Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1857-03-25
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 25 mars 1857 25 mars 1857
Description : 1857/03/25 (A2,N19). 1857/03/25 (A2,N19).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65306180
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
*
110 L'ISTHME DE SUEZ,
En même temps que Mohammed-Saïd installait Arakel-
Bey pour diriger la province la plus considérable et la plus
éloignée de ses États, il appelait au gouvernement de la pro-
vince la plus rapprochée de l' Europe, celle qui s'étend de-
puis Alexandrie à Rosette sur la rive gauche du Nil, jusqu'à
Gizeh en face du Caire, un cheik égyptien qu'il honorait du
titre de bey. Ces deux nominations sont à elles seules toute
une révolution; car jusqu'à présent les gouvernements des
provinces n'avaient été confiés qu'à des Turcs.
En arrivant au Caire, Son Altesse a accompli une réforme
de la plus haute importance. Elle a pensé qu'entre les mains
loyales des divers membres de sa famille, qui ont le même
intérêt que lui au bonheur et à la prospérité du pays, les
rênes du gouvernement seraient parfaitement placées; et elle
a nommé en conséquence :
S. A. Achmet-Pacha, premier prince du sang, ministre
de l'intérieur, président du conseil des ministres;
S. A. Mustapha-Bey, vice-président du conseil d'Etat,
ministre des finances ;
S. A. Halim-Pacha, son propre frère, ministre de la
guerre.
Mohammed-Pacha, personnage du plus haut mérite et
d'une probité incontestable, qui avait accompagné le Vice-roi
au Soudan, est nommé ministre sans portefeuille.
S. A. Ismaël-Pacha continuera de présider le conseil d'État,
qui s'occupe avec sollicitude de toutes les hautes questions
administratives. Le Vice-roi a en outre un ministère pour
l'administration de sa maison, de tout le personnel atta-
ché à sa personne et de toutes ses dépenses personnelles, qui,
dès aujourd'hui, sont complétement séparées de celles de
l'État. Ce ministère a été confié à un de ses anciens condis-
ciples de la marine, Elphan-Bey, qui était récemment gou-
verneur général de la haute Égypte.
Le nom de tous ces princes, désormais investis des plus
hautes fonctions de l'Égypte, ajoute encore aux yeux des na-
tionaux une puissante autorité et un prestige nouveau à l'action
du gouvernement, et le pays tout entier, de même que toute
la colonie européenne, ont accueilli avec une vive satisfaction
cette décision du Vice-roi.
Les gouverneurs généraux sont supprimés en Egypte comme
ils l'ont été dans le Soudan ; les gouverneurs des provinces,
au lieu de s'adresser aux gouverneurs généraux, relèveront
directement du gouvernement central.
La dissolution de l'expédition scientifique pour la recherche
des sources du Nil et l'exploration du Soudan avait été décré-
tée à Kartoum même ; mais la dépêche qui portait cet ordre
n'est arrivée au Caire qu'après le retour de S. A. le Vice-roi.
Sans vouloir se prononcer sur les torts de ceux qui ont motivé
une pareille décision, on ne peut que déplorer qu'une œuvre
si libéralement dotée par le gouvernement égyptien en faveur
de la science, aux besoins et aux préparatifs de laquelle le
Vice-roi avait pourvu dans la plus large mesure, n'ait pu être
menée à bien ; et comme les Européens seuls composaient la
Commission, il est pénible de reconnaître que les torts ne
peuvent tomber que sur le nom européen seul. Espérons
toutefois que tôt ou tard ces recherches, que la science, l'hu-
manité et la civilisation avaient acclamées, seront reprises et
arriveront cette fois à un résultat heureux. S. A. le Vice-roi
se réserve de réorganiser cette expédition sur d'autres bases.
Les travaux du canal d'eau douce continuent, et déjà une
grande partie du tracé est creusée sur environ 30,000 mètres.
Le chemin de fer du Caire à. Suez se poursuit également
toujours avec une grande activité ; et tout fait espérer qu'avant
peu une bonne partie de la voie sera livrée au public. Main-
tenant que les communications fréquentes et régulières avec
l'Australie vont augmenter d'une manière notable le transit
par l'Egypte, soit en voyageurs, soit en marchandises, le tra-
jet par le désert n'est plus suffisant, et le mouvement qui
s'opère et qui grandit chaque jour réclame des voies nouvelles
promptes et sûres.
La Compagnie des paquebots de la mer Rouge est aujour-
d'hui parfaitement constituée, et son capital entier a été sou-
scrit avec empressement et en bonne partie par les notables
du pays, qui ont grande confiance dans le succès de cette en- j
treprise nationale.
La Compagnie des remorqueurs sur le Nil se prépare à com-'
mencer sous peu son exploitation.
Je vous envoie sous ce pli le cinquième Rapport du capi-
taine Philigret. Vous lirez avec intérêt les observations qu'il
continue à recueillir à bord de la corvette égyptienne en sta-
tion devant Péluse.
Le capitaine maintient ses premières déclarations; et après
les épreuves des véritables tempêtes que la corvette a suppor-
tées sans aucune interruption pendant tout le courant de fé-
vrier dernier, et où, malgré les plus mauvais temps, le navire
n'a pas chassé d'une ligne, le capitaine Philigret est en droit
de répéter qu'à Péluse le fond est d'une solidité remarquable,
et que la rade est presque toujours abritée et sûre, même pen-
dant les plus mauvais temps du large.
M. le commandeur Conrad, ingénieur en chef du gouverne-
ment hollandais, président de la Commission internationale
des ingénieurs pour le percement de l'isthme de Suez, a ter-
miné son inspection en Égypte, et il s'embarque sur le pa-
quebot français qui emporte cette lettre. Il se rend à Paris
par Gênes et Turin.
M. F. de Lesseps, à son retour du Soudan, n'a fait que
traverser le Caire , et s'est rendu sur la branche de Damiette
pour rejoindre le Vice-roi à sa résidence de Mit-Biré, d'où un
bateau à vapeur avait été envoyé à sa rencontre. Il est resté
deux jours avec le Vice-roi, est arrivé hier soir à Alexandrie,
et s'embarque ce matin avec M. Conrad pour se rendre direc-
tement à Paris.
Je joins ici copie de la circulaire du ministre des affaires
étrangères, annonçant la modification ministérielle dont ma
lettre vous parle.
Note de la rédaction. Nous avons publié en entier les do-
cuments divers dont parle cette lettre si intéressante.
Pour extraits : ERNEST DESPLACES.
Ainsi que l'annonce notre correspondant d'Alexan-
drie, M. F. de Lesseps est parti d'Égypte le 7 mars.
Il est arrivé à Paris le 16 an soir en très-bonne santé.
110 L'ISTHME DE SUEZ,
En même temps que Mohammed-Saïd installait Arakel-
Bey pour diriger la province la plus considérable et la plus
éloignée de ses États, il appelait au gouvernement de la pro-
vince la plus rapprochée de l' Europe, celle qui s'étend de-
puis Alexandrie à Rosette sur la rive gauche du Nil, jusqu'à
Gizeh en face du Caire, un cheik égyptien qu'il honorait du
titre de bey. Ces deux nominations sont à elles seules toute
une révolution; car jusqu'à présent les gouvernements des
provinces n'avaient été confiés qu'à des Turcs.
En arrivant au Caire, Son Altesse a accompli une réforme
de la plus haute importance. Elle a pensé qu'entre les mains
loyales des divers membres de sa famille, qui ont le même
intérêt que lui au bonheur et à la prospérité du pays, les
rênes du gouvernement seraient parfaitement placées; et elle
a nommé en conséquence :
S. A. Achmet-Pacha, premier prince du sang, ministre
de l'intérieur, président du conseil des ministres;
S. A. Mustapha-Bey, vice-président du conseil d'Etat,
ministre des finances ;
S. A. Halim-Pacha, son propre frère, ministre de la
guerre.
Mohammed-Pacha, personnage du plus haut mérite et
d'une probité incontestable, qui avait accompagné le Vice-roi
au Soudan, est nommé ministre sans portefeuille.
S. A. Ismaël-Pacha continuera de présider le conseil d'État,
qui s'occupe avec sollicitude de toutes les hautes questions
administratives. Le Vice-roi a en outre un ministère pour
l'administration de sa maison, de tout le personnel atta-
ché à sa personne et de toutes ses dépenses personnelles, qui,
dès aujourd'hui, sont complétement séparées de celles de
l'État. Ce ministère a été confié à un de ses anciens condis-
ciples de la marine, Elphan-Bey, qui était récemment gou-
verneur général de la haute Égypte.
Le nom de tous ces princes, désormais investis des plus
hautes fonctions de l'Égypte, ajoute encore aux yeux des na-
tionaux une puissante autorité et un prestige nouveau à l'action
du gouvernement, et le pays tout entier, de même que toute
la colonie européenne, ont accueilli avec une vive satisfaction
cette décision du Vice-roi.
Les gouverneurs généraux sont supprimés en Egypte comme
ils l'ont été dans le Soudan ; les gouverneurs des provinces,
au lieu de s'adresser aux gouverneurs généraux, relèveront
directement du gouvernement central.
La dissolution de l'expédition scientifique pour la recherche
des sources du Nil et l'exploration du Soudan avait été décré-
tée à Kartoum même ; mais la dépêche qui portait cet ordre
n'est arrivée au Caire qu'après le retour de S. A. le Vice-roi.
Sans vouloir se prononcer sur les torts de ceux qui ont motivé
une pareille décision, on ne peut que déplorer qu'une œuvre
si libéralement dotée par le gouvernement égyptien en faveur
de la science, aux besoins et aux préparatifs de laquelle le
Vice-roi avait pourvu dans la plus large mesure, n'ait pu être
menée à bien ; et comme les Européens seuls composaient la
Commission, il est pénible de reconnaître que les torts ne
peuvent tomber que sur le nom européen seul. Espérons
toutefois que tôt ou tard ces recherches, que la science, l'hu-
manité et la civilisation avaient acclamées, seront reprises et
arriveront cette fois à un résultat heureux. S. A. le Vice-roi
se réserve de réorganiser cette expédition sur d'autres bases.
Les travaux du canal d'eau douce continuent, et déjà une
grande partie du tracé est creusée sur environ 30,000 mètres.
Le chemin de fer du Caire à. Suez se poursuit également
toujours avec une grande activité ; et tout fait espérer qu'avant
peu une bonne partie de la voie sera livrée au public. Main-
tenant que les communications fréquentes et régulières avec
l'Australie vont augmenter d'une manière notable le transit
par l'Egypte, soit en voyageurs, soit en marchandises, le tra-
jet par le désert n'est plus suffisant, et le mouvement qui
s'opère et qui grandit chaque jour réclame des voies nouvelles
promptes et sûres.
La Compagnie des paquebots de la mer Rouge est aujour-
d'hui parfaitement constituée, et son capital entier a été sou-
scrit avec empressement et en bonne partie par les notables
du pays, qui ont grande confiance dans le succès de cette en- j
treprise nationale.
La Compagnie des remorqueurs sur le Nil se prépare à com-'
mencer sous peu son exploitation.
Je vous envoie sous ce pli le cinquième Rapport du capi-
taine Philigret. Vous lirez avec intérêt les observations qu'il
continue à recueillir à bord de la corvette égyptienne en sta-
tion devant Péluse.
Le capitaine maintient ses premières déclarations; et après
les épreuves des véritables tempêtes que la corvette a suppor-
tées sans aucune interruption pendant tout le courant de fé-
vrier dernier, et où, malgré les plus mauvais temps, le navire
n'a pas chassé d'une ligne, le capitaine Philigret est en droit
de répéter qu'à Péluse le fond est d'une solidité remarquable,
et que la rade est presque toujours abritée et sûre, même pen-
dant les plus mauvais temps du large.
M. le commandeur Conrad, ingénieur en chef du gouverne-
ment hollandais, président de la Commission internationale
des ingénieurs pour le percement de l'isthme de Suez, a ter-
miné son inspection en Égypte, et il s'embarque sur le pa-
quebot français qui emporte cette lettre. Il se rend à Paris
par Gênes et Turin.
M. F. de Lesseps, à son retour du Soudan, n'a fait que
traverser le Caire , et s'est rendu sur la branche de Damiette
pour rejoindre le Vice-roi à sa résidence de Mit-Biré, d'où un
bateau à vapeur avait été envoyé à sa rencontre. Il est resté
deux jours avec le Vice-roi, est arrivé hier soir à Alexandrie,
et s'embarque ce matin avec M. Conrad pour se rendre direc-
tement à Paris.
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étrangères, annonçant la modification ministérielle dont ma
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