Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1858-04-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 avril 1858 10 avril 1858
Description : 1858/04/10 (A3,N44). 1858/04/10 (A3,N44).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62030901
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/10/2012
164 L'ISTHME DE SUEZ, SAMEDI 10 AVRIL.
des négociations avec le gouvernement autrichien. Enfin tout
parut assurer le succès du télégraphe de l'Euphrate et l'ajour-
nement indéfini de celui de la mer Rouge.
Au commencement de cette année, sir R. Macdonald Ste-
phenson, constructeur des chemins de fer de l'Inde, s'empara
de ce dernier projet; mais malgré tous les efforts des nou-
veaux directeurs on ne rencontra encore que des refus. En ré-
ponse à sirD. Norreys, le secrétaire de la Trésorerie, M. Wil-
son, déclara que le gouvernement ne s'était engagé que pour
la seule ligne de l'Euphrate, et qu'ayant accordé à cette Com-
pagnie un délai de deux ans, il n'appuierait jusque-là aucun
autre projet. En réponse à M. Boxvyer, le Chancelier de l'E-
chiquier déclara de son côté que le gouvernement n'était en
aucune manière responsable de la construction du télégraphe
de l'Euphrate,ni de sa protection contre les Arabes; que tout
cela était l'affaire de la Compagnie. Pour empêcher la destruc-
tion des fils par les Arabes, on proposa de payer tous les ans une
certaine somme aux principaux chefs, qui auraient pris alors
le télégraphe sous leur protection. Ces mesures sont évidem-
ment insuffisantes dans ces pays; et, selon l'avis de M. LayarJ,
un système de postes militaires est le seul moyen d'y main-
tenir l'ordre. Les Turcs cependant tranchèrent toute la question
en refusant le firman pour la construction de la ligne, allé-
guant pour motif l'impossibilité de la protéger eux-mêmes.
On conçoit que la Turquie ne voulut pas permettre à une
Compagnie étrangère d'entretenir des postes militaires sur ses
dépendances, et s'exposer aux réclamations de l'ambassadeur
anglais à chaque dégât fait au fil télégraphique par les Arabes.
La Porte offrit alors d'établir elle-même une ligne de Constan-
tinople par le Diarbekir à Bassora, à condition que le gou-
vernement anglais garantirait à cette ligne la transmission
de toutes les dépêches officielles, et que la Compagnie de
l'Inde posât un câble de Bassora à Kourrachie. Le ministère
anglais refusa d'accéder à cette offre, se déclarant engagé en-
vers l'Autriche à transmettre les dépêches officielles de l'Inde
par la ligne autrichienne de Corfou à Alexandrie. D'ailleurs,
il est probable que la Turquie avec ses faibles ressources, le
manque de pratique, l'absence de toute autorité dans les pro-
vinces de l'Asie, n'aurait jamais pu entretenir le télégraphe
en bon état.
Ainsi la question du télégraphe de la Turquie asiatique est
complétement vidée après un examen minutieux de la possi-
bilité d'exécution.
A l'heure qu'il est, le Bureau de contrôle et le gouvernement
anglais se sont déclarés en faveur de la ligne de la mer Rouge,
adoptée deux années auparavant par la Compagnie de l'Inde,
tout prête à être exécutée à cette époque, et abandonnée seule-
ment par suite de la résistance de la Trésorerie; sans elle, le
télégraphe aurait pu fonctionner avant l'explosion de l'insur-
rection.
Nous avons dit que la Compagnie du télégraphe de la mer
Rouge était autorisée à établir une ligne des Dardanelles en
Égypte, et de là aux embouchures de l'Indus. Voici les prin-
cipales distances:
Cap Hellas à Chios 132 milles d'ordonnance anglais.
Chios à Candie 234 Id.
Candie à Alexandrie. 398 Id.
Alexandrie à Suez. 213 Id.
Total. 977.
Suez à Cosséir. 260 milles marins.
Cosséir à Djeddah. 400 Id.
Djeddah à Kamaran 430 Id.
Kamaran à Aden 280 Id.
Aden à Ras Sharma 325 milles marins.
Ras-Scharma à Kouria-Maurie 430 Id.
Kouria-Maurie à Ras-al-Had. 395 Id.
Ras-al-Had à Kourrachie. 430 Id.
Total. 2940
ou de Suez à Kourrachie 3430 milles d'ordonnance.
Il est à remarquer que la plupart de ces stations sont des
possessions turques, ou des stations anglaises, ou enfin situées
sur le territoire de l'iman deiMascate, où l'Angleterre a une
grande influence politique. Du reste, si le câble atlantique
réussit, on pourrait encore omettre quelques-unes des stations
indiquées.
Quant à l'état physique de la mer Rouge, il permet parfai-
tement la pose d'un câble électrique; et la seule objection que
l'on ait élevée, c'est le danger venant du voisinage des récifs
de corail. Cependant ce câble sera posé en dehors de ces ro-
chers, dans le chenal du milieu, formé par les deux chaînes
de récifs parallèles aux côtes. Le câble ne les traversera qu'à
Cosséir et à Djeddab; à cet endroit, on lui donnera une en-
veloppe plus solide. Le câble d'Algérie fonctionne sans déran-
gement depuis quelques mois, quoiqu'il passe par des coraux
dans plus d'un endroit. La profondeur de la mer Rouge, où
le Cyclops fait dans ce moment une série de sondages, est
supposée être de 400 à 700 brasses, ce qui ne peut être un
obstacle au passage du câble de Cosséir à Djeddab; car dans
la Méditerranée le câble a rencontré des profondeurs de 1700
brasses. L'exécution de la ligne ne demandera pas beaucoup
de temps, et la compagnie offre de le finir dans un an, une
seule maison se chargeant de fournir 300 milles de câbles par
semaine.
On peut se demander pourquoi le câble qui a échoué dans
l'Atlantique n'a pas été acheté? En effet, il était à vendre, et
la Compagnie des Indes garantit aussitôt à la Compagnie du
télégraphe de la mer Rouge la somme de 20,000 livres expres-
sément pour faire cet achat. Mais il fallait le consentement
du Bureau de contrôle pour une aussi forte subvention, et il
refusa, le projet du télégraphe de l'Euphrate n'ayant pas en-
core fait aussi complétement naufrage qu'aujourd'hui.
Telle est l'histoire authentique des projets de communica-
tion télégraphique avec l'Inde. Aujourd'hui rien ne peut plus
retarder cette grande œuvre, et le génie anglais aura rem-
porté, si ce projet s'exécute, un triomphe digne de sa réputa-
tion en tout ce qui concerne les progrès de la civilisation.
Voilà le résumé de l'article des Cambridge Essays. On voit
que cet article est en parfait accord avec tous les renseigne-
ments que nous avons donnés a plusieurs reprises sur cette
question. C'est bien ainsi que nous avons représenté la lutte
des deux Compagnies de l'Euphrate et de la mer Rouge, ou
plutôt la lutte de la Trésorerie contre cette dernière. La seule
idée juste dans ce conflit est celle qui fait passer la ligne télé-
graphique par la mer Rouge; c'est la seule praticable, et tout
nous fait espérer qu'elle ne tardera pas à triompher.
Nous avons tenu à donner l'analyse de ce long article,
d'abord parce qu'il est fort intéressant en lui-même, et ensuite
parce que les renseignements en sont incontestables. L'auteur
qui signe F. G. est M. Francis Gisborne, frère de M. Lionel
Gisborne, concessionnaire au nom de la Compagnie de la
mer Rouge. M. Francis Gisborne, ancien élève de Cambridge,
a pu écrire ce récit important dans le recueil que publie
chaque année la fameuse université.
G. WAGENER.
des négociations avec le gouvernement autrichien. Enfin tout
parut assurer le succès du télégraphe de l'Euphrate et l'ajour-
nement indéfini de celui de la mer Rouge.
Au commencement de cette année, sir R. Macdonald Ste-
phenson, constructeur des chemins de fer de l'Inde, s'empara
de ce dernier projet; mais malgré tous les efforts des nou-
veaux directeurs on ne rencontra encore que des refus. En ré-
ponse à sirD. Norreys, le secrétaire de la Trésorerie, M. Wil-
son, déclara que le gouvernement ne s'était engagé que pour
la seule ligne de l'Euphrate, et qu'ayant accordé à cette Com-
pagnie un délai de deux ans, il n'appuierait jusque-là aucun
autre projet. En réponse à M. Boxvyer, le Chancelier de l'E-
chiquier déclara de son côté que le gouvernement n'était en
aucune manière responsable de la construction du télégraphe
de l'Euphrate,ni de sa protection contre les Arabes; que tout
cela était l'affaire de la Compagnie. Pour empêcher la destruc-
tion des fils par les Arabes, on proposa de payer tous les ans une
certaine somme aux principaux chefs, qui auraient pris alors
le télégraphe sous leur protection. Ces mesures sont évidem-
ment insuffisantes dans ces pays; et, selon l'avis de M. LayarJ,
un système de postes militaires est le seul moyen d'y main-
tenir l'ordre. Les Turcs cependant tranchèrent toute la question
en refusant le firman pour la construction de la ligne, allé-
guant pour motif l'impossibilité de la protéger eux-mêmes.
On conçoit que la Turquie ne voulut pas permettre à une
Compagnie étrangère d'entretenir des postes militaires sur ses
dépendances, et s'exposer aux réclamations de l'ambassadeur
anglais à chaque dégât fait au fil télégraphique par les Arabes.
La Porte offrit alors d'établir elle-même une ligne de Constan-
tinople par le Diarbekir à Bassora, à condition que le gou-
vernement anglais garantirait à cette ligne la transmission
de toutes les dépêches officielles, et que la Compagnie de
l'Inde posât un câble de Bassora à Kourrachie. Le ministère
anglais refusa d'accéder à cette offre, se déclarant engagé en-
vers l'Autriche à transmettre les dépêches officielles de l'Inde
par la ligne autrichienne de Corfou à Alexandrie. D'ailleurs,
il est probable que la Turquie avec ses faibles ressources, le
manque de pratique, l'absence de toute autorité dans les pro-
vinces de l'Asie, n'aurait jamais pu entretenir le télégraphe
en bon état.
Ainsi la question du télégraphe de la Turquie asiatique est
complétement vidée après un examen minutieux de la possi-
bilité d'exécution.
A l'heure qu'il est, le Bureau de contrôle et le gouvernement
anglais se sont déclarés en faveur de la ligne de la mer Rouge,
adoptée deux années auparavant par la Compagnie de l'Inde,
tout prête à être exécutée à cette époque, et abandonnée seule-
ment par suite de la résistance de la Trésorerie; sans elle, le
télégraphe aurait pu fonctionner avant l'explosion de l'insur-
rection.
Nous avons dit que la Compagnie du télégraphe de la mer
Rouge était autorisée à établir une ligne des Dardanelles en
Égypte, et de là aux embouchures de l'Indus. Voici les prin-
cipales distances:
Cap Hellas à Chios 132 milles d'ordonnance anglais.
Chios à Candie 234 Id.
Candie à Alexandrie. 398 Id.
Alexandrie à Suez. 213 Id.
Total. 977.
Suez à Cosséir. 260 milles marins.
Cosséir à Djeddah. 400 Id.
Djeddah à Kamaran 430 Id.
Kamaran à Aden 280 Id.
Aden à Ras Sharma 325 milles marins.
Ras-Scharma à Kouria-Maurie 430 Id.
Kouria-Maurie à Ras-al-Had. 395 Id.
Ras-al-Had à Kourrachie. 430 Id.
Total. 2940
ou de Suez à Kourrachie 3430 milles d'ordonnance.
Il est à remarquer que la plupart de ces stations sont des
possessions turques, ou des stations anglaises, ou enfin situées
sur le territoire de l'iman deiMascate, où l'Angleterre a une
grande influence politique. Du reste, si le câble atlantique
réussit, on pourrait encore omettre quelques-unes des stations
indiquées.
Quant à l'état physique de la mer Rouge, il permet parfai-
tement la pose d'un câble électrique; et la seule objection que
l'on ait élevée, c'est le danger venant du voisinage des récifs
de corail. Cependant ce câble sera posé en dehors de ces ro-
chers, dans le chenal du milieu, formé par les deux chaînes
de récifs parallèles aux côtes. Le câble ne les traversera qu'à
Cosséir et à Djeddab; à cet endroit, on lui donnera une en-
veloppe plus solide. Le câble d'Algérie fonctionne sans déran-
gement depuis quelques mois, quoiqu'il passe par des coraux
dans plus d'un endroit. La profondeur de la mer Rouge, où
le Cyclops fait dans ce moment une série de sondages, est
supposée être de 400 à 700 brasses, ce qui ne peut être un
obstacle au passage du câble de Cosséir à Djeddab; car dans
la Méditerranée le câble a rencontré des profondeurs de 1700
brasses. L'exécution de la ligne ne demandera pas beaucoup
de temps, et la compagnie offre de le finir dans un an, une
seule maison se chargeant de fournir 300 milles de câbles par
semaine.
On peut se demander pourquoi le câble qui a échoué dans
l'Atlantique n'a pas été acheté? En effet, il était à vendre, et
la Compagnie des Indes garantit aussitôt à la Compagnie du
télégraphe de la mer Rouge la somme de 20,000 livres expres-
sément pour faire cet achat. Mais il fallait le consentement
du Bureau de contrôle pour une aussi forte subvention, et il
refusa, le projet du télégraphe de l'Euphrate n'ayant pas en-
core fait aussi complétement naufrage qu'aujourd'hui.
Telle est l'histoire authentique des projets de communica-
tion télégraphique avec l'Inde. Aujourd'hui rien ne peut plus
retarder cette grande œuvre, et le génie anglais aura rem-
porté, si ce projet s'exécute, un triomphe digne de sa réputa-
tion en tout ce qui concerne les progrès de la civilisation.
Voilà le résumé de l'article des Cambridge Essays. On voit
que cet article est en parfait accord avec tous les renseigne-
ments que nous avons donnés a plusieurs reprises sur cette
question. C'est bien ainsi que nous avons représenté la lutte
des deux Compagnies de l'Euphrate et de la mer Rouge, ou
plutôt la lutte de la Trésorerie contre cette dernière. La seule
idée juste dans ce conflit est celle qui fait passer la ligne télé-
graphique par la mer Rouge; c'est la seule praticable, et tout
nous fait espérer qu'elle ne tardera pas à triompher.
Nous avons tenu à donner l'analyse de ce long article,
d'abord parce qu'il est fort intéressant en lui-même, et ensuite
parce que les renseignements en sont incontestables. L'auteur
qui signe F. G. est M. Francis Gisborne, frère de M. Lionel
Gisborne, concessionnaire au nom de la Compagnie de la
mer Rouge. M. Francis Gisborne, ancien élève de Cambridge,
a pu écrire ce récit important dans le recueil que publie
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G. WAGENER.
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