Presse et revues
26 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1856-06-25
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 25 juin 1856 25 juin 1856
Description : 1856/06/25 (A1,N1). 1856/06/25 (A1,N1).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62020469
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/07/2012
G L'ISTHME DE SUEZ,
tous ceux qui la connaissent, on s'abstiendra de sous-
crire ; la chose est toute simple ; car rien n'est plus libre
ni plus indépendant que le mouvement des capitaux. Si
donc quelques esprits trop timides, ou plutôt peu bien-
veillants, ont allégué, d'une manière toute générale,
des doutes contre l'entreprise du canal de Suez, et
prétendu qu'elle ne réaliserait pas les capitaux suffisants
parce qu'elle ne serait pas rémunératoire, ce n'est pas là
une objection sérieuse. Il fallait contester les chiffres,
et jusqu'ici on ne l'a pas fait, attendu qu'ils sont trop
précis. On comprendrait tout au plus l'argument, dans
le vague où il reste, si l'on allait demander à une seule
nation , à l'Angleterre, pour citer la nation la plus com-
merçante, de fournir le capital entier. Mais ce n'est pas
ainsi que la question se présente. L'Angleterre, dans ce
concours des nations civilisées, a sa part, qu'on lui offre,
et que les principaux de ses capitalistes se montrent tout
disposés à accepter, dès que je serai en mesure de la leur
distribuer. La somme qui lui affère est insignifiante
pour elle, surtout si l'on songe que cette somme ne
doit être versée qu'en cinq ou six ans. Il s'agit donc au
fond d'un concours moral bien plutôt que d'un concours
pécuniaire.
C'est là le point de vue véritable auquel il convient de
se placer; et il est impossible qu'aucun esprit impartial
et suffisamment éclairé puisse envisager la question
d'une autre manière.
FERD. DE LESSEPS.
GÉOGRAPHIE DE L'ISTHME DE SUEZ.
L'isthme de Suez est une langue de terre qui joint les
deux continents de l'Afrique et de l'Asie, et sépare la
mer Méditerranée de la mer Rouge ; la largeur d'une
mer à l'autre est de 120 kilomètres (environ 30 lieues).
Les deux points extrêmes, au sud et au nord, sont :
le golfe de Suez et le golfe de Péluse.
Le golfe de Péluse s'étend de l'est à l'ouest du cap
Casius à la pointe de Damiettc ; il a une largeur de
GO kilomètres; sa profondeur est de 20 kilomètres.
Le golfe de Suez est un étroit canal s'avançant du
sud-sud-est au nord-nord-ouest entre l'Arabie et
l'Egypte. Il a une longueur de 290 kilomètres et une
largeur moyenne de 44 kilomètres.
A l'occident de l'isthme, et sur la Méditerranée, se
succèdent les côtes maritimes de l'Afrique septentrionale,
c'est-à-dire celles de l'Egypte, des régences de Tripoli
et de Tunis, de l'Algérie et du Maroc. A l'orient la na-
vigation lui présente le riche voisinage des échelles du
Levant, situées sur les côtes de la Syrie et de l'Asie
Mineure.
En face de Péluse, du nord-ouest au nord-est, du
détroit de Gibraltar au canal des Dardanelles, se dé-
ploient les industrieux et populeux rivages de l'Europe
méditerranéenne : Malaga, Carthagène, Valence, Barce-
lone, Port-Vendres, Cette, Marseille, Gênes, Livourne,
Naples, Païenne, Malte, Trieste, Corfou, Athènes, les
îles de l'Archipel, Constantinople; et plus loin, la mer
Noire avec Odessa et ses autres ports, dont l'avenir
commercial se dessine plus nettement aujourd'hui.
Au sud de Suez, par la rive orientale de la mer Rouge,
l'isthme se relie à l'Hedjaz, à l'Arabie Heureuse, c'est-
à-dire aux ports des villes saintes, Yambo et Djeddah,
à Moka, Aden, au pays d'Oman, à toute la côte asia-
tique, jusqu'à Mascate et au golfe Persique. Par la rive
occidentale, il rejoint les côtes de la Nubie et de l'Abys-
sinie où les ports de Kosséir, de Massaouah, de Saoua-
kin, et plus loin de Berbéra, sont les escales et les
centres des échanges du commerce maritime avec les
productions des contrées arrosées par le Nil supérieur.
Le passage du détroit de Bab-el-Mandeb livre au na-
vigateur l'immensité de l'Océan depuis le golfe Persique
jusqu'aux terres Australes et aux mers de la Tartarie.
Sur la Méditerranée, l'isthme de Suez est à 75 lieues
d'Alexandrie, à 450 de Tripoli, à 500 de Tunis, à 600
d'Alger (1).
A l'orient, il est placé à 60 lieues de Beyrouth , 100 de
Chypre, 225 de Smyrne.
Au nord : à 800 lieues de Gibraltar, 700 de Barce-
lone, 640 de Marseille, 600 de Gênes, 550 de Livourne,
420 de Malte, 550 de Trieste, 260 d'Athènes, 380 de
Constantinople, 530 d'Odessa.
Sur la mer Rouge, Suez se trouve :
A 100 lieues de Kosséir, à mi-chemin de la première
cataracte du Nil ; à 300 lieues de Saouakin, point de pas-
sage des pèlerins musulmans de toute l'Afrique centrale
se rendant à la Mecque; à 400 lieues de Massaouah, à
560 de Berbéra sur le golfe d'Aden, où se fait avec
l'Afrique centrale un commerce considérable d'ivoire.
Elle est à 560 lieues du détroit de Bab-el-Mandeb, ex-
trémité occidentale du chenal qui, du port de Suez,
communique avec l'Océan indien.
Elle est à 900 lieues du golfe Persique, 1,200 de
Bombay, 1,350 de Ceylan, 1,800 de Calcutta.
Après un coup d'œil sur ses communications exté-
rieures, entrons maintenant dans l'isthme pour en étu-
dier la configuration et le sol.
L'isthme de Suez forme dans un espace de 30 lieues,
de Péluse à Suez, une dépression longitudinale, résultat
de l'intersection des deux plaines, descendant par une
pente insensible, l'une de l'Egypte, l'autre des pre-
mières collines de l'Asie. Il présente aujourd'hui l'as-
pect d'une morne solitude. Toutefois, on y rencontre
les traces du travail de l'homme, les vestiges de la pré-
sence et du mouvement des populations. On retrouve sur
son parcours les ruines de plusieurs villes considérables,
de monuments persépolitains et égyptiens. On y recon-
naît les berges et le lit du canal qui sous les Pharaons, les
Ptolémées, la domination romaine et les califes unis-
saient le Xil à la mer Rouge.
De distance en distance s'offrent à la vue des plaines
couvertes d'arbustes et de broussailles, que le Nil vient
(1) Ces distances ont été calculées au compas sur la sphère
et autant que possible en ligne droite; la lieue employée est
la lieue géographique de 25 au degré, valant 4 kilom. 445.
tous ceux qui la connaissent, on s'abstiendra de sous-
crire ; la chose est toute simple ; car rien n'est plus libre
ni plus indépendant que le mouvement des capitaux. Si
donc quelques esprits trop timides, ou plutôt peu bien-
veillants, ont allégué, d'une manière toute générale,
des doutes contre l'entreprise du canal de Suez, et
prétendu qu'elle ne réaliserait pas les capitaux suffisants
parce qu'elle ne serait pas rémunératoire, ce n'est pas là
une objection sérieuse. Il fallait contester les chiffres,
et jusqu'ici on ne l'a pas fait, attendu qu'ils sont trop
précis. On comprendrait tout au plus l'argument, dans
le vague où il reste, si l'on allait demander à une seule
nation , à l'Angleterre, pour citer la nation la plus com-
merçante, de fournir le capital entier. Mais ce n'est pas
ainsi que la question se présente. L'Angleterre, dans ce
concours des nations civilisées, a sa part, qu'on lui offre,
et que les principaux de ses capitalistes se montrent tout
disposés à accepter, dès que je serai en mesure de la leur
distribuer. La somme qui lui affère est insignifiante
pour elle, surtout si l'on songe que cette somme ne
doit être versée qu'en cinq ou six ans. Il s'agit donc au
fond d'un concours moral bien plutôt que d'un concours
pécuniaire.
C'est là le point de vue véritable auquel il convient de
se placer; et il est impossible qu'aucun esprit impartial
et suffisamment éclairé puisse envisager la question
d'une autre manière.
FERD. DE LESSEPS.
GÉOGRAPHIE DE L'ISTHME DE SUEZ.
L'isthme de Suez est une langue de terre qui joint les
deux continents de l'Afrique et de l'Asie, et sépare la
mer Méditerranée de la mer Rouge ; la largeur d'une
mer à l'autre est de 120 kilomètres (environ 30 lieues).
Les deux points extrêmes, au sud et au nord, sont :
le golfe de Suez et le golfe de Péluse.
Le golfe de Péluse s'étend de l'est à l'ouest du cap
Casius à la pointe de Damiettc ; il a une largeur de
GO kilomètres; sa profondeur est de 20 kilomètres.
Le golfe de Suez est un étroit canal s'avançant du
sud-sud-est au nord-nord-ouest entre l'Arabie et
l'Egypte. Il a une longueur de 290 kilomètres et une
largeur moyenne de 44 kilomètres.
A l'occident de l'isthme, et sur la Méditerranée, se
succèdent les côtes maritimes de l'Afrique septentrionale,
c'est-à-dire celles de l'Egypte, des régences de Tripoli
et de Tunis, de l'Algérie et du Maroc. A l'orient la na-
vigation lui présente le riche voisinage des échelles du
Levant, situées sur les côtes de la Syrie et de l'Asie
Mineure.
En face de Péluse, du nord-ouest au nord-est, du
détroit de Gibraltar au canal des Dardanelles, se dé-
ploient les industrieux et populeux rivages de l'Europe
méditerranéenne : Malaga, Carthagène, Valence, Barce-
lone, Port-Vendres, Cette, Marseille, Gênes, Livourne,
Naples, Païenne, Malte, Trieste, Corfou, Athènes, les
îles de l'Archipel, Constantinople; et plus loin, la mer
Noire avec Odessa et ses autres ports, dont l'avenir
commercial se dessine plus nettement aujourd'hui.
Au sud de Suez, par la rive orientale de la mer Rouge,
l'isthme se relie à l'Hedjaz, à l'Arabie Heureuse, c'est-
à-dire aux ports des villes saintes, Yambo et Djeddah,
à Moka, Aden, au pays d'Oman, à toute la côte asia-
tique, jusqu'à Mascate et au golfe Persique. Par la rive
occidentale, il rejoint les côtes de la Nubie et de l'Abys-
sinie où les ports de Kosséir, de Massaouah, de Saoua-
kin, et plus loin de Berbéra, sont les escales et les
centres des échanges du commerce maritime avec les
productions des contrées arrosées par le Nil supérieur.
Le passage du détroit de Bab-el-Mandeb livre au na-
vigateur l'immensité de l'Océan depuis le golfe Persique
jusqu'aux terres Australes et aux mers de la Tartarie.
Sur la Méditerranée, l'isthme de Suez est à 75 lieues
d'Alexandrie, à 450 de Tripoli, à 500 de Tunis, à 600
d'Alger (1).
A l'orient, il est placé à 60 lieues de Beyrouth , 100 de
Chypre, 225 de Smyrne.
Au nord : à 800 lieues de Gibraltar, 700 de Barce-
lone, 640 de Marseille, 600 de Gênes, 550 de Livourne,
420 de Malte, 550 de Trieste, 260 d'Athènes, 380 de
Constantinople, 530 d'Odessa.
Sur la mer Rouge, Suez se trouve :
A 100 lieues de Kosséir, à mi-chemin de la première
cataracte du Nil ; à 300 lieues de Saouakin, point de pas-
sage des pèlerins musulmans de toute l'Afrique centrale
se rendant à la Mecque; à 400 lieues de Massaouah, à
560 de Berbéra sur le golfe d'Aden, où se fait avec
l'Afrique centrale un commerce considérable d'ivoire.
Elle est à 560 lieues du détroit de Bab-el-Mandeb, ex-
trémité occidentale du chenal qui, du port de Suez,
communique avec l'Océan indien.
Elle est à 900 lieues du golfe Persique, 1,200 de
Bombay, 1,350 de Ceylan, 1,800 de Calcutta.
Après un coup d'œil sur ses communications exté-
rieures, entrons maintenant dans l'isthme pour en étu-
dier la configuration et le sol.
L'isthme de Suez forme dans un espace de 30 lieues,
de Péluse à Suez, une dépression longitudinale, résultat
de l'intersection des deux plaines, descendant par une
pente insensible, l'une de l'Egypte, l'autre des pre-
mières collines de l'Asie. Il présente aujourd'hui l'as-
pect d'une morne solitude. Toutefois, on y rencontre
les traces du travail de l'homme, les vestiges de la pré-
sence et du mouvement des populations. On retrouve sur
son parcours les ruines de plusieurs villes considérables,
de monuments persépolitains et égyptiens. On y recon-
naît les berges et le lit du canal qui sous les Pharaons, les
Ptolémées, la domination romaine et les califes unis-
saient le Xil à la mer Rouge.
De distance en distance s'offrent à la vue des plaines
couvertes d'arbustes et de broussailles, que le Nil vient
(1) Ces distances ont été calculées au compas sur la sphère
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