des Anglais, et de l'invasion toute nouvelle
dans ces mers des pavillons de l'Europe centrale. C'est ce
que dès à présent notre contcadicteur reconnaît. Or il est
impossible de contester que les revenus du canal ne parti-
cipent à ce double développement dans la raison avouée de
son importance.
Cette importance, quelle sera-t-elle? Voyons les chiffres et
les faits rigoureux. Il est hors de question que le mouvement
actuel de la navigation par le cap de Bonne-Espérance est de
plus de 4,000,000 de tonneaux. C'est la statistique officielle
toujours atténuée par d'inévitables omissions. Contentons-
nous-en. Mais ce chiffre n'exprime que la jauge légale, d'un
quart au moins inférieure à la jauge réelle. L'état présent de
la navigation entre l'Orient et l'Occident offre donc un total
effectif de plus de 5,000,000 de tonneaux. A ce tonnage actuel
nous aurions tout droit d'ajouter la progression dès aujour-
d'hui constatée dans cette intercourse, et qui s'élève à un
minimum de 200,000 tonnes par an; nous aurions le droit
d'ajouter l'accroissement des transports qui, selon l'observa-
tion invariable, résulte d'un raccourcissement de moitié dans
une longue route. Nous consentons à écarter ces termes
pourtant sérieux, intégrants du problème. Pour justifier les
évaluations de la Commission internationale et celles des
notes de la souscription sur le transit par le canal de Suez,
3,000,000 de tonneaux, il nous suffit que. ce transit se borne
aux trois cinquièmes du mouvement actuel par le cap de
Bonne-Espérance. La Gazette d'Augsbourg disputera-t-elle
encore? Soit, Quelle déduction y veut-elle faire? Elle nous a
d'avance fourni elle-même, pour la combler, l'élan qui va
pousser vers l'Orient les 6,000 vaisseaux qui sillonnent main-
tenant la Méditerranée.
Quoi! le seul port de Marseille embarque ou débarque tous
les ans 3,000,000 de tonneaux; le canal du Bosphore, qui
n'aboutit qu'à une mer d'impasse, est traversé annuellement
par une navigation de 3,600,000 tonneaux, et le canal de
Suez, le trait d'union entre l'Asie et l'Europe, le centre et
l'intermédiaire entre les mers les plus riches, les plus pro-
ductives et les plus peuplées du globe ; le canal de Suez, étape
économisant 3,000 lieues entre les deux mondes , n'aura pas
un mouvement de navigation égal au seul port de Marseille
ou au détroit des Dardanelles!
Mais alors le canal de Suez est aussi infructueux pour le
commerce que pour ses actionnaires, et pourtant la Gazette
d'Augsbourg en proclame les grands avantages. Elle n'a donc
pas aperçu son énorme contradiction?
Cependant la Gazette proteste qu'elle a soutenu et sou-
tiendra l'entreprise de Suez, et qu'elle lui a voué tous ses
services. C'est ce que nous avions toujours attendu du sens et
des lumières de sa rédaction. Les réflexions les plus âpres de
son correspondant n'avaient pas même la tendance d'une
objection, ses dénonciations les plus violentes n'étaient que
l'expression d'un doute. Franchement, nous nous y étions
trompés, et trompés en nombreuse compagnie. Nous n'en
faisons que plus volontiers à cette rectification tout l'accueil
qu'elle mérite. Toute cette colère n'avait d'autre mobile qu'un
trop vif intérêt. Il ne faut pas se plaindre des emportements
du zèle : Qui bene amat, bene castigat, et c'est sans inten-
tion que la main impatiente a confondu la verge du'correc-
teur avec le fouet du diffamateur. Effaçons le passé et mar-
chons à l'avenir.
Dans cet avenir, la Gazette universelle nous promet une
discussion consciencieuse et loyale de la question nautique.
Seulement, nous lui recommandons de ne point écourter le
débat, et de ne point écarter l'un de ces deux faits désormais
concurrents et connexes : la navigation à voiles et la navigation
mixte. Nous la reconnaîtrons à ce service, nous la suivrons
sur son terrain, et nous ne craignons pas de trop nous avancer
en nous engageant à lui prouver, en toute occasion, la modé-
ration extrême des estimations publiées par la Commission
internationale sur le tonnage destiné à passer par le canal.
ERNEST DESPLACES.
LA QUESTION DU CANAL ET L'ANGLETERRE.
« Voici sous quel point de vue les désirs de l'Angleterre en
» cette question doivent être considérés :
» Si le projet de percer un canal maritime à travers l'isthme
» de Suez était vraiment praticable, et si l'entreprise, en la
» supposant praticable, pouvait jamais être rémunératrice,
» bien loin de semer aucune difficulté sur le chemin de M. de
» Lesseps et de sa compagnie , nous l'appuierions de tout
» cœur et jusqu'à l'entière étendue des ressources de l'Angle-
e terre.
» De toutes les nations du monde, nous ne sommes point
n en état de conspiration pour rendre le voyage entre l'At-
)! lantique et les mers indiennes aussi fastidieux, aussi dif-
» ficile et aussi périlleux que possible. Les trois quarts de
» tout le trafic avec l'Orient sont effectués par l'Angleterre
« et à son profit. Les Anglais ont-ils l'habitude de se mon-
» trer assez aveugles sur leurs propres intérêts pour embar-
» rasser volontairement leurs opérations commerciales? Et
» que ferions-nous dans le cas présent, qu'embarrasser inu-
« tilement et volontairement nos opérations, si nous cher-
» chions à prolonger le trajet séparant l'Angleterre des rivages
» asiatiques? Le commerce oriental de la France est moins
» du dixième de celui de l'Angleterre, et, en supposant l'ac-
» quisition de nouvelles facilités d'accès, laquelle des deux
» nations, suivant toutes les présomptions raisonnables, de-
» vrait recueillir dans ce changement les plus gros béné-
» fices ? »
Qui parle ainsi? Est-ce le Constitutionnel, le Journal des
Débats, la Gazette autrichienne, ou l'un de ces mille journaux
de l'Europe qui se sont enrôlés, comme autant de volontaires
généreux, sous la bannière du percement de l'isthme de Suez?
Qui définit et prouve aussi complètement, aussi puissamment,
aussi victorieusement l'immense intérêt de l'Angleterre à l'exé-
cution du canal maritime? C'est un journal anglais qui s'en
était montré, dans ces derniers temps, l'adversaire prononcé,
c'est l'organe le plus répandu des opinions britanniques; en
un mot, c'est le Times en personne.
Prenons acte de ses divers aveux.
L'Angleterre a un immense intérêt, principal entre celui de
toutes les nations, à l'établissement d'une communication
maritime entre la mer Rouge et la Méditerranée.
C'est elle qui en retirera les plus gros bénéfices. Elle pos-
sède les trois quarts du commerce avec l'Orient. La France
n'en a que le dixième. Si une route plus facile entre l'Europe
et l'Asie peut être obtenue, l'Angleterre conspire contre elle-
même en s'opposant à ce progrès.
Elle est incapable de cet aveuglement et de cette conspi-
ration.
à l'Europe la réalisation. Évidemment, dans l'opinion de la
Gazette, le mouvement commercial dont le canal de Suez
sera la route et le foyer, doit être considérable. H se compo-
sera d'une portion très-majeure et, selon nous, totale de la
navigation actuelle dans les mers d'Asie, en grande partie
entre les mains des Anglais, et de l'invasion toute nouvelle
dans ces mers des pavillons de l'Europe centrale. C'est ce
que dès à présent notre contcadicteur reconnaît. Or il est
impossible de contester que les revenus du canal ne parti-
cipent à ce double développement dans la raison avouée de
son importance.
Cette importance, quelle sera-t-elle? Voyons les chiffres et
les faits rigoureux. Il est hors de question que le mouvement
actuel de la navigation par le cap de Bonne-Espérance est de
plus de 4,000,000 de tonneaux. C'est la statistique officielle
toujours atténuée par d'inévitables omissions. Contentons-
nous-en. Mais ce chiffre n'exprime que la jauge légale, d'un
quart au moins inférieure à la jauge réelle. L'état présent de
la navigation entre l'Orient et l'Occident offre donc un total
effectif de plus de 5,000,000 de tonneaux. A ce tonnage actuel
nous aurions tout droit d'ajouter la progression dès aujour-
d'hui constatée dans cette intercourse, et qui s'élève à un
minimum de 200,000 tonnes par an; nous aurions le droit
d'ajouter l'accroissement des transports qui, selon l'observa-
tion invariable, résulte d'un raccourcissement de moitié dans
une longue route. Nous consentons à écarter ces termes
pourtant sérieux, intégrants du problème. Pour justifier les
évaluations de la Commission internationale et celles des
notes de la souscription sur le transit par le canal de Suez,
3,000,000 de tonneaux, il nous suffit que. ce transit se borne
aux trois cinquièmes du mouvement actuel par le cap de
Bonne-Espérance. La Gazette d'Augsbourg disputera-t-elle
encore? Soit, Quelle déduction y veut-elle faire? Elle nous a
d'avance fourni elle-même, pour la combler, l'élan qui va
pousser vers l'Orient les 6,000 vaisseaux qui sillonnent main-
tenant la Méditerranée.
Quoi! le seul port de Marseille embarque ou débarque tous
les ans 3,000,000 de tonneaux; le canal du Bosphore, qui
n'aboutit qu'à une mer d'impasse, est traversé annuellement
par une navigation de 3,600,000 tonneaux, et le canal de
Suez, le trait d'union entre l'Asie et l'Europe, le centre et
l'intermédiaire entre les mers les plus riches, les plus pro-
ductives et les plus peuplées du globe ; le canal de Suez, étape
économisant 3,000 lieues entre les deux mondes , n'aura pas
un mouvement de navigation égal au seul port de Marseille
ou au détroit des Dardanelles!
Mais alors le canal de Suez est aussi infructueux pour le
commerce que pour ses actionnaires, et pourtant la Gazette
d'Augsbourg en proclame les grands avantages. Elle n'a donc
pas aperçu son énorme contradiction?
Cependant la Gazette proteste qu'elle a soutenu et sou-
tiendra l'entreprise de Suez, et qu'elle lui a voué tous ses
services. C'est ce que nous avions toujours attendu du sens et
des lumières de sa rédaction. Les réflexions les plus âpres de
son correspondant n'avaient pas même la tendance d'une
objection, ses dénonciations les plus violentes n'étaient que
l'expression d'un doute. Franchement, nous nous y étions
trompés, et trompés en nombreuse compagnie. Nous n'en
faisons que plus volontiers à cette rectification tout l'accueil
qu'elle mérite. Toute cette colère n'avait d'autre mobile qu'un
trop vif intérêt. Il ne faut pas se plaindre des emportements
du zèle : Qui bene amat, bene castigat, et c'est sans inten-
tion que la main impatiente a confondu la verge du'correc-
teur avec le fouet du diffamateur. Effaçons le passé et mar-
chons à l'avenir.
Dans cet avenir, la Gazette universelle nous promet une
discussion consciencieuse et loyale de la question nautique.
Seulement, nous lui recommandons de ne point écourter le
débat, et de ne point écarter l'un de ces deux faits désormais
concurrents et connexes : la navigation à voiles et la navigation
mixte. Nous la reconnaîtrons à ce service, nous la suivrons
sur son terrain, et nous ne craignons pas de trop nous avancer
en nous engageant à lui prouver, en toute occasion, la modé-
ration extrême des estimations publiées par la Commission
internationale sur le tonnage destiné à passer par le canal.
ERNEST DESPLACES.
LA QUESTION DU CANAL ET L'ANGLETERRE.
« Voici sous quel point de vue les désirs de l'Angleterre en
» cette question doivent être considérés :
» Si le projet de percer un canal maritime à travers l'isthme
» de Suez était vraiment praticable, et si l'entreprise, en la
» supposant praticable, pouvait jamais être rémunératrice,
» bien loin de semer aucune difficulté sur le chemin de M. de
» Lesseps et de sa compagnie , nous l'appuierions de tout
» cœur et jusqu'à l'entière étendue des ressources de l'Angle-
e terre.
» De toutes les nations du monde, nous ne sommes point
n en état de conspiration pour rendre le voyage entre l'At-
)! lantique et les mers indiennes aussi fastidieux, aussi dif-
» ficile et aussi périlleux que possible. Les trois quarts de
» tout le trafic avec l'Orient sont effectués par l'Angleterre
« et à son profit. Les Anglais ont-ils l'habitude de se mon-
» trer assez aveugles sur leurs propres intérêts pour embar-
» rasser volontairement leurs opérations commerciales? Et
» que ferions-nous dans le cas présent, qu'embarrasser inu-
« tilement et volontairement nos opérations, si nous cher-
» chions à prolonger le trajet séparant l'Angleterre des rivages
» asiatiques? Le commerce oriental de la France est moins
» du dixième de celui de l'Angleterre, et, en supposant l'ac-
» quisition de nouvelles facilités d'accès, laquelle des deux
» nations, suivant toutes les présomptions raisonnables, de-
» vrait recueillir dans ce changement les plus gros béné-
» fices ? »
Qui parle ainsi? Est-ce le Constitutionnel, le Journal des
Débats, la Gazette autrichienne, ou l'un de ces mille journaux
de l'Europe qui se sont enrôlés, comme autant de volontaires
généreux, sous la bannière du percement de l'isthme de Suez?
Qui définit et prouve aussi complètement, aussi puissamment,
aussi victorieusement l'immense intérêt de l'Angleterre à l'exé-
cution du canal maritime? C'est un journal anglais qui s'en
était montré, dans ces derniers temps, l'adversaire prononcé,
c'est l'organe le plus répandu des opinions britanniques; en
un mot, c'est le Times en personne.
Prenons acte de ses divers aveux.
L'Angleterre a un immense intérêt, principal entre celui de
toutes les nations, à l'établissement d'une communication
maritime entre la mer Rouge et la Méditerranée.
C'est elle qui en retirera les plus gros bénéfices. Elle pos-
sède les trois quarts du commerce avec l'Orient. La France
n'en a que le dixième. Si une route plus facile entre l'Europe
et l'Asie peut être obtenue, l'Angleterre conspire contre elle-
même en s'opposant à ce progrès.
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