Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1858-05-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 mai 1858 10 mai 1858
Description : 1858/05/10 (A3,N46). 1858/05/10 (A3,N46).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203092v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/05/2012
lundi 10 MAI. JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 225
cL L'araent, dit-il, peut vaincre toute difficulté ; mais,
commercialement parlant, je le déclare franchement, je
crois que le projet n'est pas exécutable. « Cela veut dire :
la dépense deviendra si grande et l'entretien si coûteux,
qu'aucun revenu n'y pourra jamais suffire.
Ce n'est pas à l'Académie qu'il appartient de pronon-
cer sur des chances de revenus ni sur des bénéfices de
commerce ; notre devoir est de rester étrangers à tout
ce qui touche de près ou de loin aux intérêts pécuniaires.
Cette mission extra-scientifique appartient aux corpo-
rations financières ou marchandes ; elle appartient aux
Chambres de finance et d'industrie, aux Conseils de na-
vigation et de commerce. De pareilles études sont faites
avec succès chez les peuples les plus renommés pour la
maturilé, la prudence et la perspicacité, source de leur
grande fortune. A ce titre, il faut consulter par préfé-
rence l'autorité de trois peuples à la fois marins et cal-
culateurs : les Hollandais, les Génois et les Anglais.
Ces trois peuples nous présentent, dans leurs popu-
lations industrieuses, des myriades de fourmis thésauri-
santes, auxquelles on a peu reproché jusqu'à ce jour
d'être trop prêteuses et de l'être aveuglément.
Les Hollandais et les Génois se sont prononcés les
premiers, suivis bientôt après par les Catalans et les
Vénitiens. Ils n'ont pas approuvé seulement la canalisa-
tion de Suez comme profitable aux individus qui feraient
à leurs risques et périls une telle entreprise. Ils ont dé-
claré qu'elle serait pour leur pays une richesse natio-
nale qui féconderait toutes les autres.
En Angleterre, quatorze grandes villes de manufac-
ture et de commerce, des villes que le négoce du
monde écoute comme ses oracles, Londres, Liverpool,
Manchester et Birmingham ; Glasgow, Leith, Édimbourg
et Dublin ; Bristol, Belfast, Cork, Aberdeen, Hull et
Newcastle, ces puissantes cités, si manufacturières, si
navales et si marchandes, se sont prononcées, par leurs
organes spéciaux, après délibération publique et libre;
toutes ont trouvé l'exécution d'un canal de Suez acces-
sible à la force productive de l'Europe commerçante et
féconde en résultats heureux pour la richesse du monde.
De ces quatorze cités, douze seulement reçoivent dans
leurs ports les produits complets de l'Asie orientale , et
sur le total des importations reçues de l'univers, les
quatre cinquièmes entrent dans leurs ports. Tel est leur
droit de parler au nom de la fortune et du commerce
britanniques.
Pour l'honneur de l'Angleterre, et pour montrer l'es-
prit élevé et généreux de ses manufacturiers, de ses
négociants, citons une résolution, prise peu de temps
après notre premier rapport; elle est votée à l'unanimité
par la plus célèbre entre les Chambres de commerce,
par la Chambre de Manchester, qui prononce ainsi qu'il
suit au nom des deux mondes commerçants :
« Après avoir entendu les explications de M. de Les-
seps, relatives au projet du canal maritime traversant
l'isthme de Suez, la présente Assemblée est d'opinion
que de grands avantages doivent résulter, pour le com-
merce et la civilisation, de l'accomplissement de ce projet ;
et qu'il mérite éminemment l'appui de l'univers commer-
çant (the commercial world). »
Une question bien différente de l'abondance ou de
l'exiguïté des revenus de quelque entreprise que ce soit;
une question vraiment digne de l'Académie des
sciences; une question qu'elle honorerait de son prix de
statistique, si quelque concurrent la traitait avec exac-
titude et profondeur, est celle que nous posons en ces
termes :
« Quelle est aujourd'hui la puissance productive des
nations pour accomplir une œuvre internationale, telle
qu'un grand canal maritime, pour joindre deux mondes,
et pour donner à leur commerce une impulsion im-
mense? »
La Commission internationale a trouvé, tous les plans
soumis à nouvel examen et les calculs revisés, 160 mil-
lions de travaux à faire; mais en réservant la part des
dépenses imprévues et du calcul des intérêts jusqu'à
l'achèvement total, elle a jugé qu'il faut compter sur
une dépense de 200 millions. A ce prix , s'il était exact,
l'Europe pourrait-elle exécuter le canal maritime? Le
pourrait-elle s'il devait coûter 250 millions? Le pour-
rait-elle s'il devait coûter 300 millions? Enfin, si le
grand canal maritime devait coûter 320 millions, en
doublant ainsi l'évaluation primitive attentivement cal-
culée, l'Europe le pourrait-elle exécuter sans éprouver
la moindre gêne? Jugeons-en par un seul exemple.
Depuis 1830, l'Europe a conçu le désir de construire
des voies nouvelles de communication, recommandables
par la merveilleuse rapidité de leur parcours. Quel sa-
crifice a-t-elle pu faire*, nous ne dirons pas sans se
ruiner, mais en ajoutant à sa richesse par delà toute
croyance ?
En vingt-huit ans, l'Europe a construit près de onze
mille lieues de chemins de fer, avec tout leur matériel
fixe et mobile ; elle a dépensé pour ce seul objet plus de
douze milliards.
Avec cette somme, l'Europe aurait exécuté :
Soixante canaux de Suez, à 200 millions;
Quarante-huit canaux de Suez, à 250 millions;
Quarante canaux de Suez, à 300 millions;
Ou trente-sept canaux de Suez, à 320 millions.
Voilà pour la possibilité même, en dépassant toutes
les bornes supposables de la dépense.
L'autorité britannique doit plus que toute autre ne pas
montrer trop d'exigence à l'égard des revenus qui peuvent
faire prospérer les grandes voies de communication ; il
suffirait qu'elle jetât un regard sur les produits de ses
chemins de fer, dont elle est fière à si juste titre.
D'après les comptes généraux soumis au Parlement,
le revenu moyen de ces chemins s'élève :
Pour l'ensemble de l'Irlande, à. 4 p. 0/0.
Pour l'ensemble de l'Angleterre, à. 3 5/10.
Pour l'ensemble de l'Ecosse, à 2 7/10.
Malgré la modestie du revenu des chemins de fer dans
la Grande-Bretagne, il faut réfléchir avant tout sur l'im-
mense richesse qu'ils ont créée pour l'agriculture, pour
les fabriques et pour un commerce presque triple depuis
cL L'araent, dit-il, peut vaincre toute difficulté ; mais,
commercialement parlant, je le déclare franchement, je
crois que le projet n'est pas exécutable. « Cela veut dire :
la dépense deviendra si grande et l'entretien si coûteux,
qu'aucun revenu n'y pourra jamais suffire.
Ce n'est pas à l'Académie qu'il appartient de pronon-
cer sur des chances de revenus ni sur des bénéfices de
commerce ; notre devoir est de rester étrangers à tout
ce qui touche de près ou de loin aux intérêts pécuniaires.
Cette mission extra-scientifique appartient aux corpo-
rations financières ou marchandes ; elle appartient aux
Chambres de finance et d'industrie, aux Conseils de na-
vigation et de commerce. De pareilles études sont faites
avec succès chez les peuples les plus renommés pour la
maturilé, la prudence et la perspicacité, source de leur
grande fortune. A ce titre, il faut consulter par préfé-
rence l'autorité de trois peuples à la fois marins et cal-
culateurs : les Hollandais, les Génois et les Anglais.
Ces trois peuples nous présentent, dans leurs popu-
lations industrieuses, des myriades de fourmis thésauri-
santes, auxquelles on a peu reproché jusqu'à ce jour
d'être trop prêteuses et de l'être aveuglément.
Les Hollandais et les Génois se sont prononcés les
premiers, suivis bientôt après par les Catalans et les
Vénitiens. Ils n'ont pas approuvé seulement la canalisa-
tion de Suez comme profitable aux individus qui feraient
à leurs risques et périls une telle entreprise. Ils ont dé-
claré qu'elle serait pour leur pays une richesse natio-
nale qui féconderait toutes les autres.
En Angleterre, quatorze grandes villes de manufac-
ture et de commerce, des villes que le négoce du
monde écoute comme ses oracles, Londres, Liverpool,
Manchester et Birmingham ; Glasgow, Leith, Édimbourg
et Dublin ; Bristol, Belfast, Cork, Aberdeen, Hull et
Newcastle, ces puissantes cités, si manufacturières, si
navales et si marchandes, se sont prononcées, par leurs
organes spéciaux, après délibération publique et libre;
toutes ont trouvé l'exécution d'un canal de Suez acces-
sible à la force productive de l'Europe commerçante et
féconde en résultats heureux pour la richesse du monde.
De ces quatorze cités, douze seulement reçoivent dans
leurs ports les produits complets de l'Asie orientale , et
sur le total des importations reçues de l'univers, les
quatre cinquièmes entrent dans leurs ports. Tel est leur
droit de parler au nom de la fortune et du commerce
britanniques.
Pour l'honneur de l'Angleterre, et pour montrer l'es-
prit élevé et généreux de ses manufacturiers, de ses
négociants, citons une résolution, prise peu de temps
après notre premier rapport; elle est votée à l'unanimité
par la plus célèbre entre les Chambres de commerce,
par la Chambre de Manchester, qui prononce ainsi qu'il
suit au nom des deux mondes commerçants :
« Après avoir entendu les explications de M. de Les-
seps, relatives au projet du canal maritime traversant
l'isthme de Suez, la présente Assemblée est d'opinion
que de grands avantages doivent résulter, pour le com-
merce et la civilisation, de l'accomplissement de ce projet ;
et qu'il mérite éminemment l'appui de l'univers commer-
çant (the commercial world). »
Une question bien différente de l'abondance ou de
l'exiguïté des revenus de quelque entreprise que ce soit;
une question vraiment digne de l'Académie des
sciences; une question qu'elle honorerait de son prix de
statistique, si quelque concurrent la traitait avec exac-
titude et profondeur, est celle que nous posons en ces
termes :
« Quelle est aujourd'hui la puissance productive des
nations pour accomplir une œuvre internationale, telle
qu'un grand canal maritime, pour joindre deux mondes,
et pour donner à leur commerce une impulsion im-
mense? »
La Commission internationale a trouvé, tous les plans
soumis à nouvel examen et les calculs revisés, 160 mil-
lions de travaux à faire; mais en réservant la part des
dépenses imprévues et du calcul des intérêts jusqu'à
l'achèvement total, elle a jugé qu'il faut compter sur
une dépense de 200 millions. A ce prix , s'il était exact,
l'Europe pourrait-elle exécuter le canal maritime? Le
pourrait-elle s'il devait coûter 250 millions? Le pour-
rait-elle s'il devait coûter 300 millions? Enfin, si le
grand canal maritime devait coûter 320 millions, en
doublant ainsi l'évaluation primitive attentivement cal-
culée, l'Europe le pourrait-elle exécuter sans éprouver
la moindre gêne? Jugeons-en par un seul exemple.
Depuis 1830, l'Europe a conçu le désir de construire
des voies nouvelles de communication, recommandables
par la merveilleuse rapidité de leur parcours. Quel sa-
crifice a-t-elle pu faire*, nous ne dirons pas sans se
ruiner, mais en ajoutant à sa richesse par delà toute
croyance ?
En vingt-huit ans, l'Europe a construit près de onze
mille lieues de chemins de fer, avec tout leur matériel
fixe et mobile ; elle a dépensé pour ce seul objet plus de
douze milliards.
Avec cette somme, l'Europe aurait exécuté :
Soixante canaux de Suez, à 200 millions;
Quarante-huit canaux de Suez, à 250 millions;
Quarante canaux de Suez, à 300 millions;
Ou trente-sept canaux de Suez, à 320 millions.
Voilà pour la possibilité même, en dépassant toutes
les bornes supposables de la dépense.
L'autorité britannique doit plus que toute autre ne pas
montrer trop d'exigence à l'égard des revenus qui peuvent
faire prospérer les grandes voies de communication ; il
suffirait qu'elle jetât un regard sur les produits de ses
chemins de fer, dont elle est fière à si juste titre.
D'après les comptes généraux soumis au Parlement,
le revenu moyen de ces chemins s'élève :
Pour l'ensemble de l'Irlande, à. 4 p. 0/0.
Pour l'ensemble de l'Angleterre, à. 3 5/10.
Pour l'ensemble de l'Ecosse, à 2 7/10.
Malgré la modestie du revenu des chemins de fer dans
la Grande-Bretagne, il faut réfléchir avant tout sur l'im-
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