Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1858-01-25
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 25 janvier 1858 25 janvier 1858
Description : 1858/01/25 (A3,N39). 1858/01/25 (A3,N39).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203085q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/10/2012
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34 L'ISTHME DE SUEZ, LUNDI 25 JANVIER.
et où elle ajoutait : « Conformément à Vordre impérial
» émané au sujet de l'entreprise si intéressante du
» canal, la question se trouve actuellement à l'étude
» du conseil des ministres. »
Depuis lors, afin de faciliter l'examen et la déciston
de la Sublime Porte, j'ai cherché à dégager la question
des objections provenant de la croyance d'une impossi-
bilité d'exécution, ou de la crainte de nuire aux intérêts
légitimes des puissances étrangères.
La première objection a été levée par le rapport d'une
commission scientifique internationale dont la compé-
tence et le jugement ont été sanctionnés par les corps
savants de l'Europe.
La seconde objection a été également détruite par
l'expression unanime de l'opinion publique dans tous
les pays. Les adhésions des gouvernements du continent
n'ont pas été moins explicites, et, en ce qui concerne
l'Angleterre, je crois devoir mentionner les dernières
déclarations officielles faites dans la Chambre des com-
munes, le 14 août 1857, postérieurement aux résolu-
tions adoptées par les associations et Chambres de Com-
merce et par les nombreux meetings qui ont été tenus
dans les principales villes de la Grande-Bretagne.
M. Gladstone s'est exprimé en ces termes :
« La Chambre doit traiter ce projet du canal de Suez
» aussi bien que le chemin de fer de l'Euphrate et les
« projets de télégraphe, comme une question purement
» commerciale, et elle peut se reposer sur ce principe:
» c'est que les meilleurs juges des mérites d'une spécu-
» lation commerciale sont les personnes qui sont enga-
» gées à mettre leur capital dans l'entreprise. Si ce
» projet vient à être converti par le gouvernement en
Il une question politique, il y aurait le plus grand
» danger de rompre ce concert et cet accord européens
» qui sont d'une importance supérieure en ce qui con-
n cerne notre politique en Orient. Personne cependant
« ne pourra regarder la carte du monde et nier qu'un
» canal à travers l'isthme de Suez, s'il était possible,
» ne fût d'un grand avantage pour l'intérêt de l'huma-
» nité. Ce projet a été approuvé et trouvé excellent par
Il tous les gouvernements de l'Europe et spécialement
» par la France, notre grande alliée. Qu'y aurait-il alors
» de plus malheureux que de voir naître des querelles à
» Constantinople, à ce sujet, entre les ambassadeurs de
» France et d'Angleterre? Eu égard à nos possessions
» dans l'Inde, ne faisons pas naître dans l'Europe en-
» tière l'opinion que la possession de l'Inde par la
» Grande-Bretagne a besoin,' pour se maintenir, que
n l'Angleterre s'oppose à des mesures qui sont avanta-
» geuses aux intérêts généraux de l'Europe. Ne laissons
n pa-s naître cette fâcheuse contradiction, parce que ce
rait affaiblir notre pouvoir dans l'Hindoiistan plus
v q^ ne le feraient dix révoltes comme celles qui vien-
» henï d'avoir lieu dernièrement. a
- Lord Palmerston a répondu : « Le motif principal et
n ic seul que nous ayons fait valoir auprès du gouverne-
ment turc pour ne pas accepter le plan proposé, ce
» n'est pas le dommage causé à l'Angleterre, mais le
« dommage de la Turquie, le danger de porter atteinte
Il à l'intégrité de l'empire ottoman. »
Toute la question est donc actuellement renfermée
dans l'appréciation de l'intérêt de l'empire ottomân, Il
est évident que cette appréciation ne peut être raisonna-
blement faite que par le gouvernement du Sultan. C'est
à lui que je m'adresse, avec la conviction que l'examen
réfléchi auquel il s'est déjà livré lui a démontré les nom-
breux avantages réservés à la Turquie par l'exécution
du canal de Suez. Pour se rendre compte de ces avan-
tages, il suffit de se rappeler que la route de Constan-
tinople à la mer des Indes se trouvera abrégée de
4,800 lieues, que les possessions ottomanes de l'Arabie
et de la côte orientale d'Afrique seront mises à la portée
des armements maritimes de la métropole, et que le
facile accès de la mer Rougé sera un bienfait inappré-
ciable pour l'accomplissement du saint pèlerinage des
musulmans.
Lorsque le gouvernement impérial aura formulé son
opinion comme il le jugera convenable à ses intérêts,
ce sera encore à lui qu'il appartiendra de déclarer que
le canal maritime de Suez sera ouvert, à toujours et en
tout temps; comme passage neutre, à tous navires de
commerce traversant d'une mer à J'autre, sans aucune
distinction, exclusion ni préférence de nationalité. L'ac-
cession des puissances étrangères, que la Sublime Porte
jugera sans doute à propos d'inviter à adhérer à ses dé-
clarations, ne devra être que la conséquence d'un fait
déjà décidé par elle dans la mesure de sa compétence
et de ses droits. Telle est l'opinion exprimée à ce sujet par
M. le prince de Metternich, opinion que j'ai récemment
communiquée aux différents cabinets de l'Europe et
de l'Amérique, dont les représentants à Constantinople
ont été chargés d'appuyer mes démarches. a De cette
» manière, disait le prince de Metternich, la question
» intérieure de l'exécution se trouvera séparée comme
11 elle devait l'être, de la question extérieure de neu-
» tralité; les prérogatives de la souveraineté territoriale
15 resteront intactes, et l'empire ottoman prenant, à cette
» occasion, l'initiative qui lui convient dans une négo-
55 ciation de droit public européen, donnera satisfaction
55 aux intérêts de toutes les puissances en même temps
55 qu'il obtiendra, par leur accession, une nouvelle ga-
n rantie de son intégrité et de son indépendance. 55
Les considérations que je viens d'indiquer formeront
les éléments de nos négociations. Je me mets à la dispo-
sition de Votre Altesse et de la Sublime Porte, pour
fournir les renseignements et les explications qui seront
jugés nécessaires, et j'ai la confiance que, dans un mo-
ment où leshommesles plus éclairés de l'Empire Ottoman
sont heureusement réunis pour accomplir les libérales
et généreuses intentions de leur auguste souverain, le
projet du percement de l'isthme de Suez, après avoir
obtenu la consécration de la science et de l'opinion
publique, recevra de la part des conseillers du Sultan
une dernière et favorable solution.
FERD. DE LESSEPS.
Constantinople, le 29 décembre 1857.
34 L'ISTHME DE SUEZ, LUNDI 25 JANVIER.
et où elle ajoutait : « Conformément à Vordre impérial
» émané au sujet de l'entreprise si intéressante du
» canal, la question se trouve actuellement à l'étude
» du conseil des ministres. »
Depuis lors, afin de faciliter l'examen et la déciston
de la Sublime Porte, j'ai cherché à dégager la question
des objections provenant de la croyance d'une impossi-
bilité d'exécution, ou de la crainte de nuire aux intérêts
légitimes des puissances étrangères.
La première objection a été levée par le rapport d'une
commission scientifique internationale dont la compé-
tence et le jugement ont été sanctionnés par les corps
savants de l'Europe.
La seconde objection a été également détruite par
l'expression unanime de l'opinion publique dans tous
les pays. Les adhésions des gouvernements du continent
n'ont pas été moins explicites, et, en ce qui concerne
l'Angleterre, je crois devoir mentionner les dernières
déclarations officielles faites dans la Chambre des com-
munes, le 14 août 1857, postérieurement aux résolu-
tions adoptées par les associations et Chambres de Com-
merce et par les nombreux meetings qui ont été tenus
dans les principales villes de la Grande-Bretagne.
M. Gladstone s'est exprimé en ces termes :
« La Chambre doit traiter ce projet du canal de Suez
» aussi bien que le chemin de fer de l'Euphrate et les
« projets de télégraphe, comme une question purement
» commerciale, et elle peut se reposer sur ce principe:
» c'est que les meilleurs juges des mérites d'une spécu-
» lation commerciale sont les personnes qui sont enga-
» gées à mettre leur capital dans l'entreprise. Si ce
» projet vient à être converti par le gouvernement en
Il une question politique, il y aurait le plus grand
» danger de rompre ce concert et cet accord européens
» qui sont d'une importance supérieure en ce qui con-
n cerne notre politique en Orient. Personne cependant
« ne pourra regarder la carte du monde et nier qu'un
» canal à travers l'isthme de Suez, s'il était possible,
» ne fût d'un grand avantage pour l'intérêt de l'huma-
» nité. Ce projet a été approuvé et trouvé excellent par
Il tous les gouvernements de l'Europe et spécialement
» par la France, notre grande alliée. Qu'y aurait-il alors
» de plus malheureux que de voir naître des querelles à
» Constantinople, à ce sujet, entre les ambassadeurs de
» France et d'Angleterre? Eu égard à nos possessions
» dans l'Inde, ne faisons pas naître dans l'Europe en-
» tière l'opinion que la possession de l'Inde par la
» Grande-Bretagne a besoin,' pour se maintenir, que
n l'Angleterre s'oppose à des mesures qui sont avanta-
» geuses aux intérêts généraux de l'Europe. Ne laissons
n pa-s naître cette fâcheuse contradiction, parce que ce
rait affaiblir notre pouvoir dans l'Hindoiistan plus
v q^ ne le feraient dix révoltes comme celles qui vien-
» henï d'avoir lieu dernièrement. a
- Lord Palmerston a répondu : « Le motif principal et
n ic seul que nous ayons fait valoir auprès du gouverne-
ment turc pour ne pas accepter le plan proposé, ce
» n'est pas le dommage causé à l'Angleterre, mais le
« dommage de la Turquie, le danger de porter atteinte
Il à l'intégrité de l'empire ottoman. »
Toute la question est donc actuellement renfermée
dans l'appréciation de l'intérêt de l'empire ottomân, Il
est évident que cette appréciation ne peut être raisonna-
blement faite que par le gouvernement du Sultan. C'est
à lui que je m'adresse, avec la conviction que l'examen
réfléchi auquel il s'est déjà livré lui a démontré les nom-
breux avantages réservés à la Turquie par l'exécution
du canal de Suez. Pour se rendre compte de ces avan-
tages, il suffit de se rappeler que la route de Constan-
tinople à la mer des Indes se trouvera abrégée de
4,800 lieues, que les possessions ottomanes de l'Arabie
et de la côte orientale d'Afrique seront mises à la portée
des armements maritimes de la métropole, et que le
facile accès de la mer Rougé sera un bienfait inappré-
ciable pour l'accomplissement du saint pèlerinage des
musulmans.
Lorsque le gouvernement impérial aura formulé son
opinion comme il le jugera convenable à ses intérêts,
ce sera encore à lui qu'il appartiendra de déclarer que
le canal maritime de Suez sera ouvert, à toujours et en
tout temps; comme passage neutre, à tous navires de
commerce traversant d'une mer à J'autre, sans aucune
distinction, exclusion ni préférence de nationalité. L'ac-
cession des puissances étrangères, que la Sublime Porte
jugera sans doute à propos d'inviter à adhérer à ses dé-
clarations, ne devra être que la conséquence d'un fait
déjà décidé par elle dans la mesure de sa compétence
et de ses droits. Telle est l'opinion exprimée à ce sujet par
M. le prince de Metternich, opinion que j'ai récemment
communiquée aux différents cabinets de l'Europe et
de l'Amérique, dont les représentants à Constantinople
ont été chargés d'appuyer mes démarches. a De cette
» manière, disait le prince de Metternich, la question
» intérieure de l'exécution se trouvera séparée comme
11 elle devait l'être, de la question extérieure de neu-
» tralité; les prérogatives de la souveraineté territoriale
15 resteront intactes, et l'empire ottoman prenant, à cette
» occasion, l'initiative qui lui convient dans une négo-
55 ciation de droit public européen, donnera satisfaction
55 aux intérêts de toutes les puissances en même temps
55 qu'il obtiendra, par leur accession, une nouvelle ga-
n rantie de son intégrité et de son indépendance. 55
Les considérations que je viens d'indiquer formeront
les éléments de nos négociations. Je me mets à la dispo-
sition de Votre Altesse et de la Sublime Porte, pour
fournir les renseignements et les explications qui seront
jugés nécessaires, et j'ai la confiance que, dans un mo-
ment où leshommesles plus éclairés de l'Empire Ottoman
sont heureusement réunis pour accomplir les libérales
et généreuses intentions de leur auguste souverain, le
projet du percement de l'isthme de Suez, après avoir
obtenu la consécration de la science et de l'opinion
publique, recevra de la part des conseillers du Sultan
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FERD. DE LESSEPS.
Constantinople, le 29 décembre 1857.
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