Titre : Le Magasin pittoresque / publié... sous la direction de M. Édouard Charton
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1918-02-01
Contributeur : Charton, Édouard (1807-1890). Directeur de publication
Contributeur : Desportes, François. Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32810629m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 37695 Nombre total de vues : 37695
Description : 01 février 1918 01 février 1918
Description : 1918/02/01 (A86,N2). 1918/02/01 (A86,N2).
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Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5587489q
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 30/11/2010
19
LE MAGASIN PITTORESQUE
Jtoe -&«#e
Le tableau de Rebecca et Eliczer., avant d'ap-
partenir au Louvre, décorait un des appartements
de Versailles. Cette belle page de la Bible est inter-
prétée avec science et habileté ; la composition
en est étudiée avec cet art des groupes où excel-
lait Goypel. Les figures ont un grand charme et
sont animées par les sentiments les plus, divers :
elles auraient gagné à être plus bibliques, mais
les peintres de celte époque, ayant les yeux fixés
sur les merveilles de la Cour, ne pouvaient en
concevoir d'autres; de même dans les tragédies
grecques de Racine, héros et héroïnes avaient en
.partie perdu leur caractère antique.
Antoine Coypel, né en 1661, est un des peintres
qui ont fait preuve de la plus grande précocité.
Son père, Noël Goypel, l'illustre auteur de X'As-
somption de la-Vierge, aux Invalides, avait remar-
qué chez lui les dons les plus précieux, et quand
il fut nommé, en 1672, directeur de l'Académie
de France à Rome, il amena avec lui son fils,
alors âgé de onze ans, dont un séjour à Rome,
au.milieu de tant de chefs-d'oeuvre, devait exal-
ler l'imagination et former le goût. Il fut, en
effet, ébloui par ces merveilles et il n'avait pas
• treize ans quand il remporta un prix à l'Acadé-
mie. A cette époque vivait à Rome un.peintre, en
même temps sculpteur el architecte, dont la
renommée était immense, le cavalier Bernin. Il
éprouva une vive amitié pour Antoine Coypel
- qui reçut avec plaisir les conseils d'un tel maître,
.dont la bonté flattait son orgueil et lui inspirait
le désir de s'élever aussi haut dans son art. Mal-
heureusement, à ses qualités qui étaient grandes,
se mêlaient chez Bernin des défauts, que le
jeune Coypel à son âge ne pouvait soupçon-
ner ; et même, s'il eût été capable de le faire,
l'immense réputation de-son protecteur "n'eût pas
tardé à lui en imposer par l'habileté extrême de
son pinceau, par la grâce évocatrice de son esprit ;
car, s'il était doué d'un beau génie, son imagina-
tion était exagérée et parfois déréglée, son goût,
non guidé par une règle sévère, était souvent"
altéré dans sa source. Contre l'influence trop
grande de Bernin,.que les papes et les princes
;■ comblaient d'honneurs et de récompenses, Goypel
put réagir, car il eut le temps de se pénétrer des
beautés de la Rome éternelle pendant les trois
.ans qu'il y séjourna, et pendant un ou.deux
ans passés en Lombardie, où il put à loisir
étudier et copier les oeuvres des Vénitiens
' et surtout celles du Gorrège. L'auteur de-Saint
Jérôme, par son coloris suave et d'une délicieuse
harmonie, par sa science dés"raccourcis les plus
''■■.-'■hardis',, par une conception et une ordonnance
■;.'■"■ sans défaut, devait éloigner le jeune artiste dès
poses trop affectées et des gestes trop maniérés.
Coypel revient en France vers 1676. A l'âge de
dix-neuf ans il est choisi pour peindre le mai de
Notre-Dame.. C'était un tableau offert à Notre-
Dame, par la Communauté des Orfèvres, tous les
ans, le premier jour de mai, et pour cette oeuvre
de piété on s'adressait toujours à un artiste de
grand renom. A vingt ans, en 1681, il.est reçu à
l'Académie de peinture pour un tableau allégo-
rique, représentant donné la paix à l'Europe, se repose couronné par.
la gloire ». L'allégorie fit fureur à cette époque, et
trop souvent Goypel, soit par la volonté de ses
protecteurs, soilparune tendance naturelle de son
génie,.gaspilla des dons précieux qu'il aurait pu
consacrer à des oeuvres moins, factices.
Louis XIV, jaloux de laisser à la postérité un
témoignage de sa grandeur et des événements qui
avaient illustré son règne, confia à Coypel l'hon-
neur de fournir les dessins pour les médailles qui,
à celte occasion, devaient être frappées, et l'ar-
tiste fut très fier de celte commande qui devait
l'illustrer à son tour.
L'Académie des inscriptions et belles-lettres
l'admit parmi ses associés et le chargea de peindre
cinq tableaux allégoriques représentant « Mer-
cure apportant à Glio le portrait de Louis XIV:.
Clio l'admire et s'apprête à décrire les hauts faits
des héros dans un livre immortel qui est posé sur
les ailes du temps ».
En 1700, il fut chargé par- le dauphin de déco-
rer quelques appartements de Meudon. Il voulut
alors tenter un changement dans le choix-des
sujets, el il s'adressa aux tragiques grecs et aux
Métamorphoses. Son pinceau facile retraça la
scène amusante du « Silène barbouillé de lie par
la nymphe Eglé » et la scène émouvante d' « Her-
cule qui ramène Alceste des enfers ». Euripide
l'avait bien inspiré, mais on aurait voulu plus de
simplicité dans ce type admirable d'Àlceste, _qui
se" dévoue à la mort pour sauver les jours de son
époux, Admète, et que va chercher dans les enfers
Hercule en souvenir de l'hospitalité jadis reçue
chez le roi de Phères. "
Goypelreçut l'ordre.de peindre, au milieu de la
voûte du Palais-Royal, « l'assemblée des dieux ».
Ce travail, où devait briller sa grande habileté,
dans la composition et l'art de disposer les
groupes, fut un peu gâte par une idée; qui lui
parut géniale, celle de prendre, pour modèles des
déesses de la Cour-céleste, les beautés les plus
.accomplies delà Cour terrestre de Versailles. Le
succès de cette oeuvre fut considérable, mais des
critiques modernes trouvent que ces beautés; ne
rappellent que de loin les beautés sévères et clas-
siques de Junon, de Gérés et de Vénus.
Le plafond de la chapelle de Versailles fût- com-
mencé en 1709. On sait que, dans-cette oeuvre
grandiose, Dieu le père, environné de sa Cour
céleste, envoie son fils racheter le monde. La
composition ,a de la grandeur, et les groupes
d'anges sont bien disposés aux extrémités de la
LE MAGASIN PITTORESQUE
Jtoe -&«#e
Le tableau de Rebecca et Eliczer., avant d'ap-
partenir au Louvre, décorait un des appartements
de Versailles. Cette belle page de la Bible est inter-
prétée avec science et habileté ; la composition
en est étudiée avec cet art des groupes où excel-
lait Goypel. Les figures ont un grand charme et
sont animées par les sentiments les plus, divers :
elles auraient gagné à être plus bibliques, mais
les peintres de celte époque, ayant les yeux fixés
sur les merveilles de la Cour, ne pouvaient en
concevoir d'autres; de même dans les tragédies
grecques de Racine, héros et héroïnes avaient en
.partie perdu leur caractère antique.
Antoine Coypel, né en 1661, est un des peintres
qui ont fait preuve de la plus grande précocité.
Son père, Noël Goypel, l'illustre auteur de X'As-
somption de la-Vierge, aux Invalides, avait remar-
qué chez lui les dons les plus précieux, et quand
il fut nommé, en 1672, directeur de l'Académie
de France à Rome, il amena avec lui son fils,
alors âgé de onze ans, dont un séjour à Rome,
au.milieu de tant de chefs-d'oeuvre, devait exal-
ler l'imagination et former le goût. Il fut, en
effet, ébloui par ces merveilles et il n'avait pas
• treize ans quand il remporta un prix à l'Acadé-
mie. A cette époque vivait à Rome un.peintre, en
même temps sculpteur el architecte, dont la
renommée était immense, le cavalier Bernin. Il
éprouva une vive amitié pour Antoine Coypel
- qui reçut avec plaisir les conseils d'un tel maître,
.dont la bonté flattait son orgueil et lui inspirait
le désir de s'élever aussi haut dans son art. Mal-
heureusement, à ses qualités qui étaient grandes,
se mêlaient chez Bernin des défauts, que le
jeune Coypel à son âge ne pouvait soupçon-
ner ; et même, s'il eût été capable de le faire,
l'immense réputation de-son protecteur "n'eût pas
tardé à lui en imposer par l'habileté extrême de
son pinceau, par la grâce évocatrice de son esprit ;
car, s'il était doué d'un beau génie, son imagina-
tion était exagérée et parfois déréglée, son goût,
non guidé par une règle sévère, était souvent"
altéré dans sa source. Contre l'influence trop
grande de Bernin,.que les papes et les princes
;■ comblaient d'honneurs et de récompenses, Goypel
put réagir, car il eut le temps de se pénétrer des
beautés de la Rome éternelle pendant les trois
.ans qu'il y séjourna, et pendant un ou.deux
ans passés en Lombardie, où il put à loisir
étudier et copier les oeuvres des Vénitiens
' et surtout celles du Gorrège. L'auteur de-Saint
Jérôme, par son coloris suave et d'une délicieuse
harmonie, par sa science dés"raccourcis les plus
''■■.-'■hardis',, par une conception et une ordonnance
■;.'■"■ sans défaut, devait éloigner le jeune artiste dès
poses trop affectées et des gestes trop maniérés.
Coypel revient en France vers 1676. A l'âge de
dix-neuf ans il est choisi pour peindre le mai de
Notre-Dame.. C'était un tableau offert à Notre-
Dame, par la Communauté des Orfèvres, tous les
ans, le premier jour de mai, et pour cette oeuvre
de piété on s'adressait toujours à un artiste de
grand renom. A vingt ans, en 1681, il.est reçu à
l'Académie de peinture pour un tableau allégo-
rique, représentant
la gloire ». L'allégorie fit fureur à cette époque, et
trop souvent Goypel, soit par la volonté de ses
protecteurs, soilparune tendance naturelle de son
génie,.gaspilla des dons précieux qu'il aurait pu
consacrer à des oeuvres moins, factices.
Louis XIV, jaloux de laisser à la postérité un
témoignage de sa grandeur et des événements qui
avaient illustré son règne, confia à Coypel l'hon-
neur de fournir les dessins pour les médailles qui,
à celte occasion, devaient être frappées, et l'ar-
tiste fut très fier de celte commande qui devait
l'illustrer à son tour.
L'Académie des inscriptions et belles-lettres
l'admit parmi ses associés et le chargea de peindre
cinq tableaux allégoriques représentant « Mer-
cure apportant à Glio le portrait de Louis XIV:.
Clio l'admire et s'apprête à décrire les hauts faits
des héros dans un livre immortel qui est posé sur
les ailes du temps ».
En 1700, il fut chargé par- le dauphin de déco-
rer quelques appartements de Meudon. Il voulut
alors tenter un changement dans le choix-des
sujets, el il s'adressa aux tragiques grecs et aux
Métamorphoses. Son pinceau facile retraça la
scène amusante du « Silène barbouillé de lie par
la nymphe Eglé » et la scène émouvante d' « Her-
cule qui ramène Alceste des enfers ». Euripide
l'avait bien inspiré, mais on aurait voulu plus de
simplicité dans ce type admirable d'Àlceste, _qui
se" dévoue à la mort pour sauver les jours de son
époux, Admète, et que va chercher dans les enfers
Hercule en souvenir de l'hospitalité jadis reçue
chez le roi de Phères. "
Goypelreçut l'ordre.de peindre, au milieu de la
voûte du Palais-Royal, « l'assemblée des dieux ».
Ce travail, où devait briller sa grande habileté,
dans la composition et l'art de disposer les
groupes, fut un peu gâte par une idée; qui lui
parut géniale, celle de prendre, pour modèles des
déesses de la Cour-céleste, les beautés les plus
.accomplies delà Cour terrestre de Versailles. Le
succès de cette oeuvre fut considérable, mais des
critiques modernes trouvent que ces beautés; ne
rappellent que de loin les beautés sévères et clas-
siques de Junon, de Gérés et de Vénus.
Le plafond de la chapelle de Versailles fût- com-
mencé en 1709. On sait que, dans-cette oeuvre
grandiose, Dieu le père, environné de sa Cour
céleste, envoie son fils racheter le monde. La
composition ,a de la grandeur, et les groupes
d'anges sont bien disposés aux extrémités de la
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