Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1858-11-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 novembre 1858 10 novembre 1858
Description : 1858/11/10 (A3,N58). 1858/11/10 (A3,N58).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203104m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/05/2012
560 L'ISTHME DE SUEZ MERCREDI 10 NOVEMBRE.
MERCREDI 10 NOVEMBRE.
» De toutes « les chimères » que lord Palmerston a représen-
tées comme des projets dirigés contre les intérêts de l'Angle-
terre, la plus remarquable est celle du percement de l'isthme
de Suez, qui aurait pour effet de nous rapprocher de quelques
mois de l'Inde, de l'Australie et de la Chine!
» Le bon sens droit du peuple anglais a déclaré à plusieurs
occasions que l'achèvement d'une telle œuvre donnerait de
grands avantages aux intérêts commerciaux de l'Angleterre.
Il paraît si évident qu'une économie de temps dans le voyage
d'Angleterre en Orient amènerait des profits, que c'est presque
une insulte au bon sens que de vouloir le démontrer. S'il
était nécessaire de citer quelque autorité en faveur d'un pro-
jet ayant pour but de faciliter les communications entre l'An-
gleterre et l'Inde, nous pourrions rappeler l'avis de la Com-
pagnie de l'Inde, communiqué à M. de Lesseps par son
secrétaire, sir James Melvill, dès 1855. Des sentiments sem-
blables ont été exprimés par la plus grande corporation ma-
ritime du monde, la Compagnie péninsulaire et orientale,
ainsi que par les Chambres de commerce et les commerçants
de Londres, Manchester, Lirerpool, Hall, Newcastle, Cork,
Dublin, Belfast, Glasgow, Birmingham, Bristol, Aberdeen,
Edinburgh et d'autres endroits. M. de Lesseps peut être par-
faitement assuré que ces opinions ont beaucoup plus d'impor-
tance et de poids que quelque idée préconçue de lord Pal-
merston sur les éventualités politiques qui peuvent ou ne peu-
vent pas survenir, dans bien des années, relativement à l'équi-
libre européen et au statu quo de la Turquie. Dans la grande
réunion qui aura lieu à Paris prochainement, M. de Lesseps
peut dire avec une parfaite vérité que les sentiments publics
en Angleterre n'ont pas l'habitude de se laisser guider par
quelques lubies officielles dans la marche qu'ils croient devoir
adopter, à l'égard d'une entreprise pour laquelle on demande
leur appui et leur approbation.
» L'interposition d'une simple langue de terre à Suez oppose
une barrière à la navigation, et force le commerçant qui ne
peut transborder son chargement à faire un détour de plu-
sieurs milliers de milles. Les avantages immenses qui devaient
résulter de l'enlèvement de cet obstacle conduisirent naturel-
lement à la formation de divers projets dès la première épo-
que où les pays au delà de cette barrière commençaient à
donner des tentations et des convoitises au commerce. On
trouve encore de nombreuses traces d'un canal dans l'isthme
de Suez. Plusieurs gouvernements d'Egypte ont projeté et
même tenté sa reconstruction. Les avantages que l'exécution
produirait se sont accrus dans une proportion énorme, et les
difficultés techniques ont disparu, sinon absolument, du
moins relativement aux moyens dont on dispose. Le com-
merce qui passerait par un tel canal s'est centuplé, même
depuis le commencement de ce siècle. Nos grands travaux pu-
blics nous ont également appris la manière d'exécuter des
œuvres de cette dimension, et nous ont mis en état de réaliser
ces projets, comparativement, avec facilité et célérité. M. Fer-
dinand de Lesseps a dit dernièrement que l'établissement du
canal d'eau douce ne prendrait pas plus d'un an, et l'effet
immédiat de ce travail serait de fertiliser le sol donné en con-
cession aux entrepreneurs du canal. L'ensemble des travaux,
le canal maritime compris, serait terminé en six ans, et il
n'y a pas de doute que les revenus ne dussent donner de bons
intérêts aux capitalistes.
» En ce qui concerne l'opposition au projet à cause de la
prétendue séparation de l'Egypte et de la Turquie, nous ne
pensons pas que M. Ferd. de Lesseps, M. Lange et leurs col-
laborateurs trouvent beaucoup de difficultés à démontrer
qu'une telle supposition n'est aucunement fondée. Tous ceux
dont l'esprit n'est pas complètement obscurci par des préju-
ges, verront que tout ce qui tend à accroître la prospérité de
l'Égypte doit en même temps fortifier la position de la Tur-
quie. Le même principe qui voudrait empêcher l'Égypte de
grandir en richesses et en importance pour la tenir mieux
dans le vasselage de la Porte, pourrait être appliqué à l'Ir-
lande et à ses relations avec l'Angleterre. Personne n'aura
l'audace de dire que dans l'état actuel comparativement pros-
père, les liens entre l'Irlande et la Grande-Bretagne se soient
affaiblis le moins du monde. Au contraire, l'absence totale
de quelque chose comme la désaffection politique démontre
que les deux pays n'ont jamais été plus unis. Pourquoi cher-
cherions-nous à appliquer à l'Egypte et à la Turquie un prin-
cipe que nous n'osons pas exercer à l'égard de notre propre
pays?
» La France et l'Angleterre, nous pouvons en être sûrs,
ne consentiront jamais à ce que l'Égypte tombe entre les
mains d'une autre puissance. La Turquie n'a rien à craindre
pour son intégrité de la part des puissances occidentales. Si
cette intégrité de l'Empire Ottoman est essentielle pour sa sé-
curité et son indépendance comme puissance européenne, on
obtiendrait de plus grandes garanties contre la séparation de
l'Egypte, si ce pays possédait une grande route maritime
neutre. L'Autriche, intéressée à la prospérité de l'Adriatique,
et préoccupée de prendre part au commerce de l'Orient, ga-
rantirait l'intégrité des possessions turques. Les États mari-
times d'Italie désunis en toute autre chose, désireraient tous la
conservation de l'Egypte et la possibilité de faire le commerce
avec l'Orient; la France a sur la Méditerranée des ports ou
elle désire importer quelques marchandises d'Inde et de
Chine; l'Espagne et le Portugal ont leurs possessions colo-
niales, et voudraient échanger les produits de l'Orient et des
Indes occidentales; la Hollande a un grand empire colonia
dans les îles de Java et de Sumatra; les États-Unis d'Amérique
ont des relations commerciales avec l'Australie et la Chine, et
économiseraient volontiers 8 à 10,000 milles sur le voyage de
leurs navires; et, en ce qui concerne notre propre pays, nous
possédons ce magnifique empire de l'Inde, des colonies floris-
santes en Australie, et les relations commerciales les plus
étendues avec la Chine. Toutes ces puissances s'empresseraient
de donner des garanties mutuelles pour le maintien de la
neutralité du canal proposé et de l'intégrité de l'Empire Otto-
man. Nous exprimons de nouveau notre satisfaction de voir
que M. Ferd. de Lesseps, M. Lange et leurs amis sont déci-
dés à commencer cette grande oeuvre, qu'ils ont si longtemps
et si habilement défendue, en préférant, pour ce qui concerne
les capitaux, de faire appel au bon sens pratique de l'Angle-
terre et de l'Europe, plutôt que de se reposer encore sur l'ap-
pui de gouvernements qui hésitent. »
Nos lecteurs ont pu voir déjà, dans notre dernier numéro,
comment le Morning-Chronicle s'était piononcé sur la phase
nouvelle dans laquelle est entrée notre grande entreprise. Ce
nouvel article n'est pas moins explicite ni moins approbateur
que le précédent.
Le Morning-Chronicle nous semble exprimer la véritable
opinion de l'Angleterre; et, après la discussion solennelle du
1er juin dernier, il ne nous paraît pas qu'il puisse rester
désormais le moindre doute dans les esprits éclairés et impar-
tiaux. Les déclarations du journal anglais ne sont que l'écho
et la suite de celles qui ont été portées à la tribune par nos
éloquents et puissants défenseurs. Nous n'en apprécions pas
moins l'actif concours du Morning-Chronicle, que nous re-
gardons en même temps comme un acte de patriotisme intel- 1
ligent.
MERCREDI 10 NOVEMBRE.
» De toutes « les chimères » que lord Palmerston a représen-
tées comme des projets dirigés contre les intérêts de l'Angle-
terre, la plus remarquable est celle du percement de l'isthme
de Suez, qui aurait pour effet de nous rapprocher de quelques
mois de l'Inde, de l'Australie et de la Chine!
» Le bon sens droit du peuple anglais a déclaré à plusieurs
occasions que l'achèvement d'une telle œuvre donnerait de
grands avantages aux intérêts commerciaux de l'Angleterre.
Il paraît si évident qu'une économie de temps dans le voyage
d'Angleterre en Orient amènerait des profits, que c'est presque
une insulte au bon sens que de vouloir le démontrer. S'il
était nécessaire de citer quelque autorité en faveur d'un pro-
jet ayant pour but de faciliter les communications entre l'An-
gleterre et l'Inde, nous pourrions rappeler l'avis de la Com-
pagnie de l'Inde, communiqué à M. de Lesseps par son
secrétaire, sir James Melvill, dès 1855. Des sentiments sem-
blables ont été exprimés par la plus grande corporation ma-
ritime du monde, la Compagnie péninsulaire et orientale,
ainsi que par les Chambres de commerce et les commerçants
de Londres, Manchester, Lirerpool, Hall, Newcastle, Cork,
Dublin, Belfast, Glasgow, Birmingham, Bristol, Aberdeen,
Edinburgh et d'autres endroits. M. de Lesseps peut être par-
faitement assuré que ces opinions ont beaucoup plus d'impor-
tance et de poids que quelque idée préconçue de lord Pal-
merston sur les éventualités politiques qui peuvent ou ne peu-
vent pas survenir, dans bien des années, relativement à l'équi-
libre européen et au statu quo de la Turquie. Dans la grande
réunion qui aura lieu à Paris prochainement, M. de Lesseps
peut dire avec une parfaite vérité que les sentiments publics
en Angleterre n'ont pas l'habitude de se laisser guider par
quelques lubies officielles dans la marche qu'ils croient devoir
adopter, à l'égard d'une entreprise pour laquelle on demande
leur appui et leur approbation.
» L'interposition d'une simple langue de terre à Suez oppose
une barrière à la navigation, et force le commerçant qui ne
peut transborder son chargement à faire un détour de plu-
sieurs milliers de milles. Les avantages immenses qui devaient
résulter de l'enlèvement de cet obstacle conduisirent naturel-
lement à la formation de divers projets dès la première épo-
que où les pays au delà de cette barrière commençaient à
donner des tentations et des convoitises au commerce. On
trouve encore de nombreuses traces d'un canal dans l'isthme
de Suez. Plusieurs gouvernements d'Egypte ont projeté et
même tenté sa reconstruction. Les avantages que l'exécution
produirait se sont accrus dans une proportion énorme, et les
difficultés techniques ont disparu, sinon absolument, du
moins relativement aux moyens dont on dispose. Le com-
merce qui passerait par un tel canal s'est centuplé, même
depuis le commencement de ce siècle. Nos grands travaux pu-
blics nous ont également appris la manière d'exécuter des
œuvres de cette dimension, et nous ont mis en état de réaliser
ces projets, comparativement, avec facilité et célérité. M. Fer-
dinand de Lesseps a dit dernièrement que l'établissement du
canal d'eau douce ne prendrait pas plus d'un an, et l'effet
immédiat de ce travail serait de fertiliser le sol donné en con-
cession aux entrepreneurs du canal. L'ensemble des travaux,
le canal maritime compris, serait terminé en six ans, et il
n'y a pas de doute que les revenus ne dussent donner de bons
intérêts aux capitalistes.
» En ce qui concerne l'opposition au projet à cause de la
prétendue séparation de l'Egypte et de la Turquie, nous ne
pensons pas que M. Ferd. de Lesseps, M. Lange et leurs col-
laborateurs trouvent beaucoup de difficultés à démontrer
qu'une telle supposition n'est aucunement fondée. Tous ceux
dont l'esprit n'est pas complètement obscurci par des préju-
ges, verront que tout ce qui tend à accroître la prospérité de
l'Égypte doit en même temps fortifier la position de la Tur-
quie. Le même principe qui voudrait empêcher l'Égypte de
grandir en richesses et en importance pour la tenir mieux
dans le vasselage de la Porte, pourrait être appliqué à l'Ir-
lande et à ses relations avec l'Angleterre. Personne n'aura
l'audace de dire que dans l'état actuel comparativement pros-
père, les liens entre l'Irlande et la Grande-Bretagne se soient
affaiblis le moins du monde. Au contraire, l'absence totale
de quelque chose comme la désaffection politique démontre
que les deux pays n'ont jamais été plus unis. Pourquoi cher-
cherions-nous à appliquer à l'Egypte et à la Turquie un prin-
cipe que nous n'osons pas exercer à l'égard de notre propre
pays?
» La France et l'Angleterre, nous pouvons en être sûrs,
ne consentiront jamais à ce que l'Égypte tombe entre les
mains d'une autre puissance. La Turquie n'a rien à craindre
pour son intégrité de la part des puissances occidentales. Si
cette intégrité de l'Empire Ottoman est essentielle pour sa sé-
curité et son indépendance comme puissance européenne, on
obtiendrait de plus grandes garanties contre la séparation de
l'Egypte, si ce pays possédait une grande route maritime
neutre. L'Autriche, intéressée à la prospérité de l'Adriatique,
et préoccupée de prendre part au commerce de l'Orient, ga-
rantirait l'intégrité des possessions turques. Les États mari-
times d'Italie désunis en toute autre chose, désireraient tous la
conservation de l'Egypte et la possibilité de faire le commerce
avec l'Orient; la France a sur la Méditerranée des ports ou
elle désire importer quelques marchandises d'Inde et de
Chine; l'Espagne et le Portugal ont leurs possessions colo-
niales, et voudraient échanger les produits de l'Orient et des
Indes occidentales; la Hollande a un grand empire colonia
dans les îles de Java et de Sumatra; les États-Unis d'Amérique
ont des relations commerciales avec l'Australie et la Chine, et
économiseraient volontiers 8 à 10,000 milles sur le voyage de
leurs navires; et, en ce qui concerne notre propre pays, nous
possédons ce magnifique empire de l'Inde, des colonies floris-
santes en Australie, et les relations commerciales les plus
étendues avec la Chine. Toutes ces puissances s'empresseraient
de donner des garanties mutuelles pour le maintien de la
neutralité du canal proposé et de l'intégrité de l'Empire Otto-
man. Nous exprimons de nouveau notre satisfaction de voir
que M. Ferd. de Lesseps, M. Lange et leurs amis sont déci-
dés à commencer cette grande oeuvre, qu'ils ont si longtemps
et si habilement défendue, en préférant, pour ce qui concerne
les capitaux, de faire appel au bon sens pratique de l'Angle-
terre et de l'Europe, plutôt que de se reposer encore sur l'ap-
pui de gouvernements qui hésitent. »
Nos lecteurs ont pu voir déjà, dans notre dernier numéro,
comment le Morning-Chronicle s'était piononcé sur la phase
nouvelle dans laquelle est entrée notre grande entreprise. Ce
nouvel article n'est pas moins explicite ni moins approbateur
que le précédent.
Le Morning-Chronicle nous semble exprimer la véritable
opinion de l'Angleterre; et, après la discussion solennelle du
1er juin dernier, il ne nous paraît pas qu'il puisse rester
désormais le moindre doute dans les esprits éclairés et impar-
tiaux. Les déclarations du journal anglais ne sont que l'écho
et la suite de celles qui ont été portées à la tribune par nos
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