Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1858-05-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 10 mai 1858 10 mai 1858
Description : 1858/05/10 (A3,N46). 1858/05/10 (A3,N46).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203092v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/05/2012
242 L'ISTHME DE SUEZ, LUNDI 10 MAI.
beau sexe. Lorsqu'il fut témoin des miracles d'Abraham (que
le salut soit sur lui!), il lui rendit des honneurs infinis et il
lui donna Adjare (Agar). Il apprit ensuite qu'Adjar avait été
à la Mekke et avait eu un fils d'Abraham (que le salut soit
sur lui! , et que cette ville était dans un grand état de gêne.
Alors il donna l'ordre d'établir ce Khalydj (canal), depuis
le Caire jusqu'à la mer de Coulzoum, afin qu'on envoyât du
blé avec des navires (guémilerlè) et que le peuple de la Mekke
pût être soulagé.
» Plus tard, l'islamisme ayant paru, Amrou-Ibn-el-Ass
conquit l'Egypte au temps d'Orner Ibn-el-Ahthab; alors on
s'efforça de creuser, de restaurer et creuser de nouveau le
Khalydj, de façon que le blé était transporté avec des navires
(guémilerlè) jusqu'à l'Hedjaz : c'est alors qu'on nomma le
canal, Khalydj de l'Èmir-al-Moumenin ( le Canal du Chef
des Croyants). Il resta dans cet état jusqu'au temps d'Abou-
Djafer-el-Mansour-Abbas, calife de Bagdad, qui donna
l'ordre de le détruire.
» Le canal est resté dans cet état jusqu'au temps de la
famille des Fatimites. A cette époque, l'un des princes de cette
dynastie, Djafer-el-Hakim-Bi-Emur-Ullah, restaura ce Kha-
lydj, qui reçut le nom de Kalydj-i-Hakimi (le canal de Ha-
kim). C'était un des endroits de promenade les plus agréables
de l'Egypte; plusieurs califes Fatimites firent construire de
grands et beaux châteaux sur les rives de ce canal, qui
prirent alors le nom de Casr-ul-Loulou (le Château des
Perles). Les choses restèrent là dans cet état jusqu'à la chute
de la dynastie des Fatimites.
» Puis vint la famille des Calaoun (Calavin). Un prince de
cette race, Nacyr-Mohammed-Ibn-Calaoun, créa et fit creu-
ser le canal qui lui est attribué, et qui s'appelle le Khalydj-i-
Nacyri. Ce canal était plus grand que celui d'Hakim; l'eau
y était plus abondante.
» Depuis lors, le Khalydj d'Hakim est resté abandonné. »
Ces détails, quelle qu'en soit d'ailleurs l'exactitude,
prouvent que de tous temps on a attaché une grande im-
portance aux communications faciles de l'Egypte avec la mer
Rouge.
La Presse d'Orient du 17 avril publie l'article suivant
sur le canal de Suez et l'île Périm.
« Une dépêche de Londres du 7 avril nous apprend que le
Times a publié un article contraire au projet du canal de
Suez.
» D'après le Times, le canal de Suez serait le produit d'une
intrigue française contre la prépondérance de l'Angleterre en
Egypte; en conséquence, le journal invite lord Malmesbury
à repousser toute intervention étrangère dans la question de
Périm.
» Les idées s'enchaînent à merveille et l'aveu est complet.
L'île Périm est donc une garantie contre le canal de Suez;
c'est-à-dire que, quand bien même le canal serait percé,
l'Angleterre, dans la pensée du Times, ne permettra point
de s'en servir : l'Europe deviendrait ainsi la très-humble
vassale de la Grande-Bretagne. C'est un rôle que les puis-
sances ne lui laisseront point, il est permis de le penser.
Que le Times exprime cette fantaisie, cela n'importe guère;
mais il est bon que l'opinion publique lui réponde et la ré-
plique est toute prête. Ce sont les feuilles semi-officielles
françaises qui se sont chargées de rétablir la question.
» La Patrie semblait prévoir l'article du Times; son lan-
gage est d'une vivacité qui n'est pas habituelle à ce journal;
l'occupation injustifiable de Périm lui a fourni le thème
d'une vigoureuse et digne protestation; cet article a produit
une sensation marquée dans la presse anglaise.
Le lendemain, c'est le Pays qui a pris la parole. L'inspi-
ration gouvernementale nous parait être pour quelque chose
dans la discussion mesurée, très-logique et très-fçrme que
nous allons reproduire :
« Il est évident qu'un établissement anglais à l'issue de la
mer Rouge, dominant, commandant le détroit Bab-el-Mandeb,
donne à la puissance ainsi établie une prépondérance positive
sur les autres nations européennes et un avantage sérieux au
point de vue commercial. Ce sont là des vérités qu'il serait
puéril de nier. Mais il nous paraît au moins prématuré, pour
ne rien dire de plus, de tirer des faits que nous venons de
rappeler des inductions qui ne nous semblent nullement
fondées.
» Il y a ici, dit-on, un intérêt général. Dans cette question,
toutes les puissances du continent sont solidaires, car elles
ont toutes les mêmes intérêts; nous sommes entièrement de
cet avis. Mais alors à qui donc incombe le droit de la ré-
soudre, si ce n'est aux puissances elles-mêmes? Qui donc
pourrait prendre l'initiative d'un démarche diplomatique en
dehors du concert européen dans les circonstances où se
trouve l'Europe?
» Si la politique qui a prévalu dans le monde depuis l'a-
vénement de l'empire a été empreinte d'un caractère spécial,
c'est évidemment celui d'une communauté d'action, d'un ac-
cord sincère et d'une véritable loyauté dans la solution à
donner aux affaires ordinaires comme aux difficultés, aux
différends qui ont pu se produire. Depuis la guerre de Crimée,
notamment, des faits se sont produits qui ont paru au
premier abord une atteinte au traité de Paris ou au principe
de l'équilibre européen. Ces faits n'ont-ils pas été résolus à
la satisfaction et à l'honneur des parties intéressées? A-t-on
un seul instant éprouvé, à propos de ces différends, les
craintes qu'il nous semble que l'on exagère singulièrement
dans l'affaire qui nous occupe? Ont-ils un seul instant
troublé le bon accord des puissances?
» Non sans doute, et l'on a vu peu à peu les malentendus
s'éclaircir et les différends s'apaiser sous l'influence conci-
liante et toute loyale qui domine dans les divers cabinets euro-
péens. Il en sera de même de la question de Périm , qui, nous
avons tout lieu de l'espérer, sera examinée et résolue par le
concert européen selon les intérêts et les besoins généraux
des nations. )
C'est probablement cet article du Pays qui a fait jeter au
Times les cris d'inquiétude que nous apporte le télégraphe.
Nous terminerons par une réflexion :
« Le canal de Suez est aussi une affaire d'intérêt général.
Or, si le raisonnement du Pays et la pensée du gouverne-
ment français sont vrais en ce qui concerne l'île Périm, ils
le sont aussi en ce qui concerne le canal de Suez.
Pourquoi la généralité des puissances ne se prononcerait-
elle pas aussi bien pour l'une que pour l'autre question,
pour le canal de Suez que pour l'île Périm? »
La Presse d'Orient du 21 avril revient sur la question de
Périm pour citer des articles de divers journaux dans toute
la presse européenne sur cette usurpation de l'Angleterre.
La Presse d'Orient reproduit aussi en partie notre article
sur le tonnage du port de Constantinople avec les réserves
que nous avons faites nous-mêmes. Enfin elle donne d'après
notre journal le vœu de la chambre de commerce de Malte.
La Presse d'Orient du 21 avril publie trois articles sur le
canal de Suez : le premier commente et reproduit l'article du
Moniteur de la Flotte en réponse au Times ; le second fait
beau sexe. Lorsqu'il fut témoin des miracles d'Abraham (que
le salut soit sur lui!), il lui rendit des honneurs infinis et il
lui donna Adjare (Agar). Il apprit ensuite qu'Adjar avait été
à la Mekke et avait eu un fils d'Abraham (que le salut soit
sur lui! , et que cette ville était dans un grand état de gêne.
Alors il donna l'ordre d'établir ce Khalydj (canal), depuis
le Caire jusqu'à la mer de Coulzoum, afin qu'on envoyât du
blé avec des navires (guémilerlè) et que le peuple de la Mekke
pût être soulagé.
» Plus tard, l'islamisme ayant paru, Amrou-Ibn-el-Ass
conquit l'Egypte au temps d'Orner Ibn-el-Ahthab; alors on
s'efforça de creuser, de restaurer et creuser de nouveau le
Khalydj, de façon que le blé était transporté avec des navires
(guémilerlè) jusqu'à l'Hedjaz : c'est alors qu'on nomma le
canal, Khalydj de l'Èmir-al-Moumenin ( le Canal du Chef
des Croyants). Il resta dans cet état jusqu'au temps d'Abou-
Djafer-el-Mansour-Abbas, calife de Bagdad, qui donna
l'ordre de le détruire.
» Le canal est resté dans cet état jusqu'au temps de la
famille des Fatimites. A cette époque, l'un des princes de cette
dynastie, Djafer-el-Hakim-Bi-Emur-Ullah, restaura ce Kha-
lydj, qui reçut le nom de Kalydj-i-Hakimi (le canal de Ha-
kim). C'était un des endroits de promenade les plus agréables
de l'Egypte; plusieurs califes Fatimites firent construire de
grands et beaux châteaux sur les rives de ce canal, qui
prirent alors le nom de Casr-ul-Loulou (le Château des
Perles). Les choses restèrent là dans cet état jusqu'à la chute
de la dynastie des Fatimites.
» Puis vint la famille des Calaoun (Calavin). Un prince de
cette race, Nacyr-Mohammed-Ibn-Calaoun, créa et fit creu-
ser le canal qui lui est attribué, et qui s'appelle le Khalydj-i-
Nacyri. Ce canal était plus grand que celui d'Hakim; l'eau
y était plus abondante.
» Depuis lors, le Khalydj d'Hakim est resté abandonné. »
Ces détails, quelle qu'en soit d'ailleurs l'exactitude,
prouvent que de tous temps on a attaché une grande im-
portance aux communications faciles de l'Egypte avec la mer
Rouge.
La Presse d'Orient du 17 avril publie l'article suivant
sur le canal de Suez et l'île Périm.
« Une dépêche de Londres du 7 avril nous apprend que le
Times a publié un article contraire au projet du canal de
Suez.
» D'après le Times, le canal de Suez serait le produit d'une
intrigue française contre la prépondérance de l'Angleterre en
Egypte; en conséquence, le journal invite lord Malmesbury
à repousser toute intervention étrangère dans la question de
Périm.
» Les idées s'enchaînent à merveille et l'aveu est complet.
L'île Périm est donc une garantie contre le canal de Suez;
c'est-à-dire que, quand bien même le canal serait percé,
l'Angleterre, dans la pensée du Times, ne permettra point
de s'en servir : l'Europe deviendrait ainsi la très-humble
vassale de la Grande-Bretagne. C'est un rôle que les puis-
sances ne lui laisseront point, il est permis de le penser.
Que le Times exprime cette fantaisie, cela n'importe guère;
mais il est bon que l'opinion publique lui réponde et la ré-
plique est toute prête. Ce sont les feuilles semi-officielles
françaises qui se sont chargées de rétablir la question.
» La Patrie semblait prévoir l'article du Times; son lan-
gage est d'une vivacité qui n'est pas habituelle à ce journal;
l'occupation injustifiable de Périm lui a fourni le thème
d'une vigoureuse et digne protestation; cet article a produit
une sensation marquée dans la presse anglaise.
Le lendemain, c'est le Pays qui a pris la parole. L'inspi-
ration gouvernementale nous parait être pour quelque chose
dans la discussion mesurée, très-logique et très-fçrme que
nous allons reproduire :
« Il est évident qu'un établissement anglais à l'issue de la
mer Rouge, dominant, commandant le détroit Bab-el-Mandeb,
donne à la puissance ainsi établie une prépondérance positive
sur les autres nations européennes et un avantage sérieux au
point de vue commercial. Ce sont là des vérités qu'il serait
puéril de nier. Mais il nous paraît au moins prématuré, pour
ne rien dire de plus, de tirer des faits que nous venons de
rappeler des inductions qui ne nous semblent nullement
fondées.
» Il y a ici, dit-on, un intérêt général. Dans cette question,
toutes les puissances du continent sont solidaires, car elles
ont toutes les mêmes intérêts; nous sommes entièrement de
cet avis. Mais alors à qui donc incombe le droit de la ré-
soudre, si ce n'est aux puissances elles-mêmes? Qui donc
pourrait prendre l'initiative d'un démarche diplomatique en
dehors du concert européen dans les circonstances où se
trouve l'Europe?
» Si la politique qui a prévalu dans le monde depuis l'a-
vénement de l'empire a été empreinte d'un caractère spécial,
c'est évidemment celui d'une communauté d'action, d'un ac-
cord sincère et d'une véritable loyauté dans la solution à
donner aux affaires ordinaires comme aux difficultés, aux
différends qui ont pu se produire. Depuis la guerre de Crimée,
notamment, des faits se sont produits qui ont paru au
premier abord une atteinte au traité de Paris ou au principe
de l'équilibre européen. Ces faits n'ont-ils pas été résolus à
la satisfaction et à l'honneur des parties intéressées? A-t-on
un seul instant éprouvé, à propos de ces différends, les
craintes qu'il nous semble que l'on exagère singulièrement
dans l'affaire qui nous occupe? Ont-ils un seul instant
troublé le bon accord des puissances?
» Non sans doute, et l'on a vu peu à peu les malentendus
s'éclaircir et les différends s'apaiser sous l'influence conci-
liante et toute loyale qui domine dans les divers cabinets euro-
péens. Il en sera de même de la question de Périm , qui, nous
avons tout lieu de l'espérer, sera examinée et résolue par le
concert européen selon les intérêts et les besoins généraux
des nations. )
C'est probablement cet article du Pays qui a fait jeter au
Times les cris d'inquiétude que nous apporte le télégraphe.
Nous terminerons par une réflexion :
« Le canal de Suez est aussi une affaire d'intérêt général.
Or, si le raisonnement du Pays et la pensée du gouverne-
ment français sont vrais en ce qui concerne l'île Périm, ils
le sont aussi en ce qui concerne le canal de Suez.
Pourquoi la généralité des puissances ne se prononcerait-
elle pas aussi bien pour l'une que pour l'autre question,
pour le canal de Suez que pour l'île Périm? »
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Périm pour citer des articles de divers journaux dans toute
la presse européenne sur cette usurpation de l'Angleterre.
La Presse d'Orient reproduit aussi en partie notre article
sur le tonnage du port de Constantinople avec les réserves
que nous avons faites nous-mêmes. Enfin elle donne d'après
notre journal le vœu de la chambre de commerce de Malte.
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canal de Suez : le premier commente et reproduit l'article du
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