Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1858-03-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 10 mars 1858 10 mars 1858
Description : 1858/03/10 (A3,N42). 1858/03/10 (A3,N42).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203088z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/10/2012
116 il L'ISTHME DE SUEZ, MERCREDI 10 MARS
J'en viens maintenant à un examen aussi rapide que pos-
sible du commerce extérieur. En prenant la' dernière année
sur laquelle les documents soient complets, on voit que pour
l'Europe et les États-Unis les importations et les exportations
se balancent, et représentent un total de près de 600 millions
de francs. La roupie est calculée à 2 francs 50 centimes. Mais
ce chiffre est bien loin de la réalité. Il faut y ajouter le fret, l'as-
surance, les droits de commission, courtage, etc. En outre, les
évaluations de la douane sont en général beaucoup trop faibles,
surtout pour l'exportation. Ainsi pour ne citer que quelques
exemples, les graines oléagineuses sont estimées parmound à
5 francs au lieu de 10 et plus. Le riz et le blé sont à 2 francs
80 centimes au lieu de 5 francs et 5 francs 50 centimes. Le
salpêtre està 13 francs 80 centimes au lieu de 18 à 22 francs. En
calculant le fret à 80 francs, la plus-value des importations à
10 pour 100, celle des exportations à 25 pour 100, et en ajoutant
les autres charges, on arrive au chiffre de 426 millions pour
les importations et 417 pour les exportations, faisant un total
de 843 millions, non compris le fret, les droits et charges en
Europe sur les arrivages de l'Inde.
Quant à la Chine, dans ses rapports avec l'Inde, elle fournit
environ 20 millions de marchandises la plupart réexportées,
et elle en absorbe environ 165 millions. Cette énorme diffé-
rence provient de l'opium, dont les expéditions de Calcutta et
de Bombay sont en moyenne de 70,000 caisses par an. La
caissè à Calcutta pèse 74 kilog. et un peu moins à Bombay.
Le surplus des exportations n'étant pas soldé par des remises
suffisantes d'argent, il faut en conclure qu'il est employé en
partie pour les thés et soieries envoyés en Europe, et en
avances sur les traites tirées en Chine sur l'Europe, qui inon-
dent à certaines époques les marchés de Bombay et de Calcutta.
Les autres pays divers dont j'ai donné la liste n'offrant pas
de particularités intéressantes, je n'en parlerai pas. Une seule
observation à faire est que les exportations de l'Inde dépassent
les importations d'un tiers en moyenne.
Pour compléter la statistique générale du commerce exté-
rieur de l'Inde, ou du moins des principaux ports, aux 843
millions pour la part affectée à l'Europe et les États-Unis, il
convient d'ajouter 217 millions pour les importations et expor-
tations de Chine, dont 33 millions pour fret et charges (il n'y
a pas de droits sur l'opium) , et 302 millions dont 91 de fret
et charges pour les autres pays ; on arrivera ainsi à un total
de 1381 millions de francs. Je ne prétends pas que tous les
détails soient d'une exactitude parfaite, à l'exception néanmoins
de ceux du tableau que je joins à cette lettre. Mais je crois
l'ensemble aussi près que possible de la vérité. En effet, s'il
est vrai, ainsi que le publiait récemment un journal deLondres,
que le commerce de l'Inde représente pour la métropole une
valeur de 1500 millions, et que l'on ajoute au chiffre que j'ai
donné le commerce de Ceylan , Akhyab , Moulmein , Pénang
et Singapore, ainsi que le fret et les charges en Europe sur
les arrivages, on trouvera qu'il n'y a rien d'exagéré dans mes
ap préciations.
Je trouve dans l'ouvrage de M. de Valbezen le Les Anglais
et l'Inde, » que d'octobre 1854 à juin 1855, Akhyab, dont le
commerce consiste en riz, avait employé 255 navires et 116,896
tonnes, dont la plus grande partie à destination d'Europe ; en
185'1-1855 les exportations étaient de 178,130 tonnes contre
92,295 en 1849-1850.
Ayant indiqué dans le tableau commercial le mouvement
des métaux précieux, il serait sans doute convenable d'en dire
quelque chose dans ce rapide examen du commerce de l'Inde.
Mais je ne me crois pas suffisamment éclairé sur un sujet
d'une si haute importance. Je me hasarderai seulement à dire
que l'Europe et surtout l'Angleterre, qui supporte directement
ou indirectement à peu près tout le commerce de l'Inde, doit
continuer à y envoyer du numéraire pour plusieurs raisons.
Le surplus considérable des exportations sur les importations,
les charges que l'Inde a à supporter dans l'un et l'autre cas,
les besoins de la Chine, le change sur l'Europe, les habitudes
primitives de la population qui tendent sans cesse à faire
disparaître une partie de l'argent en circulation dans un pays
où la seule monnaie courante est la roupie d'argent, d'autres
considérations encore que je n'aborde pas, voilà selon moi
des causes suffisantes pour expliquer les envois d'argent vers
l'Orient, dont toutes les parties, ou à peu près, exportent plus
qu'elles ne reçoivent.
Je termine, monsieur, avec le désir que ce que je vous
adresse puisse être de quelque utilité à la grande œuvre à
laquelle vous travaillez avec tant d'énergie et de persévérance.
Puissiez-vous bientôt en récolter les premiers fruits. Les statis-
tiques de chiffres sont peu amusantes; mais elles sont quel-
quefois fort instructives.
Veuillez, etc. VOTRE ABONNÉ.
P. S. Je trouve dans un journal de Paris du 15 février un
article sur l'isthme de Suez contenant une assertion erronée
que je crois utile de relever. L'auteur dit en parlant du com-
merce de l'Angleterre avec l'Inde : « Les seuls concurrents
que l'Angleterre ait à craindre dans les Indes sont les Améri-
cains. Elle absorbe à elle seule la moitié du commerce indien,
les États-Unis un quart; les autres nations se partagent ce
qui reste, »
Si l'on prend les trois années pour lesquelles les documents
sont complets dans le « Tableau du commerce, » on verra que,
réunissant les importations et les exportations , la proportion
est tout à fait différente, puisque les résultats sont :
Angleterre 89
France 5
États-Unis 5
Autres nations 1
Les exportations de Calcutta aux États-Unis ont une cer-
taine importance; mais celles des autres ports sont nulles, et
les importations sont partant très-minimes. »
L'espace ne nous permet pas de joindre à cette lettre
le tableau que nous a envoyé notre correspondant. Nous
le donnerons prochainement, en y ajoutant les explica-
tions nécessaires. En attendant, nous tenons à remercier
la personne qui veut bien nous faire ces communications
si instructives et si exactes. Les chiffres sont tirés, comme
elle le dit, des documents officiels, et l'authenticité n'en
est pas douteuse.
Il est un point sur lequel peut-être nous ne serions
pas tout à fait d'accord avec notre correspondant, malgré
la déférence que nous éprouvons pour son expérience
consommée : c'est sur le rapport delà jaugelégale au char-
gement réel. Nous croyons ce rapport plus élevé que
notre correspondant ne le dit, à en juger par les indica-
tions formelles que nous trouvons dans les journaux an-
glais. Ainsi, en prenant dans le Times du 19 février der-
nier la ligne Black-ball qui va par bateau à vapeur de
l Liverpool à Melbourne, nous voyons que le navire Alon-
soon, de 1,084 tonneaux de jauge (Register), en peu!
porter 3,000 en réalité (Burden); que le Rising-Sun, dt
824, en porte 1,900; et le Afurco-Polo, de 1,625, er
porte 3,500. Nous pourrions citer encore beaucouf
J'en viens maintenant à un examen aussi rapide que pos-
sible du commerce extérieur. En prenant la' dernière année
sur laquelle les documents soient complets, on voit que pour
l'Europe et les États-Unis les importations et les exportations
se balancent, et représentent un total de près de 600 millions
de francs. La roupie est calculée à 2 francs 50 centimes. Mais
ce chiffre est bien loin de la réalité. Il faut y ajouter le fret, l'as-
surance, les droits de commission, courtage, etc. En outre, les
évaluations de la douane sont en général beaucoup trop faibles,
surtout pour l'exportation. Ainsi pour ne citer que quelques
exemples, les graines oléagineuses sont estimées parmound à
5 francs au lieu de 10 et plus. Le riz et le blé sont à 2 francs
80 centimes au lieu de 5 francs et 5 francs 50 centimes. Le
salpêtre està 13 francs 80 centimes au lieu de 18 à 22 francs. En
calculant le fret à 80 francs, la plus-value des importations à
10 pour 100, celle des exportations à 25 pour 100, et en ajoutant
les autres charges, on arrive au chiffre de 426 millions pour
les importations et 417 pour les exportations, faisant un total
de 843 millions, non compris le fret, les droits et charges en
Europe sur les arrivages de l'Inde.
Quant à la Chine, dans ses rapports avec l'Inde, elle fournit
environ 20 millions de marchandises la plupart réexportées,
et elle en absorbe environ 165 millions. Cette énorme diffé-
rence provient de l'opium, dont les expéditions de Calcutta et
de Bombay sont en moyenne de 70,000 caisses par an. La
caissè à Calcutta pèse 74 kilog. et un peu moins à Bombay.
Le surplus des exportations n'étant pas soldé par des remises
suffisantes d'argent, il faut en conclure qu'il est employé en
partie pour les thés et soieries envoyés en Europe, et en
avances sur les traites tirées en Chine sur l'Europe, qui inon-
dent à certaines époques les marchés de Bombay et de Calcutta.
Les autres pays divers dont j'ai donné la liste n'offrant pas
de particularités intéressantes, je n'en parlerai pas. Une seule
observation à faire est que les exportations de l'Inde dépassent
les importations d'un tiers en moyenne.
Pour compléter la statistique générale du commerce exté-
rieur de l'Inde, ou du moins des principaux ports, aux 843
millions pour la part affectée à l'Europe et les États-Unis, il
convient d'ajouter 217 millions pour les importations et expor-
tations de Chine, dont 33 millions pour fret et charges (il n'y
a pas de droits sur l'opium) , et 302 millions dont 91 de fret
et charges pour les autres pays ; on arrivera ainsi à un total
de 1381 millions de francs. Je ne prétends pas que tous les
détails soient d'une exactitude parfaite, à l'exception néanmoins
de ceux du tableau que je joins à cette lettre. Mais je crois
l'ensemble aussi près que possible de la vérité. En effet, s'il
est vrai, ainsi que le publiait récemment un journal deLondres,
que le commerce de l'Inde représente pour la métropole une
valeur de 1500 millions, et que l'on ajoute au chiffre que j'ai
donné le commerce de Ceylan , Akhyab , Moulmein , Pénang
et Singapore, ainsi que le fret et les charges en Europe sur
les arrivages, on trouvera qu'il n'y a rien d'exagéré dans mes
ap préciations.
Je trouve dans l'ouvrage de M. de Valbezen le Les Anglais
et l'Inde, » que d'octobre 1854 à juin 1855, Akhyab, dont le
commerce consiste en riz, avait employé 255 navires et 116,896
tonnes, dont la plus grande partie à destination d'Europe ; en
185'1-1855 les exportations étaient de 178,130 tonnes contre
92,295 en 1849-1850.
Ayant indiqué dans le tableau commercial le mouvement
des métaux précieux, il serait sans doute convenable d'en dire
quelque chose dans ce rapide examen du commerce de l'Inde.
Mais je ne me crois pas suffisamment éclairé sur un sujet
d'une si haute importance. Je me hasarderai seulement à dire
que l'Europe et surtout l'Angleterre, qui supporte directement
ou indirectement à peu près tout le commerce de l'Inde, doit
continuer à y envoyer du numéraire pour plusieurs raisons.
Le surplus considérable des exportations sur les importations,
les charges que l'Inde a à supporter dans l'un et l'autre cas,
les besoins de la Chine, le change sur l'Europe, les habitudes
primitives de la population qui tendent sans cesse à faire
disparaître une partie de l'argent en circulation dans un pays
où la seule monnaie courante est la roupie d'argent, d'autres
considérations encore que je n'aborde pas, voilà selon moi
des causes suffisantes pour expliquer les envois d'argent vers
l'Orient, dont toutes les parties, ou à peu près, exportent plus
qu'elles ne reçoivent.
Je termine, monsieur, avec le désir que ce que je vous
adresse puisse être de quelque utilité à la grande œuvre à
laquelle vous travaillez avec tant d'énergie et de persévérance.
Puissiez-vous bientôt en récolter les premiers fruits. Les statis-
tiques de chiffres sont peu amusantes; mais elles sont quel-
quefois fort instructives.
Veuillez, etc. VOTRE ABONNÉ.
P. S. Je trouve dans un journal de Paris du 15 février un
article sur l'isthme de Suez contenant une assertion erronée
que je crois utile de relever. L'auteur dit en parlant du com-
merce de l'Angleterre avec l'Inde : « Les seuls concurrents
que l'Angleterre ait à craindre dans les Indes sont les Améri-
cains. Elle absorbe à elle seule la moitié du commerce indien,
les États-Unis un quart; les autres nations se partagent ce
qui reste, »
Si l'on prend les trois années pour lesquelles les documents
sont complets dans le « Tableau du commerce, » on verra que,
réunissant les importations et les exportations , la proportion
est tout à fait différente, puisque les résultats sont :
Angleterre 89
France 5
États-Unis 5
Autres nations 1
Les exportations de Calcutta aux États-Unis ont une cer-
taine importance; mais celles des autres ports sont nulles, et
les importations sont partant très-minimes. »
L'espace ne nous permet pas de joindre à cette lettre
le tableau que nous a envoyé notre correspondant. Nous
le donnerons prochainement, en y ajoutant les explica-
tions nécessaires. En attendant, nous tenons à remercier
la personne qui veut bien nous faire ces communications
si instructives et si exactes. Les chiffres sont tirés, comme
elle le dit, des documents officiels, et l'authenticité n'en
est pas douteuse.
Il est un point sur lequel peut-être nous ne serions
pas tout à fait d'accord avec notre correspondant, malgré
la déférence que nous éprouvons pour son expérience
consommée : c'est sur le rapport delà jaugelégale au char-
gement réel. Nous croyons ce rapport plus élevé que
notre correspondant ne le dit, à en juger par les indica-
tions formelles que nous trouvons dans les journaux an-
glais. Ainsi, en prenant dans le Times du 19 février der-
nier la ligne Black-ball qui va par bateau à vapeur de
l Liverpool à Melbourne, nous voyons que le navire Alon-
soon, de 1,084 tonneaux de jauge (Register), en peu!
porter 3,000 en réalité (Burden); que le Rising-Sun, dt
824, en porte 1,900; et le Afurco-Polo, de 1,625, er
porte 3,500. Nous pourrions citer encore beaucouf
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
- Collections numériques similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
- Auteurs similaires Desplaces Ernest Desplaces Ernest /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desplaces Ernest" or dc.contributor adj "Desplaces Ernest")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 12/24
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6203088z/f12.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6203088z/f12.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6203088z/f12.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6203088z
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6203088z
Facebook
Twitter