Presse et revues
26 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1856-06-25
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 25 juin 1856 25 juin 1856
Description : 1856/06/25 (A1,N1). 1856/06/25 (A1,N1).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62020469
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/07/2012
2 L'ISTHME DE SUEZ,
encore facile, peu dispendieuse, et que le succès en est
assuré.
La réalisation de l'entreprise qui doit réunir, en les
rapprochant de 3,000 lieues, les deux mers les plus
opulentes du globe, s'appuie désormais sur l'irrésistible
empire de l'intérêt universel soutenu par l'intelligence
des peuples, et sur l'arrêt de la science européenne pro-
clamant la facilité de satisfaire cet immense intérêt du
monde.
La paix, par un dernier bonheur, est venue ajouter
à l'urgence et aux facilités de l'œuvre.
Le concours empressé des capitaux ne lui fait pas
plus défaut que celui des intelligences.
Le moment semble donc favorable pour donner un
organe spécial, un centre et une voix à tous ces con-
cours.
Le recueil que nous venons inaugurer, sous un titre
qui nous paraît exprimer et résumer et sa pensée dans
le présent et sa marche dans l'avenir, se renfermera
avec un soin scrupuleux dans les limites que lui trace
naturellement sa spécialité; et, dans ce cadre, il trou-
vera facilement une large moisson pour l'importance et
la variété de ses recherches.
Il communiquera au public les documents, les nou-
velles, et les résolutions de nature à le tenir au courant
des phases et des progrès de l'entreprise.
Il fera connaître en détail et les délibérations de la
Commission internationale, qui va prochainement dé-
terminer le plan définitif du canal maritime, et l'orga-
nisation de la Compagnie universelle, dès qu'elle sera
régulièrement constituée.
Il sera une sorte de compte rendu permanent de la
Compagnie universelle à ses actionnaires.
Il mettra les ateliers industriels en mesure de con-
naître opportunément les besoins de la Compagnie, et
les appels qu'elle aura lieu de faire à leur concours, soit
pour la construction de ses machines, soit pour l'exécu-
tion de ses travaux.
C'est là sa mission en quelque sorte matérielle ; il en
a une autre toute morale, qui ne sera pas moins impor-
tante à remplir.
Le bien et le progrès ne s'obtiennent jamais sans
efforts. Ils trouvent presque toujours une résistance plus
ou moins obstinée, plus ou moins efficace, dans les pré-
jugés et dans les vieux systèmes. La pensée du perce-
ment de l'isthme de Suez a eu cet honneur que pas une
voix jusqu'ici ne s'est élevée ouvertement contre son uti-
lité. Mais quelques esprits en petit nombre, prévenus ou
trop timides, ont soulevé des objections de détail; ils
ont contesté les avantages du canal maritime au point
de vue de la spéculation ; ils ont essayé de détourner les
sympathies publiques en signalant des dangers imagi-
naires. Déjà ces objections ont été repoussées par des
réfutations décisives. S'il y a lieu de les combattre de
nouveau, elles seront discutées à tous les points de vue
dans notre recueil.
Destinée à modifier les voies du commerce maritime,
l'ouverture de l'isthme de Suez, en reliant à la Méditer-
ranée, par la ligne la plus directe, les vastes et popu-
leuses contrées de l'Orient, ouvre à la sphère d'action,
à l'activité industrielle de l'Europe les plus immenses
perspectives. Que de questions à étudier ! Que d'obser-
vations à recueillir ! Que d'éléments nouveaux à inter-
roger et à sonder dans cette révolution pacifique ! Un
Bosphore artificiel mettra Ceylan et Bombay à vingt
journées de l'Europe. La navigation à vapeur a toutes
ses étapes et ses dépôts marqués, de Londres, de Liver-
pool, d'Amsterdam, de Hambourg, de Constantinople,
d'Odessa au détroit de Bab-el-Mandeb, d'où elle peut
s'élancer, bien pourvue et ravitaillée, dans toutes les
directions des mers orientales. La mer Rouge, avec ses
côtes mal connues, ses richesses inexplorées, n'est plus
qu'un golfe du bassin méditerranéen, où les marins de
la Turquie, de la Grèce, de l'Adriatique, de Malte, des
côtes de l'Italie, de la France et de l'Espagne, sans
compter ceux du nord de l'Europe et de la Grande-Bre-
tagne, iront porter le mouvement, la vie et la civilisa-
tion de l'Occident. Par l'ouverture de l'isthme, le cabo-
tage européen s'étendra aux rivages de l'Abyssinie, de
l'Yémen et du Hedjaz.
Placé au centre de ce mouvement, lui servant de
lien et d'intermédiaire, notre recueil est appelé à
prendre l'initiative des études qui s'y rattachent. Son
but ne serait pas complètement atteint, s'il négligeait
de réunir et de faire connaître au commerce et à la na-
vigation les circonstances et les faits de nature à ouvrir
à leur essor tant de débouchés, qui sont trop peu ex-
ploités ou qui même ne le sont point du tout..
L'Orient, entraîné par les courants du siècle hors de
sa longue léthargie, se met en marche vers la civilisation
européenne. L'empire turc, qui fut longtemps sa bar-
rière, aspire à l'honneur de devenir son avant-garde.
A ses deux extrémités, il trace au monde les routes des
mers. Il lui ouvre, par les Bosphores de Constantinople
et de Suez, par la mer Noire et la mer Rouge, les conti-
nents de l'Asie. Pour les populations de l'Islam, le per-
cement de l'isthme de Suez n'est pas seulement un im-
mense intérêt matériel; il est aussi un bienfait pour leur
foi religieuse. Il facilite aux voyages annuels d'innom-
brables pèlerins l'accès économique et sûr des cités
saintes. Il raffermit sous la main du sultan les bases
essentielles de sa souveraineté pontificale. Aussi, nulle
part, ce projet n'est-il plus populaire que dans les États
du Grand Seigneur; et la civilisation de l'Europe ne pou-
vait pas s'introduire dans l'esprit des peuples de l'Orient
par une entreprise qui leur fût plus sympathique. Il n'y
a plus maintenant qu'à cultiver et à développer ces dis-
positions. Il faut aujourd'hui faire correspondre les deux
races et les familiariser l'une avec l'autre, par les rap-
ports de la publicité et par l'échange des idées. Il leur
faut un interprète bienveillant et impartial qui leur fasse
connaître leurs mœurs, leurs intérêts et même leurs pré-
jugés réciproques : les mœurs, pour en enseigner le
respect; les intérêts, pour les défendre; les préjugés,
pour les effacer progressivement sous l'action des lu-
mières et de la tolérance.
Notre recueil sera un des assidus ouvriers de ce tra-
vail de rapprochement.
encore facile, peu dispendieuse, et que le succès en est
assuré.
La réalisation de l'entreprise qui doit réunir, en les
rapprochant de 3,000 lieues, les deux mers les plus
opulentes du globe, s'appuie désormais sur l'irrésistible
empire de l'intérêt universel soutenu par l'intelligence
des peuples, et sur l'arrêt de la science européenne pro-
clamant la facilité de satisfaire cet immense intérêt du
monde.
La paix, par un dernier bonheur, est venue ajouter
à l'urgence et aux facilités de l'œuvre.
Le concours empressé des capitaux ne lui fait pas
plus défaut que celui des intelligences.
Le moment semble donc favorable pour donner un
organe spécial, un centre et une voix à tous ces con-
cours.
Le recueil que nous venons inaugurer, sous un titre
qui nous paraît exprimer et résumer et sa pensée dans
le présent et sa marche dans l'avenir, se renfermera
avec un soin scrupuleux dans les limites que lui trace
naturellement sa spécialité; et, dans ce cadre, il trou-
vera facilement une large moisson pour l'importance et
la variété de ses recherches.
Il communiquera au public les documents, les nou-
velles, et les résolutions de nature à le tenir au courant
des phases et des progrès de l'entreprise.
Il fera connaître en détail et les délibérations de la
Commission internationale, qui va prochainement dé-
terminer le plan définitif du canal maritime, et l'orga-
nisation de la Compagnie universelle, dès qu'elle sera
régulièrement constituée.
Il sera une sorte de compte rendu permanent de la
Compagnie universelle à ses actionnaires.
Il mettra les ateliers industriels en mesure de con-
naître opportunément les besoins de la Compagnie, et
les appels qu'elle aura lieu de faire à leur concours, soit
pour la construction de ses machines, soit pour l'exécu-
tion de ses travaux.
C'est là sa mission en quelque sorte matérielle ; il en
a une autre toute morale, qui ne sera pas moins impor-
tante à remplir.
Le bien et le progrès ne s'obtiennent jamais sans
efforts. Ils trouvent presque toujours une résistance plus
ou moins obstinée, plus ou moins efficace, dans les pré-
jugés et dans les vieux systèmes. La pensée du perce-
ment de l'isthme de Suez a eu cet honneur que pas une
voix jusqu'ici ne s'est élevée ouvertement contre son uti-
lité. Mais quelques esprits en petit nombre, prévenus ou
trop timides, ont soulevé des objections de détail; ils
ont contesté les avantages du canal maritime au point
de vue de la spéculation ; ils ont essayé de détourner les
sympathies publiques en signalant des dangers imagi-
naires. Déjà ces objections ont été repoussées par des
réfutations décisives. S'il y a lieu de les combattre de
nouveau, elles seront discutées à tous les points de vue
dans notre recueil.
Destinée à modifier les voies du commerce maritime,
l'ouverture de l'isthme de Suez, en reliant à la Méditer-
ranée, par la ligne la plus directe, les vastes et popu-
leuses contrées de l'Orient, ouvre à la sphère d'action,
à l'activité industrielle de l'Europe les plus immenses
perspectives. Que de questions à étudier ! Que d'obser-
vations à recueillir ! Que d'éléments nouveaux à inter-
roger et à sonder dans cette révolution pacifique ! Un
Bosphore artificiel mettra Ceylan et Bombay à vingt
journées de l'Europe. La navigation à vapeur a toutes
ses étapes et ses dépôts marqués, de Londres, de Liver-
pool, d'Amsterdam, de Hambourg, de Constantinople,
d'Odessa au détroit de Bab-el-Mandeb, d'où elle peut
s'élancer, bien pourvue et ravitaillée, dans toutes les
directions des mers orientales. La mer Rouge, avec ses
côtes mal connues, ses richesses inexplorées, n'est plus
qu'un golfe du bassin méditerranéen, où les marins de
la Turquie, de la Grèce, de l'Adriatique, de Malte, des
côtes de l'Italie, de la France et de l'Espagne, sans
compter ceux du nord de l'Europe et de la Grande-Bre-
tagne, iront porter le mouvement, la vie et la civilisa-
tion de l'Occident. Par l'ouverture de l'isthme, le cabo-
tage européen s'étendra aux rivages de l'Abyssinie, de
l'Yémen et du Hedjaz.
Placé au centre de ce mouvement, lui servant de
lien et d'intermédiaire, notre recueil est appelé à
prendre l'initiative des études qui s'y rattachent. Son
but ne serait pas complètement atteint, s'il négligeait
de réunir et de faire connaître au commerce et à la na-
vigation les circonstances et les faits de nature à ouvrir
à leur essor tant de débouchés, qui sont trop peu ex-
ploités ou qui même ne le sont point du tout..
L'Orient, entraîné par les courants du siècle hors de
sa longue léthargie, se met en marche vers la civilisation
européenne. L'empire turc, qui fut longtemps sa bar-
rière, aspire à l'honneur de devenir son avant-garde.
A ses deux extrémités, il trace au monde les routes des
mers. Il lui ouvre, par les Bosphores de Constantinople
et de Suez, par la mer Noire et la mer Rouge, les conti-
nents de l'Asie. Pour les populations de l'Islam, le per-
cement de l'isthme de Suez n'est pas seulement un im-
mense intérêt matériel; il est aussi un bienfait pour leur
foi religieuse. Il facilite aux voyages annuels d'innom-
brables pèlerins l'accès économique et sûr des cités
saintes. Il raffermit sous la main du sultan les bases
essentielles de sa souveraineté pontificale. Aussi, nulle
part, ce projet n'est-il plus populaire que dans les États
du Grand Seigneur; et la civilisation de l'Europe ne pou-
vait pas s'introduire dans l'esprit des peuples de l'Orient
par une entreprise qui leur fût plus sympathique. Il n'y
a plus maintenant qu'à cultiver et à développer ces dis-
positions. Il faut aujourd'hui faire correspondre les deux
races et les familiariser l'une avec l'autre, par les rap-
ports de la publicité et par l'échange des idées. Il leur
faut un interprète bienveillant et impartial qui leur fasse
connaître leurs mœurs, leurs intérêts et même leurs pré-
jugés réciproques : les mœurs, pour en enseigner le
respect; les intérêts, pour les défendre; les préjugés,
pour les effacer progressivement sous l'action des lu-
mières et de la tolérance.
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