Presse et revues
26 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1856-06-25
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 25 juin 1856 25 juin 1856
Description : 1856/06/25 (A1,N1). 1856/06/25 (A1,N1).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62020469
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/07/2012
t
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 3
Nous nous rappellerons aussi que l'initiative de cette
œuvre, dont nous nous glorifions d'être les serviteurs
convaincus et dévoués, est due à cette vieille Égypte
tout empreinte de vestiges savants, et à l'intelligence
d'un prince qui, du même coup, aura réuni deux mondes
et rendu à la production d'admirables terres déshéritées
de leur fécondité ; rare et fortuné privilége de cette con-
ception, souriant à la fois aux deux croyances, rappro-
chant l'une du tombeau de son prophète, montrant à
l'autre la vie rendue à ces campagnes bibliques de
Gessen, à la morne demeure des fils de Jacob, origine
sacrée du christianisme.
Organe et représentant d'un intérêt universel, étran-
ger par le but qu'il se propose à tout esprit de nationa-
lité exclusive, L'ISTHME DE SUEZ, journal de l'union des
deux mers, n'a rien et ne veut rien avoir de commun
avec la politique des rivalités internationales et des par-
tis intérieurs. Il embrassera toutes les questions qui se
rattachent à sa spécialité; mais il n'en sortira pas, et il
se fera une loi d'éviter tout ce qui pourrait aigrir et di-
viser les grands intérêts qu'il aura pour mission de con-
cilier et de fondre, dans une œuvre de travail et de paix.
FERD. DE LESSEPS.
LA COMMISSION INTERNATIONALE.
dl Après que les deux ingénieurs de S. A. le vice-roi
Egypte, MAI. Linant-Bey et Mougel-Bey, eurent fait
leur avant-projet du percement de l'isthme de Suez, il
ne restait plus qu'à examiner la question dans toute sa
généralité sur les lieux, indépendamment des systèmes
proposés, et à y appliquer le contrôle de la science eu-
ropéenne. Une Commission fut nommée pour se trans-
porter en Egypte; et l'on emprunta les membres qui
devaient la former aux nations les plus éclairées et les
plus puissantes de l'Europe. Il fallait que la décision fût
péremptoire, et que la composition du tribunal eût une
telle autorité que sa sentence pût passer pour être sans
appel.
Voici les membres de cette Commission :
Pour l'Angleterre, MM. Rendel et Mac-Clean, ingé-
nieurs en chef, et M. Ch. Manby, secrétaire de la société
des ingénieurs civils de Londres, qui remplace le capi-
taine Harry Hewett, de la marine indienne, décédé;
Pour la Hollande, M. le chevalier Conrad, ingénieur
en chef du Water-Staat, à la Haye ;
Pour la Prusse, M. Lentze, conseiller du ministère
du commerce et des travaux publics, ingénieur en chef
des travaux hydrauliques de la Prusse, à Berlin ;
Pour l'Autriche, M. le chevalier de Negrelli, conseiller
de cour, inspecteur général des chemins de fer de l'Au-
triche, à Vienne ;
Pour le Piémont, M. Paleocapa, ingénieur, ministre
des travaux publics de Sardaigne, à Turin ;
Pour l'Espagne, don Cypriano-Segundo Monlesino,
directeur des travaux publics, à Madrid ;
Pour la France, M. Renaud, inspecteur général et
membre du conseil général des Ponts et chaussées, et
M. Lieussou, ingénieur hydrographe de la marine, à
Paris.
Des officiers de marine ont été adjoints à la Commis-
sion pour l'étude des questions nautiques. Ce sont :
Pour l'Angleterre, M. le capitaine Harris, de la ma-
rine britannique des Indes;
Pour la France, M. le contre-amiral Rigault de Ge-
nouilly, et M. Jaurès, capitaine de vaisseau.
Cette Commission, dont la haute compétence n'échap-
pera à personne, s'est réunie avant-hier 23 juin à Paris
pour arrêter le rapport définitif et le devis des travaux du
canal maritime qui doit relier la mer Rouge à la Médi-
terranée, en allant directement de Suez à Péluse.
Nous ferons connaître en détail les délibérations de la
Commission. Mais, en attendant, nous croyons néces-
saire de rappeler quels sont les travaux auxquels elle
s'est livrée jusqu'à présent.
A la suite de deux réunions qui eurent lieu à Paris
les 30 et 31 octobre 1855, et auxquelles assistaient
MM. Linant-Bey et Mougel-Bey, il fut décidé qu'on se
rendrait en Egypte, et qu'on partirait le 8 novembre par
le vapeur français l'Osiris. Ceux des membres de la
Commission qui purent faire le voyage, au nombre de
cinq, étaient à Alexandrie le 18. On examina pendant
trois jours la rade et les environs ,de cette ville ; et le 23,
la Commission, qui s'était donné M. Conrad pour prési-
dent et M. Lieussou pour secrétaire, était reçue au bar-
rage du Nil par S. A. le vice-roi Mohammed-Saïd, qui
n'a cessé de la combler des marques de sa munificence,
pour bien témoigner au monde de la haute importance
qu'il attache à ses travaux.
La Commission dut se transporter d'abord dans la
haute Égypte pour étudier sur le cours même du Nil di-
verses questions, qui se rattachaient soit au régime du
futur canal de Suez, soit à des travaux hydrauliques que
médite S. A. le vice-roi pour l'irrigation de l'Egypte.
Elle était de retour de cette excursion le 12 décembre;
et le 15, elle partait du Caire pour Suez, où elle arrivait
dans la matinée du 16.
La Commission a consacré cinq jours à l'étude de la
rade de Suez ; elle y a constaté le régime des eaux, des
vents, des marées et des courants. Elle a trouvé cette
rade excellente; et, d'après les sondages qu'elle y a fait
faire, elle a pu reconnaître que les jetées pour le débou-
ché du canal auraient tout au plus 1,600 mètres de long.
Les matériaux nécessaires seront tirés des carrières de
l'Attaka ou de celles de M'Salem, peu distantes les
unes et les autres de la ville de Suez.
Le 21 décembre, la Commission internationale com-
mençait son exploration de l'isthme, et elle n'y a pas
donné moins de dix jours pour les trente lieues qui
s'étendent de Suez à Péluse. Elle y a vérifié tous les fo-
rages qui avaient été ordonnés et exécutés depuis près
d'un an, et elle a reconnu toute la constitution géolo-
gique de l'isthme sur le tracé du canal maritime. Ces
forages, y compris ceux des deux rades dans la mer
Rouge et la Méditerranée, sont au nombre de 19. Les
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 3
Nous nous rappellerons aussi que l'initiative de cette
œuvre, dont nous nous glorifions d'être les serviteurs
convaincus et dévoués, est due à cette vieille Égypte
tout empreinte de vestiges savants, et à l'intelligence
d'un prince qui, du même coup, aura réuni deux mondes
et rendu à la production d'admirables terres déshéritées
de leur fécondité ; rare et fortuné privilége de cette con-
ception, souriant à la fois aux deux croyances, rappro-
chant l'une du tombeau de son prophète, montrant à
l'autre la vie rendue à ces campagnes bibliques de
Gessen, à la morne demeure des fils de Jacob, origine
sacrée du christianisme.
Organe et représentant d'un intérêt universel, étran-
ger par le but qu'il se propose à tout esprit de nationa-
lité exclusive, L'ISTHME DE SUEZ, journal de l'union des
deux mers, n'a rien et ne veut rien avoir de commun
avec la politique des rivalités internationales et des par-
tis intérieurs. Il embrassera toutes les questions qui se
rattachent à sa spécialité; mais il n'en sortira pas, et il
se fera une loi d'éviter tout ce qui pourrait aigrir et di-
viser les grands intérêts qu'il aura pour mission de con-
cilier et de fondre, dans une œuvre de travail et de paix.
FERD. DE LESSEPS.
LA COMMISSION INTERNATIONALE.
dl Après que les deux ingénieurs de S. A. le vice-roi
Egypte, MAI. Linant-Bey et Mougel-Bey, eurent fait
leur avant-projet du percement de l'isthme de Suez, il
ne restait plus qu'à examiner la question dans toute sa
généralité sur les lieux, indépendamment des systèmes
proposés, et à y appliquer le contrôle de la science eu-
ropéenne. Une Commission fut nommée pour se trans-
porter en Egypte; et l'on emprunta les membres qui
devaient la former aux nations les plus éclairées et les
plus puissantes de l'Europe. Il fallait que la décision fût
péremptoire, et que la composition du tribunal eût une
telle autorité que sa sentence pût passer pour être sans
appel.
Voici les membres de cette Commission :
Pour l'Angleterre, MM. Rendel et Mac-Clean, ingé-
nieurs en chef, et M. Ch. Manby, secrétaire de la société
des ingénieurs civils de Londres, qui remplace le capi-
taine Harry Hewett, de la marine indienne, décédé;
Pour la Hollande, M. le chevalier Conrad, ingénieur
en chef du Water-Staat, à la Haye ;
Pour la Prusse, M. Lentze, conseiller du ministère
du commerce et des travaux publics, ingénieur en chef
des travaux hydrauliques de la Prusse, à Berlin ;
Pour l'Autriche, M. le chevalier de Negrelli, conseiller
de cour, inspecteur général des chemins de fer de l'Au-
triche, à Vienne ;
Pour le Piémont, M. Paleocapa, ingénieur, ministre
des travaux publics de Sardaigne, à Turin ;
Pour l'Espagne, don Cypriano-Segundo Monlesino,
directeur des travaux publics, à Madrid ;
Pour la France, M. Renaud, inspecteur général et
membre du conseil général des Ponts et chaussées, et
M. Lieussou, ingénieur hydrographe de la marine, à
Paris.
Des officiers de marine ont été adjoints à la Commis-
sion pour l'étude des questions nautiques. Ce sont :
Pour l'Angleterre, M. le capitaine Harris, de la ma-
rine britannique des Indes;
Pour la France, M. le contre-amiral Rigault de Ge-
nouilly, et M. Jaurès, capitaine de vaisseau.
Cette Commission, dont la haute compétence n'échap-
pera à personne, s'est réunie avant-hier 23 juin à Paris
pour arrêter le rapport définitif et le devis des travaux du
canal maritime qui doit relier la mer Rouge à la Médi-
terranée, en allant directement de Suez à Péluse.
Nous ferons connaître en détail les délibérations de la
Commission. Mais, en attendant, nous croyons néces-
saire de rappeler quels sont les travaux auxquels elle
s'est livrée jusqu'à présent.
A la suite de deux réunions qui eurent lieu à Paris
les 30 et 31 octobre 1855, et auxquelles assistaient
MM. Linant-Bey et Mougel-Bey, il fut décidé qu'on se
rendrait en Egypte, et qu'on partirait le 8 novembre par
le vapeur français l'Osiris. Ceux des membres de la
Commission qui purent faire le voyage, au nombre de
cinq, étaient à Alexandrie le 18. On examina pendant
trois jours la rade et les environs ,de cette ville ; et le 23,
la Commission, qui s'était donné M. Conrad pour prési-
dent et M. Lieussou pour secrétaire, était reçue au bar-
rage du Nil par S. A. le vice-roi Mohammed-Saïd, qui
n'a cessé de la combler des marques de sa munificence,
pour bien témoigner au monde de la haute importance
qu'il attache à ses travaux.
La Commission dut se transporter d'abord dans la
haute Égypte pour étudier sur le cours même du Nil di-
verses questions, qui se rattachaient soit au régime du
futur canal de Suez, soit à des travaux hydrauliques que
médite S. A. le vice-roi pour l'irrigation de l'Egypte.
Elle était de retour de cette excursion le 12 décembre;
et le 15, elle partait du Caire pour Suez, où elle arrivait
dans la matinée du 16.
La Commission a consacré cinq jours à l'étude de la
rade de Suez ; elle y a constaté le régime des eaux, des
vents, des marées et des courants. Elle a trouvé cette
rade excellente; et, d'après les sondages qu'elle y a fait
faire, elle a pu reconnaître que les jetées pour le débou-
ché du canal auraient tout au plus 1,600 mètres de long.
Les matériaux nécessaires seront tirés des carrières de
l'Attaka ou de celles de M'Salem, peu distantes les
unes et les autres de la ville de Suez.
Le 21 décembre, la Commission internationale com-
mençait son exploration de l'isthme, et elle n'y a pas
donné moins de dix jours pour les trente lieues qui
s'étendent de Suez à Péluse. Elle y a vérifié tous les fo-
rages qui avaient été ordonnés et exécutés depuis près
d'un an, et elle a reconnu toute la constitution géolo-
gique de l'isthme sur le tracé du canal maritime. Ces
forages, y compris ceux des deux rades dans la mer
Rouge et la Méditerranée, sont au nombre de 19. Les
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