Presse et revues
32 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1858-06-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 10 juin 1858 10 juin 1858
Description : 1858/06/10 (A3,N48). 1858/06/10 (A3,N48).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203094p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/10/2012
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294 L'ISTHME DE SUEZ. JEUDI 10 JUIN.
soutenant que dans un temps peu éloigné la volonté de l'Eu-
rope, y compris même la partie intelligente du commerce
anglais, aura raison du veto du Times. Du reste, le retour
annoncé de M. de Lessrps en France nous fera connaître la
véritable situation des négociations qu'il poursuit avec une si
louable ténacité. » A. COHEX.
La Pairie du 2 juin publie sur le chemin de l'Euphrate un
article fort intéressant de M. Louis Belht. L'auteur démontre
que l'Angleterre, qui prend prétexte de l'intégrité de l'Em-
pire turc en s'opposant au canal de Suez, ne se fait pas faute
d'attaquer elle-même cette intégrité par le chemin de fer de
l'Euphrate. L'argumentation de M. Louis Bellet est puissante
et péremploire.
Bien que le projet du chemin de fer de l'Euphrate paraisse
aujourd'hui tout à fait abandonné, il est bon de rappeler au
public européen quelles pourraient en être les conséquences ;
et M. Louis Betlet les a parfaitement signalées.
Le Moniteur de la Flotte du 23 mai insiste sur le bon vou-
loir de la Porte Ottomane à l'égard du canal de Suez; il rap-
pelle les preuves récentes de ce bon vouloir plusieurs fois
manifestées, et il en conclut que, sans la pression anglaise,
il y a longtemps que le Sultan aurait accordé la ratification
que l'Europe lui demande depuis plus de trois ans.
Le Moniteur de la Flotte du 27 mai répond à la Gazelle
universelle allemande de Leipzig, et ses arguments sont ana-
logues à ceux que nous opposons nous-mêmes dans ce numéro
à l'opinion du journal allemand.
Le Moniteur de la Flotte du 30 mai réfute l'article du
Times point par point. Il constate d'abord que le journal an-
glais reconnaît maintenant que la route la meilleure des Indes
est par la mer Rouge; puis le Moniteur de la Flotte repousse
- vivement les prétentions du Times sur l'Egypte , et il termine
ainsi :
? Pendant que le Times est en veine de sincérité, il ferait
bien de nous dire aussi qui empêche de donner le firman que
l'Europe a'.tend depuis plus de trois ans. Mais qui l'igrlore ?
C'est le gouvernement anglais, par lord Strattford de Redclirre,
par lord Clarendon, par lord Palmerston, et tout dernière-
ment encore par M. Disraéli. Mais alors voyez dans quelle
impasse déloyale vous vous mettez ; vous dites : « Le Vice-roi
» d Egypte, qui demande le firman depuis 1855, n'a pas le
a droit de faire le canal, tant qu'il n'a pas obtenu le firman
» qu'il sollicite. » Soit. Mais, pour que cet argument fût sin-
cère et juste, il faudrait que, en effet, le Sultan refusât le
firman de ratification. Or, ce n'est pas le Sultan qui refuse le
firman; c'est vous, et vous seuls, qui le refusez. La Porte a
donné son approbation implicite, il y a trois ans, dans une
lettre de Récbid-Pacha rendue publique et mille fois citée
depuis lors. La Porte, laissée à elle-même, aurait accordé la
ratification; il n'y a que vous qui y fassiez obstacle.
1 » C'est donc un pur sophisme et une hypocrisie de dire,
comme le Times, que le Vice-roi n'a pas le droit de faire le
canal ; comme si, de son cô'é, on avait le droit d'ôter à la
Porte toute liberté d'action. Ce sont là des voies tortueuses et
niai sûres; nous en avertissons le Times, absolument comme
s'il ne le savait pas aussi bien que nous. Le Times a tort d'em-
ployer la vaste influence dont il jouit à soutenir de pareils
subterfuges.
n Quand lord Strattford de Redcliffe s'est retiré et qu'il a
donné sa démission d'ambassadeur à Constantinople, le Times
eut une bonne inspiration , et, tout en faisant le panégyrique
du diplomate émérite, il proclama son espérance que la Porte
Ottomane allait être désormais rendue à toute son indépen-
dance; la Porte allait enfin respirer, et l'oppression toute per-
sonnelle qu'avait exercée sans mesure lord Strattford devait
cesser. Voilà ce que disait le Times, et il voyait dans ce
changement d'atiitude un avenir meilleur à la fois pour la
Turquie, et même pour l'Europe, dans ses rapports avec la
Sublime Porte. Il est bien probable que le Times a oublié ce
langage, qui n'a pas cependant trois mois de daté. 11 ferait
bien de s'en soutenir et de se dire qu'il ne faut opprimer ni
la Turquie iii et qu'il faut les laisser toutes deux
décider du canal de Sui z ce que bon leur semble.
» Mais le Times trouve, comme tant de gens, qu'il n'est
pas mal d'étaler de belles maximes, mais qu'il vaut mieux ne
pas les suivre. C'est en effet plus commode, bien que parfois
aussi ce soit assez dangereux. « SCHILLER aîné.
Le Moniteur de la Flotte du 3 juin et du 7 juin apprécie
- la discussion du Parlement anglais. Nous reviendrons sur ces
articles dans notre prochain numéro. L'espace nous manque
dans celui ci.
Pour extraits : ERNEST DESPLACES.
VARIÉTÉS.
LA POLITIQUE ANGLAISE EN CIIIXE.
La marche des événements dans l'extrême Orient et là
politique anglaise dans ces parages trop peu connus
sont des questions qui nous intéressent de bien près. Ces
événements auront une grande influence sur l'avrnir du
canal de Suez, en préparant aux peuples de l'Occident
l'accès facile de l'intérieur des vastes empires où il est
destiné à porter les bienfaits de la civilisation euro-
péenne. Il arrive que l'Inde et la Chine , les deux seuls
pays dont il peut être question pour le moment, se trou-
vent toutes les deux à la veille d'une grande transforma-
tion et d'une révolution commerciale qui, en Chine,
amènera une véritable révolution sociale, à la suite d'un
bouleversement complet des conditions économiques du
pays.
D'un côté, nous voyons un immense pays soumis de-
puis de longues années à la domination anglaise faire
des tentatives plus ou moins heureuses pour se soustraire
à ce joug étranger. L'histoire de l'insurrection des ci-
payes a été et est encore remplie d'incidents terribles.
Des milliers de familles anglaises ont un intérêt tout per-
sonnel dans ces événements, le sort des leurs y étant
particulièrement compromis; enfin les Indes, depuis la
conquête, il y a un siècle, ont été en rapport si intime
avec l'Angleterre, ont été le berceau de tant de gloires et
de tant d'entreprises, qu'il ne faut pas s'étonner si. pour
ces raisons que nous venons d'énumérer, le public an-
glais suit avec beaucoup plus d anxiété ce qui se passe
dans l'Inde que les opérations en Chine. Et pourtant, si
l'on regarde un peu plus loin , pour entrevoir les consé-
quences probables de tous ces événements, il faut avouer
que ceux qui se déroulent en Chine sont bien autrement
importants que la guerre des Indes, quel que doive être
le résultat final de l'insurrection. Il n'y a qu'un petit
nombre de personnes, marchands et anciens résidents
294 L'ISTHME DE SUEZ. JEUDI 10 JUIN.
soutenant que dans un temps peu éloigné la volonté de l'Eu-
rope, y compris même la partie intelligente du commerce
anglais, aura raison du veto du Times. Du reste, le retour
annoncé de M. de Lessrps en France nous fera connaître la
véritable situation des négociations qu'il poursuit avec une si
louable ténacité. » A. COHEX.
La Pairie du 2 juin publie sur le chemin de l'Euphrate un
article fort intéressant de M. Louis Belht. L'auteur démontre
que l'Angleterre, qui prend prétexte de l'intégrité de l'Em-
pire turc en s'opposant au canal de Suez, ne se fait pas faute
d'attaquer elle-même cette intégrité par le chemin de fer de
l'Euphrate. L'argumentation de M. Louis Bellet est puissante
et péremploire.
Bien que le projet du chemin de fer de l'Euphrate paraisse
aujourd'hui tout à fait abandonné, il est bon de rappeler au
public européen quelles pourraient en être les conséquences ;
et M. Louis Betlet les a parfaitement signalées.
Le Moniteur de la Flotte du 23 mai insiste sur le bon vou-
loir de la Porte Ottomane à l'égard du canal de Suez; il rap-
pelle les preuves récentes de ce bon vouloir plusieurs fois
manifestées, et il en conclut que, sans la pression anglaise,
il y a longtemps que le Sultan aurait accordé la ratification
que l'Europe lui demande depuis plus de trois ans.
Le Moniteur de la Flotte du 27 mai répond à la Gazelle
universelle allemande de Leipzig, et ses arguments sont ana-
logues à ceux que nous opposons nous-mêmes dans ce numéro
à l'opinion du journal allemand.
Le Moniteur de la Flotte du 30 mai réfute l'article du
Times point par point. Il constate d'abord que le journal an-
glais reconnaît maintenant que la route la meilleure des Indes
est par la mer Rouge; puis le Moniteur de la Flotte repousse
- vivement les prétentions du Times sur l'Egypte , et il termine
ainsi :
? Pendant que le Times est en veine de sincérité, il ferait
bien de nous dire aussi qui empêche de donner le firman que
l'Europe a'.tend depuis plus de trois ans. Mais qui l'igrlore ?
C'est le gouvernement anglais, par lord Strattford de Redclirre,
par lord Clarendon, par lord Palmerston, et tout dernière-
ment encore par M. Disraéli. Mais alors voyez dans quelle
impasse déloyale vous vous mettez ; vous dites : « Le Vice-roi
» d Egypte, qui demande le firman depuis 1855, n'a pas le
a droit de faire le canal, tant qu'il n'a pas obtenu le firman
» qu'il sollicite. » Soit. Mais, pour que cet argument fût sin-
cère et juste, il faudrait que, en effet, le Sultan refusât le
firman de ratification. Or, ce n'est pas le Sultan qui refuse le
firman; c'est vous, et vous seuls, qui le refusez. La Porte a
donné son approbation implicite, il y a trois ans, dans une
lettre de Récbid-Pacha rendue publique et mille fois citée
depuis lors. La Porte, laissée à elle-même, aurait accordé la
ratification; il n'y a que vous qui y fassiez obstacle.
1 » C'est donc un pur sophisme et une hypocrisie de dire,
comme le Times, que le Vice-roi n'a pas le droit de faire le
canal ; comme si, de son cô'é, on avait le droit d'ôter à la
Porte toute liberté d'action. Ce sont là des voies tortueuses et
niai sûres; nous en avertissons le Times, absolument comme
s'il ne le savait pas aussi bien que nous. Le Times a tort d'em-
ployer la vaste influence dont il jouit à soutenir de pareils
subterfuges.
n Quand lord Strattford de Redcliffe s'est retiré et qu'il a
donné sa démission d'ambassadeur à Constantinople, le Times
eut une bonne inspiration , et, tout en faisant le panégyrique
du diplomate émérite, il proclama son espérance que la Porte
Ottomane allait être désormais rendue à toute son indépen-
dance; la Porte allait enfin respirer, et l'oppression toute per-
sonnelle qu'avait exercée sans mesure lord Strattford devait
cesser. Voilà ce que disait le Times, et il voyait dans ce
changement d'atiitude un avenir meilleur à la fois pour la
Turquie, et même pour l'Europe, dans ses rapports avec la
Sublime Porte. Il est bien probable que le Times a oublié ce
langage, qui n'a pas cependant trois mois de daté. 11 ferait
bien de s'en soutenir et de se dire qu'il ne faut opprimer ni
la Turquie iii et qu'il faut les laisser toutes deux
décider du canal de Sui z ce que bon leur semble.
» Mais le Times trouve, comme tant de gens, qu'il n'est
pas mal d'étaler de belles maximes, mais qu'il vaut mieux ne
pas les suivre. C'est en effet plus commode, bien que parfois
aussi ce soit assez dangereux. « SCHILLER aîné.
Le Moniteur de la Flotte du 3 juin et du 7 juin apprécie
- la discussion du Parlement anglais. Nous reviendrons sur ces
articles dans notre prochain numéro. L'espace nous manque
dans celui ci.
Pour extraits : ERNEST DESPLACES.
VARIÉTÉS.
LA POLITIQUE ANGLAISE EN CIIIXE.
La marche des événements dans l'extrême Orient et là
politique anglaise dans ces parages trop peu connus
sont des questions qui nous intéressent de bien près. Ces
événements auront une grande influence sur l'avrnir du
canal de Suez, en préparant aux peuples de l'Occident
l'accès facile de l'intérieur des vastes empires où il est
destiné à porter les bienfaits de la civilisation euro-
péenne. Il arrive que l'Inde et la Chine , les deux seuls
pays dont il peut être question pour le moment, se trou-
vent toutes les deux à la veille d'une grande transforma-
tion et d'une révolution commerciale qui, en Chine,
amènera une véritable révolution sociale, à la suite d'un
bouleversement complet des conditions économiques du
pays.
D'un côté, nous voyons un immense pays soumis de-
puis de longues années à la domination anglaise faire
des tentatives plus ou moins heureuses pour se soustraire
à ce joug étranger. L'histoire de l'insurrection des ci-
payes a été et est encore remplie d'incidents terribles.
Des milliers de familles anglaises ont un intérêt tout per-
sonnel dans ces événements, le sort des leurs y étant
particulièrement compromis; enfin les Indes, depuis la
conquête, il y a un siècle, ont été en rapport si intime
avec l'Angleterre, ont été le berceau de tant de gloires et
de tant d'entreprises, qu'il ne faut pas s'étonner si. pour
ces raisons que nous venons d'énumérer, le public an-
glais suit avec beaucoup plus d anxiété ce qui se passe
dans l'Inde que les opérations en Chine. Et pourtant, si
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quences probables de tous ces événements, il faut avouer
que ceux qui se déroulent en Chine sont bien autrement
importants que la guerre des Indes, quel que doive être
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