Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1856-09-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 10 septembre 1856 10 septembre 1856
Description : 1856/09/10 (A1,N6). 1856/09/10 (A1,N6).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6202051m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
96 L'ISTHME DE SUEZ.
lection dans le voisinage des stations pendant qu'on
relaye.
A l'exception des voitures et fourgons entretenus par
la Société- du transit pour le transport des voyageurs et
des marchandises accélérées, on ne trouve pas d'autres
voitures à Suez, la plaine qui est inhabitée et inculte
faute d'eau, ne possédait aucun instrument de labou-
rage. Suez ne connaît ni arbres, ni fleurs, ni brins
d'herbe ou de paille, et rien ne vient récréer la vue
dans cette triste ville et ses environs.
Au contraire, il y a au Caire, aussi bien qu'à Alexan-
drie, de nombreux équipages, -des voitures à un cheval
et à deux chevaux, des fiacres et cabriolets .de toute
espèce et de toute forme, la plupart d'origine française
et anglaise; et non-seulement les Européens, mais aussi
les' indigènes en font un usage fréquent, et surtout les
femmes des riches harems ensevelies sous leur long
voile. Mais ce n'est guère que dans la banlieue de ces
villes que se meuvent toutes ces voitures, qui ne contri-
buent pas peu , surtout dans les rues étroites, tortueuses
éfpopuleuses du Caire, à augmenter le bruit des Arabes
et le désordre dans le calme. ',,'
Outre les voitures en question , ce sont aussi les che-
vaux, les chameaux , et surtout les ânes ou bourriques
qui entretiennent les communications dans l'intérieur
des villes.
Chaque voiture, chaque cheval, chaque âne est pré-
cédé d'un coureur ou guide qui cherche à lui faire place
au travers de la foule; circonstance qui peut seule
expliquer comment il est possible de traverser sans
danger ces masses compactes d'hommes, de bêtes de
somme, et de chiens vagabonds couchés çà et là.
- , Tous ces coureurs et âniers vont pieds nus. Les voi-
tures des riches ont souvent deux coureurs. La plupart
des cochers sont aussi nu-pieds, gravement assis sur
leur siège, dans leur draperie aux plis fantastiques. Les
chevaùx sont de moyenne grandeur, courts et ramassés,
mais pleins de feu et de vivacité.
Dans les villes, on arrose souvent les rues dans le
jour. C'est l'affaire des fellahs, qui se servent à cet effet
d'une outre en pieau de chèvre, qu'ils portent par le
milieu sur le dos, et dont ils tiennent l'embouchure
dans la main droite avec laquelle ils lancent l'eau à
d an' la main e u a
droite et à gauche tout en marchant. Pour les besoins
domestiques, on emploie des chameaux qui apportent
dans des outres l'eau des fontaines publiques. ,',
Cet utile et patient animal du désert remplace fré-
quemment aussi les chariots usités dans d'autres pays
pour les besoins de l'économie agricole; et l'on est
étonné de voir quelles charges de cannes, de paille, de
foin, de roseaux ou de fruits le pauvre animal doit por-
ter à travers le désert. Cependant on trouve bien aussi
des chariots à quatre roues et des instruments aratoires
à deux roues, mais d'une forme tellement primitive que
l'on comprend tout de suite comment le fellah préfère
le sobre et silencieux animal pour transporter chez lui
les fruits de la terre.
DE NEGRELLI MOLDELBE,
Membre de la Commission internationale.
[La suite au numéro prochain,)
NÉCROLOGIE.
PAUL REYNIER, -NOCTINGER,.
.- La publication récente des Poésies choisies de M. Paul
Reynier, par M. l'abbé A. Bayle, nous donnera l'occa-
sion de rappeler la part que M. Paul Reynier avait prise
dans la grande œuvre du percement de l'isthme de
Suez. Secrétaire, de M. Ferd. de Lesseps, il l'avait
accompagné deux fois en Egypte, pays qu'il connaissait
bien d'ailleurs, pour y avoir passé une partie de son
enfance.
M. Paul Reynier est mort âgé de moins de vingt-
quatre ans, plein des qualités les plus rares et des dons
les plus heureux. Poëte distingué, couronné fréquem-
ment par l'Académie des Jeux Floraux, il promettait aux
lettres un talent gracieux, un esprit délicat, une âme
pure autant qu'élevée, Il est mort à Paris le Il mars de
cette année, après quelques jours à peine de maladie et
presque par accident.
Mais nous ne voulons aujourd'hui entrer dans aucun
détail. Nous reviendrons sur ce triste sujet plus lon-
guement, en acquittant un devoir envers ce jeune homnte
si dévoué à notre belle entreprise. ,'.
Nous mentionnerons encore une autre mort. C'est
celle de M. Noctinger, ingénieur français au service
du gouvernement égyptien, et qui a fait exécuter tous
nos forages dans l'isthme de Suez. Quand la Commis-
sion internationale est arrivée au nord du lac Timsah
au Seuil d'El Guisr, le 26 décembre dernier, elle trouva
M. Noctinger, dirigeant les ouvriers indigènes placés
sous ses ordres, et faisant faire sous ses yeux le forage
de ce lieu, le plus profond de tous ceux qui sont placés
sur le parcours du canal maritime.
Nous donnerons également quelques détails sur les tra-
vaux de M. Noctinger, et sur les services qu'il a rendus en
Egypte. C'est une dette de reconnaissance que nous
comptons remplir plus tard. Mais nous n'avons pas
voulu attendre davantage pour consacrer ce souvenir et
ce remercîment à sa mémoire.
- ERNEST DESPLACES.
Nous tenons à la disposition de nos abonnés le
premier volume, publié en 1855 par M. Ferdinatfd
de Lesseps, sur le percement de l'isthme de Suez, et
un second volume, contenant un exposé de l'état actuel
de l'entreprise et divers documents importants. — Ajou-
ter 2 fr. au prix d'abonnement pour recevoir ces deu*
volumes franco dans les départementf.
Le Gérant, ERNEST DESPLACES.
PARIS. TYPOGRAPHIE DE HENRI PLON, IMPRIMEUR DE L'EMPEREUR, RUE GARANClÈRB, 8.
lection dans le voisinage des stations pendant qu'on
relaye.
A l'exception des voitures et fourgons entretenus par
la Société- du transit pour le transport des voyageurs et
des marchandises accélérées, on ne trouve pas d'autres
voitures à Suez, la plaine qui est inhabitée et inculte
faute d'eau, ne possédait aucun instrument de labou-
rage. Suez ne connaît ni arbres, ni fleurs, ni brins
d'herbe ou de paille, et rien ne vient récréer la vue
dans cette triste ville et ses environs.
Au contraire, il y a au Caire, aussi bien qu'à Alexan-
drie, de nombreux équipages, -des voitures à un cheval
et à deux chevaux, des fiacres et cabriolets .de toute
espèce et de toute forme, la plupart d'origine française
et anglaise; et non-seulement les Européens, mais aussi
les' indigènes en font un usage fréquent, et surtout les
femmes des riches harems ensevelies sous leur long
voile. Mais ce n'est guère que dans la banlieue de ces
villes que se meuvent toutes ces voitures, qui ne contri-
buent pas peu , surtout dans les rues étroites, tortueuses
éfpopuleuses du Caire, à augmenter le bruit des Arabes
et le désordre dans le calme. ',,'
Outre les voitures en question , ce sont aussi les che-
vaux, les chameaux , et surtout les ânes ou bourriques
qui entretiennent les communications dans l'intérieur
des villes.
Chaque voiture, chaque cheval, chaque âne est pré-
cédé d'un coureur ou guide qui cherche à lui faire place
au travers de la foule; circonstance qui peut seule
expliquer comment il est possible de traverser sans
danger ces masses compactes d'hommes, de bêtes de
somme, et de chiens vagabonds couchés çà et là.
- , Tous ces coureurs et âniers vont pieds nus. Les voi-
tures des riches ont souvent deux coureurs. La plupart
des cochers sont aussi nu-pieds, gravement assis sur
leur siège, dans leur draperie aux plis fantastiques. Les
chevaùx sont de moyenne grandeur, courts et ramassés,
mais pleins de feu et de vivacité.
Dans les villes, on arrose souvent les rues dans le
jour. C'est l'affaire des fellahs, qui se servent à cet effet
d'une outre en pieau de chèvre, qu'ils portent par le
milieu sur le dos, et dont ils tiennent l'embouchure
dans la main droite avec laquelle ils lancent l'eau à
d an' la main e u a
droite et à gauche tout en marchant. Pour les besoins
domestiques, on emploie des chameaux qui apportent
dans des outres l'eau des fontaines publiques. ,',
Cet utile et patient animal du désert remplace fré-
quemment aussi les chariots usités dans d'autres pays
pour les besoins de l'économie agricole; et l'on est
étonné de voir quelles charges de cannes, de paille, de
foin, de roseaux ou de fruits le pauvre animal doit por-
ter à travers le désert. Cependant on trouve bien aussi
des chariots à quatre roues et des instruments aratoires
à deux roues, mais d'une forme tellement primitive que
l'on comprend tout de suite comment le fellah préfère
le sobre et silencieux animal pour transporter chez lui
les fruits de la terre.
DE NEGRELLI MOLDELBE,
Membre de la Commission internationale.
[La suite au numéro prochain,)
NÉCROLOGIE.
PAUL REYNIER, -NOCTINGER,.
.- La publication récente des Poésies choisies de M. Paul
Reynier, par M. l'abbé A. Bayle, nous donnera l'occa-
sion de rappeler la part que M. Paul Reynier avait prise
dans la grande œuvre du percement de l'isthme de
Suez. Secrétaire, de M. Ferd. de Lesseps, il l'avait
accompagné deux fois en Egypte, pays qu'il connaissait
bien d'ailleurs, pour y avoir passé une partie de son
enfance.
M. Paul Reynier est mort âgé de moins de vingt-
quatre ans, plein des qualités les plus rares et des dons
les plus heureux. Poëte distingué, couronné fréquem-
ment par l'Académie des Jeux Floraux, il promettait aux
lettres un talent gracieux, un esprit délicat, une âme
pure autant qu'élevée, Il est mort à Paris le Il mars de
cette année, après quelques jours à peine de maladie et
presque par accident.
Mais nous ne voulons aujourd'hui entrer dans aucun
détail. Nous reviendrons sur ce triste sujet plus lon-
guement, en acquittant un devoir envers ce jeune homnte
si dévoué à notre belle entreprise. ,'.
Nous mentionnerons encore une autre mort. C'est
celle de M. Noctinger, ingénieur français au service
du gouvernement égyptien, et qui a fait exécuter tous
nos forages dans l'isthme de Suez. Quand la Commis-
sion internationale est arrivée au nord du lac Timsah
au Seuil d'El Guisr, le 26 décembre dernier, elle trouva
M. Noctinger, dirigeant les ouvriers indigènes placés
sous ses ordres, et faisant faire sous ses yeux le forage
de ce lieu, le plus profond de tous ceux qui sont placés
sur le parcours du canal maritime.
Nous donnerons également quelques détails sur les tra-
vaux de M. Noctinger, et sur les services qu'il a rendus en
Egypte. C'est une dette de reconnaissance que nous
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voulu attendre davantage pour consacrer ce souvenir et
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de Lesseps, sur le percement de l'isthme de Suez, et
un second volume, contenant un exposé de l'état actuel
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Le Gérant, ERNEST DESPLACES.
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