Presse et revues
24 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1858-01-25
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 25 janvier 1858 25 janvier 1858
Description : 1858/01/25 (A3,N39). 1858/01/25 (A3,N39).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203085q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/10/2012
LUNDI 25 JANVIER. JOURNAL DESUNION DES DEUX MERS. 35
La Presse d'Orient du 30 décembre annonce que le
jour même M. Ferd. de Lesseps s'était rendu à Emir-
ghian, palais de Réchid-Pacha, et avait eu une confé-
rence avec le Grand Vizir.
MORT DU GRAND VIZIR RÉCHID-PACHA.
Le grand vizir Réchid-Pacha, qui vient de mourir
presque subitement à Constantinople, était un des hom-
mes les plus distingués de l'empire turc. Né en 1802, il
était entré de fort bonne heure dans les affaires, où l'a-
vait initié le vieux Pertew-Pacha, patron d'un jeune
homme qui, comme lui, cultivait la poésie avec passion
tout en se mêlant à la politique.
Réchid-Pacha tiendra une grande place dans l'histoire
de son pays pour avoir été, avec le sultan Mahmoud,
un des promoteurs les plus éclairés et les plus fermes de
la régénération de la Turquie par la civilisation occi-
dentale. Chargé des missions les plus importantes en
Europe, plusieurs fois grand vizir, Réchid-Pacha a sur-
tout honoré son nom par le hatti-shériff de Gulhané, qui,
en 1839, inaugura d'une manière si généreuse et si écla-
tante le règne du Sultan actuel. Heureusement, Réchid-
Pacha laisse des successeurs aussi capables que lui de
continuer et d'améliorer son œuvre.
ERNEST DESPLACES.
AALI-PACHA GRAND VIziR.
Le Moniteur universel du 12 janvier 1858 annonce
en ces termes le changement de ministère à Copstanti-
nople :
Constantinople, 11 janvier.
Par "suite de la mort de Réchid-Pacha, la composition du
cabinef ottoman a subi les modifications suivantes :
Aali-Pacha, grand vizir; Fuad-Pacha, ministre des affaires
étrangères; Méhémet-Kiprili-Pacha, au Tanzimat.
(Correspondance particulière.)
On se rappelle qu'Aali-Pacha était grand vizir en 1856,
quand il vint figurer avec tant de distinction au Congrès
de Paris.
ERNEST DESPLACES.
LES CONSEILS GÉNÉRAUX DE L'EMPIRE FRANÇAIS
ET LE CANAL DE SUEZ.
(Suite.)
Nous donnons plus bas la délibération du Conseil
général de la Corrèze. Nous avions déjà mentionné ce
département parmi ceux qui ont bien voulu nous ac-
corder leur adhésion ; mais nous n'avions pas publié
le texte même du vœu officiel.
CORRÈZE.
Extrait du registre des délibérations du Conseil général.
(Session de J.857, — Séance du 29 août.)
Étaient présents : MM. Armand, Bayle, Berthy, Borie,
Breton, Chammard, Chauviniat, Clément, Faure, Forsse,
le baron de Jouvenel, Joyet, Lafon de la Geneste, de Lapra-
derie, Laveyrie, Lespinas, Lestourgie, Maisonneuve-Lacoste,
Materre, Mougenc de Saint-Avid, Pélissière, Planchard de
Cussac, Roche, le comte de Seilhao, §oleilhet, Trech-Laplène,
le comte d'Ussel.
Un des rapporteurs de la commission d'agriculture donne
lecture du rapport suivant :
« La commission d'agriculture, du commerce et de l'in-
dustrie, a été saisie d'une question du plus haut intérêt : celle
du percement de l'isthme de Suez.
» Elle l'a examinée avec.le soin qu'elle méritait, et m'a
chargé de vous faire le rapport de ses impressions.
Il La première qu'elle ait éprouvée est celle de l'étonnement.
» Comment se fait-il qu'une idée aussi grande, aussi féconde
dans ses résultats, ne rallie pas tous les suffrages?
Il Les peuples de l'Europe, et même les États-Unis, lui ont
donné leur assentiment, l'Angleterre, par l'organe de ses prin-
cipales villes, s'y est associée. Mais le gouvernement anglais
s'y oppose, parce qu'il est jaloux de toute rivalité, parce qu'il
craint que la concurrence la plus minime ne nuise à son
commerce, ne paralyse son industrie et ne lui enlève cette
influence qu'il a acquise au prix de tant de sacrifices!
» Il craint pour ses possessions de l'Inde, comme si la
France en avait besoin pour sa richesse et sa puissance!
» Il craint que PÉgypte ne se sépare plus facilement de la
Turquie, comme si les nations qui ont concouru au traité de
Paris n'auraient pas un accès plus facile pour arriver en
Égypte et réprimer tout mouvement insurrectionnel !
» Ce sont là ses raisons : sont-elles dignes d'un gouverne-
ment éclairé? l'Angleterre est-elle bienvenue, elle qui a pro-
clamé le libre échange, à s'opposer à cette grande idée?
Il Quant à la France, que les pensées civilisatrices et hu-
manitaires occupent plus que les besoins du commerce, elle
l'a acceptée avec cet entraînement qui la caractérise.
» En portant cette question aux Conseils généraux, M. Fer-
dinand de Lesseps a voulu l'entourer de la force morale que
nous représentons.
Il Nous répondrons à l'appel qui nous est adressé. Je n'ai
pas besoin de développer la pensée du projet; quelques aper-
çus rapides suffiront, et l'on saura que c'est bien en conpais-
sance de cause que nous avons agi.
Il Il existe deux mers qui, de tout temps, ont relié l'orient
et l'occident du monde , la mer Méditerranée et la mer
Rouge. Ces deux mers sont séparées par une langue de terre
connue sous le nom d'isthme de Suez.
» Dès la plus haute antiquité, les Pharaons, ces grands rois
d'Egypte, avaient eu l'idée de réunir les deux mers; ils avaient
même commencé l'entreprise et s'ils ne la finirent pas, le
temps seul leur manqua. Tout était possible à des monarques
que la construction de Thèbes aux cent portes et de ces gi-
gantesques pyramides qui étonnent encore le monde n'avait
point effrayés. Les Ptolémées la terminèrent, mais elle fut
négligée.
» Eh bien! ce qu'ils n'ont pas fait, un Français le fera. Il
vaincra toutes les résistances et toutes les difficultés..
Il Par le percement de l'isthme de Suez, le mouvement
commercial et civilisateur qui nous pousse vers l'Orient, point
de départ de quelques peuples européens, sera rendu plus facile.
» Ce reflux qui se fait du monde nouveau vers le monde
ancien, n'est-il pas remarquable? Mais il s'opère avec cette
différence que nous allons porter à ces peuples la civilisation
qui les réveillera de leur torpeur, tandis qu'eux nous portè-
rent jadis la dévastation et la barbarie.
La Presse d'Orient du 30 décembre annonce que le
jour même M. Ferd. de Lesseps s'était rendu à Emir-
ghian, palais de Réchid-Pacha, et avait eu une confé-
rence avec le Grand Vizir.
MORT DU GRAND VIZIR RÉCHID-PACHA.
Le grand vizir Réchid-Pacha, qui vient de mourir
presque subitement à Constantinople, était un des hom-
mes les plus distingués de l'empire turc. Né en 1802, il
était entré de fort bonne heure dans les affaires, où l'a-
vait initié le vieux Pertew-Pacha, patron d'un jeune
homme qui, comme lui, cultivait la poésie avec passion
tout en se mêlant à la politique.
Réchid-Pacha tiendra une grande place dans l'histoire
de son pays pour avoir été, avec le sultan Mahmoud,
un des promoteurs les plus éclairés et les plus fermes de
la régénération de la Turquie par la civilisation occi-
dentale. Chargé des missions les plus importantes en
Europe, plusieurs fois grand vizir, Réchid-Pacha a sur-
tout honoré son nom par le hatti-shériff de Gulhané, qui,
en 1839, inaugura d'une manière si généreuse et si écla-
tante le règne du Sultan actuel. Heureusement, Réchid-
Pacha laisse des successeurs aussi capables que lui de
continuer et d'améliorer son œuvre.
ERNEST DESPLACES.
AALI-PACHA GRAND VIziR.
Le Moniteur universel du 12 janvier 1858 annonce
en ces termes le changement de ministère à Copstanti-
nople :
Constantinople, 11 janvier.
Par "suite de la mort de Réchid-Pacha, la composition du
cabinef ottoman a subi les modifications suivantes :
Aali-Pacha, grand vizir; Fuad-Pacha, ministre des affaires
étrangères; Méhémet-Kiprili-Pacha, au Tanzimat.
(Correspondance particulière.)
On se rappelle qu'Aali-Pacha était grand vizir en 1856,
quand il vint figurer avec tant de distinction au Congrès
de Paris.
ERNEST DESPLACES.
LES CONSEILS GÉNÉRAUX DE L'EMPIRE FRANÇAIS
ET LE CANAL DE SUEZ.
(Suite.)
Nous donnons plus bas la délibération du Conseil
général de la Corrèze. Nous avions déjà mentionné ce
département parmi ceux qui ont bien voulu nous ac-
corder leur adhésion ; mais nous n'avions pas publié
le texte même du vœu officiel.
CORRÈZE.
Extrait du registre des délibérations du Conseil général.
(Session de J.857, — Séance du 29 août.)
Étaient présents : MM. Armand, Bayle, Berthy, Borie,
Breton, Chammard, Chauviniat, Clément, Faure, Forsse,
le baron de Jouvenel, Joyet, Lafon de la Geneste, de Lapra-
derie, Laveyrie, Lespinas, Lestourgie, Maisonneuve-Lacoste,
Materre, Mougenc de Saint-Avid, Pélissière, Planchard de
Cussac, Roche, le comte de Seilhao, §oleilhet, Trech-Laplène,
le comte d'Ussel.
Un des rapporteurs de la commission d'agriculture donne
lecture du rapport suivant :
« La commission d'agriculture, du commerce et de l'in-
dustrie, a été saisie d'une question du plus haut intérêt : celle
du percement de l'isthme de Suez.
» Elle l'a examinée avec.le soin qu'elle méritait, et m'a
chargé de vous faire le rapport de ses impressions.
Il La première qu'elle ait éprouvée est celle de l'étonnement.
» Comment se fait-il qu'une idée aussi grande, aussi féconde
dans ses résultats, ne rallie pas tous les suffrages?
Il Les peuples de l'Europe, et même les États-Unis, lui ont
donné leur assentiment, l'Angleterre, par l'organe de ses prin-
cipales villes, s'y est associée. Mais le gouvernement anglais
s'y oppose, parce qu'il est jaloux de toute rivalité, parce qu'il
craint que la concurrence la plus minime ne nuise à son
commerce, ne paralyse son industrie et ne lui enlève cette
influence qu'il a acquise au prix de tant de sacrifices!
» Il craint pour ses possessions de l'Inde, comme si la
France en avait besoin pour sa richesse et sa puissance!
» Il craint que PÉgypte ne se sépare plus facilement de la
Turquie, comme si les nations qui ont concouru au traité de
Paris n'auraient pas un accès plus facile pour arriver en
Égypte et réprimer tout mouvement insurrectionnel !
» Ce sont là ses raisons : sont-elles dignes d'un gouverne-
ment éclairé? l'Angleterre est-elle bienvenue, elle qui a pro-
clamé le libre échange, à s'opposer à cette grande idée?
Il Quant à la France, que les pensées civilisatrices et hu-
manitaires occupent plus que les besoins du commerce, elle
l'a acceptée avec cet entraînement qui la caractérise.
» En portant cette question aux Conseils généraux, M. Fer-
dinand de Lesseps a voulu l'entourer de la force morale que
nous représentons.
Il Nous répondrons à l'appel qui nous est adressé. Je n'ai
pas besoin de développer la pensée du projet; quelques aper-
çus rapides suffiront, et l'on saura que c'est bien en conpais-
sance de cause que nous avons agi.
Il Il existe deux mers qui, de tout temps, ont relié l'orient
et l'occident du monde , la mer Méditerranée et la mer
Rouge. Ces deux mers sont séparées par une langue de terre
connue sous le nom d'isthme de Suez.
» Dès la plus haute antiquité, les Pharaons, ces grands rois
d'Egypte, avaient eu l'idée de réunir les deux mers; ils avaient
même commencé l'entreprise et s'ils ne la finirent pas, le
temps seul leur manqua. Tout était possible à des monarques
que la construction de Thèbes aux cent portes et de ces gi-
gantesques pyramides qui étonnent encore le monde n'avait
point effrayés. Les Ptolémées la terminèrent, mais elle fut
négligée.
» Eh bien! ce qu'ils n'ont pas fait, un Français le fera. Il
vaincra toutes les résistances et toutes les difficultés..
Il Par le percement de l'isthme de Suez, le mouvement
commercial et civilisateur qui nous pousse vers l'Orient, point
de départ de quelques peuples européens, sera rendu plus facile.
» Ce reflux qui se fait du monde nouveau vers le monde
ancien, n'est-il pas remarquable? Mais il s'opère avec cette
différence que nous allons porter à ces peuples la civilisation
qui les réveillera de leur torpeur, tandis qu'eux nous portè-
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