Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1857-03-25
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 25 mars 1857 25 mars 1857
Description : 1857/03/25 (A2,N19). 1857/03/25 (A2,N19).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65306180
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 111
VARIÉTÉS.
VOYAGE AU NIL BLEU
ET AU NIL BLANC.
Nous recevons d'une personne qui a partagé le voyage
de S. A. le Vice-roi dans le Soudan quelques détails
fort intéressants sur les contrées qui s'étendent aux en-
virons de Kartoum, et sur le Nil, qui se sépare,
comme on sait, au-dessus de cette ville, en deux autres
cours d'eau, le fleuve Blanc et le fleuve Bleu. Nous
publions ces détails, que nous compléterons plus tard,
du moins nous l'espérons, par une relation plus déve-
loppée. Mais ces notes, recueillies pendant une rapide
excursion, portent un cachet précieux de vérité et de
naturel qui montre vivement l'aspect de la nature
dans ces contrées lointaines et les mœurs des habitants.
Cette lettre confirme d'ailleurs les renseignements
qui nous sont donnés d'autre part, dans la correspon-
dance d'Alexandrie, sur les réformes accomplies par
S. A. le Vice-roi.
(Correspondance particulière de HsTHME DE SUEZ.)
Fleuve Blanc, 15 janvier 1857.
Nous avons quitté hier soir Kartoum pour faire une petite
excursion sur le fleuve Blallc. Dans une première barque se
trouvaient avec nous M. Heuglein, consul d'Autriche à Kar-
toum, savant voyageur et naturaliste; M. Popolani et Arakel-
Bey; dans la seconde barque, nous avions une partie de nos
gens, les provisions et la cuisine. Le calme nous a retenus
toute la nuit à la pointe du confluent des deux fleuves; mais
ce matin un bon vent frais nous a fait remonter vers le
quinzième degré de latitude, au sud du mont Ouéli. Le fleuve
Blanc dans la partie que j'ai vue a deux ou trois fois la lar-
geur ordinaire du Nil d'Egypte et de Nubie Ses bords ne sont
point escarpés, c'est-à-dire que le fleuve n'est point encaissé,
et que les rives couvertes de bois s'abaissent insensiblement
vers le niveau de l'eau. M. Heuglein nous a dit que l'aspect
du fleuve avec ses nombreuses îles était à peu près le même
jusqu'au quatrième degré, qui est la limite connue. Nous
avons vu des essaims d'oiseaux aquatiques, des ibis, qui ne se
rencontrent plus en Egypte, des grues royales, des grues
grises, des oies du Nil, des pélicans, etc., etc. Vers deux
heures, le vent étant tombé, nous avons laissé nos barques
aller à la dérive du courant de l'eau, et pendant qu'elles con-
tinuaient à descendre, nous nous sommes fait mettre à terre
sur la rive droite à deux lieues au sud du mont Ouéli. Nous
nous sommes dirigés, en traversant des endroits très-boi-
sés et souvent embarrassés d'épines, du côté de la mon-
tagne, que j'ai escaladée en compagnie d'Arakel-Bey, pendant
que mes deux autres compagnons chassaient. De cette hauteur
on voit, à dix ou douze lieues à la ronde, d'immenses plaines
couvertes de bois et de végétations naturelles, dont on pour-
rait tirer, au moyen de faciles irrigations, un parti magni-
fique.
A la descente de la montagne, nous nous sommes tous trou-
vés réunis dans un campement de la tribu des Bindja, qui
nous ont parfaitement accueillis, nous ont apporté du lait
excellent, et ont étendu devant nous leurs nattes les plus belles
et les plus propres, qu'ils détachaient de leurs cabanes, dont
elles forment les murailles. Ils nous ont fêtés comme des gens
de l'entourage du Vice-roi, dont les actes bienfaisants sont
déjà connus de tout le pays, et qu'ils appellent le père des
malheureux. Des vieillards entourés de leurs familles enton-
naient les louanges d'Effendina (notre maître), et priaient à
haute voix pour lui en se prosternant à terre, et en s'écriant
que Dieu l'avait envoyé pour les délivrer de leurs maux.
A 8 heures du soir, les barques viennent aborder dans l'en-
droit où nous nous trouvions, et où l'on avait allumé des
feux.
Nous nous embarquons, accompagnés des compliments et
des bénédictions de nos Bindja.
Pendant notre souper, comme je disais que j'avais trouvé
que le lait des Bindja avait un goût excellent, M. Heuglein
me donna quelques craintes en me racontant que, sur le Nil
supérieur, les tribus qui n'ont point de sel mélangeaient
de l'urine de vache avec le lait; mais heureusement il ajouta
que cet usage ne commençait à être adopté qu'à plus de cent
lieues au-dessus du point où nous nous trouvions.
Vendredi 16 janvier.
Ce matin, nous sommes encore à dix lieues tout au plus de
Kartoum. Il y a peu de courant, et la barque marche lente-
ment. L'après-midi nous nous faisons descendre à terre, et
nous cheminons en faisant quelques pointes dans l'intérieur, à
travers des bois et des champs de haricots qui répandent une
odeur agréable au premier moment, mais à la longue trop
forte.
Les oies, les grues et les hérons qui viennent sur la plage ,
le long de ces champs de haricots, ressemblent de loin à des
troupeaux de moutons, tant ces oiseaux sont grands et nom-
breux; ils ne se laissent pas facilement approcher, et nos
chasseurs tirent inutilement de nombreux coups de fusil.
Comme je ne suis pas venu ici pour chasser, je n'ai pas d'ar-
mes avec moi; j'ai cependant tiré avec le fusil d'un de mes
compagnons; et, en faisant un détour et en rusant, j'ai tué
une belle oie à pattes rouges.
Un peu plus loin, nous apercevons à l'entrée d'une petite
baie, deux points noirs qui flottaient à la surface de l'eau, et
qui se dirigeaient vers le bord. En nous approchant, nous dis-
tinguons les museaux de deux crocodiles qui se croisaient et
étaient en embuscade pour saisir quelque proie. Mon domes-
tique, Farrague, me dit que dans ce moment, si une femme,
un enfant ou une personne isolée venait puiser de l'eau au
Nil, elle courrait un grand danger. Il parait que si le croco-
dile attaque, il commence par prendre la victime sous son bras,
en la serrant violemment, pour aller la dévorer sur quelque île
voisine. Farrague m'a raconté que se trouvant un jour dans
l'eau, et nageant avec son frère, un de leurs camarades leur
cria de terre de faire attention et de revenir vers lui, parce
qu'il venait d'apercevoir derrière eux un crocodile. Les deux
nageurs s'empressèrent alors de rejoindre à terre leur cama-
rade; mais celui-ci s'étant lui-même un peu trop avancé sur le
VARIÉTÉS.
VOYAGE AU NIL BLEU
ET AU NIL BLANC.
Nous recevons d'une personne qui a partagé le voyage
de S. A. le Vice-roi dans le Soudan quelques détails
fort intéressants sur les contrées qui s'étendent aux en-
virons de Kartoum, et sur le Nil, qui se sépare,
comme on sait, au-dessus de cette ville, en deux autres
cours d'eau, le fleuve Blanc et le fleuve Bleu. Nous
publions ces détails, que nous compléterons plus tard,
du moins nous l'espérons, par une relation plus déve-
loppée. Mais ces notes, recueillies pendant une rapide
excursion, portent un cachet précieux de vérité et de
naturel qui montre vivement l'aspect de la nature
dans ces contrées lointaines et les mœurs des habitants.
Cette lettre confirme d'ailleurs les renseignements
qui nous sont donnés d'autre part, dans la correspon-
dance d'Alexandrie, sur les réformes accomplies par
S. A. le Vice-roi.
(Correspondance particulière de HsTHME DE SUEZ.)
Fleuve Blanc, 15 janvier 1857.
Nous avons quitté hier soir Kartoum pour faire une petite
excursion sur le fleuve Blallc. Dans une première barque se
trouvaient avec nous M. Heuglein, consul d'Autriche à Kar-
toum, savant voyageur et naturaliste; M. Popolani et Arakel-
Bey; dans la seconde barque, nous avions une partie de nos
gens, les provisions et la cuisine. Le calme nous a retenus
toute la nuit à la pointe du confluent des deux fleuves; mais
ce matin un bon vent frais nous a fait remonter vers le
quinzième degré de latitude, au sud du mont Ouéli. Le fleuve
Blanc dans la partie que j'ai vue a deux ou trois fois la lar-
geur ordinaire du Nil d'Egypte et de Nubie Ses bords ne sont
point escarpés, c'est-à-dire que le fleuve n'est point encaissé,
et que les rives couvertes de bois s'abaissent insensiblement
vers le niveau de l'eau. M. Heuglein nous a dit que l'aspect
du fleuve avec ses nombreuses îles était à peu près le même
jusqu'au quatrième degré, qui est la limite connue. Nous
avons vu des essaims d'oiseaux aquatiques, des ibis, qui ne se
rencontrent plus en Egypte, des grues royales, des grues
grises, des oies du Nil, des pélicans, etc., etc. Vers deux
heures, le vent étant tombé, nous avons laissé nos barques
aller à la dérive du courant de l'eau, et pendant qu'elles con-
tinuaient à descendre, nous nous sommes fait mettre à terre
sur la rive droite à deux lieues au sud du mont Ouéli. Nous
nous sommes dirigés, en traversant des endroits très-boi-
sés et souvent embarrassés d'épines, du côté de la mon-
tagne, que j'ai escaladée en compagnie d'Arakel-Bey, pendant
que mes deux autres compagnons chassaient. De cette hauteur
on voit, à dix ou douze lieues à la ronde, d'immenses plaines
couvertes de bois et de végétations naturelles, dont on pour-
rait tirer, au moyen de faciles irrigations, un parti magni-
fique.
A la descente de la montagne, nous nous sommes tous trou-
vés réunis dans un campement de la tribu des Bindja, qui
nous ont parfaitement accueillis, nous ont apporté du lait
excellent, et ont étendu devant nous leurs nattes les plus belles
et les plus propres, qu'ils détachaient de leurs cabanes, dont
elles forment les murailles. Ils nous ont fêtés comme des gens
de l'entourage du Vice-roi, dont les actes bienfaisants sont
déjà connus de tout le pays, et qu'ils appellent le père des
malheureux. Des vieillards entourés de leurs familles enton-
naient les louanges d'Effendina (notre maître), et priaient à
haute voix pour lui en se prosternant à terre, et en s'écriant
que Dieu l'avait envoyé pour les délivrer de leurs maux.
A 8 heures du soir, les barques viennent aborder dans l'en-
droit où nous nous trouvions, et où l'on avait allumé des
feux.
Nous nous embarquons, accompagnés des compliments et
des bénédictions de nos Bindja.
Pendant notre souper, comme je disais que j'avais trouvé
que le lait des Bindja avait un goût excellent, M. Heuglein
me donna quelques craintes en me racontant que, sur le Nil
supérieur, les tribus qui n'ont point de sel mélangeaient
de l'urine de vache avec le lait; mais heureusement il ajouta
que cet usage ne commençait à être adopté qu'à plus de cent
lieues au-dessus du point où nous nous trouvions.
Vendredi 16 janvier.
Ce matin, nous sommes encore à dix lieues tout au plus de
Kartoum. Il y a peu de courant, et la barque marche lente-
ment. L'après-midi nous nous faisons descendre à terre, et
nous cheminons en faisant quelques pointes dans l'intérieur, à
travers des bois et des champs de haricots qui répandent une
odeur agréable au premier moment, mais à la longue trop
forte.
Les oies, les grues et les hérons qui viennent sur la plage ,
le long de ces champs de haricots, ressemblent de loin à des
troupeaux de moutons, tant ces oiseaux sont grands et nom-
breux; ils ne se laissent pas facilement approcher, et nos
chasseurs tirent inutilement de nombreux coups de fusil.
Comme je ne suis pas venu ici pour chasser, je n'ai pas d'ar-
mes avec moi; j'ai cependant tiré avec le fusil d'un de mes
compagnons; et, en faisant un détour et en rusant, j'ai tué
une belle oie à pattes rouges.
Un peu plus loin, nous apercevons à l'entrée d'une petite
baie, deux points noirs qui flottaient à la surface de l'eau, et
qui se dirigeaient vers le bord. En nous approchant, nous dis-
tinguons les museaux de deux crocodiles qui se croisaient et
étaient en embuscade pour saisir quelque proie. Mon domes-
tique, Farrague, me dit que dans ce moment, si une femme,
un enfant ou une personne isolée venait puiser de l'eau au
Nil, elle courrait un grand danger. Il parait que si le croco-
dile attaque, il commence par prendre la victime sous son bras,
en la serrant violemment, pour aller la dévorer sur quelque île
voisine. Farrague m'a raconté que se trouvant un jour dans
l'eau, et nageant avec son frère, un de leurs camarades leur
cria de terre de faire attention et de revenir vers lui, parce
qu'il venait d'apercevoir derrière eux un crocodile. Les deux
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