Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1858-07-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 juillet 1858 10 juillet 1858
Description : 1858/07/10 (A3,N50). 1858/07/10 (A3,N50).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203096h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/10/2012
360 L'ISTHME DE SUEZ. SAMEDI 10 JUILLET.
commerce étranger. Évidemment il ne faut pas pour-
suivre cette marche politique avec timidité ou hésitation ;
la conviction qu'elle est juste et praticable, pourvu que
l'on y persévère avec hardiesse, est une des conditions
essentielles du succès. Dans les premiers temps, il fau-
dra s'attendre à de fréquents conflits, à d'aigres discus-
sions, la Chine devant donner entrée à toutes les nations
possibles, et multiplier les points de contact là où il n'y
a pas de moyen de communication, pas même sous la
forme d'une linguafranca.
Pour obtenir le succès, il est indispensable d'exercer
un contrôle plus efficace sur tous les étrangers en Chine,
point malheureusement trop négligé jusqu'ici. Ce con-
trôle est la condition préliminaire de l'accès tant désiré
des grands marchés et des districts producteurs de l'in-
térieur. A cette fin, les puissances de l'Occident devraient
entretenir des consuls salariés, et non pas seulement
honoraires, ayant une position respectable qui leur donnât
les moyens de se mettre au même rang que les fonction-
naires chinois. Aux yeux de ces derniers, il n'y a rien
de plus mesquin, de plus ridicule que ces consuls euro-
péens qui sont en même temps commerçants, c'est-à-dire
appartenant à une des classes inférieures de la société
chinoise. Quel respect veut-on qu'un mandarin res-
sente pour un de ces hommes exerçant les fonctions de
représentant d'une grande puissance, lorsque quelques
heures auparavant il l'a peut-être surpris dans quelque
tentative de frauder la douane? Les puissances de l'Oc-
cident devraient donner à leurs consuls une position égale
à celle des mandarins chinois , c'est-à-dire la position
de véritables chargés d'affaires, et inviter en même
temps l'empereur de Chine à refuser son exequatur à
ceux des consuls étrangers auxquels leur gouvernement
ne donnerait pas une position convenable.
Ce n'est qu'après avoir institué une juridiction solide
et extirpé la piraterie des mers de la Chine, que les
Européens peuvent entamer la question de l'accès des
grands centres de l'Empire. Il est donc indispensable,
comme nous l'avons déjà dit, d'entretenir des relations
directes à Péking. Mais cela ne suffit pas encore pour
amener un rapprochement plus durable et des rapports
plus intimes entre les deux races; il faut encore que
les Chinois, qui, dans leur insolent orgueil, se consi-
dèrent comme infiniment supérieurs à ces barbares
étrangers, et n'en résistent que davantage à toutes les
réclamations de ces barbares, soient enfin tirés de leur
illusion. Ainsi, les gouvernements occidentaux feraient
bien de forcer celui de Chine à se mettre sur un pied
égal avec eux, en entretenant des ambassades auprès
des cours étrangères.
Les conséquences de ces diverses mesures seraient
g*1fiïmçlisjlans ces pHroles récentes de Sung-Bahadour. « Si je n'a-
■ -1sais pâgicttàt Londres, disait-il à Maun-Singh, je serais
ICe de l'insurrection. » Les rapports de ces
fc ii4ut&ipan|wrins, bien instruits et capables, représentant
t yl Europe, donneraient aux Chinois une tout
autre idée de la puissance et de la civilisation de l'Oc-
cident; leur orgueil serait un peu rabaissé, et une
crainte salutaire remplacerait leur insolence habituelle.
Mais ce qui est bien plus important encore, c'est que ,
malgré leur entêtement proverbial et leur excessive
outrecuidance, les hauts fonctionnaires reconnaîtraient
peu à peu la supériorité réelle de la civilisation occiden-
tale, de l'industrie, des arts, des sciences ; et pourvu
que la diplomatie sût ôter au gouvernement de Chine
tout sujet de crainte et d'inquiétude résultant du contact
avec les étrangers, nous verrions bientôt les Chinois se
rapprocher spontanément de la race européenne, qui
pourrait leur apprendre tant de choses et contribuer à
un si haut degré à la prospérité générale du pays.
Nous ne pouvons qu'approuver toutes ces idées qui
ont été indiquées déjà par nous, quand nous avons parlé
de l'ouvrage de M. Sinibaldo de Mas. (Voir notre numéro
du 10 décembre 1857, page 530.)
Après avoir ainsi exposé la marche que la politique
des puissances occidentales doit suivre en Chine, l'auteur
des Lettres que nous analysons touche encore trois
questions de différente nature, mais également d'une
grande importance pour le développement futur du
commerce en Chine. Il s'agit d'abord du système doua-
nier, qui a toujours été représenté comme le terrible
rempart que tous les efforts des marchands de Liver-
pool et de Manchester ne sauraient jamais franchir.
L'auteur affirme qu'il faut bien distinguer entre les
douanes du littoral et celles de l'intérieur. Les droits
maritimes y sont très-modérés, et dans les ports où les
consuls exercent une surveillance continuelle, il est
même impossible de rançonner les étrangers. Mais à
l'intérieur il en est autrement; là, tout est arbitraire,
rien de fixe et de réglé; les fonctionnaires agissent
selon leur bon plaisir, et sur tout les étrangers sont sou-
mis à des contributions exorbitantes. Pour en finir
avec ces vexations, l'auteur propose que les Européens
ne payent de droits qu'aux ports mêmes, sous les yeux
de leurs consuls, et qu'à l'intérieur ils soient exempts
de toute autre taxe.
Le système monétaire est également un sujet de
grandes plaintes. Il manque un étalon légal, et il serait
bon que les puissances occidentales obtinssent du gou-
vernement chinois quelques réformes monétaires, même
à la condition d'établir des fabriques de monnaies chi-
noises à Hong-kong ou à Calcutta.
Enfin un des derniers desiderata du commerce eu-
ropéen est, suivant l'auteur, le règlement du commerce
de l'opium. Mais c'est là une question compliquée et
souvent discutée ; notre brochure la traite d'une ma-
nière très-complète et remarquable, dans un long cha-
pitre que nous reproduirons plus tard presque en
entier.
G. WAGENER.
Le Gérant, ERNEST DESPLACE?.
PARIS. T\TCGI\Ai'HIE DE HENRI PLON. IMPRIMEUR DE L*EMPEREl'R , RUE GARANCIÈRE, 8.
commerce étranger. Évidemment il ne faut pas pour-
suivre cette marche politique avec timidité ou hésitation ;
la conviction qu'elle est juste et praticable, pourvu que
l'on y persévère avec hardiesse, est une des conditions
essentielles du succès. Dans les premiers temps, il fau-
dra s'attendre à de fréquents conflits, à d'aigres discus-
sions, la Chine devant donner entrée à toutes les nations
possibles, et multiplier les points de contact là où il n'y
a pas de moyen de communication, pas même sous la
forme d'une linguafranca.
Pour obtenir le succès, il est indispensable d'exercer
un contrôle plus efficace sur tous les étrangers en Chine,
point malheureusement trop négligé jusqu'ici. Ce con-
trôle est la condition préliminaire de l'accès tant désiré
des grands marchés et des districts producteurs de l'in-
térieur. A cette fin, les puissances de l'Occident devraient
entretenir des consuls salariés, et non pas seulement
honoraires, ayant une position respectable qui leur donnât
les moyens de se mettre au même rang que les fonction-
naires chinois. Aux yeux de ces derniers, il n'y a rien
de plus mesquin, de plus ridicule que ces consuls euro-
péens qui sont en même temps commerçants, c'est-à-dire
appartenant à une des classes inférieures de la société
chinoise. Quel respect veut-on qu'un mandarin res-
sente pour un de ces hommes exerçant les fonctions de
représentant d'une grande puissance, lorsque quelques
heures auparavant il l'a peut-être surpris dans quelque
tentative de frauder la douane? Les puissances de l'Oc-
cident devraient donner à leurs consuls une position égale
à celle des mandarins chinois , c'est-à-dire la position
de véritables chargés d'affaires, et inviter en même
temps l'empereur de Chine à refuser son exequatur à
ceux des consuls étrangers auxquels leur gouvernement
ne donnerait pas une position convenable.
Ce n'est qu'après avoir institué une juridiction solide
et extirpé la piraterie des mers de la Chine, que les
Européens peuvent entamer la question de l'accès des
grands centres de l'Empire. Il est donc indispensable,
comme nous l'avons déjà dit, d'entretenir des relations
directes à Péking. Mais cela ne suffit pas encore pour
amener un rapprochement plus durable et des rapports
plus intimes entre les deux races; il faut encore que
les Chinois, qui, dans leur insolent orgueil, se consi-
dèrent comme infiniment supérieurs à ces barbares
étrangers, et n'en résistent que davantage à toutes les
réclamations de ces barbares, soient enfin tirés de leur
illusion. Ainsi, les gouvernements occidentaux feraient
bien de forcer celui de Chine à se mettre sur un pied
égal avec eux, en entretenant des ambassades auprès
des cours étrangères.
Les conséquences de ces diverses mesures seraient
g*1fiïmçlis
■ -1sais pâgicttàt Londres, disait-il à Maun-Singh, je serais
ICe de l'insurrection. » Les rapports de ces
fc ii4ut&ipan|wrins, bien instruits et capables, représentant
t yl Europe, donneraient aux Chinois une tout
autre idée de la puissance et de la civilisation de l'Oc-
cident; leur orgueil serait un peu rabaissé, et une
crainte salutaire remplacerait leur insolence habituelle.
Mais ce qui est bien plus important encore, c'est que ,
malgré leur entêtement proverbial et leur excessive
outrecuidance, les hauts fonctionnaires reconnaîtraient
peu à peu la supériorité réelle de la civilisation occiden-
tale, de l'industrie, des arts, des sciences ; et pourvu
que la diplomatie sût ôter au gouvernement de Chine
tout sujet de crainte et d'inquiétude résultant du contact
avec les étrangers, nous verrions bientôt les Chinois se
rapprocher spontanément de la race européenne, qui
pourrait leur apprendre tant de choses et contribuer à
un si haut degré à la prospérité générale du pays.
Nous ne pouvons qu'approuver toutes ces idées qui
ont été indiquées déjà par nous, quand nous avons parlé
de l'ouvrage de M. Sinibaldo de Mas. (Voir notre numéro
du 10 décembre 1857, page 530.)
Après avoir ainsi exposé la marche que la politique
des puissances occidentales doit suivre en Chine, l'auteur
des Lettres que nous analysons touche encore trois
questions de différente nature, mais également d'une
grande importance pour le développement futur du
commerce en Chine. Il s'agit d'abord du système doua-
nier, qui a toujours été représenté comme le terrible
rempart que tous les efforts des marchands de Liver-
pool et de Manchester ne sauraient jamais franchir.
L'auteur affirme qu'il faut bien distinguer entre les
douanes du littoral et celles de l'intérieur. Les droits
maritimes y sont très-modérés, et dans les ports où les
consuls exercent une surveillance continuelle, il est
même impossible de rançonner les étrangers. Mais à
l'intérieur il en est autrement; là, tout est arbitraire,
rien de fixe et de réglé; les fonctionnaires agissent
selon leur bon plaisir, et sur tout les étrangers sont sou-
mis à des contributions exorbitantes. Pour en finir
avec ces vexations, l'auteur propose que les Européens
ne payent de droits qu'aux ports mêmes, sous les yeux
de leurs consuls, et qu'à l'intérieur ils soient exempts
de toute autre taxe.
Le système monétaire est également un sujet de
grandes plaintes. Il manque un étalon légal, et il serait
bon que les puissances occidentales obtinssent du gou-
vernement chinois quelques réformes monétaires, même
à la condition d'établir des fabriques de monnaies chi-
noises à Hong-kong ou à Calcutta.
Enfin un des derniers desiderata du commerce eu-
ropéen est, suivant l'auteur, le règlement du commerce
de l'opium. Mais c'est là une question compliquée et
souvent discutée ; notre brochure la traite d'une ma-
nière très-complète et remarquable, dans un long cha-
pitre que nous reproduirons plus tard presque en
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Le Gérant, ERNEST DESPLACE?.
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