Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1857-03-25
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 25 mars 1857 25 mars 1857
Description : 1857/03/25 (A2,N19). 1857/03/25 (A2,N19).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65306180
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
U2 - L'ISTHME DE SUEZ,
bord, le crocodile se précipita sur lui, le prit sous son bras
gauche, plongea avec loi et reparut sur l'autre bord, dans une
île où Farrague le vit très-distinctement dévorer sa proie. '-
Lorsqu'on vient d'être saisi, si l'on a à la maih un cou-
teau ou un poignard, et que l'on puisse blesser le crocodile
dans la partie du cou qui est dépourvue d'écaillés, l'animal
lâche immédiatement; c'est ce qui est arrivé un jour au reïs
(patron) de notre barque, qui en a été quitte pour une forte
* * *
blessure à la jambe, dont il boite encore. Il y a un autre
moyen, dit-on, de se faire lâcher par le crocodile , c'est de lui
enfoncer les doigts dans les yeux, si la position le permet.
Nous continuons à côtoyer le fleuve. C'était le jour des
apparitions de monstres. Depuis quelque temps nous remar-
quions sur le sol de nombreuses traces de pas d'hippopotames ;
il était évident que nous nous trouvions dans des passages très-
fréquenlés par eux; bientôt nous remarquâmes sur le fleuve
une espèce d'ile flottante noirâtre; c'était le dos d'un énorme
hippopotame. Nous vîmes ensuite un second dos moins volu-
mineux. Pendaat ce temps, nos barques approchaient; lors-
qu'elles passèrent près du deuxième dos, les marins se mirent
à crier d'une manière particulière, et alors nous vîmes l'hip-
popotame plonger, et se redresser ensuite en prenant un élan-
en l'air, et laissant voir tout le haut du corps jusqu'aux jambes
de derrière. On nous a expliqué que c'était une famille d'hip-
popotames qui se promenait dans le fleuve, et que la mère,
croyant les siens attaquéspar les barques, s'était ainsi élevée
au-dessus de l'eau pour voir ses ennemis, et au besoin, se dé-
fendre. Ce fait m'a rappelé un récit que m'avait fait à mon ar-
rivée à Khartoum M. Knoblecher, chef de la mission catho-
lique autrichienne sur le fleuve Blanc. Dans un de ses voyages,
la barque qu'il montait ayant séparé une dame hippopotame
de ses petits, la mère, en furie, s'éleva au-dessus de l'eau; et
comme elle exécutait ce mouvement près de la barque, _dans
le moment même où le cuisinier de M. Knoblecher avait le haut
du corps penché au dehors, )e malheureux fut empoigné et
disparut dans les flots, entraîné par l'énorme bête.
Après le coucher du soleil, nous rentrons dans nos bar-
ques. )0' ¡ ':'I\.:', '¡:
1
Samedi 17 janvier.
Nous mettons toute la journée pour descendre, soit en bar-
que, soit à piéd, jusqu'à la pointe de Kartoum, où nous n'ar-
rivons qu'à neu.f héures du' soir. ,,'
rivons qu'à neuf heures du soir.
- M 1
Dimanche 18 janvier.
Kartoum, 1
Nous avons appris des détails très-intéressants sur les pro-
jets de S. A. le Vice-roi pour l'organisation du Soudan et
pour d'autres questions très-importantes d'administration inté-
rieure. ■ -i -i • - -. i
On dit que le Vice-roi pense à faire d'Arakel-Bey le gouver-
neur du Sehnaar; Arakel-Bey connaît les intentions de Son
-Altesse, et il serait heureux de les faire exécuter après son
départ. Le Vice-roi comprend combien Arakel-Bey, avec sa
bonne - éducation, ses bons sentiments, peut lui être utile dans
ce poste difficile ; la nomiaation est immédiatement faite et
-annoncée. C'est l'inauguration d'un nouveau système; car
Arakel-Bey est chrétien. ■■■ - - ',,! •>
- r, r' l
Lundi 19 janvier.
Nous allons rendre visite au consul autrichien, M. Heu-
glein, dont les conversations géographiques sur l'intérieur de
l'Afrique nous offrent un grand intérêt. Nous trouvons chez
lui M. de Malzac, arrivé la veille au soir. M. de Malzac est
un ancien secrétaire de l'ambassade de France à Rome, qui
a quitté la diplomatie pour mener la vie aventureuse et péril-
leuse de chasseur d'éléphants dans le pays des Djours-, entre
le 6e et le 7e degré, à dix journées à l'ouest du fleuve Blanc.
M. de Malzac est un intrépide chasseur et voyageur. Il aitué
l'année dernière, de sa main, dix-sept éléphants, dont il rap-
porte les dents. Ses récits sont fort curieux. Nous l'invitons à
le le d emain da
déjeuner pour le lendemain dans notre barque avec M. Heu-
glein. #
A trois heures, nous faisons seller les chevaux que le Vice-
roi a mis à notre service; et nous allons rejoindre Son Altesse,
qui, désireuse de voir le fleuve Blanc d'après ce que nous lui
en avons raconté, est allée planter sa tente sur ses bords, à une
lieue de Kartoum. Nous trouvons le Vice-roi entouré de plu-
sieurs chefs de tribus. Il fait tirer le cànon' et des bombes de-
vant eux. Nous rentrons à sept heures à Kartoum, véritable
labyrinthe, dans lequel il est difficile de se retrouver lorsque!
ne fait pas clair de lune. Nous n'avions rien à craindre avec
les bonnes jambes de nos chevaux; mais un de nos compa-
gnons, qui me suivait à dromadaire, monture peu sûre dans
les terrains glissants et inégaux, a trébuché plusieurs fois, et
a été sur le point de se briser le cou. o.. '.,, ":
Kartoum, mardi 20 janvier.
Nous apprenons que S. A. le Vice-roi a l'intentioadc se mettre
en route dans hùit jours pour retourner au Caire. D'ici, nous
traverserons le désert de Bayoudah jusqu'au Dongolah. Ce dé-
sert est d'ailleurs beaucoup plus hospitalier que celui de Ko-
rosko. Nous devons suivre, au pied de .hautes montagnes, une
série de vallées où il y a de la" culture,"des arbres, de l'eau et
des populations; enfin il paraît que ce désert n'est pas un
pulations in i e_
désert. On nous a prévenus du départ" d'un courrier, et nous
nous mettons en règle pour écrire en Europe.
:. Nous nous portons tous parfaitement bien. Pendant que le
Vice-roi va faire une excursion de deux o.u trois jours à l'ouest
du fleuve Blanc au-dessus de Kartoum, nous projetons de
notre côté de remonter un peu le fleuve Bleu, et d'aller voir,
à cinq ou six lieues d'ici, les ruines de Saba, ancienne vi!lc
éthiopienne, peut-être la Saba de la fameuse reine de ce
nom.
Pour extrait, ERNEST DESPLACES.
Le volume contenant le Rapport de la Commission
internationale vient de paraître, et 11 est à la disposi-
tion de nos abonnés, aux mêmes conditions que les
précédents, en ce qui concerne les frais de poste.
Ce volume est le troisième des documents publiés
par M. Ferdinand de losseps.
- Le Gérant, ERNEST DESPLACES.
PAIUS. TYPOGRAPHIE DE HBKRI PLON, IMPRIMEUR DE L'EUPBBBUR, RCE GARAKClÈRE , 8. -
1
bord, le crocodile se précipita sur lui, le prit sous son bras
gauche, plongea avec loi et reparut sur l'autre bord, dans une
île où Farrague le vit très-distinctement dévorer sa proie. '-
Lorsqu'on vient d'être saisi, si l'on a à la maih un cou-
teau ou un poignard, et que l'on puisse blesser le crocodile
dans la partie du cou qui est dépourvue d'écaillés, l'animal
lâche immédiatement; c'est ce qui est arrivé un jour au reïs
(patron) de notre barque, qui en a été quitte pour une forte
* * *
blessure à la jambe, dont il boite encore. Il y a un autre
moyen, dit-on, de se faire lâcher par le crocodile , c'est de lui
enfoncer les doigts dans les yeux, si la position le permet.
Nous continuons à côtoyer le fleuve. C'était le jour des
apparitions de monstres. Depuis quelque temps nous remar-
quions sur le sol de nombreuses traces de pas d'hippopotames ;
il était évident que nous nous trouvions dans des passages très-
fréquenlés par eux; bientôt nous remarquâmes sur le fleuve
une espèce d'ile flottante noirâtre; c'était le dos d'un énorme
hippopotame. Nous vîmes ensuite un second dos moins volu-
mineux. Pendaat ce temps, nos barques approchaient; lors-
qu'elles passèrent près du deuxième dos, les marins se mirent
à crier d'une manière particulière, et alors nous vîmes l'hip-
popotame plonger, et se redresser ensuite en prenant un élan-
en l'air, et laissant voir tout le haut du corps jusqu'aux jambes
de derrière. On nous a expliqué que c'était une famille d'hip-
popotames qui se promenait dans le fleuve, et que la mère,
croyant les siens attaquéspar les barques, s'était ainsi élevée
au-dessus de l'eau pour voir ses ennemis, et au besoin, se dé-
fendre. Ce fait m'a rappelé un récit que m'avait fait à mon ar-
rivée à Khartoum M. Knoblecher, chef de la mission catho-
lique autrichienne sur le fleuve Blanc. Dans un de ses voyages,
la barque qu'il montait ayant séparé une dame hippopotame
de ses petits, la mère, en furie, s'éleva au-dessus de l'eau; et
comme elle exécutait ce mouvement près de la barque, _dans
le moment même où le cuisinier de M. Knoblecher avait le haut
du corps penché au dehors, )e malheureux fut empoigné et
disparut dans les flots, entraîné par l'énorme bête.
Après le coucher du soleil, nous rentrons dans nos bar-
ques. )0' ¡ ':'I\.:', '¡:
1
Samedi 17 janvier.
Nous mettons toute la journée pour descendre, soit en bar-
que, soit à piéd, jusqu'à la pointe de Kartoum, où nous n'ar-
rivons qu'à neu.f héures du' soir. ,,'
rivons qu'à neuf heures du soir.
- M 1
Dimanche 18 janvier.
Kartoum, 1
Nous avons appris des détails très-intéressants sur les pro-
jets de S. A. le Vice-roi pour l'organisation du Soudan et
pour d'autres questions très-importantes d'administration inté-
rieure. ■ -i -i • - -. i
On dit que le Vice-roi pense à faire d'Arakel-Bey le gouver-
neur du Sehnaar; Arakel-Bey connaît les intentions de Son
-Altesse, et il serait heureux de les faire exécuter après son
départ. Le Vice-roi comprend combien Arakel-Bey, avec sa
bonne - éducation, ses bons sentiments, peut lui être utile dans
ce poste difficile ; la nomiaation est immédiatement faite et
-annoncée. C'est l'inauguration d'un nouveau système; car
Arakel-Bey est chrétien. ■■■ - - ',,! •>
- r, r' l
Lundi 19 janvier.
Nous allons rendre visite au consul autrichien, M. Heu-
glein, dont les conversations géographiques sur l'intérieur de
l'Afrique nous offrent un grand intérêt. Nous trouvons chez
lui M. de Malzac, arrivé la veille au soir. M. de Malzac est
un ancien secrétaire de l'ambassade de France à Rome, qui
a quitté la diplomatie pour mener la vie aventureuse et péril-
leuse de chasseur d'éléphants dans le pays des Djours-, entre
le 6e et le 7e degré, à dix journées à l'ouest du fleuve Blanc.
M. de Malzac est un intrépide chasseur et voyageur. Il aitué
l'année dernière, de sa main, dix-sept éléphants, dont il rap-
porte les dents. Ses récits sont fort curieux. Nous l'invitons à
le le d emain da
déjeuner pour le lendemain dans notre barque avec M. Heu-
glein. #
A trois heures, nous faisons seller les chevaux que le Vice-
roi a mis à notre service; et nous allons rejoindre Son Altesse,
qui, désireuse de voir le fleuve Blanc d'après ce que nous lui
en avons raconté, est allée planter sa tente sur ses bords, à une
lieue de Kartoum. Nous trouvons le Vice-roi entouré de plu-
sieurs chefs de tribus. Il fait tirer le cànon' et des bombes de-
vant eux. Nous rentrons à sept heures à Kartoum, véritable
labyrinthe, dans lequel il est difficile de se retrouver lorsque!
ne fait pas clair de lune. Nous n'avions rien à craindre avec
les bonnes jambes de nos chevaux; mais un de nos compa-
gnons, qui me suivait à dromadaire, monture peu sûre dans
les terrains glissants et inégaux, a trébuché plusieurs fois, et
a été sur le point de se briser le cou. o.. '.,, ":
Kartoum, mardi 20 janvier.
Nous apprenons que S. A. le Vice-roi a l'intentioadc se mettre
en route dans hùit jours pour retourner au Caire. D'ici, nous
traverserons le désert de Bayoudah jusqu'au Dongolah. Ce dé-
sert est d'ailleurs beaucoup plus hospitalier que celui de Ko-
rosko. Nous devons suivre, au pied de .hautes montagnes, une
série de vallées où il y a de la" culture,"des arbres, de l'eau et
des populations; enfin il paraît que ce désert n'est pas un
pulations in i e_
désert. On nous a prévenus du départ" d'un courrier, et nous
nous mettons en règle pour écrire en Europe.
:. Nous nous portons tous parfaitement bien. Pendant que le
Vice-roi va faire une excursion de deux o.u trois jours à l'ouest
du fleuve Blanc au-dessus de Kartoum, nous projetons de
notre côté de remonter un peu le fleuve Bleu, et d'aller voir,
à cinq ou six lieues d'ici, les ruines de Saba, ancienne vi!lc
éthiopienne, peut-être la Saba de la fameuse reine de ce
nom.
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Le volume contenant le Rapport de la Commission
internationale vient de paraître, et 11 est à la disposi-
tion de nos abonnés, aux mêmes conditions que les
précédents, en ce qui concerne les frais de poste.
Ce volume est le troisième des documents publiés
par M. Ferdinand de losseps.
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