Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1858-06-25
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 25 juin 1858 25 juin 1858
Description : 1858/06/25 (A3,N49). 1858/06/25 (A3,N49).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62030953
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2012
322 L'ISTHME DE SUEZ, VENDREDI 25 JUIN.
puisse réussir, ni qu'elle obtienne une garantie du gouverne-
ment.
Pour tous les faits divers :
ERNEST DESPLACES.
NOUVELLES D'EGYPTE
(Correspondance particulière de /'ISTHME DE SUEZ.)
Alexandrie, le 16 et 18 mai 1858.
Notre port a été visité dans ces derniers temps par plusieurs
bâtiments de guerre anglais. Un de ces bâtiments est occupé
maintenant, dit-on, à des sondages sur les côtes de Damiette
et de Péluse. On ajoute qu'il sera bientôt rejoint par le Tar-
tarus, capitaine Mansell, dont j'ai déjà eu l'occasion de vous
parler, et qui lui-même avait opéré l'an dernier, dans les pa-
rages en question, des sondages qui s'étaient trouvés parfai-
tement d'accord avec ceux qui ont été effectués, avant lui,
par la Commission internationale de la Compagnie univer-
selle du canal maritime de Suez.
On croyait la mission du Tartarus terminée; mais on tient
à lui faire relever, dit-on, de nouveau les côtes de Damiette et
de ses environs , et il faut espérer que l'amirauté anglaise
voudra faire jouir la navigation et le commerce de la publi-
cation de ces relevés, pour l'exactitude et la vérification des-
quels l'Angleterre témoigne une si grande sollicitude.
Je vous ai souvent entretenu de la Compagnie du remor-
quage à vapeur sur le Nil et sur le canal. Le gouvernement,
afin d'encourager les capitaux à entrer dans une entreprise
par actions , qui était alors une nouveauté pour le pays , avait
cru devoir concéder à cette Compagnie un privilège pour l'ex-
ploitation de ce remorquage à vapeur, en se réservant toute-
fois, par un article spécial des statuts, le droit de reprendre
l'affaire pour son compte, quand il le jugerait à propos, sauf
à indemniser équitablement, et suivant jugement d'arbitres,
les actionnaires de l'entreprise.
La Compagnie étant maintenant en pleine activité, et ce
premier essai d'affaires par actions ayant initié le pays aux
opérations par associations, qui seules peuvent enfanter de
grandes choses, exemple que nous verrons bientôt suivi par
d'autres Compagnies, le gouvernement a fait connaître son
intention de replacer désormais l'affaire du remorquage entre
ses mains, et on s'occupe de régler amiablement les droits
des intéressés dans cette affaire.
On dit que le principal motif du gouvernement est de lais-
ser la navigation du Nil entièrement libre désormais à l'indus-
trie du remorquage, que chacun pourra maintenant exploiter
à son gré, en se soumettant, bien entendu, aux règlements de
police et de navigation intérieure.
Ainsi tomberont d'elles-mêmes quelques réclamations iso-
lées dont les droits étaient pour le moins fort contestables, et
le commerce a appris avec une satisfaction véritable cette dé-
cision du Vice-roi, qui est une preuve nouvelle de la protec-
tion qu'il accorde aux libertés et aux franchises commer-
ciales.
Le dernier jour du mois de ramadan, c'est-à-dire la veille
du baïram, fête très-solennelle des musulmans, S. A. le Vice-
roi s'est rendu en grande pompe de sa résidence ordinaire
de Gabari au palais de Ras-el-Tin, ou, d'après l'usage, les
réceptions officielles ont lieu. Le Vice-roi, escorté par les
troupes actuellement en garnison à Alexandrie, et qu'on éva-
lue à 6,000 hommes environ de toutes armes, a traversé là
ville au milieu des flots pressés de la population européenne
et indigène qui admirait la bonne tenue des troupes. On a pu
juger, dans cette occasion, des améliorations que le gouver-
nement actuel a introduites dans l'organisation de son armée,
et l'on a reconnu que les soins donnés par S. A. avec tant de
sollicitude au bien-être, à l'instruction et à la parfaite dis-
cipline de ses soldats, ont obtenu le meilleur résultat.
Le lendemain, les grandes réceptions officielles ont eu lieu
à Ras-el-Tin. Dès la pointe du jour le Vice-roi, en grand cos-
tume, entouré de tous les princes du sang) a reçu avec le
cérémonial usité les corps civils et militaires du pays. Le
corps consulaire a eu également l'honneur de lui présenter
ses félicitations. On remarquait parmi MM. les consuls géné-
raux deux envoyés du roi d'Abyssinie, empressés d'apporter
aussi les compliments du souverain qu'ils représentent, et de
démontrer ainsi les relations amicales de l'Egypte avec l'A-
byssinie. Le doyen des agents et consuls généraux a pris la
parole au nom de ses collègues ; et, après avoir félicité le Vice-
roi, il a ajouté que les représentants des puissances euro-
péennes seconderaient toujours le gouvernement égyptien
pour l'exécution des mesures qu'il continuerait à prendre
dans l'intérêt du commerce et de l'industrie, et pour le main-
tien du bon ordre; il a remercié le Vice-roi de ce qu'il avait
déjà fait dans la voie du progrès et du bien-être du pays.
S. A. a répondu immédiatement en français qu'elle remer-
ciait le corps consulaire de ce qu'il voulait bien lui exprimer
en faveur de sa personne et du bonheur de l'Egypte, et de
l'utile concours que MM. les consuls généraux lui prêtaient.
Alexandrie, 31 mai 1858.
Mes dernières lettres portent les dates des 16 et 18 mai.
On écrit du Caire que les funérailles du malheureux prince
Achmet-Pacha ont été célébrées avec pompe, et que les princes
du sang assistaient au convoi.
Le 19 de ce mois nous avons reçu dans notre port la fré-
gate française la Pomme, battant pavillon du contre-amiral
Clavau, et ce navire a été suivi de près par la corvette fran-
çaise Chaptal, qui est arrivée ici le 23. L'amiral français a été
reçu plusieurs fois par le Vice-roi.
Le 23 mai, la corvette à vapeur anglaise l'autour, est en-
trée dans notre port, ayant à bord trois fils de S. M. l'empe-
reur de Maroc, lesquels se rendent à la Mecque avec une suite
nombreuse. Ces princes ont été reçus par le Vice-roi avec les
honneurs dus à leur naissance.
Un vapeur de guerre turc, venant de Constantinople, a
amené ces jours derniers, dans nos murs, le personnage por-
teur du firman impérial qui confère le grade de muchir (ma-
réchal) à Achmet-Pacha (aujourd'hui défunt), à Haliru-Pacha,
Ismaël-Pacha et Moustapha-Bey. On assure que ces distinc-
tions ont été accordées aux princes égyptiens, par le Sultan,
à la demande de S. A. le Vice-roi d'Egypte.
L'honorable M. Giers , consul général de S. M. l'empereur
de Russie en Egypte, vient d'être nommé, dit-on, consul gé-
néral à Bukharest, et il est remplacé, à ce qu'on assure,
dans son poste à Alexandrie, par M. Lagoski, qui a déjà ré-
sidé en Égypte comme attaché au consulat général dont il de-
vient le chef aujourd'hui.
Les travaux publics, interrompus par le Ramadan, ont
partout repris avec activité, et l'on espère que ce qui reste à
faire pour achever la voie ferrée du Caire à Suez, va être
poussé très-vigoureusement.
puisse réussir, ni qu'elle obtienne une garantie du gouverne-
ment.
Pour tous les faits divers :
ERNEST DESPLACES.
NOUVELLES D'EGYPTE
(Correspondance particulière de /'ISTHME DE SUEZ.)
Alexandrie, le 16 et 18 mai 1858.
Notre port a été visité dans ces derniers temps par plusieurs
bâtiments de guerre anglais. Un de ces bâtiments est occupé
maintenant, dit-on, à des sondages sur les côtes de Damiette
et de Péluse. On ajoute qu'il sera bientôt rejoint par le Tar-
tarus, capitaine Mansell, dont j'ai déjà eu l'occasion de vous
parler, et qui lui-même avait opéré l'an dernier, dans les pa-
rages en question, des sondages qui s'étaient trouvés parfai-
tement d'accord avec ceux qui ont été effectués, avant lui,
par la Commission internationale de la Compagnie univer-
selle du canal maritime de Suez.
On croyait la mission du Tartarus terminée; mais on tient
à lui faire relever, dit-on, de nouveau les côtes de Damiette et
de ses environs , et il faut espérer que l'amirauté anglaise
voudra faire jouir la navigation et le commerce de la publi-
cation de ces relevés, pour l'exactitude et la vérification des-
quels l'Angleterre témoigne une si grande sollicitude.
Je vous ai souvent entretenu de la Compagnie du remor-
quage à vapeur sur le Nil et sur le canal. Le gouvernement,
afin d'encourager les capitaux à entrer dans une entreprise
par actions , qui était alors une nouveauté pour le pays , avait
cru devoir concéder à cette Compagnie un privilège pour l'ex-
ploitation de ce remorquage à vapeur, en se réservant toute-
fois, par un article spécial des statuts, le droit de reprendre
l'affaire pour son compte, quand il le jugerait à propos, sauf
à indemniser équitablement, et suivant jugement d'arbitres,
les actionnaires de l'entreprise.
La Compagnie étant maintenant en pleine activité, et ce
premier essai d'affaires par actions ayant initié le pays aux
opérations par associations, qui seules peuvent enfanter de
grandes choses, exemple que nous verrons bientôt suivi par
d'autres Compagnies, le gouvernement a fait connaître son
intention de replacer désormais l'affaire du remorquage entre
ses mains, et on s'occupe de régler amiablement les droits
des intéressés dans cette affaire.
On dit que le principal motif du gouvernement est de lais-
ser la navigation du Nil entièrement libre désormais à l'indus-
trie du remorquage, que chacun pourra maintenant exploiter
à son gré, en se soumettant, bien entendu, aux règlements de
police et de navigation intérieure.
Ainsi tomberont d'elles-mêmes quelques réclamations iso-
lées dont les droits étaient pour le moins fort contestables, et
le commerce a appris avec une satisfaction véritable cette dé-
cision du Vice-roi, qui est une preuve nouvelle de la protec-
tion qu'il accorde aux libertés et aux franchises commer-
ciales.
Le dernier jour du mois de ramadan, c'est-à-dire la veille
du baïram, fête très-solennelle des musulmans, S. A. le Vice-
roi s'est rendu en grande pompe de sa résidence ordinaire
de Gabari au palais de Ras-el-Tin, ou, d'après l'usage, les
réceptions officielles ont lieu. Le Vice-roi, escorté par les
troupes actuellement en garnison à Alexandrie, et qu'on éva-
lue à 6,000 hommes environ de toutes armes, a traversé là
ville au milieu des flots pressés de la population européenne
et indigène qui admirait la bonne tenue des troupes. On a pu
juger, dans cette occasion, des améliorations que le gouver-
nement actuel a introduites dans l'organisation de son armée,
et l'on a reconnu que les soins donnés par S. A. avec tant de
sollicitude au bien-être, à l'instruction et à la parfaite dis-
cipline de ses soldats, ont obtenu le meilleur résultat.
Le lendemain, les grandes réceptions officielles ont eu lieu
à Ras-el-Tin. Dès la pointe du jour le Vice-roi, en grand cos-
tume, entouré de tous les princes du sang) a reçu avec le
cérémonial usité les corps civils et militaires du pays. Le
corps consulaire a eu également l'honneur de lui présenter
ses félicitations. On remarquait parmi MM. les consuls géné-
raux deux envoyés du roi d'Abyssinie, empressés d'apporter
aussi les compliments du souverain qu'ils représentent, et de
démontrer ainsi les relations amicales de l'Egypte avec l'A-
byssinie. Le doyen des agents et consuls généraux a pris la
parole au nom de ses collègues ; et, après avoir félicité le Vice-
roi, il a ajouté que les représentants des puissances euro-
péennes seconderaient toujours le gouvernement égyptien
pour l'exécution des mesures qu'il continuerait à prendre
dans l'intérêt du commerce et de l'industrie, et pour le main-
tien du bon ordre; il a remercié le Vice-roi de ce qu'il avait
déjà fait dans la voie du progrès et du bien-être du pays.
S. A. a répondu immédiatement en français qu'elle remer-
ciait le corps consulaire de ce qu'il voulait bien lui exprimer
en faveur de sa personne et du bonheur de l'Egypte, et de
l'utile concours que MM. les consuls généraux lui prêtaient.
Alexandrie, 31 mai 1858.
Mes dernières lettres portent les dates des 16 et 18 mai.
On écrit du Caire que les funérailles du malheureux prince
Achmet-Pacha ont été célébrées avec pompe, et que les princes
du sang assistaient au convoi.
Le 19 de ce mois nous avons reçu dans notre port la fré-
gate française la Pomme, battant pavillon du contre-amiral
Clavau, et ce navire a été suivi de près par la corvette fran-
çaise Chaptal, qui est arrivée ici le 23. L'amiral français a été
reçu plusieurs fois par le Vice-roi.
Le 23 mai, la corvette à vapeur anglaise l'autour, est en-
trée dans notre port, ayant à bord trois fils de S. M. l'empe-
reur de Maroc, lesquels se rendent à la Mecque avec une suite
nombreuse. Ces princes ont été reçus par le Vice-roi avec les
honneurs dus à leur naissance.
Un vapeur de guerre turc, venant de Constantinople, a
amené ces jours derniers, dans nos murs, le personnage por-
teur du firman impérial qui confère le grade de muchir (ma-
réchal) à Achmet-Pacha (aujourd'hui défunt), à Haliru-Pacha,
Ismaël-Pacha et Moustapha-Bey. On assure que ces distinc-
tions ont été accordées aux princes égyptiens, par le Sultan,
à la demande de S. A. le Vice-roi d'Egypte.
L'honorable M. Giers , consul général de S. M. l'empereur
de Russie en Egypte, vient d'être nommé, dit-on, consul gé-
néral à Bukharest, et il est remplacé, à ce qu'on assure,
dans son poste à Alexandrie, par M. Lagoski, qui a déjà ré-
sidé en Égypte comme attaché au consulat général dont il de-
vient le chef aujourd'hui.
Les travaux publics, interrompus par le Ramadan, ont
partout repris avec activité, et l'on espère que ce qui reste à
faire pour achever la voie ferrée du Caire à Suez, va être
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