Presse et revues
32 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1858-09-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 10 septembre 1858 10 septembre 1858
Description : 1858/09/10 (A3,N54). 1858/09/10 (A3,N54).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203100z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/05/2012
470 L'ISTHME DE SUEZ, VENDREDI 10 SEPTEMBRE.
son idée éminemment française , le percement de l'isthme de
Suez. Si une opposition systématique et aveugle élève en-
core en Angleterre, surtout dans les régions officielles, des
objections contre cette œuvre, qui sera, espérons-le, le haut
fait delà civilisation du dix-neuvième siècle, du moins les
adhésions les plus solennelles, les plus-imposantes, les plus
sympathiques, lui viennent de toutes les contrées du monde
civilisé; et bientôt il sera constaté qu'un seul peuple, ou
plutôt un seul gouvernement, met des entraves à la réalisa-
tion d'un si beau projet.
» Ce jour-là, un grand résultat sera acquis; car il est im-
possible que le mauvais vouloir d'un Etat, si puissant qu'il
soit, empêche l'Europe tout entière de se frayer vers les Indes
une voie plus rapide, plus économique. L'Angleterre vient de
rendre un service signalé au commerce, à l'industrie, aux
transactions de toute nature qui constituent un des côtés im-
portants de la civilisation, en plongeant dans les profondeurs
de l'Océan ce câble électrique qui met la pensée des deux
mondes à quelques minutes de distance. Mais ce service im-
mense, elle n'aurait plus le droit de le revendiquer à son
honneur, si elle se refusait plus longtemps à s'associer au
mouvement général qui accueille le canal de Suez. »
A. M. DESNOYERS.
Pour extraits : ERNEST DESPLACES.
VARIÉTÉS.
LA BIBLE ET L'ISTHME DE SUEZ,
Parmi les souvenirs qui se rattachent à l'isthme de
Suez, les plus grands, sans contredit, sont ceux que la
Bible a consacrés. La fuite des Hébreux quittant le sol
de l'Egypte pour chercher la terre promise et retourner
en Canaan, sous la conduite de Moïse, est un des épi-
sodes les plus fameux et les plus intéressants du Livre
saint. Il nous a paru qu'il ne serait pas sans utilité de
rappeler et de réunir les principaux passages de ce do-
cument sacré, qui est la base de notre religion, et qui
tient en outre une place si haute dans l'histoire de l'hu-
manité. On trouvera tous ces passages cités un peu plus
bas, avec quelques remarques qui ont été suggérées
par la vue des lieux et par les traditions séculaires qui
s'y conservent encore.
Ces renseignements nous ont été communiqués par
M. Ferd. de Lesseps, qui les tenait lui-même de M. Li-
nant-Bey.
Le chemin exact qu'ont suivi les enfants d'Israël, en
quittant le pays de Gessen (Goscen), est un problème
des plus délicats et des plus obscurs. L'érudition la
plus sagace et la plus savante a vainement essayé de le
résoudre. Ce n'est donc point la tâche que nous préten-
dons entreprendre ici, et nous la laissons à ceux qui
peuvent discuter le texte en comprenant la langue même
dans laquelle il a été écrit. Notre intention est beau-
coup plus modeste; et comme nous n'avons point à
fixer précisément chacune des étapes qu'a suivies le
peuple de Dieu, nous pouvons nous en tenir au fait gé-
néral, qui n'a rien de douteux, et qui se vérifie avec
une évidence certaine, dans ces larges limites, pour
tous ceux qui ont parcouru ces localités.
Ainsi le pays où Joseph va à la rencontre de son père
et des serviteurs et parents qui l'accompagnent, est le
pays de Gessen, sur la route en effet de la Judée à
l'Égypte. Gessen , de l'aveu de tout le monde, est
l'Ouadée-Toumilat, à la hauteur des ruines qu'on ren-
contre à quelques lieues à l'ouest du lac Timsah. Cet
endroit, où l'on trouve encore aujourd'hui les débris de
villes considérables, s'appelait Rammessès ou Rhamsès,
d'après la Bible, et c'est là que Joseph, d'après l'ordre
du Pharaon, établit son père et les 66 personnes, selon
la Genèse (ch. XLVI, v. 26), ou les 70, selon l'Exode
(ch. i, v. 5), dont Jacob était accompagné, sans y com-
prendre les femmes de ses fils.
Les Hébreux habitèrent la terre de Gessen, qui était
la partie la meilleure de l'Egypte (Genèse, ch. XLVII,
v. 11 ), pendant 430 ans; et quand le despotisme into-
lérable des Pharaons les contraignit d'en sortir, ils
étaient au nombre de six cent mille hommes de pied,
sans compter les petits enfants (Exode, ch. XII, v. 37,
40). Ils partirent de Rhamsès et vinrent à Succoth.
« Dieu les fit tournoyer dans le désert, vers la mer
Rouge, » au lieu de leur faire prendre le chemin du
pays des Philistins , qui était cependant le plus court
(Exode, ch. XIII, v. 17, 18, 20). De Succoth, ils vin-
rent camper à Etham, « qui est au bout du désert, »
c'est-à-dire où commençait le désert pour des voyageurs
qui quittaient les terres fertilisées par le Nil dans l'Oua-
dée-Toumilat, et qui marchaient au sud-est vers la mer
Rouge.
Les Hébreux étaient campés près de cette mer, vers
Pi-Hahiroth, vis-à-vis de Bahal-Tséphon, quand le
Pharaon les atteignit (Exode, ch. xiv, v. 9) et trouva
la mort dans les eaux avec toute son armée.
De la mer Rouge, où venait de s'accomplir leur salut,
les enfants d'Israël rentrèrent dans le désert de Sur, où
ils errèrent trois jours sans découvrir d'eau (Exode,
ch. xv, v. 22, 23). De là ils vinrent à Mara (les lacs
Amers ), où ils trouvèrent des eaux tellement saumâ-
tres, qu'ils ne purent en boire. C'est à Mara que Moïse
dessala les eaux en y jetant un certain bois qui les
adoucissait.
De Mara , les fugitifs vinrent à Elim , où il y avait
douze fontaines d'eau et soixante-dix palmiers (Exode,
ch. xv, v. 27). Il n'y a guère de doute sur les douze
fontaines de Moïse ; elles sont toujours sur la côte
d'Arabie, en face de Suez ; et la Commission internatio-
nale, dans son voyage à cette ville, y a fait une excur-
sion.
Après Elim, le chemin des Hébreux s'éloigne de plus
en plus de l'isthme de Suez, et ils rentrent dans le dé-
sert de Sin pour se diriger vers le Sinaï. Les fontaines
d'Elim ont été confondues quelquefois, mais bien à
tort, avec celle que Moïse a fait jaillir du rocher d'Ho-
reb (Exode, ch. XXII, v. 6), qui est fort loin de là, tou-
jours de plus en plus à l'est.
On le voit donc, l'isthme de Suez, au temps de Jo-
son idée éminemment française , le percement de l'isthme de
Suez. Si une opposition systématique et aveugle élève en-
core en Angleterre, surtout dans les régions officielles, des
objections contre cette œuvre, qui sera, espérons-le, le haut
fait delà civilisation du dix-neuvième siècle, du moins les
adhésions les plus solennelles, les plus-imposantes, les plus
sympathiques, lui viennent de toutes les contrées du monde
civilisé; et bientôt il sera constaté qu'un seul peuple, ou
plutôt un seul gouvernement, met des entraves à la réalisa-
tion d'un si beau projet.
» Ce jour-là, un grand résultat sera acquis; car il est im-
possible que le mauvais vouloir d'un Etat, si puissant qu'il
soit, empêche l'Europe tout entière de se frayer vers les Indes
une voie plus rapide, plus économique. L'Angleterre vient de
rendre un service signalé au commerce, à l'industrie, aux
transactions de toute nature qui constituent un des côtés im-
portants de la civilisation, en plongeant dans les profondeurs
de l'Océan ce câble électrique qui met la pensée des deux
mondes à quelques minutes de distance. Mais ce service im-
mense, elle n'aurait plus le droit de le revendiquer à son
honneur, si elle se refusait plus longtemps à s'associer au
mouvement général qui accueille le canal de Suez. »
A. M. DESNOYERS.
Pour extraits : ERNEST DESPLACES.
VARIÉTÉS.
LA BIBLE ET L'ISTHME DE SUEZ,
Parmi les souvenirs qui se rattachent à l'isthme de
Suez, les plus grands, sans contredit, sont ceux que la
Bible a consacrés. La fuite des Hébreux quittant le sol
de l'Egypte pour chercher la terre promise et retourner
en Canaan, sous la conduite de Moïse, est un des épi-
sodes les plus fameux et les plus intéressants du Livre
saint. Il nous a paru qu'il ne serait pas sans utilité de
rappeler et de réunir les principaux passages de ce do-
cument sacré, qui est la base de notre religion, et qui
tient en outre une place si haute dans l'histoire de l'hu-
manité. On trouvera tous ces passages cités un peu plus
bas, avec quelques remarques qui ont été suggérées
par la vue des lieux et par les traditions séculaires qui
s'y conservent encore.
Ces renseignements nous ont été communiqués par
M. Ferd. de Lesseps, qui les tenait lui-même de M. Li-
nant-Bey.
Le chemin exact qu'ont suivi les enfants d'Israël, en
quittant le pays de Gessen (Goscen), est un problème
des plus délicats et des plus obscurs. L'érudition la
plus sagace et la plus savante a vainement essayé de le
résoudre. Ce n'est donc point la tâche que nous préten-
dons entreprendre ici, et nous la laissons à ceux qui
peuvent discuter le texte en comprenant la langue même
dans laquelle il a été écrit. Notre intention est beau-
coup plus modeste; et comme nous n'avons point à
fixer précisément chacune des étapes qu'a suivies le
peuple de Dieu, nous pouvons nous en tenir au fait gé-
néral, qui n'a rien de douteux, et qui se vérifie avec
une évidence certaine, dans ces larges limites, pour
tous ceux qui ont parcouru ces localités.
Ainsi le pays où Joseph va à la rencontre de son père
et des serviteurs et parents qui l'accompagnent, est le
pays de Gessen, sur la route en effet de la Judée à
l'Égypte. Gessen , de l'aveu de tout le monde, est
l'Ouadée-Toumilat, à la hauteur des ruines qu'on ren-
contre à quelques lieues à l'ouest du lac Timsah. Cet
endroit, où l'on trouve encore aujourd'hui les débris de
villes considérables, s'appelait Rammessès ou Rhamsès,
d'après la Bible, et c'est là que Joseph, d'après l'ordre
du Pharaon, établit son père et les 66 personnes, selon
la Genèse (ch. XLVI, v. 26), ou les 70, selon l'Exode
(ch. i, v. 5), dont Jacob était accompagné, sans y com-
prendre les femmes de ses fils.
Les Hébreux habitèrent la terre de Gessen, qui était
la partie la meilleure de l'Egypte (Genèse, ch. XLVII,
v. 11 ), pendant 430 ans; et quand le despotisme into-
lérable des Pharaons les contraignit d'en sortir, ils
étaient au nombre de six cent mille hommes de pied,
sans compter les petits enfants (Exode, ch. XII, v. 37,
40). Ils partirent de Rhamsès et vinrent à Succoth.
« Dieu les fit tournoyer dans le désert, vers la mer
Rouge, » au lieu de leur faire prendre le chemin du
pays des Philistins , qui était cependant le plus court
(Exode, ch. XIII, v. 17, 18, 20). De Succoth, ils vin-
rent camper à Etham, « qui est au bout du désert, »
c'est-à-dire où commençait le désert pour des voyageurs
qui quittaient les terres fertilisées par le Nil dans l'Oua-
dée-Toumilat, et qui marchaient au sud-est vers la mer
Rouge.
Les Hébreux étaient campés près de cette mer, vers
Pi-Hahiroth, vis-à-vis de Bahal-Tséphon, quand le
Pharaon les atteignit (Exode, ch. xiv, v. 9) et trouva
la mort dans les eaux avec toute son armée.
De la mer Rouge, où venait de s'accomplir leur salut,
les enfants d'Israël rentrèrent dans le désert de Sur, où
ils errèrent trois jours sans découvrir d'eau (Exode,
ch. xv, v. 22, 23). De là ils vinrent à Mara (les lacs
Amers ), où ils trouvèrent des eaux tellement saumâ-
tres, qu'ils ne purent en boire. C'est à Mara que Moïse
dessala les eaux en y jetant un certain bois qui les
adoucissait.
De Mara , les fugitifs vinrent à Elim , où il y avait
douze fontaines d'eau et soixante-dix palmiers (Exode,
ch. xv, v. 27). Il n'y a guère de doute sur les douze
fontaines de Moïse ; elles sont toujours sur la côte
d'Arabie, en face de Suez ; et la Commission internatio-
nale, dans son voyage à cette ville, y a fait une excur-
sion.
Après Elim, le chemin des Hébreux s'éloigne de plus
en plus de l'isthme de Suez, et ils rentrent dans le dé-
sert de Sin pour se diriger vers le Sinaï. Les fontaines
d'Elim ont été confondues quelquefois, mais bien à
tort, avec celle que Moïse a fait jaillir du rocher d'Ho-
reb (Exode, ch. XXII, v. 6), qui est fort loin de là, tou-
jours de plus en plus à l'est.
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