Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1856-07-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 juillet 1856 10 juillet 1856
Description : 1856/07/10 (A1,N2). 1856/07/10 (A1,N2).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6202047q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 19
Le temps et la réflexion devaient être les meilleurs
J*"* de succès. Dans cette conviction, je" me suis
SOIgneusement abstenu de solliciter, comme Français,
l'appui de mon propre gouvernement. Comprenant com-
en i devait être désireux d'éviter toute cause ou tout
prétexte d'antagonisme, surtout sur le théâtre de l'al-
liance, je n'ai pas voulu donner à une œuvre qui devra
toujours conserver son caractère universel, un cachet de
spécialité nationale.
Pour ce qui concerne S. A, le vice-roi d'Égypte, loin
d'être fondé à lui attribuer des torts vis-à-vis de la
Porte, on devrait lui savoir d'autant plus de gré de sa
déférence et de sa réserve, que les conventions qui
règlent les conditions du gouvernement et la succession
du Pouvoir en Egypte, ne le soumettent point, pour exé-
cuter des travaux de canalisation ou autres, à l'obliga-
tion de recourir à une autorisation de Constantinople.
Ce qui ne lui est pas permis est formellement exprimé
daiis ces conventions. Quand il a rempli les charges
prevues et qu'il a payé son tribut régulièrement, il ne lui
est Pas défendu d'exécuter des travaux d'utilité publi-
que, et particulièrement une entreprise qui ne sera pas
moins profitable à son suzerain qu'à ses propres sujets.
Il est notoire que cette thèse de l'indépendance ab-
solue de l'Égypte en fait de travaux publics a été offi-
ciellement soutenue , il y a quelques années, par l'am-
bassade anglaise à Constantinople, à l'occasion du
chemin de fer égyptien. Dans cette circonstance, le pré-
décesseur du vice-roi actuel crut cependant convenable,
malgré les conseils de l'agent britannique, de demander
1111,9 autorisation spéciale pour construire le railway
Alexandrie jusqu'au Caire seulement.
^uj°urd'hui, S. A. Mohammed-Saïd fait poursuivre
jusqu'à Suez les travaux de la voie ferrée. Elle sera pro-
bablement et très-heureusement terminée avant une
année; et, à l'égal du canal, si ce n'est avec le même
degré d'importance, elle tranche la question d'une
communication générale et rapide, établie à travers
Sypte, entre les deux hémisphères.
Ni la Porte, ni même la diplomatie anglaise n'ont
encore songé à élever la moindre réclamation pour dé-
faut d'autorisation impériale. Mais là n'est pas la ques-
tioli en ce qui concerne le canal de Suez, puisque l'auto-
lsation a été demandée par S. A. le vice-roi, qui voulait
Jouter encore cette formalité aux garanties que trouve-
r'lit dans l'entreprise elle-même les capitaux européens.
le depuis son avènement il s'est constamment montré
le vassal fidèle et dévoué du Grand Seigneur. Il sait que
a force ne peut résider que dans son droit; et il n'entre
Pas dans sa pensée de porter la moindre atteinte aux
inventions qui ont réglé les conditions de son gouver-
nement. Ses relations avec son suzerain sont aussi bon-
ne8, de part et d'autre, qu'on peut le désirer. Le dé-
nuement et les sacrifices de l'Egypte dans la dernière
guerre ont encore resserré des liens dont chacun recon-
naît la nécessité.
Il paraît difficile de soupçonner en quoi l'ouverture
u canal de Suez viendrait troubler la régularité de cette
situation et la concorde des deux pays.
Dans le mémoire que je présentai à S. A. le vice-roi
le 15 novembre 1854, et qui fut le point de départ
de l'entreprise, se trouve le passage suivant : KPour-
» quoi les gouvernements et les peuples de l'Occident se
» sont-ils réunis pour maintenir le Grand Seigneur dans
» la possession de Constantinople? Et pourquoi celui qui
» a voulu menacer cette situation a-t-il rencontré l'op-
» position armée de l'Europe? Parce que le passage de
» la Méditerranée à la mer Noire a une telle importance,
» qu'une grande puissance européenne qui en devien-
» drait maîtresse, dominerait toutes les autres et ren-
» verserait un équilibre que tout le monde est intéressé
» à conserver.
» Que l'on établisse sur un autre point de l'Empire otto-
» man une position semblable et encore plus importante ;
53 que l'on fasse de l'Egypte le passage du commerce du
» monde par le percement de l'isthme de Suez, on créera
» en Orient une double situation inébranlable. »
Cette considération, que S. A. Mohammed Saïd n'a
pas manqué de faire valoir dès le principe à Constanti-
nople, a beaucoup contribué à concilier à son projet la
sympathie de la Porte. Bien plus, elle a vu dans l'ac-
complissement de ce projet la garantie et la sécurité des
communications de l'Empire ottoman avec les lieux
saints de l'Arabie, dont la possession incontestée est
l'origine et le gage de l'autorité spirituelle du Padischah
sur les populations musulmanes.
Ainsi, le mauvais vouloir de quelques esprits prévenus
et aveugles ne réussira pas cette fois à créer entre le
suzerain et le vassal des défiances ou des susceptibilités
qui heureusement n'existent pas.
Les amis éclairés de l'alliance française et anglaise
n'oublieront pas les leçons du passé.
En 1840, des défiances fort habilement suscitées
contre Méhémet-Ali, entraînèrent l'Angleterre dans une
ligue contre l'Egypte, dont l'affaiblissement servait les
ennemis de la Turquie. C'était la même politique qui,
treize ans auparavant, avait amené Navarin.
Méhémet-Ali, qui travaillait à l'hérédité dans sa fa-
mille, pour asseoir un gouvernement stable en Égypte,
n'avait d'autre ambition que d'être le meilleur soutien et
le bras droit de l'Empire ottoman, dont il redoutait la
décomposition. C'est dans ce but que, pour fortifier
l'Empire, il voulait civiliser l'Egypte, où une population
docile lui permettait d'introduire successivement les
réformes qui ailleurs pouvaient rencontrer des difficultés
ou des résistances.
Si les puissances alliées, y compris la Russie, veu-
lent sincèrement, et il n'y a plus à en douter, faire
entrer définitivement la Turquie dans le mouvement eu-
ropéen, ce sera par des faits réels, et par des exemples
pratiques sur les lieux, qu'elles y parviendront, bien
plus encore que par de simples actes diplomatiques,
tout importants qu'ils peuvent être.
L'Egypte sera toujours la partie de l'Empire où l'on
pourra le plus facilement appliquer, sans obstacles sé-
rieux, des moyens de civilisation que la Turquie devra
nécessairement emprunter à l'Europe pour assurer son
existence.
Le temps et la réflexion devaient être les meilleurs
J*"* de succès. Dans cette conviction, je" me suis
SOIgneusement abstenu de solliciter, comme Français,
l'appui de mon propre gouvernement. Comprenant com-
en i devait être désireux d'éviter toute cause ou tout
prétexte d'antagonisme, surtout sur le théâtre de l'al-
liance, je n'ai pas voulu donner à une œuvre qui devra
toujours conserver son caractère universel, un cachet de
spécialité nationale.
Pour ce qui concerne S. A, le vice-roi d'Égypte, loin
d'être fondé à lui attribuer des torts vis-à-vis de la
Porte, on devrait lui savoir d'autant plus de gré de sa
déférence et de sa réserve, que les conventions qui
règlent les conditions du gouvernement et la succession
du Pouvoir en Egypte, ne le soumettent point, pour exé-
cuter des travaux de canalisation ou autres, à l'obliga-
tion de recourir à une autorisation de Constantinople.
Ce qui ne lui est pas permis est formellement exprimé
daiis ces conventions. Quand il a rempli les charges
prevues et qu'il a payé son tribut régulièrement, il ne lui
est Pas défendu d'exécuter des travaux d'utilité publi-
que, et particulièrement une entreprise qui ne sera pas
moins profitable à son suzerain qu'à ses propres sujets.
Il est notoire que cette thèse de l'indépendance ab-
solue de l'Égypte en fait de travaux publics a été offi-
ciellement soutenue , il y a quelques années, par l'am-
bassade anglaise à Constantinople, à l'occasion du
chemin de fer égyptien. Dans cette circonstance, le pré-
décesseur du vice-roi actuel crut cependant convenable,
malgré les conseils de l'agent britannique, de demander
1111,9 autorisation spéciale pour construire le railway
Alexandrie jusqu'au Caire seulement.
^uj°urd'hui, S. A. Mohammed-Saïd fait poursuivre
jusqu'à Suez les travaux de la voie ferrée. Elle sera pro-
bablement et très-heureusement terminée avant une
année; et, à l'égal du canal, si ce n'est avec le même
degré d'importance, elle tranche la question d'une
communication générale et rapide, établie à travers
Sypte, entre les deux hémisphères.
Ni la Porte, ni même la diplomatie anglaise n'ont
encore songé à élever la moindre réclamation pour dé-
faut d'autorisation impériale. Mais là n'est pas la ques-
tioli en ce qui concerne le canal de Suez, puisque l'auto-
lsation a été demandée par S. A. le vice-roi, qui voulait
Jouter encore cette formalité aux garanties que trouve-
r'lit dans l'entreprise elle-même les capitaux européens.
le depuis son avènement il s'est constamment montré
le vassal fidèle et dévoué du Grand Seigneur. Il sait que
a force ne peut résider que dans son droit; et il n'entre
Pas dans sa pensée de porter la moindre atteinte aux
inventions qui ont réglé les conditions de son gouver-
nement. Ses relations avec son suzerain sont aussi bon-
ne8, de part et d'autre, qu'on peut le désirer. Le dé-
nuement et les sacrifices de l'Egypte dans la dernière
guerre ont encore resserré des liens dont chacun recon-
naît la nécessité.
Il paraît difficile de soupçonner en quoi l'ouverture
u canal de Suez viendrait troubler la régularité de cette
situation et la concorde des deux pays.
Dans le mémoire que je présentai à S. A. le vice-roi
le 15 novembre 1854, et qui fut le point de départ
de l'entreprise, se trouve le passage suivant : KPour-
» quoi les gouvernements et les peuples de l'Occident se
» sont-ils réunis pour maintenir le Grand Seigneur dans
» la possession de Constantinople? Et pourquoi celui qui
» a voulu menacer cette situation a-t-il rencontré l'op-
» position armée de l'Europe? Parce que le passage de
» la Méditerranée à la mer Noire a une telle importance,
» qu'une grande puissance européenne qui en devien-
» drait maîtresse, dominerait toutes les autres et ren-
» verserait un équilibre que tout le monde est intéressé
» à conserver.
» Que l'on établisse sur un autre point de l'Empire otto-
» man une position semblable et encore plus importante ;
53 que l'on fasse de l'Egypte le passage du commerce du
» monde par le percement de l'isthme de Suez, on créera
» en Orient une double situation inébranlable. »
Cette considération, que S. A. Mohammed Saïd n'a
pas manqué de faire valoir dès le principe à Constanti-
nople, a beaucoup contribué à concilier à son projet la
sympathie de la Porte. Bien plus, elle a vu dans l'ac-
complissement de ce projet la garantie et la sécurité des
communications de l'Empire ottoman avec les lieux
saints de l'Arabie, dont la possession incontestée est
l'origine et le gage de l'autorité spirituelle du Padischah
sur les populations musulmanes.
Ainsi, le mauvais vouloir de quelques esprits prévenus
et aveugles ne réussira pas cette fois à créer entre le
suzerain et le vassal des défiances ou des susceptibilités
qui heureusement n'existent pas.
Les amis éclairés de l'alliance française et anglaise
n'oublieront pas les leçons du passé.
En 1840, des défiances fort habilement suscitées
contre Méhémet-Ali, entraînèrent l'Angleterre dans une
ligue contre l'Egypte, dont l'affaiblissement servait les
ennemis de la Turquie. C'était la même politique qui,
treize ans auparavant, avait amené Navarin.
Méhémet-Ali, qui travaillait à l'hérédité dans sa fa-
mille, pour asseoir un gouvernement stable en Égypte,
n'avait d'autre ambition que d'être le meilleur soutien et
le bras droit de l'Empire ottoman, dont il redoutait la
décomposition. C'est dans ce but que, pour fortifier
l'Empire, il voulait civiliser l'Egypte, où une population
docile lui permettait d'introduire successivement les
réformes qui ailleurs pouvaient rencontrer des difficultés
ou des résistances.
Si les puissances alliées, y compris la Russie, veu-
lent sincèrement, et il n'y a plus à en douter, faire
entrer définitivement la Turquie dans le mouvement eu-
ropéen, ce sera par des faits réels, et par des exemples
pratiques sur les lieux, qu'elles y parviendront, bien
plus encore que par de simples actes diplomatiques,
tout importants qu'ils peuvent être.
L'Egypte sera toujours la partie de l'Empire où l'on
pourra le plus facilement appliquer, sans obstacles sé-
rieux, des moyens de civilisation que la Turquie devra
nécessairement emprunter à l'Europe pour assurer son
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