Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1856-08-25
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 25 août 1856 25 août 1856
Description : 1856/08/25 (A1,N5). 1856/08/25 (A1,N5).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62020506
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/07/2012
68 L'ISTHME DE SUEZ,
côté il n'a pas hésité à augmenter volontairement le
tribut primitivement réglé, ou à fournir dans certaines
circonstances des subsides extraordinaires.
Le hatti-shérif limitait à 18,000 hommes le nombre
des troupes égyptiennes. La Porte a laissé en fait aux
successeurs de Méhémet-Ali la faculté de porter leur
force militaire à un chiffre bien supérieur; et elle s'en est
bien trouvée, puisque, au moment où la dernière guerre
a éclaté, les 60,000 soldats égyptiens qui composaient
alors l'effectif de l'armée ont pu fournir à la Turquie
un contingent de près de 40,000 hommes.
L'acte de 1841 établissait que les troupes égyptiennes
porteraient le même uniforme que les troupes otto-
manes. Cette disposition pouvait-elle être observée,
quand il est prouvé que le climat de l'Egypte rend cet
uniforme incommode et même nuisible à la santé du
soldat? Les héroïques zouaves, qui ont pla lté le drapeau
français sur les murs de Sébastopol, son! habillés à la
turque; ils portent le chirwal (large pantalon) et le
turban : en sont-ils moins pour cela au premier rang
des soldats de la France? Napoléon Ier avait les mame-
louks de sa garde; l'empereur de Russie a son escadron
de Circassiens. Ce n'est pas le costume qui fait le cou-
rage et le dévouement, et il eût été puéril d'attacher à
la forme du vêtement le gage de la fidélité.
Enfin, on lit dans le hatti-shérif que les lois et règle-
ments d'administration publique émanés de la Sublime
Porte seront exécutoires en Egypte. Appliquée dans
toute sa rigueur, cette disposition aurait pu servir de
prétexte pour annuler une partie des concessions
essentielles stipulées dans l'intérêt de la bonne admi-
nistration de l'Egypte.
Sous le gouvernement d'Abbas-Pacha, prédécesseur
de Mohammed-Saïd, des négociations s'établirent entre
le divan impérial et le vice-roi au sujet de quelques
points du tanzimat, dont ce dernier craignait qm
l'exécution en Égypte n'eût de graves inconvénients.
Sans entrer dans l'exposé des arguments présentés de
part et d'autre , nous rappellerons que , grâce à l'inter-
vention éclairée d'hommes d'Etat dévoués aux intérêts
de leur pays, parmi lesquels nous citerons Fouad-Pacha,
aujourd'hui ministre des affaires étrangères en Turquie,
le sultan, dans sa profonde équité, donna raison à
l'Egypte. Une dérogation expresse aux articles dont il
s'agit fut admise en faveur du gouvernement local, et
les difficultés se trouvèrent ainsi aplanies.
Les débats qui ont eu lieu à cette occasion ont révélé
l'existence d'un parti qui regrette l'institution d'un
gouvernement exceptionnel en Egypte, et qui serait très-
disposé à dénaturer dans la pratique l'esprit de l'acte
de 1841. Nous voulons parler de certains réformateurs,
gens de bonne foi sans doute, mais tellement absolus
dans leurs théories, qu'ils veulent en toute occasion en
ppi ication, au risque des plus sérieux mé-
^^pteé./Leuf^i'incipe est l'unité d'organisation de l'em-
pire ottoman j/ô'est la centralisation administrative à
L^'instat de celle qui est pratiquée en France. Il ne leur
Hïent pas à la pensée que la France, avec ses quatre vingt-
départements d'un seul tenant, sa population com-
'a;,.f.J-:-"-
pacte, homogène, est autre chose que l'empire ottoman,
composé de pays et de peuples si divers. L'unité existe en
France, la centralisation y a produit d'excellents résul-
tats. Ils voudraient donc donner à la Turquie la cen-
tralisation, l'unité françaises. Partant de là, et pressés de
réaliser leur utopie , ils ne reculeraient devant aucun
obstacle, ni aucun danger, pour faire passer toutes leS
fractions de l'Empire sous le niveau d'un système d ad'
ministration uniforme. Comme si la véritable, la grande
unité pour un État composé d'éléments dissemblables,
n'était pas l'unité des résultats plutôt que celle deS
moyens; comme si la véritable centralisation pour une
monarchie ainsi constituée ne résidait pas dans le col"
cours actif et toujours disponible de toutes les forces
nationales développées selon leur nature, et conformé
ment aux lois particulières de leur existence.
En tendant à diminuer la part d'autorité et à restreiD'
dre la liberté d'action justement attribuées au gouvei"
nement de l'Egypte, on ne porterait pas seulemenl
atteinte à ce gouvernement ; la métropole elle-mêfl1"
aurait à regretter des tentatives irréfléchies.
En effet, pour peu que le chef du gouvernement égyp'
tien ait le sentiment de ses devoirs et la conscience de
la responsabilité qui pèse sur lui, aux yeux du monde
entier, comme à ceux de son suzerain; pour peu qu'il
se rende compte des grands et nombreux intérêts qui
reposent sur la bonne police et la paix intérieure do
pays confié à ses soins, il regardera comme une impé-
rieuse obligation de ne pas accepter aveuglément des
mesures qui auraient pour effet d'atténuer les droits
dans lesquels il puise la force nécessaire pour remplir
dignement son mandat. Il opposera donc, comme cela
s'est déjà vu, une résistance morale aux actes de nature
à affaiblir entre ses mains les moyens d'action qUe
précédemment on avait jugé convenable et utile de
mettre à sa disposition. Sa fidélité n'en serait pas ufl
instant ébranlée ; et, loin que des doutes puissent s'éle-
ver sur la loyauté de ses intentions, sa résistance mêmc
serait le gage le plus sur de son dévouement à la patrie
commune. Mais il n'en est pas moins vrai que, si u"
dissentiment s'élevait entre la métropole et l'Egypte, si
le faisceau des forces ottomanes était momentanément
relâché, s'il y avait divergence de vues et d efforts;
rien, dans la situation actuelle de la Turquie, ne sau"
rait être plus préjudiciable à la chose publique.
On concevrait encore jusqu'à un certain point que les
partisans exclusifs de la centralisation consentissent a
courir quelque risque pour établir leur système, si l'eifl'
pire ottoman devait en définitive en recueillir de grands
avantages, et si une intervention plus directe dans
l'administration de l'Egypte pouvait procurer à la Su-
blime Porte des ressources supérieures à celles qui lui
sont assurées sous le régime actuel. Mais il n'y a paS
même à espérer un pareil résultat; l'expérience n'est
plus à faire. Nous savons ce que l'Egypte rendait à la
Turquie lorsqu'elle était gouvernée par des pachas de
Constantinople; le compte n'est pas long à dresser.
Quant aux forces militaires, il ne fallait même pas son-
uer à en tirer de l'Egypte, dont les habitants ne s'ar-
côté il n'a pas hésité à augmenter volontairement le
tribut primitivement réglé, ou à fournir dans certaines
circonstances des subsides extraordinaires.
Le hatti-shérif limitait à 18,000 hommes le nombre
des troupes égyptiennes. La Porte a laissé en fait aux
successeurs de Méhémet-Ali la faculté de porter leur
force militaire à un chiffre bien supérieur; et elle s'en est
bien trouvée, puisque, au moment où la dernière guerre
a éclaté, les 60,000 soldats égyptiens qui composaient
alors l'effectif de l'armée ont pu fournir à la Turquie
un contingent de près de 40,000 hommes.
L'acte de 1841 établissait que les troupes égyptiennes
porteraient le même uniforme que les troupes otto-
manes. Cette disposition pouvait-elle être observée,
quand il est prouvé que le climat de l'Egypte rend cet
uniforme incommode et même nuisible à la santé du
soldat? Les héroïques zouaves, qui ont pla lté le drapeau
français sur les murs de Sébastopol, son! habillés à la
turque; ils portent le chirwal (large pantalon) et le
turban : en sont-ils moins pour cela au premier rang
des soldats de la France? Napoléon Ier avait les mame-
louks de sa garde; l'empereur de Russie a son escadron
de Circassiens. Ce n'est pas le costume qui fait le cou-
rage et le dévouement, et il eût été puéril d'attacher à
la forme du vêtement le gage de la fidélité.
Enfin, on lit dans le hatti-shérif que les lois et règle-
ments d'administration publique émanés de la Sublime
Porte seront exécutoires en Egypte. Appliquée dans
toute sa rigueur, cette disposition aurait pu servir de
prétexte pour annuler une partie des concessions
essentielles stipulées dans l'intérêt de la bonne admi-
nistration de l'Egypte.
Sous le gouvernement d'Abbas-Pacha, prédécesseur
de Mohammed-Saïd, des négociations s'établirent entre
le divan impérial et le vice-roi au sujet de quelques
points du tanzimat, dont ce dernier craignait qm
l'exécution en Égypte n'eût de graves inconvénients.
Sans entrer dans l'exposé des arguments présentés de
part et d'autre , nous rappellerons que , grâce à l'inter-
vention éclairée d'hommes d'Etat dévoués aux intérêts
de leur pays, parmi lesquels nous citerons Fouad-Pacha,
aujourd'hui ministre des affaires étrangères en Turquie,
le sultan, dans sa profonde équité, donna raison à
l'Egypte. Une dérogation expresse aux articles dont il
s'agit fut admise en faveur du gouvernement local, et
les difficultés se trouvèrent ainsi aplanies.
Les débats qui ont eu lieu à cette occasion ont révélé
l'existence d'un parti qui regrette l'institution d'un
gouvernement exceptionnel en Egypte, et qui serait très-
disposé à dénaturer dans la pratique l'esprit de l'acte
de 1841. Nous voulons parler de certains réformateurs,
gens de bonne foi sans doute, mais tellement absolus
dans leurs théories, qu'ils veulent en toute occasion en
ppi ication, au risque des plus sérieux mé-
^^pteé./Leuf^i'incipe est l'unité d'organisation de l'em-
pire ottoman j/ô'est la centralisation administrative à
L^'instat de celle qui est pratiquée en France. Il ne leur
Hïent pas à la pensée que la France, avec ses quatre vingt-
départements d'un seul tenant, sa population com-
'a;,.f.J-:-"-
pacte, homogène, est autre chose que l'empire ottoman,
composé de pays et de peuples si divers. L'unité existe en
France, la centralisation y a produit d'excellents résul-
tats. Ils voudraient donc donner à la Turquie la cen-
tralisation, l'unité françaises. Partant de là, et pressés de
réaliser leur utopie , ils ne reculeraient devant aucun
obstacle, ni aucun danger, pour faire passer toutes leS
fractions de l'Empire sous le niveau d'un système d ad'
ministration uniforme. Comme si la véritable, la grande
unité pour un État composé d'éléments dissemblables,
n'était pas l'unité des résultats plutôt que celle deS
moyens; comme si la véritable centralisation pour une
monarchie ainsi constituée ne résidait pas dans le col"
cours actif et toujours disponible de toutes les forces
nationales développées selon leur nature, et conformé
ment aux lois particulières de leur existence.
En tendant à diminuer la part d'autorité et à restreiD'
dre la liberté d'action justement attribuées au gouvei"
nement de l'Egypte, on ne porterait pas seulemenl
atteinte à ce gouvernement ; la métropole elle-mêfl1"
aurait à regretter des tentatives irréfléchies.
En effet, pour peu que le chef du gouvernement égyp'
tien ait le sentiment de ses devoirs et la conscience de
la responsabilité qui pèse sur lui, aux yeux du monde
entier, comme à ceux de son suzerain; pour peu qu'il
se rende compte des grands et nombreux intérêts qui
reposent sur la bonne police et la paix intérieure do
pays confié à ses soins, il regardera comme une impé-
rieuse obligation de ne pas accepter aveuglément des
mesures qui auraient pour effet d'atténuer les droits
dans lesquels il puise la force nécessaire pour remplir
dignement son mandat. Il opposera donc, comme cela
s'est déjà vu, une résistance morale aux actes de nature
à affaiblir entre ses mains les moyens d'action qUe
précédemment on avait jugé convenable et utile de
mettre à sa disposition. Sa fidélité n'en serait pas ufl
instant ébranlée ; et, loin que des doutes puissent s'éle-
ver sur la loyauté de ses intentions, sa résistance mêmc
serait le gage le plus sur de son dévouement à la patrie
commune. Mais il n'en est pas moins vrai que, si u"
dissentiment s'élevait entre la métropole et l'Egypte, si
le faisceau des forces ottomanes était momentanément
relâché, s'il y avait divergence de vues et d efforts;
rien, dans la situation actuelle de la Turquie, ne sau"
rait être plus préjudiciable à la chose publique.
On concevrait encore jusqu'à un certain point que les
partisans exclusifs de la centralisation consentissent a
courir quelque risque pour établir leur système, si l'eifl'
pire ottoman devait en définitive en recueillir de grands
avantages, et si une intervention plus directe dans
l'administration de l'Egypte pouvait procurer à la Su-
blime Porte des ressources supérieures à celles qui lui
sont assurées sous le régime actuel. Mais il n'y a paS
même à espérer un pareil résultat; l'expérience n'est
plus à faire. Nous savons ce que l'Egypte rendait à la
Turquie lorsqu'elle était gouvernée par des pachas de
Constantinople; le compte n'est pas long à dresser.
Quant aux forces militaires, il ne fallait même pas son-
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