*
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MER-S. 25 -.
M. Jaurès, capitaine de vaisseau, et par M. Harris,
capitaine de la marine britannique des Indes. M. Harris
a fait soixante-dix traversées dans la mer Rouge, depuis
Plus de vingt ans qu'il est au service de la Compagnie;
et l'on sent tout ce qu'une si longue et si constante ex-
périence donne de poids à son opinion. On la lira plus
d
tard sous sa forme officielle dans les procès-verbaux de
fta Commission internationale. Mais en voici la substance
dèlement résumée d'après la lecture qu'en a faite
M. Harris.
« Il règne en général un malentendu regrettable sur
Il véritable régime de la mer Rouge. Cette mer est na-
Tlgable en toute saison pour les navires à voiles. Seule-
ment, pendant trois mois, il leur est difficile de remonter
de la pointe Raz-Mohammed jusqu'à Suez, et le remor-
^gemême y serait assez pénible. Les bâtiments anciens,
qUI étaient très-loin de valoir les grands bâtiments de
110S jours, naviguaient fort bien dans le golfe Arabique.
Nous, pouvons y naviguer encore bien mieux. Comme les
Progrès journaliers de la navigation tendent à substi-
tuer, pour ces longs trajets, les navires mixtes (hélice
voile) aux bâtiments à voiles, il y a tout lieu de croire
que les bâtiments à voiles auront disparu pour la mer
Rouge à l'époque où le canal achevé sera ouvert. En
un mot, la réponse faite aux objections de la Revue
Edimbourg est exacte, et les faits sont bien réelle-
ment tels qu'ils sont présentés dans cette réponse. La
Principale difficûlté de la navigation dans ces parages
Scelle des moussons, surtout celle du sud-ouest pour
,le, navires venant de Singapore. Mais de Raz-Mohain-
med au détroit de Bab-el-Mandeb, c'est-à-dire pendant
les neuf dixièmes de la route, la mer Rouge n'est pas
Plus difficile que la Méditerranée. Les grandes difficultés
sont du détroit à Aden. Pour ce qui regarde les bâti-
ments à vapeur, la mer Rouge n'offre pas plus de dan-
gers que les navigations ordinaires. Cette opinion est le
résultat de l'expérience acquise durant trente-cinq voya-
- ges aller et retour entre Suez et Calcutta. Ces voyages
ont été entrepris en toutes saisons de l'année et sans
éprouver jamais la plus légère avarie. »
Telle est l'opinion de M. Harris. Elle a été partagée
Par M. le contre-amiral Rigault de Genouilly qui a com-
mandé. longtèmps la station des Indes, et par M. le capi-
taine de vaisseau Jaurès, qui a commandé dans le golfe
Arabique la frégate la Jeanne d'Arc, de 44 canons.
Cette frégate a navigué dans la mer Rouge du mois de
lévrier à la fin de mai. MM. Rigault de Genouilly et
Jaurès sont entrés dans les détails les plus intéressants
Sur leur navigation, qui n'a jamais été menacée du
Joindre accident.
A ces autorités qui nous semblent déjà si graves,
ajoutez celle de Moresby et celle de Horsburg, que
At Rigault de Genouilly s'est plu à citer plusieurs fois,
et qui passe pour un juge à peu près infaillible en ces
matières, aux yeux des marins les plus instruits et les
plus compétents.
On peut donc le demander à tous les esprits impar-
tiaux : Est-il possible de douter encore de ce qu'est la
mer Rouge? Et peut-on conserver ces craintes exagérées
qu'une malveillance calculée s'est efforcée d'exciter à
plaisir?
il ne faudrait pas non plus, par un excès contraire,
comme l'a si sagement fait observer M. le contre-amiral
Rigault de Genouilly, aller faire un éloge illimité de la
navigation dans la mer Rouge. Cette mer, avec son en-
trée resserrée à Bab-el-Mandeb, son profond chenal de
12 à 30 lieues de large, ses bancs de coraux innom-
brables sur les "côtes, ses îles abruptes, son. fond. de
golfe d'une part à Akaba, et de l'autre à Suez, reste
toujours soumise-à un régime particulier, qu'on a besoin
d'étudier, et de connaître plus qu'on ne le connaît au-
jourd'hui. En réalité, il n'a rien de redoutable; et l'on
ne cite, comme l'a rappelé M. Jaurès, aucun sinistre
de bateau à vapeur dans la mer Rouge, tandis qu'on en
a perdu plusieurs dans les mers de Chine et dans le dé-
troit de Malacca. C'est qu'en somme on n'a point en-
core assez pratiqué la mer Rouge, malgré les voyages
qu'y fait deux fois par mois la malle des Indes. Mais on
peut avoir la ferme assurance que, quand le canal ma-
ritime sera ouvert, la mer Rouge né paraîtra pas plus
difficile que la mer Adriatique, qui est placée dans des
conditions analogues. L'habitude aplanit bien des cho-
ses; et son influence se fait sentir dans les navigations
maritimes tout aussi bien que partout ailleurs.
On peut donc s'en fier, sans la moindre crainte d'er-
reur, à la discussion qui a eu lieu récemment dans le
sein de la Commission internationale. L'objection de la
Revue d'Edimbourg, en admettant toujours qu'elle soit
parfaitement sincère, n'en est pas moins dénuée de, toute
valeur. Nous recommandons à son impartialité, si con-
nue pendant longtemps, les faits qui précèdent. Elle les
méditera, nous le croyons du moins, et elle reconnaîtra
qu'elle s'était étrangement méprise. C'est un mécompte
qui peut arriver à tout le monde; mais quand l'erreur r
est constatée, il n'y a pas de cœur loyal qui ne se rési-
gne courageusement à l'avouer.
G. LOTHES.
LA MALLE D'AUSTRALIE PAR SUEZ.
Nous avons annoncé dans notre dernier numéro,
d'après l'Australian and New-Zeeland Gazette, la
prochaine adjudication d'un service spécial de bateaux
à vapeur pour le transport des dépêches entre l'Angle-
terre et l'Australie par Suez. La Chambre des com-
munes, dans sa séance du 26 juin dernier, a été en effet
saisie de la question. M. Wilson, répondant aux plaintes
de M. Pakington, a déclaré à la Chambre qu'après avoir
examiné divers projets le gouvernement a définitivement
choisi la route de Suez. Le service a été concédé avec -
cette condition expresse à une compagnie de Glasgow.
Le traité est fait pour cinq ans, et la subvention est de
189,000 livres sterling.
Cette dépense sera supportée, moitié par la colonie,
ainsi qu'elle l'a proposé, moitié par le gouvernement
La ligne sera établie de Southampton à Melbourne,
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MER-S. 25 -.
M. Jaurès, capitaine de vaisseau, et par M. Harris,
capitaine de la marine britannique des Indes. M. Harris
a fait soixante-dix traversées dans la mer Rouge, depuis
Plus de vingt ans qu'il est au service de la Compagnie;
et l'on sent tout ce qu'une si longue et si constante ex-
périence donne de poids à son opinion. On la lira plus
d
tard sous sa forme officielle dans les procès-verbaux de
fta Commission internationale. Mais en voici la substance
dèlement résumée d'après la lecture qu'en a faite
M. Harris.
« Il règne en général un malentendu regrettable sur
Il véritable régime de la mer Rouge. Cette mer est na-
Tlgable en toute saison pour les navires à voiles. Seule-
ment, pendant trois mois, il leur est difficile de remonter
de la pointe Raz-Mohammed jusqu'à Suez, et le remor-
^gemême y serait assez pénible. Les bâtiments anciens,
qUI étaient très-loin de valoir les grands bâtiments de
110S jours, naviguaient fort bien dans le golfe Arabique.
Nous, pouvons y naviguer encore bien mieux. Comme les
Progrès journaliers de la navigation tendent à substi-
tuer, pour ces longs trajets, les navires mixtes (hélice
voile) aux bâtiments à voiles, il y a tout lieu de croire
que les bâtiments à voiles auront disparu pour la mer
Rouge à l'époque où le canal achevé sera ouvert. En
un mot, la réponse faite aux objections de la Revue
Edimbourg est exacte, et les faits sont bien réelle-
ment tels qu'ils sont présentés dans cette réponse. La
Principale difficûlté de la navigation dans ces parages
Scelle des moussons, surtout celle du sud-ouest pour
,le, navires venant de Singapore. Mais de Raz-Mohain-
med au détroit de Bab-el-Mandeb, c'est-à-dire pendant
les neuf dixièmes de la route, la mer Rouge n'est pas
Plus difficile que la Méditerranée. Les grandes difficultés
sont du détroit à Aden. Pour ce qui regarde les bâti-
ments à vapeur, la mer Rouge n'offre pas plus de dan-
gers que les navigations ordinaires. Cette opinion est le
résultat de l'expérience acquise durant trente-cinq voya-
- ges aller et retour entre Suez et Calcutta. Ces voyages
ont été entrepris en toutes saisons de l'année et sans
éprouver jamais la plus légère avarie. »
Telle est l'opinion de M. Harris. Elle a été partagée
Par M. le contre-amiral Rigault de Genouilly qui a com-
mandé. longtèmps la station des Indes, et par M. le capi-
taine de vaisseau Jaurès, qui a commandé dans le golfe
Arabique la frégate la Jeanne d'Arc, de 44 canons.
Cette frégate a navigué dans la mer Rouge du mois de
lévrier à la fin de mai. MM. Rigault de Genouilly et
Jaurès sont entrés dans les détails les plus intéressants
Sur leur navigation, qui n'a jamais été menacée du
Joindre accident.
A ces autorités qui nous semblent déjà si graves,
ajoutez celle de Moresby et celle de Horsburg, que
At Rigault de Genouilly s'est plu à citer plusieurs fois,
et qui passe pour un juge à peu près infaillible en ces
matières, aux yeux des marins les plus instruits et les
plus compétents.
On peut donc le demander à tous les esprits impar-
tiaux : Est-il possible de douter encore de ce qu'est la
mer Rouge? Et peut-on conserver ces craintes exagérées
qu'une malveillance calculée s'est efforcée d'exciter à
plaisir?
il ne faudrait pas non plus, par un excès contraire,
comme l'a si sagement fait observer M. le contre-amiral
Rigault de Genouilly, aller faire un éloge illimité de la
navigation dans la mer Rouge. Cette mer, avec son en-
trée resserrée à Bab-el-Mandeb, son profond chenal de
12 à 30 lieues de large, ses bancs de coraux innom-
brables sur les "côtes, ses îles abruptes, son. fond. de
golfe d'une part à Akaba, et de l'autre à Suez, reste
toujours soumise-à un régime particulier, qu'on a besoin
d'étudier, et de connaître plus qu'on ne le connaît au-
jourd'hui. En réalité, il n'a rien de redoutable; et l'on
ne cite, comme l'a rappelé M. Jaurès, aucun sinistre
de bateau à vapeur dans la mer Rouge, tandis qu'on en
a perdu plusieurs dans les mers de Chine et dans le dé-
troit de Malacca. C'est qu'en somme on n'a point en-
core assez pratiqué la mer Rouge, malgré les voyages
qu'y fait deux fois par mois la malle des Indes. Mais on
peut avoir la ferme assurance que, quand le canal ma-
ritime sera ouvert, la mer Rouge né paraîtra pas plus
difficile que la mer Adriatique, qui est placée dans des
conditions analogues. L'habitude aplanit bien des cho-
ses; et son influence se fait sentir dans les navigations
maritimes tout aussi bien que partout ailleurs.
On peut donc s'en fier, sans la moindre crainte d'er-
reur, à la discussion qui a eu lieu récemment dans le
sein de la Commission internationale. L'objection de la
Revue d'Edimbourg, en admettant toujours qu'elle soit
parfaitement sincère, n'en est pas moins dénuée de, toute
valeur. Nous recommandons à son impartialité, si con-
nue pendant longtemps, les faits qui précèdent. Elle les
méditera, nous le croyons du moins, et elle reconnaîtra
qu'elle s'était étrangement méprise. C'est un mécompte
qui peut arriver à tout le monde; mais quand l'erreur r
est constatée, il n'y a pas de cœur loyal qui ne se rési-
gne courageusement à l'avouer.
G. LOTHES.
LA MALLE D'AUSTRALIE PAR SUEZ.
Nous avons annoncé dans notre dernier numéro,
d'après l'Australian and New-Zeeland Gazette, la
prochaine adjudication d'un service spécial de bateaux
à vapeur pour le transport des dépêches entre l'Angle-
terre et l'Australie par Suez. La Chambre des com-
munes, dans sa séance du 26 juin dernier, a été en effet
saisie de la question. M. Wilson, répondant aux plaintes
de M. Pakington, a déclaré à la Chambre qu'après avoir
examiné divers projets le gouvernement a définitivement
choisi la route de Suez. Le service a été concédé avec -
cette condition expresse à une compagnie de Glasgow.
Le traité est fait pour cinq ans, et la subvention est de
189,000 livres sterling.
Cette dépense sera supportée, moitié par la colonie,
ainsi qu'elle l'a proposé, moitié par le gouvernement
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