Titre : Le Magasin pittoresque / publié... sous la direction de M. Édouard Charton
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1937-04-01
Contributeur : Charton, Édouard (1807-1890). Directeur de publication
Contributeur : Desportes, François. Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32810629m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 37695 Nombre total de vues : 37695
Description : 01 avril 1937 01 avril 1937
Description : 1937/04/01 (A104)-1937/04/30. 1937/04/01 (A104)-1937/04/30.
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique :... Collection numérique : Thématique : administration publique, sciences humaines et sociales
Description : Collection numérique : Thématique : bâtiment,... Collection numérique : Thématique : bâtiment, urbanisme, architecture, arts
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k1197701w
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/12/2021
Le Magasin Pittoresque
Revue fondée en 1833 par E. CHARTON, Membre de l’Institut
LES CORPORATIONS
Grande institution du passé
Un Maître Potier
sous François Ier
par Robert BRUN
(Dt Bibliothèque Nationale).
(Dépt des Manuscrits).
J ’ÉTAIS, il y a quelques jours, à Chartres. En pénétrant
dans la cathédrale, je fus saisi de l’émotion attendue
et cependant toujours aussi vive. Dans la pénombre
des voûtes, éclatait la féerie des verrières : émaux
translucides, enchâssés depuis sept siècles dans la mon
ture sombre des pierres, vous captiez, par je ne sais quel
sortilège, le jour avare et gris de cet après-midi d’hiver
et vous le transmutiez en scintillements de pourpre et
d’azur ! Mes yeux éblouis retrouvaient les compositions à
la fois savantes et naïves : épisodes de la vie du Christ,
légendes des saints patrons de Chartres, l’arbre de Jessé,
les paraboles de l’Evangile, et chaque fois, dans de petits
médaillons, des scènes familières qui voisinaient sans
façon avec les grands symboles de la foi. Ici, des pelletiers
apprêtaient des fourrures, des bouchers paraient leur étal,
des maçons taillaient des moellons. Toutes les antiques
corporations de la ville étaient représentées, car chacune
avait eu à cœur d’offrir un vitrail à la cathédrale, et
voici que tous ces humbles artisans étaient associés à
jamais aux fastes de l’église. s
Quelles étaient donc ces corporations assez puissantes,
assez riches, assez disciplinées, pour s’affirmer dans de
telles œuvres collectives ? Gardant peut-être la tradition
des collèges ouvriers de l’ancienne Rome, elles résultèrent,
comme les communes leurs contemporaines, du mouve
ment d’émancipation du XII e siècle. Elles répondaient à
un besoin de protection industrielle, sans que l’Etat, alors
trop débile, fût pour rien dans la rédaction de leurs
statuts. Ceux-ci, quoique minutieux dans le détail et même
prolixes, reposaient cependant sur des principes très
simples : hiérarchie, solidarité, conscience professionnelle.
La hiérarchie était à trois degrés : apprentis, ouvriers
ou compagnons, maîtres. Pour être apprenti, il fallait avoir
de dix à douze ans au moins, passer un contrat en bonne
et due forme devant notaire, pour une durée déterminée,
variant suivant les métiers de trois à quatorze ans. Le
maître devait à son apprenti le logement, la nourriture,
le vêtement et les soins médicaux, en un mot le traiter
« en fils de prud’homme » et lui apprendre parfaitement
son métier. En échange, l’apprenti s’engageait à le servir
fidèlement, ainsi que les compagnons.
Les ouvriers, ou compagnons, devaient présenter des
garanties de probité et de moralité, en même temps que
de capacité professionnelle. Ils recevaient un salaire fixé
par les règlements corporatifs et pouvaient être, eux aussi,
logés et nourris chez le maître. Ils étaient embauchés à
Revue fondée en 1833 par E. CHARTON, Membre de l’Institut
LES CORPORATIONS
Grande institution du passé
Un Maître Potier
sous François Ier
par Robert BRUN
(Dt Bibliothèque Nationale).
(Dépt des Manuscrits).
J ’ÉTAIS, il y a quelques jours, à Chartres. En pénétrant
dans la cathédrale, je fus saisi de l’émotion attendue
et cependant toujours aussi vive. Dans la pénombre
des voûtes, éclatait la féerie des verrières : émaux
translucides, enchâssés depuis sept siècles dans la mon
ture sombre des pierres, vous captiez, par je ne sais quel
sortilège, le jour avare et gris de cet après-midi d’hiver
et vous le transmutiez en scintillements de pourpre et
d’azur ! Mes yeux éblouis retrouvaient les compositions à
la fois savantes et naïves : épisodes de la vie du Christ,
légendes des saints patrons de Chartres, l’arbre de Jessé,
les paraboles de l’Evangile, et chaque fois, dans de petits
médaillons, des scènes familières qui voisinaient sans
façon avec les grands symboles de la foi. Ici, des pelletiers
apprêtaient des fourrures, des bouchers paraient leur étal,
des maçons taillaient des moellons. Toutes les antiques
corporations de la ville étaient représentées, car chacune
avait eu à cœur d’offrir un vitrail à la cathédrale, et
voici que tous ces humbles artisans étaient associés à
jamais aux fastes de l’église. s
Quelles étaient donc ces corporations assez puissantes,
assez riches, assez disciplinées, pour s’affirmer dans de
telles œuvres collectives ? Gardant peut-être la tradition
des collèges ouvriers de l’ancienne Rome, elles résultèrent,
comme les communes leurs contemporaines, du mouve
ment d’émancipation du XII e siècle. Elles répondaient à
un besoin de protection industrielle, sans que l’Etat, alors
trop débile, fût pour rien dans la rédaction de leurs
statuts. Ceux-ci, quoique minutieux dans le détail et même
prolixes, reposaient cependant sur des principes très
simples : hiérarchie, solidarité, conscience professionnelle.
La hiérarchie était à trois degrés : apprentis, ouvriers
ou compagnons, maîtres. Pour être apprenti, il fallait avoir
de dix à douze ans au moins, passer un contrat en bonne
et due forme devant notaire, pour une durée déterminée,
variant suivant les métiers de trois à quatorze ans. Le
maître devait à son apprenti le logement, la nourriture,
le vêtement et les soins médicaux, en un mot le traiter
« en fils de prud’homme » et lui apprendre parfaitement
son métier. En échange, l’apprenti s’engageait à le servir
fidèlement, ainsi que les compagnons.
Les ouvriers, ou compagnons, devaient présenter des
garanties de probité et de moralité, en même temps que
de capacité professionnelle. Ils recevaient un salaire fixé
par les règlements corporatifs et pouvaient être, eux aussi,
logés et nourris chez le maître. Ils étaient embauchés à
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 89.09%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 89.09%.
- Collections numériques similaires Thématique : administration publique, sciences humaines et sociales Thématique : administration publique, sciences humaines et sociales /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm04"Thématique : bâtiment, urbanisme, architecture, arts Thématique : bâtiment, urbanisme, architecture, arts /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm03" Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"
- Auteurs similaires
-
-
Page
chiffre de pagination vue 5/35
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k1197701w/f5.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k1197701w/f5.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k1197701w/f5.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k1197701w
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k1197701w
Facebook
Twitter